Interview faite par mail par Braindead

Véritables trublions du noble nard, sang frais d’un genre qui a apporté ses lettres de noblesse au metal moderne, Cadillac Corrida apporte une créativité très grindhouse qui force le respect. Rencontre avec un combo dont l’esprit famille ne se limite pas qu’aux membres.

Même si on vous connaît indépendamment dans vos précédents groupes respectifs, pourriez-vous vous présenter et expliquer comment est née cette aventure ? Comment pourriez-vous qualifier le son Cadillac Corrida, vos influences ?

Mainro Hanuman (basse) : Eh bien CC est né à la base car Cervez et moi même nous nous plaignions de ne plus assez nous voir en tant que frérots ! On se manquait énormément, entre Taf pour lui et Run Of Lava pour moi c’était tendu du planning. Or, Cervez et moi-même sommes de gros férus de hard rock qui tache et en 2004 nous avions eu l’expérience de monter une formation juste pour l’occasion d’une soirée "Bezak All Stars" qui n’est ni plus ni moins qu’une réunion de tous les zicos de Besançon se mélangeant pour faire des reprises ! Nous avions repris 2 titres de Kiss et nous étions habillés et déguisés comme il se doit pour foutre le feu !! Un paquet d’années après nous avons décidé de monter un groupe de hard, ce qui nous permettrait de nous voir davantage, la musique nous servant d’une bonne excuse (rires) ! Le premier batteur de CC était également un très vieux pote à nous (premier batteur de Munky Posse et deuxième batteur de Dejected), il nous manquait plus qu’à trouver la perle rare, le mec qui nous nous ferait rêver avec sa voix… chose pas évidente en France… Il faut l’accent, la puissance et le grain ! Et puis un jour, j’étais en festival avec mon groupe de "crazy punk hardcore", Dejected… Et je vois ce petit mec qui jouait de la guitare en chantant comme un "dieu" sur scène avec son "band"... Nous l’avons auditionné en premier et il nous avait même fait un enregistrement démo sur une de nos musiques ! Nous avons ensuite vu un paquet d’autres chanteurs, mais c’était marrant car finalement on les comparait tous par rapport à la prestation de Nick ! Et puis il y avait, il faut le dire, la chose… que dis-je ? Ce qui restait la plus importante à nos yeux !! Le talent le plus essentiel que nous recherchions chez ce quatrième membre manquant… C’est ce grain de folie… Ce truc que tu as et qui te donne envie d’être pote direct ! On cherchait en gros un mec comme nous pour intégrer la famille que nous composions déjà ! Lorsque nous nous sommes séparés de notre premier batteur, Steflan a intégré immédiatement le crew avec la même recette, ancien batteur de Taf, pote ultime de Cervez, un mec fun, sérieux doublé d’une crème, le tour était joué !! ;-) CC est un projet de potes qui s’aiment, qui font des bouffes ensemble, qui se confient les uns aux autres lorsqu’il y a quelconque problème ! Nous sommes des frères ! Et Nick était véritablement la quatrième pièce de puzzle du crew !! Sa personnalité imbriquait les nôtres… nous pouvons parler de "coup de foudre" ! Ensuite nous avons fait rentrer dans l’arène Sofia qui est une amie à moi et qui fait partie d’une troupe de burlesque "Les Zappétissantes", elle a fait appel à une de ses amies "Anna"… Mais leur planning avec leur troupe devenait au fil du temps incompatible avec le nôtre ! J’ai sollicité "Cash", une de mes meilleures amies, une "cramée" qui n’a peur de rien, au grain de folie adéquat, qui se rendrait dispo  tout le temps et qui rentrait largement dans le cadre familial des "Corrida" ! Krys !! La suite vous la connaissez… Taf, Run Of Lava et Dejected ont tous splitté en 2011 (damned) ! On s’est rendu compte que CC plaisait énormément et que les gens aimaient danser, rire et s’éclater en notre compagnie ! CC est un défouloir autant pour les membres que pour les spectateurs ! Et c’est finalement devenu un projet unique puisque nous n’avons jamais reformé de groupes parallèles depuis, et cela dans le but de s’y consacrer pleinement.
Nick Marshall (chant) : Waiche ! Ben perso j’ai été assez patient tout de même (5 mois d’audition chant !) Et je suis passé le premier parmi une longue longue longue liste ! J’ai même eu le temps de faire un album solo instru style surf music qui s’appelle "DarkMarshmall" que tu peux retrouver sur FB.
Mainro Hanuman : Ahahahaa !!! Ah ouais quand même ? (rires)
Cervez (guitare) : Concernant les influences, je pense qu’elles sont à la fois assez larges dans le registre rock'n’roll / heavy metal / hard rock / rock mais canalisées dans une même ligne directrice. Le but étant de ne pas s’éparpiller dans tout ce que nous pouvons aimer dans le genre (ce qui pourrait nous faire partir dans tout les sens…) mais plutôt de l’utiliser d’une façon moderne, construisant les titres d’une façon homogène afin de ne pas tomber dans le "multi-style". CC est pour ma part principalement un groupe de heavy'n’roll !

Après seulement 3 années d’activité, vous sortez un premier album "Enter The Arena", et quel album ! D’une rare maturité, un hommage au genre inventif et groovy à souhait, bourré de références modernes. Comment avez-vous abordé cet album d’un point de vu créatif, plutôt brainstorming ou chacun de son côté à réfléchir sur des thèmes ? En un mot qui apporte quoi ? Priorité aux mélodies ou aux paroles ?
Nick Marshall  : Concernant l’activité, je dirais un peu plus, car les titres, pour la plupart, ont été composés avant que j’intègre le groupe disons : 5 bonnes années. Pour l’album, évidemment tout a été remis en question par le groupe et "Croco" (à la prod') . Et je ne te cache pas que pour une fois on tombe sur quelqu’un qui ne te vend pas un enregistrement banal (genre "C’est bon j’ai appuyé sur REC, tu peux y aller" ou alors "Désolé mec on n'a plus le temps pour le chant, alors il faut qu’tu bouges ton cul…") mais une réelle prestation ! Pour une fois, je suis tombé sur quelqu’un qui est à l’écoute ! Ca paraît con ! Mais pourtant, ces espèces-là, je te l’assure, elles sont rares ! Et ça, c’est la clé d’un bon enregistrement.
Cervez  : La composition de cet album a été a vrai dire très naturellement simple… Au démarrage du projet avec Mainro on faisait des reprises de hard rock et lorsque l’on s’est retrouvé que tous les 2, Mainro a beaucoup insisté pour que l’on continue ! Alors je lui ai dit "Ok on cherche un batteur et un chanteur mais cette foi- ci on compose nos propres titres" ! J’ai donc choppé ma gratte et commencé à écrire quelques titres auxquels je ne pensais pas avoir autant d’idées puisque je jouais quasiment que du gros metal jusque là ! Mais certainement que tous les sons qui ont bercé mon enfance y ont contribué ! En faisant écouter mes esquisses à Mainro il a été ultra emballé ! Me répétant sans cesse "Mais putain mec t’es un tueur !!" (rires) Je me suis donc laissé porté par ce qui pouvait m’animer à l’époque et ai donc continué dans cet esprit-là puisque par la suite, une fois le premier line-up monté, tout le monde adhérait complètement à cette façon de procéder. J’ai donc continué à poser sur papier tout ce que j’avais dans mon reste de cerveau… (rires) Je maquettais les titres en version basse, batterie, guitares, les envoyais à tout le monde et nous arrangions ces titres ensemble en répèt'. A l’arrivée de Nick, je suis parti dans une direction légèrement différente puisque jusqu’à présent ces titres n’étaient pas hyper adaptés à son style de chant ! Le premier chanteur avait un style vraiment différent ! J’ai continué à garder la même sauce mais me suis concentré à laisser de la place pour le chant et le reste de cet album a été composé dans cet esprit ! Il faut savoir qu’à l’arrivée de Nick, 7 morceaux étaient composés et qu’il a du écrire ces 7 textes et poser son chant en seulement quelques semaines. D’où le gros travail qui a été fait par Croco et le groupe en studio afin d’homogénéiser le chant notamment sur ces premiers titres ! En matière de composition, mes influences personnelles sont extrêmement larges, je ne me cantonne pas uniquement au hard rock / heavy et rock'n’roll, qui ne sont qu’une ligne conductrice, je peux très bien m’influencer de genres complètement différents que j’adapte dans un autre environnement !
Mainro Hanuman : Cervez est une usine à tubes !! (rires)

Quelles sont les thématiques abordées en général dans vos textes ?
Mainro Hanuman : CC est un défouloir, c’est le genre de musique que tu écoutes après le taf pour boire une bonne bière et t’amuser… ça parle de rock, d’amour, toujours et encore d’amour sous toutes ses formes, de girls, de bringues et de drogue ! On reste classique ! Mais en gros, on parle des choses de la vie qui nous parlent et qui parlent à tous dès que tu sors du taf. Cependant, il y a également des thèmes plus sérieux sur certains titres, mais je vais laisser mon frère Nick en parler ! (rires) Nick Marshall  : Oui ma chatte ! Ben oui et non dans mes paroles, j’écris des choses très profondes à travers des mots "dédiés" au rock. Je parle d’amouuuuuur ! De faits divers, mais aussi de politiques, de la société dans laquelle on vit (et je peux te dire qu’il y a encore des albums à écrire à ce sujet). Ce que j’apprécie, c’est surtout de varier les plaisirs.



Comment s’est passée la production ? Avez-vous été aidés par un programme ou une structure en particulier ?
Nick Marshall : Oui bien sûr ! Comme je te le disais, Croco nous a aidés à tous les niveaux et surtout à ce niveau-là. Objectivement quand on faisait de la merde, il était direct avec nous ! Pas aussi violent que certains producteurs américains (qu’on peut découvrir à travers de nombreux témoignages d’artistes), mais disons que ta fierté, tu la laisses dans ton  "flycase" et tu bosses ! Et à l’inverse, à tout moment, il n’hésitait pas nous partager ces bonnes appréciations.
Cervez  : Ce qui a été une très bonne expérience pour nous en effet ! On n'avait pas assez de recul sur notre zic et l’avantage c’est que Croco a été l’oreille extérieure et comme c’est un gros féru de rock'n’roll et un très bon arrangeur on a donc effectivement laissé nos égos de côté et lui avons fait confiance en ce qui concerne des modifications de structures dans les morceaux et surtout le remaniement des lignes de chant car il est aussi chanteur ! Le résultat final est que personne n’a regretté ces changements, bien au contraire, une fois tout sur bande !

A chaque fois que je montre votre album, les réactions concernant la qualité de votre artwork sont positivement unanimes voire très enthousiastes. Vous avez également mis les moyens dans une communication visuelle magnifique, on sent un amour réel pour ce que vous faites. Avec qui avez-vous collaboré ? Un ou plusieurs clips sont-ils prévus ?
Mainro Hanuman  : Cette histoire de thème est encore arrivée d’une façon des plus naturelles comme tout ce qui arrive avec CC ! En gros, j’ai plusieurs amies qui sont dans la photographie et l’un d’elle, "Julienne Stiks Studio" me demandait déjà depuis des mois de faire un truc avec elle… C’est vrai c’est amusant la photo, mais j’ai toujours préféré me faire "shooter" à mon insu, comme sur scène par exemple… c’est plus naturel, tu es en action et ça fait de beaux clichés ! Poser a toujours été un problème pour moi… prendre la pose, attendre le clic de l’appareil… Arghhhh !! Je n’arrive ni à garder mon sérieux, ni à rester naturel… Et lorsque  Julienne  est venu me shooter sur ma magnifique table basse en miroir (fabriquée des mains de Cervez), je galérais… Puis je lève la tête et je vois ces 2 masques que j’avais accrochés de chaque côté de ma barre de rideau au salon… Et là je dis à  Ju  : "Putain j’ai une idée ! Derrière un masque ça sera plus facile de poser pour moi ! Julienne m’a shooté… Les photos sont sorties sur la toile pendant que j’étais en voyage à Paris et là… Je reçois un coup de fil de  Cervez  : "Putain mec, t’es un enculé de ne pas nous avoir parlé de cette photographe !! Elle déglingue, ça tue ! Comment as-tu pu nous cacher une gonzesse pareille ? Ca serait juste parfait pour la pochette de l’album !!". Je n’avais pas vraiment fait le rapprochement, c’est vrai quoi… j’ai divers projets à droite à gauche comme ça, et puis… Je suis natif de Bezak et je connais tellement de monde… Nous avons donc organisé un shoot vidéo et photo pour en faire un teaser "sortie d’album" pour la même occasion… C’est bien sû, Krys qui s’y est collé… et encore une fois… la suite découle de "trucs à l’arrache et de pulsions", puisque au dernier moment, au jour "J" du shoot, alors que tous le monde était déjà chez moi, me vient l’idée d’appeler une de mes meilleures amies "Rachida", car je savais qu’il n’y avait que des personnes avec lesquelles tu es très très proche qui pouvaient ne pas me refuser d’arriver à l’arrache sans préparatif pour me rendre service ! (rires)… On avait donc 2 filles, et l’idée était qu’une se regardait dans le miroir mais qu’elle se voyait avec son double, son côté obscur… Thème récurrent et la base de la vie… Nos démons… entre ce qu’on aimerait faire de positif et de bien dans notre environnement entremêlé aux choses moins "chouettes" que nous devons faire, soit pour survivre… soit par bêtise ou égoïsme …. C’est le dilemme de chaque être humain mais c’est également l’histoire que racontent absolument tous mes tatouages… mon corps est scindé en 2 et une partie est le miroir de l’autre… C’est un Yin et un Yang géant, animé d’une pluralité de dessins métaphoriques !! Pour en revenir au concept visuel de l’album, ce n’est que plusieurs semaines après que j’ai eu l’idée de proposer à chaque membre du groupe de se faire "shooter" individuellement avec leur propre double de la manière qu’ils souhaitaient, pour que cela demeure propre à chacun ! Ce qui nous servirait de présentation des musiciens dans le livret ! Combiné au logo qu’un ami a créé spécialement pour nous, restant dans les couleurs noir et rouge (comme sur scène)… Nous avions enfin trouvé le concept de notre album !  Julienne Stiks  a déchiré, il faut dire quelle a un grain comme chacun de nous… une originalité hors pair et c’est comme tous les gens qui nous côtoient pour travailler un bout de chemin avec nous…. Tout le monde trouve sa place naturellement et apporte sa pierre à l’édifice CADILLAC CORRIDA ! 
Nick Marshall : Nous avons la chance d’être bien entourés ! Ju pour les photos et surtout Ciloo qui tient une agence de communication sur Besançon (Cécile Hencky graphiste) qui bosse pour de grands groupes ! Le secret : c’est la rigueur dans la mise en page de ton projet. On peut dire que le chef d’orchestre avait de la bonne matière ! Ce fut que du plaisir !

Chaque membre a en moyenne un quinze années d’expérience, notamment de la scène, d’où votre réputation non usurpée de groupe live explosif. Pouvez-vous nous parler de cette amour du live, de votre façon de concevoir vos shows… Je crois savoir que vous travaillez avec des performeuses qui interviennent couramment durant le set.
Nick Marshall  : Je ne pense pas que c’est une question d’ancienneté, si tu aimes la musique, le live et ben tu le vis à fond ! Comme si c’était le dernier, tu deviens le personnage que tu te construis à travers ton projet musical et basta ! Les performeuses : même schéma !
Cervez  : En effet, je pense que malgré une bonne expérience de studio nous restons un groupe de scène, c’est vraiment ce qui nous anime ! Nous avons dans l’ensemble de l’énergie à revendre et le live reste un moyen de le faire mais surtout ensemble ! On s’éclate avant tout ! Et nous essayons de trouver constamment les clefs pour faire en sorte que le public puisse s’éclater aussi de la même façon ! Nous aimons vraiment ce rapport avec les gens quand nous sommes sur scène, nous aimons les divertir mais surtout les faire se sentir acteurs du show  et pas seulement spectateurs ! La suite de notre travail pour le live sera principalement axée là-dessus !

Je ressens un très gros travail derrière cette réussite, ce qui rend justice aux origines du genre, où les groupes devaient se démarquer par la qualité de leur musique ; ce qui n’est malheureusement plus le cas de nos jours. J’ai du mal à accrocher face à ces jeunes clones copiés collés qui ne cherchent pas à trouver leur propre style, préférant l’attrait des réseaux sociaux pour s’inventer une popularité virtuelle qui ne se retrouve pas dans la vraie vie, ces nouveaux codes beaucoup plus superficiels privilégient le côté business, communication virale, au détriment de la création pure… Que pensez-vous de la nouvelle scène ?
Steflan  : C’est vrai que, comme le dit la chronique de French Metal, le genre sur lequel on s’est lancés (retour glam rock) n’est pas évident à défendre. Il est vrai aussi qu’aujourd’hui on a de nouveaux codes et nouveaux supports pour promouvoir la musique. On fait finalement un peu à l’ancienne, car on a connu l’époque 2000-2008 (avec nos anciennes formations) où le poids du web était important tout en évitant d’être LE seul canal de promotion. Je vous renvoie au DVD qu’a mis en ligne Psykup en 2006 (!!)… on prend une belle claque. Alors je vais éviter de faire le vieux con !!!
1. La pratique musicale amateur a explosée depuis 20 ans, des groupes pullulent en France et pourtant il n’y a pas eu d’explosion du secteur de la production phonographique (bien au contraire). L’époque du "Je vais aller chanter devant la prod'" ou "J’attends devant la porte de EMI tous les matins" est bien révolue.
2. Cela dit, on peut regretter oui, que la scène en elle-même, ne soit plus tant le modèle et le tamis de sélection de départ… (en même temps les lieux de diff’ eux aussi sont en difficulté)… Si j’étais directeur artistique dans un label, je serais bien emmerdé pour détecter la perle…
3. Aujourd’hui les RS (réseaux sociaux) sont incontournables et sont le moyen de prouver (à ce DA ou autre) qu’un groupe a une communauté, prête à le suivre, à acheter ses produits, se déplacer en concert etc. En même temps c’est aussi un nouveau modèle économique qui s’autoalimente (crowdfunding, implication des fans, désintermédiation avec les distributeurs, e-commerce etc…), et où la redistribution des recettes pourrait sembler plus saine…
Cela dit, tout ceci permet de faire le tri hein, pas plus pas moins qu’avant… Avec ou sans le talent… Mais était-ce différent y’a 10 ans ?… Je me disais qu’étant jeunes, on était un peu rêveur… je suis très étonné d’entendre encore des groupes aujourd’hui qui se voient encore signer sur une major en sortant de leur local de répèt’ franc-comtois… (le mythe du prod'US avec cigare, tu vois).
Cervez  : Je pense qu’il y’a réellement 3 écoles à ce sujet… l’école de ceux qui ne font de la zic que pour eux-mêmes se branlant d’une quelconque notoriété en tout cas qui ne la provoquent pas particulièrement, l’école de ceux qui recherchent une notoriété mais sans dénaturer ou changer leur état d’esprit musical et enfin l’école de ceux qui se branlent complètement de la zic qu’ils font à partir du moment où elle vend et leur permet d’accéder au plus de célébrité possible ! En fait pour ma part je ne blâme aucune de ces 3 écoles à partir du moment où les gens y trouvent leur compte même si il peut être différent en fonction des personnalités… Je pense que CC fait partie de la deuxième école ! Mais d’une manière générale tout le monde sait maintenant que l’image (réseaux sociaux etc) est très importante pour un groupe qui attend plus que les petits concerts du dimanche…



A ce titre, considères-tu les réseaux sociaux comme une chance de promotion à grande échelle et à faible coût ou plutôt comme un panier de crabes où tu te retrouves noyé dans la masse à devoir passer ton temps à gérer ta e-réputation, à t’inventer un succès populaire virtuel qui est souvent loin de se concrétiser en live…
Steflan  : A peu près la même réponse. Il y a des milliers de groupes sur les RS. On forme même pour leur apprendre à utiliser le triptyque minime d’un FB + Tw + Ytb. C’est un média à part entière, les amateurs y sont, mais les grands y sont (avec ou sans renforts d’une structure pro derrière)… Tous dans la même galère, avec plus ou moins de rames, de différentes tailles… Cela dit, cela semble aplatir les lignes et les frontières… Rien de neuf mis à part que les supports ont évolué.

Les groupes français ont souvent du mal à se vendre à l’étranger, comment expliquez-vous cela ? Est-ce un problème culturel, des difficultés à trouver son style alors que d’autres genres musicaux y sont arrivés?
Nick Marshall  : Ah oui, la difficulté est là ! Mais même en France c’est compliqué !
Cervez  : Le problème c’est qu’il est difficile d’imaginer un groupe se vendre à l’étranger sans être d’abord connu dans son propre pays ! Même si ça s’est déjà vu dans d’autres styles, c’est plutôt rare dans le milieu underground. C’est la toute la difficulté de "percer" déjà en France pour t’expatrier plus facilement ! Et la France c’est compliqué car c’est un pays plutôt multiculturel en matière de musique… J’imagine très mal un groupe comme le nôtre jouer dans les pays d’Afrique du Nord par exemple alors que des formations reggae ou de musique orientale y arriveront beaucoup plus facilement. Chaque pays a sa culture et les groupes s’y vendent aussi en fonction de ça !

Quels sont vos projets ? Vous avez pas mal de dates à votre actif dans la région Est, une tournée sur l’ensemble du territoire est-elle prévue (festivals, tremplins ou autres…) ?
Mainro Hanuman  : Les projets sont déjà de continuer à bien nous entourer… par des personnes qui aiment ce qu’on fait mais qui ont réellement envie d’aller dans notre sens mais surtout d’apporter l’aide adéquate selon les aptitudes de chacun… Par exemple, pour le booking c’est compliqué… L’album lors de son élaboration à pris pas mal de retard et cela dû à des évènements indépendants de notre volonté. Il y a beaucoup de "Do It Yourself" chez nous, comme avec nos formations antérieures ! Je me suis collé au booking comme un forcené et j’ai fait avec les moyens du bord, à savoir se faire programmer alors que beaucoup de lieux avaient déjà fait leur "prog" pour le semestre ! J’ai réussi à trouver une quinzaine de dates, et  Steflan  a trouvé le reste. Mais nous avons une coproduction avec "Le Cri Du Corbeau" qui est une structure d’accompagnement, de booking, de management pour les artistes ! Ils ont été très occupés jusqu’à maintenant et n’avaient aucune obligation envers nous. Cependant  Yo,  qui est à la tête de cette structure, est un ami, il a eu le coup de cœur pour CC et ce n’était pas évident pour eux car nous sommes le seul groupe de ce style au sein de leur catalogue ! Ce n’est pas les mêmes contacts avec lesquels on peut travailler ! A l’heure d’aujourd’hui, Le Cri Du Corbeau souhaite s’investir un peu plus avec CC, ce qui est très encourageant pour nous, alors nous attendons la suite avec impatience mais sans nous reposer sur nos lauriers ! Comme je l’ai déjà dit précédemment, je connais pas mal de monde et j’aime m’entourer de personnes fiables et avec qui l’amitié, l’amour et la passion nous réunissent ! Je vais tenter de "booker" une petite tournée, peut-être pendant les vacances scolaires d’Octobre, puis une "chiée" de dates éparpillées pour le deuxième semestre ! Je me fais aider par quelques personnes qui commencent à intégrer l’aventure par passion et qui sont très professionnelles. Une amie sur Lyon, et nous avons Mama Carlita sur Besançon qui est également là pour nous et qui fait ce qu’elle peut ! Pour les festivals j’ai commencé, nous en faisons quelques uns cette année mais en 2016 nous serons plus organisés pour en toucher davantage, car la plupart avaient déjà leur prog de faite pour 2015 ! Ensuite nous allons voir comment ça peut évoluer avec Le Cri Du Corbeau  ! 
Nick Marshall  : Un nouvel album !!! Des nouvelles compos !!! Ce premier album est pour moi une mise en bouche, on a tellement appris lors de son enregistrement, que le prochain sera forcement meilleur !

Vous semblez avoir une belle communauté de fans, que pourriez-vous conseiller à des jeunes qui débutent afin de durer dans le milieu ?
Mainro Hanuman : Eh bien déjà de garder en tête que la musique c’est s’amuser, partager, et qu’il y a toujours plus fort, plus drôle et plus beau que soi ! Il y a quelque chose qui revient souvent à notre sujet ! Les gens disent apprécier les diverses interactions au sein du groupe, que ce soit sur scène ou en dehors… On parle de regards, d’attitudes et de sourires… Je pense que les spectateurs doivent sentir cette envie et ce plaisir que nous avons de jouer ensemble ! ça ne s’invente pas… on ne peut pas tricher avec ce genre de choses ! Et puis nous sommes de bons vivants, nous adorons parler aux gens après les shows, rire, se mélanger … Nous sommes juste des mecs simples finalement et quand les gens sentent que tu gardes les pieds sur terre et que tu es autant abordable qu’un mec lambda mettant une pièce dans un jukebox dans un club… Eh bien tout roule, tout se fait d’une façon naturelle … Le people revient aux concerts, on se fait des amis, c’est plutôt tout sourire avec nous ! Le partage et l’altruisme… La passion et la simplicité dans les rapports humains font partie des valeurs de CC, les gens s’y reconnaissent car ça pourrait être eux également… Des personnes parmi d’autres personnes… enfin ce n’est que mon opinion… (rires) 
  Nick Marshall  : (rires) Oui, prendre du plaisir c’est la clé ! Du plaisir à faire ressortir ce qu’il y’a au fond de vous.
Cervez  : Je leur conseillerais effectivement de bien garder les pieds sur terre et de comprendre que c’est vraiment très compliqué dans le milieu de la musique ! Il faut toujours rester passionnés et apprendre à ne rien attendre forcément mais plutôt a apprendre à aller chercher les opportunités car il devient de plus en plus rare qu’on vienne te chercher pour t’emmener haut… Rester soi-même, défendre ce que l’on aime faire et surtout bien s’entourer car, par expérience, je sais combien ça peut te flinguer une motivation que de travailler avec des gens pas fiables… et malheureusement un groupe peut rarement aboutir quelque chose que de part lui-même il a besoin d’une équipe ! Je leur dirais pour finir une phrase culte d’un mec avec qui j’ai bossé à l’époque : "Bienvenu dans le merdier !"

Cadillac Corrida fera prochainement vrombir son puissant diesel sonore partout en France. A ne surtout pas rater en live.


Le site officiel : www.cadillaccorrida.com