Interview faite par mail par Gloomy

Hello ! Pour commencer, merci d’accepter de me consacrer un peu de temps afin de répondre à cette interview ! Entrons directement dans le vif du sujet, c’est-à-dire le premier album de Blazing War Machine. Pour commencer, quels sont les premiers retours des fans et du public ?
Typhus (chant) : Je t’en prie, ça me fait plaisir d’y répondre. Les premiers retours sont très bons, mais c’est un peu forcé quand même : qui va venir sur ta page Facebook ou MySpace pour te dire que ce que tu fais de la merde ? Il y en a, mais c’est rare. Il y avait toujours le risque de décevoir le public qui nous suit sur scène, mais visiblement rien de tout ça. Les chroniques de magazines ou de webzines sont bonnes et parfois pertinentes. Après, nous on est content de notre album. A partir de là je pourrais te dire qu’on s’en fout de ce que pensent les autres ; ce qui compte, c’est la musique, et tant que ça nous plait, on emmerde tout le monde. C’est en partie vrai, mais nous, on veut remplir les salles et proposer notre show à un maximum de gens. Et ça passe par un bon album avec des gens qui l’apprécient. Je pense qu’avec notre système de téléchargement avec un minimum d’un Euro, les auditeurs ne prennent pas un gros risque pour savoir si BLAZING WAR MACHINE leur plaira ou non. Au final c’est assez honnête comme deal. Si ça te plait, tu viens à nos concerts et on t’en met plein la tête.

Au départ, cet album était prévu pour mai, mais, finalement, vous avez préféré le sortir plus tôt, en version digitale. Trop impatients de le lancer, ou existe-t-il une (ou plusieurs) autre(s) raison(s) ?
Tout faire par nous mêmes a demandé beaucoup d’énergie à tout le monde. Produire un album, c’est un métier. Et on est quand même arrivé au bout. On avait le son, le design, les photos, mais, malheureusement, on n’était pas dans les délais pour sortir l’album en format CD immédiatement. La demande se faisait de plus en plus présente, les fans voulaient un truc à se mettre sous la dent. Puis bon, on en avait marre de rembarrer les gens en leur disant qu’on n’avait rien si ce n’est une vieille démo live peu représentative de ce qu’est le groupe actuellement. C’est à ce moment là qu’on a eu cette idée. On a juste changé de support au dernier moment. Puis c’est vrai qu’on avait hâte de le sortir, car on en est fier.

De plus, pour cette sortie sur la toile, vous avez décidé de fonctionner avec un système de donation. Peux-tu nous expliquer les raisons de ce choix ?
Nous, après tout, tout ce qu’on voulait c’est qu’un maximum de personne l’écoute, cet album. Choisir le prix que tu veux payer avec un minimum d’un Euro nous a semblé être une bonne idée pour propager nos morceaux au plus de monde possible. Puis ça permet de sortir ton album de manière internationale. Internet n’a pas de limite. Puis ça correspond bien à l’idée que l’on se fait de la musique : faire plaisir et se faire plaisir.

Ne craignez-vous pas que les possesseurs de cette édition digitale se disent que celle-ci leur suffit, et, de ce fait, qu’il y ait un certain "boycott" (terme emphatique) du format CD ?
Tout le monde sait que si un album téléchargé plait à celui qui l’écoute, il l’achètera en CD. C’est d’autant plus vrai dans le milieu metal, où le petit jeu de "qui a la plus grosse collection de CDs ?" tient une bonne place. On craignait plus de se faire télécharger pour rien que de ne pas vendre de CDs. Les CDs, on peut les vendre à la sortie des concerts si on fait de bons shows. Ou en vendre en magasin si l’album téléchargé a plu. Plus personne n’achète un CD pour 20 euros sans trop savoir ce qu’il y a dessus. C’est un pari risqué, mais on assume.



Si je ne m’abuse, la distribution est sensée se faire via Season Of Mist, non ?
Oui. C’est bien parti pour, en tout cas. Ils ont manifesté un intérêt assez tôt, mais ils voulaient voir d’abord comment ça tournerait sur la durée. Et l’album leur a plu, certains shows aussi. Tout s’est fait naturellement.

Pourrais-tu nous en dire un peu davantage sur la construction de cet album, et nous parler aussi des différents acteurs qui ont permis la réalisation du résultat final ? Après tout, étant autoproduit du début à la fin, cela mérite que l’on s’y intéresse !
Bien sûr ! Izakar et Fab se sont occupés des prises de son. On a tous investi pour du matos studio, des micros et quelques logiciels. Franky avait une idée précise de comment il voulait enregistrer la batterie ; on a donc commencé comme ça. Tout le monde a pris le temps passé en studio très au sérieux, surtout Fab et Izakar qui y ont passé un temps considérable. Ludovic Bornes s’est occupé du shooting et Julien Digrandi du travail d’infographie. Ils ont fait tous les deux un super boulot. Ils ont été à l’écoute des six membres et le rendu correspond à l’idée que l’on se faisait de BLAZING. On voulait un visuel ni trop black metal, ni trop indus, car ces composantes ne sont qu’un pourcentage de ce qu’est l’entité BLAZING WAR MACHINE. On a fait un mélange des deux, et qui ressemble à ce que l’on aime : l’horreur et le fantastique. Il fallait combiner six univers pour six personnages. Le pari est pour nous largement réussi. Pour finir, Bruno Varea s’est occupé du mix et du mastering. C’est notre ingé son en concert, et il connaissait notre univers et nos morceaux sur le bout des doigts. On n’a pas hésité longtemps avant de lui confier le projet. Il y a mis beaucoup d’énergie et de savoir faire pour un rendu qui envoie sévère. Lui aussi a dû être patient. Tout le monde avait son mot à dire, jusqu’au jour où il a mis tout le monde d’accord avec son dernier mix. Ensuite, il a fallu trouver un éditeur… mais là ce n’est plus intéressant.

Lors de l’interview qu’Izakar et Fab avaient livré à French Metal il y a deux ans, ils se sont attardés sur le processus de composition au sein de Blazing War Machine. En ce qui concerne les paroles, étant donné que tu en es l’unique auteur, la réponse est restée assez floue. Alors, en définitive, quels sont les thèmes abordés dans ces morceaux qui composent l’album ? Avec des titres comme "Morbid Sexual Art" ou "Zombie’s Fragrance", je suppose que leur poésie est irrévocablement lugubre…
Bien vu. Quand on entend les morceaux, ça ne respire pas le bonheur. Au départ, on voulait mettre les textes dans le livret, puis je me suis dit que si ce que j’écris intéresse quelqu’un, il viendra le chercher. Je les mettrai en ligne si on me le demande. Au départ, j’écoute le morceau en boucle puis un thème me vient assez rapidement. Je fais des recherches pour faire le tour de ce qui a déjà été fait sur le sujet. Je compile des textes, des vidéos, des visuels qui seront mes repères tout au long du processus. J’ai pris le parti d’illustrer des scènes ou des événements simples de manière descriptive afin d’envoyer des images fortes et choquantes, et ceci sans détour. Ensuite il y a le double sens de lecture à la manière d’un bon film de zombie : tu as d’un côté ceux qui y voient juste un film de cannibale, et de l’autre il y a ceux qui y voient une représentation de notre société vorace essayant de porter atteinte aux vivants. Les différents thèmes abordés tournent autour de personnages déviants. Ça parle de dépression, d’addiction, de cannibalisme (en hommage à Romero), de perte d’humanité, d’exorcisme,… Tout est orchestré comme un ensemble de nouvelles se passant à diverses époques. Comme quand tu regardes un tableau, tu y vois ce que tu veux : c’est selon ton interprétation.

J’en viens à parler de ton personnage, qui n’en finit décidément pas d’intriguer, surtout lors des performances scéniques. Qui est donc Typhus ? Et quelles sont ses inspirations ?
Mon personnage de scène s’est toujours appelé Typhus, mais c’est avec BLAZING qu’il s’exprime le mieux. Mes inspirations sont surtout cinématographiques pour le visuel. Je visionne des tonnes de films qui ont une ascendance sur moi à ce niveau. J’ai adoré la nouvelle vague de films d’horreurs avec ces zombies ultra nerveux et rapides comme "REC" ou "28 Jours Plus Tard". Certains bouquins ("La Route" (Cormac McCarthy), "A L’Estomac" (Chuck Palahniuk)...) aussi me renvoient des images très utiles pour mon personnage. Pour ce qui est de l’attitude, je me laisse aller à mes plus bas instincts. Typhus est abject et doit le rester. C’est un personnage déviant et qui vous déteste, soyez en certains ! Il ne refoule rien de ce qui lui pèse au quotidien. Il vomit tout ce qu’il a de négatif en lui. J’ai entendu des gens dirent qu’il les mettait mal à l’aise, et d’autres qui l’ont détesté. Si ça provoque une réaction, même négative, ça me va. Je ne fais pas tout ça pour que l’on m’aime, sinon je ferais de la pop.



En quelques années d’existence, BWM a déjà eu l’occasion de réaliser des concerts remarquables. Je pense notamment au Hellfest en 2008 –suite à votre victoire au Sin Cession-, mais également à certaines premières parties marquantes, comme celle de Gojira ou d’Arch Enemy, en 2009. Y a-t-il un souvenir ou une anecdote qui te reste particulièrement en tête ? Une prestation que tu as tout particulièrement appréciée ?
Une anecdote en particulier me revient. La chanteuse d’Arch Enemy est rentrée dans la salle de bain après ma séance de maquillage, et de voir l’argile, le sang dans le bac à douche lui a fait péter un câble ! Elle a exigé qu’on se barre de là vite fait. Joe Duplantier m’a aussi fait une remarque en plein set entre deux morceaux pour se plaindre de l’état de la scène après notre passage. Il y en avait partout et c’était devenu glissant. Heureusement on en a parlé après, il s’est excusé et moi je l’ai remercié car que l’on parle de moi en bien ou en mal, ça fait les affaires de Typhus. Il a rigolé et on a discuté pendant longtemps. Ca c’était un bon moment. Sinon les concerts que nous donnons chez nous à Marseille restent les plus explosifs et les plus marquants pour tout le groupe. Tout le monde se met sur la tronche, ça slam de tout les côtés... Grandiose ! On adore ça et on se donne à 200 pour cent quand le public répond aussi bien.

Et d’ailleurs, selon toi, Blazing War Machine est-il plutôt un groupe de scène, ou plutôt un groupe de studio ? Où prends-tu le plus de plaisir ?
J’avais peur que l’on soit plus un groupe de scène que de studio, mais quand j’écoute l’album, il me rassure. Certains titres passent même mieux en studio qu’en live. Je pense notamment à "Autodafé", qui en live ne me procure vraiment pas le même plaisir que sur l’album. Beaucoup de nos morceaux sont taillés pour le live, mais les versions studio n’ont pas à rougir de la comparaison. Puis on a des musiciens très à l’aise dans cet exercice. Franky est une bête de studio ! Mais je préfère le live car le studio cloisonne trop notre performance. En live tu peux tout te permettre, tant que ça ne dénature pas le morceau. Je préfère avoir le choix de faire selon l’instant. La recherche de la perfection ne m’intéresse pas.

En ce qui concerne le futur du groupe, des projets, à l’heure actuelle ? Y a-t-il déjà de nouvelles dates prévues, pour ceux qui aimeraient vous voir en concert ?
On se remet à la composition de nouveaux morceaux… Puis quelques dates sont en pourparler. Tout s’accélérera avec la sortie de l’album (prévue entre Octobre et mi-Novembre).

Allez, j’en ai fini de mon interrogatoire ! Le dernier mot te revient de droit, donc si tu as l’un ou l’autre message à faire passer aux fans (ou aux détracteurs, libre à toi) du groupe, c’est le moment ! En attendant, je ne peux que te souhaiter une bonne continuation, et à bientôt sur la route !
Les détracteurs sont importants. Ils parlent de nous, et tout ce dont on se souviendra sera : "J’ai entendu parler de ce groupe !!!". Continuez de nous critiquer, comme j’ai dit plus haut : ça fait nos affaires. Quand aux fans, merci pour votre rage et votre soutient. Vous décevoir est notre hantise. On fera tout pour encore proposer du plus grand BLAZING WAR MACHINE à chaque concert, où que ce soit. Gardez la flamme, et vive le metal extrême !


Le site officiel : www.myspace.com/blazingwarmachine