Interview faite par mail par Murderworks

Après une pochette très stylisée pour "The Arrow Of Satan Is Drawn", vous revenez à quelque chose de plus classique et gore avec une typographie pour le titre de l'album qui renvoie à ceux des années 80 et particulièrement à "Scream Bloody Gore". Avez-vous envoyé les textes ou des indications à Wes Benscoter pour cette pochette ?
Anders Nyström (guitare / chant) : Je suis content que tu aies compris notre clin d'œil aux débuts de Death en particulier. Inutile de dire que c'était une décision délibérée de prendre la même typographie et de faire vivre la nostalgie. Pourtant, il semble que beaucoup de gens ne l'ont pas compris ! (rires) Même notre label a demandé pourquoi le titre était en italique et entre guillemets, alors au lieu d'aller chercher une explication ennuyeuse j'ai juste répondu avec l'image de la pochette de "Scream Bloody Gore" et ça a fait tilt ! Nous avons envoyé un résumé court mais détaillé du thème derrière le titre à Benscoter et la couverture de l'album est son interprétation des conséquences de la pandémie et de ceux qui sortent vivants du pire cas de Covid ! Errrrr… Non, ce n'est pas le cas, mais ironiquement, cela pourrait même coller à ça maintenant  ! (rires) Quoi qu'il en soit, Jonas a proposé le titre davantage comme une variante du dicton "Survival of the Fittest", nous avons donc construit le thème autour du fait que plus vous êtes hideux, horrible, malade et dépravé, plus grandes sont vos chances de survivre et d'être en première ligne, menant les rats, une longueur d'avance sur la mort. Le reste du layout je l'ai fait avec mon ami et collaborateur de longue date Travis Smith qui a conçu une grande partie de toute ma discographie dans le passé. Ayant fait le tour de la scène depuis des lustres nous nous sommes juste amusés à appliquer la bonne vieille magie.

Maintenant que toutes les restrictions commencent à être levées, est-ce que vous avez pu enregistrer cet album en studio dans les conditions habituelles ? D'ailleurs par quel studio êtes vous passés ? Le son est énorme et surpuissant tout en restant gras et organique, une réussite !
L'album a été à la fois écrit et enregistré pendant différents segments des confinements pendant la pandémie. Nous l'avons écrit entre l'été et l'hiver 2020 et nous avons enregistré la batterie au printemps 2021. Le reste a été fait pendant l'été et l'automne de la même année et nous avons soumis les masters finaux vers l'hiver. Alors même s'il vient de sortir il a déjà presque deux ans ! L'homme derrière le son de cet album est un compatriote suédois appelé Lawrence Mackrory qui a également produit les albums de Lik (l'autre groupe de death metal de Tomas). Je pense que Lawrence a réussi à trouver un moyen de conserver l'attitude et l'ambiance de la vieille école équilibrées avec un son et une qualité poussés par la technologie moderne. On a l'impression d'avoir été fouetté au visage !

Est-ce que l'on va pouvoir vous voir sur scène prochainement, des dates prévues ?
J'espère que nous reviendrons faire quelques concerts l'année prochaine. Nous préférons faire le circuit des festivals d'été.



Vous avez cette fois un nouveau guitariste en la personne de Tomas Åkvik, est-ce qu'il a participé à la composition ? Il apparaissait d'ailleurs déjà en guest sur deux morceaux de "The Arrow Of Satan Is Drawn".
Oui, Tomas "Plythe" Åkvik a contribué avec trois chansons, une écrite avec Nick et deux avec Jonas. Je lui ai fait jouer beaucoup de guitares sur l'album donc il a eu un grand impact sur la performance. Son jeu est pointu et particulièrement ses coups vers le bas sont au niveau de Hetfield (Ndlr : rappelons que James Hetfield joue souvent en grattant les cordes uniquement vers le bas et non pas en aller retour comme la plupart des guitaristes) ! Le passage de Plythe avec BLOODBATH a commencé en tant que guitariste de session live en 2017 lorsque notre ancien guitariste Per "Sodomizer" est parti jouer avec Ghost. Ensuite, nous avons fini par demander au cerveau du black metal Joakim Karlsson de Craft de nous aider pour un album, mais lorsque ce cycle a pris fin nous avons convaincu Plythe de revenir et de rejoindre définitivement le groupe et nous y sommes...

Qui a réalisé ce clip très rétro pour "Zombie Inferno" ? On sent clairement l'hommage aux vieux films d'horreur des années 70-80 et mon petit doigt me dit que ça a dû être assez fun à tourner.
Nous voulions que la vidéo soit une glorification des années 80 et un clin d'œil à tous ces films de série B apocalyptiques à petit budget qui sont sortis au cours de la première moitié de cette période. Il semble que notre propre "Mad Nick" semblait s'amuser à agir comme l'un des durs à cuire avec sa "muscle car" à travers des routes infestées de zombies et à écraser ces misérables larves ! Le réalisateur vidéo Ash Pears a fait un travail vraiment cool avec celui-ci je dois dire.

On sent d'ailleurs le plaisir que vous prenez à faire cette musique par le fait qu'il y a depuis plusieurs albums des guests qui interviennent, l'occasion de s'éclater entre potes du coup. Cette fois, ce sont les légendaires Barney Greenway, Mark Grewe et Luc Lemay qui se font entendre. Vous pensez chaque morceau en ayant leurs voix en tête ou vous vous dites que sur le coup que ça sonnerait bien avec eux au micro ?
Eh bien, nous avons toujours été à la recherche de contributions d'invités, de préférence par des vétérans de l'ancienne scène death metal. Sur les anciens albums, nous avons déjà eu un tas de légendes telles que Chris d'Autopsy, Karl de Bolt Thrower, Jeff de Carcass, John de Cancer et cette fois, il était temps pour Barney, Luc et Marc d'entrer dans notre temple de la renommée du death metal. Les parties pour Barney et Marc ont en fait été écrites en pensant à leurs voix, donc nous avons eu de la chance qu'ils ne nous aient pas envoyé chier ! (rires)

Est-ce que la situation sanitaire a eu un quelconque impact sur la composition ou votre inspiration ? Ce nouvel album marque le retour du death gras et direct après "The Arrow Of Satan Is Drawn" qui s'aventurait parfois vers le black metal et le thrash. Une envie de se lâcher et de se faire plaisir ?
Je crois que nous avons embarqué dans un "vol mental" vers la Floride juste pour nous délecter de ce son et de ce style classiques. Nous sentions que nous avions adopté une approche plus noire avec le dernier album et que nous l'avions amenée aussi loin que nous le pouvions, nous devions donc changer à nouveau les choses pour que cela reste excitant. La direction de "Survival Of The Sickest" est le résultat du coup d'envoi de ce nouveau chapitre. C'est presque comme si nous avions bouclé la boucle avec ce que nous avions commencé avec "Breeding Death" en 1998 et réussi à faire glisser la même attitude en 2022.



Ce nouvel album sort cette fois chez Napalm Records après trois albums chez Peaceville. C'est simplement une fin de contrat avec une proposition plus intéressante ? Katatonia est lui aussi passé de Peaceville à Napalm Records, même si d'autres labels ont dû être intéressés je suppose que c'est plus simple de travailler avec des gens que l'on connaît déjà ?
Oui, il y a des avantages et des inconvénients dans tout ce qu'on fait, mais avoir l'aspect commercial des deux groupes au même endroit rend certainement les choses un peu moins compliquées. Certains labels ont des droits et des options exclusifs, donc lorsque les membres sont tous signés sur différents labels il y a eu beaucoup de maux de tête pour trier les autorisations pour tout le monde.

Vous terminez l'album par un morceau assez surprenant, très lourd et qui fait intervenir quelques choeurs en chant clair. Cela donne un côté solennel très sombre, je suppose que c'était le choix évident pour terminer l'album ?
Ouais, c'était logique de sortir avec un morceau vraiment sombre et épique et qui vous emmène dans un voyage à travers un au-delà lugubre, évoquant progressivement une image de l'enfer et vous laissant dans le vide. C'est probablement ma chanson préférée de l'album.

Depuis le précédent album en plus des versions numériques, CD et vinyle on a droit à une version cassette. Vous l'aviez vu venir le retour de ce format improbable ?
Eh bien, je ne pense pas qu'il atteindra la même popularité que celle que nous avons vue arriver pour le vinyle. Beaucoup de jeunes n'ont aucune idée de la façon dont fonctionnent les cassettes parce qu'ils n'en ont jamais vu auparavant ! (rires) Pour moi, c'est juste un petit objet nostalgique et cool avec lequel j'ai grandi et que j'ai autant utilisé, sinon plus, que mes vinyles et mes CDs. Je n'ai pas vraiment acheté beaucoup d'albums originaux sur cassette, mais j'ai toujours copié mes CDs et vinyles directement sur bande pour un certain nombre de raisons. Elles servaient de sauvegarde et de quelque chose que l'on pouvait échanger avec des amis, mais surtout ça ouvrait la possibilité d'emporter la musique avec moi n'importe où et n'importe quand. C'était vraiment la meilleure chose dans les années 80 pour profiter de la liberté offerte par la mobilité. Tu peux écouter des cassettes à la maison dans ton lecteur cassette, tu peux l'emporter avec un ghetto blaster, tu peux te promener ou même courir avec un baladeur et des écouteurs et tu peux l'insérer dans l'autoradio. Une partie de cela est également devenue possible avec les CDs plus tard, mais avec le vinyle tu étais lié à une platine sensible connectée à un récepteur et à des haut-parleurs. Je suppose que l'inconvénient des cassettes doit être l'aspect visuel. Le format ne permet pas de mettre en valeur les pochettes. Tout doit être à l'étroit et recadré pour s'adapter, mais c'était un petit compromis à l'époque pour amener notre metal dans les rues.

Merci d'avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions, si vous avez quelque chose à ajouter vous avez carte blanche !
Merci ! À votre santé ! (en français dans le texte) À bientôt !


Le site officiel : www.bloodbath.biz