Interview faite par Pascal Beaumont à Paris.

BlackRain a déjà derrière lui un long parcours et semblait promis à une réussite hors du commun. Deux albums produits par Jack Douglas (Aerosmith, Cheap Trick, Alice Cooper, John Lennon…), une signature chez Sony en 2013, les planètes semblaient aligner pour les emmener très haut et se positionner comme un des leaders de la scène hexagonale ! Pourtant, malgré des albums de haute volée, nos Savoyards n’ont jamais réellement réussi à s’imposer sur la scène française et européenne. "Released", pourtant distribué mondialement et qui devait leur permettre d'atteindre un statut internationale, n’a pas remporté le succès attendu et a semé le doute et un désarroi profond au sein du combo qui n’en avait pas besoin. Pire encore, les deux années suivant la sortie de "Released", le gang a brillé par son absence sur les routes de l'hexagone comme s'il s'était volatilisé. Une situation qui aurait pu aller jusqu’à la disparition tant la remise en question semblait importante, nos amis ayant même eu un moment envie de composer un metal beaucoup plus violent et de changer de nom. De quoi laisser perplexe quand on a connu l’enthousiasme qui les animaient auparavant. Désabusés mais pas désespérés au point de renoncer totalement ! Heureusement, l’inspiration au fil des mois est revenue car BlackRain c’est avant tout une bande de copains passionnés par le rock et qui a toujours eu cette envie de ne jamais lâcher prise. Une rage que l’on ressent à l’écoute de chaque morceau de "Dying Breed", il y a chez eux comme une urgence de ne jamais jeter l'éponge et rebondir de plus belle. Impossible pour eux de renoncer, bien au contraire, les voilà de retour avec une nouvelle signature chez SPV / Steamhammer, une apparition remarquée au Hellfest en Juin dernier et un nouveau méfait sous le bras, prêts à conquérir de nouveaux fans. "Dying Breed" ne surprend personne et s’avère être un opus dans la pure tradition hard rock / glam US qui remet les pendules à l’heure. BlackRain est bel et bien vivant et en pleine forme. Pour mettre tous les atouts de leur côté, les bougres ont fait appel à une vieille connaissance, Chris Laney (Crashdïet, Crazy Lixx, Pretty Maids) avec qui ils avaient déjà collaboré en 2008 sur l’album "License to Thrill" et qui leur a permis d’effectué un véritable retour aux sources à travers 10 morceaux d’une redoutable efficacité où l’ombre de Mötley Crüe, Twisted Sister ou encore Bon Jovi plane encore tant les refrains sont accrocheurs et fédérateurs ! BlackRain est certainement au sommet de son art et maîtrise parfaitement ses morceaux à la fois catchy et puissants, ancrés dans les eighties, destinés à séduire le plus grand nombre et régner sur les ondes FM ! Devant un tel opus, une enquête plus approfondie s’avérait nécessaire afin de découvrir tous les secrets de la gestation de "Dying Breed" et plus encore. C’est avec le sympathique Matthieu de la Roche, bassiste de son état, que votre serviteur a pu s’entretenir. Entretien avec un rescapé placé sous le signe du réalisme et d’une envie insatiable de ne jamais lâcher prise ! Vous avez dit "Dying Breed", c’est loin d’être sûr ! Magnéto Matt, c’est à toi !

Bonjour Matt, quel souvenir gardes-tu de votre passage au Hellfest en Juin dernier ?

Matthieu de la Roche (basse) : C’est le meilleur concert que l’on n’ait jamais donné. Les questions que tu te poses sont toujours les mêmes : est-ce que les gens vont venir ? Est qu’ils vont nous jeter des tomates ou pas ? En fait, ils sont venus, on les a vu frapper dans leur mains jusqu’à très loin. On était super contents et très étonnés qu’il y ait une communication comme ça avec le public, du coup c’est un super souvenir.

Après dix-huit ans d’existence, vous avez toujours des doutes ?
Lorsque tu joues dans un festival, ce n’est pas la même chose que lorsque tu montes sur scène devant un public qui est venu te voir et qui est là pour toi. Là, il y a des personnes qui peuvent penser que ça ne va pas du tout avec leur style. Ca a toujours été un peu difficile, on n’est pas dans un metal très extrême. On est plus proches des vieux groupes qui viennent jouer au Hellfest et qui sont des légendes. La question est : est-ce que tu arrives à la hauteur de ces gars qui ont trente ou quarante ans de carrière, une équipe gigantesque, des centaines et des centaines de concerts derrière eux ? Là, tu te mesures à des grands. A côté de cela, tu as tout le public de metal extrême qui n’est pas forcément très fan de ce genre de musique. Tu ne sais pas du tout ce qui peut se passer avant de monter sur scène. Oui, en effet, il y a toujours un doute.

Vous avez déclaré que vous étiez une espèce en voie de disparition, qu’entends-tu par-là ?
Oui, mais cette espèce en voie de disparition ce n’est pas que nous, "Dying Breed" cela concerne tous les musiciens qui font de la musique avec des instruments de musique. En réalité, il y a évidemment énormément de groupes aujourd’hui mais le chemin est vraiment compliqué. Quand tu vois ce que ça demande comme années de pratique de l’instrument puis après comme logistique pour faire un petit concert dans un bar. Quand tu vois en face ce que peut être le métier de DJ ou même de rappeur qui achète une bande sur Internet et qui pose des paroles avec un micro dans sa chambre, qui au final arrive à faire des millions de vues s'il a fait un petit clip. C’est vrai que tu te dis que derrière, le fait de faire de la musique avec ses mains… (rires) De venir là jouer devant des gens, c’est finalement de plus en plus compliqué.

Depuis l’explosion d’Internet et du téléchargement, il y a une majorité des formations qui s’autoproduisent et qui gèrent tout de A à Z, au final ils ont une méthode très artisanale qui leur permet de survivre et d’exister !
C’est ce que l’on fait, toutes les formations font de l’artisanat aujourd’hui. Il n'y a quasiment plus de groupes qui peuvent prétendre à être des grosses machines au niveau des nouveaux combos à part peut-être quelques uns comme Ghost qui a réussi à exploser. Mais c’est très rare et de toute façon, dans tous les cas, au départ c’est toujours une œuvre artisanale. Il n’y a plus de gros producteur comme dans les années 80 qui misaient sur une formation et qui lui donnait tous les moyens possibles et inimaginables pour réussir. A l'époque, c’était comme ça : toi, tu joues dans ta cave, on te choisit et on te met deux mois dans un studio, tu produis un album et tu enregistres le tout au frais de la princesse. Ça, c’est fini, ça n’existe plus.

Justement, vous avez un peu vécu ça avec votre ancien manager Danny Terbèche, une signature chez Sony Music et deux albums enregistrés sous la houlette de Jack Douglas !
Oui, on a peut-être été les derniers à vivre un peu ce truc-là qui était très proche de ce qui existait dans les années 80. C’était incroyable et très rare de se retrouver dans de telles conditions et ce qui est encore plus incroyable c’est que même avec ces conditions idylliques, aujourd’hui ça n’a pas donné les résultats que ça aurait pu donner dans les années 80 ! Ce n’est plus la voie efficace. Tout a complètement changé et ce que l’on a compris c’est que faire du metal ou du rock aujourd’hui c’est de toute façon un truc artisanale, même si tu mets le maximum de budget tu ne t’y retrouves pas. Derrière, ce n’est pas quelque chose où tu peux espérer en vivre donc ce n’est vraiment qu’une passion et tant mieux d’une certaine façon.



Tu veux dire que désormais BlackRain, pour vous, c’est une sorte de hobby ?
En fait, ça a toujours été un hobby pour nous d’une certaine façon mais sérieux. Ça l’a toujours été et je pense que ça l’est pour tous les groupes. Après, ceux qui disent que ce n’est pas ça ,ce n’est pas vrai car ce n’est pas possible. Mais c’est aussi en même temps un moteur dans la vie, c’est ce qui te permet aussi de te dire que tu assures. On arrive à un âge où l’on commence à fonder des familles, on vieillit, on mûrit. En fait, on s’est rendu compte que le fait de faire ce que l’on fait c’est aussi notre gazoline, l’essence qui te permet de faire fonctionner le moteur.

Comment s’est déroulé le processus de composition comparé à votre album précédent, "Released" ?
On n’a jamais eu autant de morceaux composés que cette fois-ci. Après la sortie de "Released", nous n’étions pas très contents des retours, ça n’avait pas trop bien marché, pas trop non plus par rapport à ce que l’on attendait. Du coup, on s’est vachement remis en question, à un moment donné on s’est mis à composer des trucs qui n’avaient rien a voir avec ce que l’on avait toujours fait. C’était beaucoup plus violent. On voulait même à un moment arrêter BLACKRAIN et créer un autre groupe et un nouveau truc. On était vachement en phase de recherche et de remise en question, et puis petit à petit il y a eu des titres qui ont émergé, on s’est rendu compte que l’on pouvait faire un album. Cela commençait à avoir une certaine cohérence. Ensuite, on a pu l’envoyer à des labels et ils ont tous répondu un peu en même temps. Puis, on nous a proposé le Hellfest, la tournée avec Kissin' Dynamite. C’est au moment où on attendait le moins de choses que tout s’est mis en place le plus facilement.

La tournée avec les Kissin' Dynamite, c’est une de vos premières véritables tournées ?
Ce n’est jamais arrivé en tout cas que l’on parte en tour bus et qu’en plus, chose complètement incroyable, on soit payés ! (rires) C’est vrai ! Cela fait 15 ans que cela ne nous est pas arrivé. Il arrive parfois que l’on ait un petit salaire parce que c’est vraiment obligatoire sinon il risque d’y avoir des contrôles d’URSSAF. Mais la plupart du temps, nous ne sommes pas payés mais pas que nous, c’est valable pour la plupart des formations. On gagne de l’argent pour BLACKRAIN pour pouvoir faire fonctionner la formation, tout est investi dans cet esprit-là. On a déjà cette chance que BLACKRAIN ne nous coûte pas, on arrive à ce résultat avec la vente de CDs, de merchandising, avec tout un tas de choses. Nous arrivons ainsi à pouvoir réinvestir dans un nouvel opus la fois d’après. Mais par contre, le fait de te dégager un salaire, c’est très rare. Donc on est contents ! (rires)

Lorsque vous avez signé chez UDR pour la sortie de "Released", vous aviez comme objectif de vous développer à l’international, pourtant vous n’avez pas donné beaucoup de concerts en dehors de l’hexagone ?
Il se trouve que le label avec qui on était avait un statut international, ils nous ont sorti dans le monde entier mais on a été énormément déçus du travail qui a été fait. On a compris pourquoi ensuite. En fait, ce n’était pas vraiment un label, leur principal client c’était Motörhead et tout ça est arrivé à la mort de Lemmy. Le gars du label était complètement concentré sur ça, c’était leur gagne-pain on va dire ! A la mort de Lemmy, il avait beaucoup de travail. Parallèlement, ils avaient essayé de miser un petit peu sur des nouveaux combos pour voir comment ça fonctionnait. Mais très vite, tu te rends compte que ça ne fonctionne pas, ce n’est pas avec ça que tu vas gagner ta vie comparé à la vente des albums de Motörhead, c’est évident. Si tu attends d’avoir le même retour sur BLACKRAIN que sur Motörhead, ça ne marche pas. Forcément, tu abandonnes et tu laisses crever le truc, c’est ce qui s’est passé avec nous. SPV, ils ont été vraiment motivés par BLACKRAIN, ils ont des objectifs qui sont beaucoup moins ambitieux, ce qui fait que l’on travaille en bonne intelligence et ça fonctionne vite et bien. Lorsque j’envoie un message, j’ai une réponse dans la minute, c’est le directeur artistique qui me répond. On travaille vraiment intelligemment avec les contraintes actuelles. Ils sont vachement sensibles à tout ce qui se passe dans l’industrie musicale, notamment vis-à-vis du streaming. Aujourd’hui, ce qui est ultra important, c’est d’être présent dans les playlists des sites de streaming. S'ils arrivent à nous placer sur des playlists américaines où il y a 100 000, 200 000 voir 600 0000 followers, c’est comme ça que tu arrives à te faire connaître de nos jours. La musique a vraiment changé de nos jours.

Est-ce que c’est un challenge de se placer sur des playlists de streaming ?
En fait, c’est un nouveau métier. Il y a des labels qui ont compris ça, ils ont évolué avec la réalité du marché. Et puis, il y a ceux qui n’ont pas compris. UDR n’avait pas compris ça. On leur demandait toujours mais ils ne savaient pas comment faire. SPV nous a prouvé qu’ils savaient faire et même bien faire. On est vraiment présents partout grâce à eux. Du coup, ça nous fait de la visibilité, ensuite derrière ça donne des gens qui vont sur ton site et qui vont acheter le CD ou le t-shirt, c’est vachement bien. C’est un cercle assez vertueux. C’est certains que par les sites de streaming tu ne gagnes rien. Mais le fait d’avoir beaucoup d’écoutes…. Plus tu en as et plus tu es proposé sur ces sites et plus les gens t’écoutent. Il y a beaucoup de personnes qui écoutent la musique via ces sites. C’est vrai que l’on est aussi dans un monde où il y a tout un public jeune et ancien qui continue à acheter des CDs. C’est un public qui lit encore les magazines. Mais la réalité c’est que tous les jeunes ils ne lisent plus rien et ils n'achètent aucun CD. Je connais des gamins qui ne savent pas ce que c’est un CD, je leur en ai parlé une fois. Je discutais avec un jeune de 18 ans et quand je lui parlais de CD, il ne savait pas ce que c’était parce qu’il n’a pas de lecteur CD. Il écoute de la musique via son téléphone, il a un abonnement Deezer et voilà. Donc tout a complètement changé. Il regarde des vidéo sur YouTube, c’est comme ça !

Pour "Dying Breed", vous avez choisi de travailler avec Chris Laney (Crashdïet, Crazy Lixx, Pretty Maids) avec qui vous aviez déjà collaboré sur l’album "License To Thrill" sorti en 2008 !
Le truc, c’est qu’on ne pouvait pas continuer à travailler avec Jack Douglas, travailler avec lui, cela a un prix, et on ne pouvait plus se le permettre. Impossible de se le payer, partir aux USA, enregistrer dans un studio, si c’est à tes frais cela te coûte le prix d’un appartement ! (rires) Je vais être clair, on ne pouvait plus continuer à bosser avec Jack car c’était beaucoup trop cher. On s’est rendu compte que Chris avait produit un album qui avait marqué et qui est devenu culte. Il y avait derrière tout un réseau de fans de ce hard rock des années 80. On faisait partie en fait des groupes cultes, du renouveau aux côtés Crashdïet, Crazy Lixx et quelques autres. Toutes ses formations avaient été produites par Chris Laney. On l’a donc recontacté pour savoir ce qu’il devenait et il nous a dit qu’il était intéressé pour produire notre nouvel album. En fait, il a produit en même temps le nouvel album de Crashdïet, Crazy Lixx. Ce qui fait que l’on sort tous à peu près notre nouvelle galette le même jour avec la même production. C’est assez drôle car en fait on ne s’est pas concertés. Il nous comprend bien, et il a une bonne vision de la production qu’il nous faut, c’est simple. Il a une culture plus proche de ce qui est BLACKRAIN que Jack qui était plus rock. Jack recherchait vraiment une espèce de son très propre. Chris, il met les amplis sur 11 et c’est parti. Ça fait un son plus crade en même temps mais à la fin tu as un truc plus vivant. On est vraiment contents du résultat. On l’a enregistré aussi en Suède parce que Swan vit là-bas.

Swan vit désormais en Suède, qu’est ce qui a motivé ce choix ?
C’est quelqu’un qui adore être au calme. Il s’est marié avec une Suédoise, c’est la première raison et la deuxième c’est qu’il apprécie ce pays et qu’il est content d’y vivre. Et puis il y a une culture musicale assez importante en Suède. C’est un pays qui est un gros producteur de musique. La Suède, c’est assez gigantesque au niveau de la production musicale. C’est un vivier de compositeurs, de producteurs, de musiciens. Ils ont cette culture dès l’école, ils apprennent le rock à l’école. Quand on y va, on croise des tonnes de mecs qui sont tous meilleurs les uns plus que les autres. Evidemment, c’est un excellent bain pour la musique, c’est quelque chose que tu n’as pas forcément en France. Je ne dis pas que l’on a de mauvais musicien en France mais tu dois tout construire par toi-même. Tu n’as pas ce bain musical, ces structures qui te permettent d’apprendre la guitare et faire du rock. C’est compliqué d’essayer de faire du rock en France. Heureusement, aujourd’hui, il y à YouTube, il y a des tutos, des choses comme ça. Mais si tu vas dans des écoles de musique, on en est encore a commencé à t’apprendre le solfège et à te faire jouer du pipeau. C’est la réalité. C’est lamentable ce que l’on t’apprend dans les conservatoires. Même dans les grandes écoles de musique privées qui sont très connues, je ne vais pas les nommer, ils vont t’apprendre à faire des trucs super techniques, à jouer des sextolets etc… Mais on ne t’apprend jamais tout simplement à tenir un rythme, à jouer en groupe, on ne t’apprend jamais ce que c’est que le growl alors que dans d’autres pays c’est naturel. Une fois en Angleterre, on a assisté à une classe de musique. Il y avait des gamins de 14 ans qui jouaient du Toto, le prof était devant, eux ils étaient sur scène. Lorsque le batteur était pas bon, il lui disait de dégager pour en mettre un autre à la place. Tu le voyais faire évoluer le morceau en essayant de tirer un maximum de chacun de ses élèves et à la fin cela donnait un truc d’enfer qui sonnait. C’était incroyable de voir ces gamins jouer, c’était génial. Dans une classe de musique en France, tu fais l’harmonie municipale, la fanfare ! (rires)



Comment avez-vous cette fois-ci choisi vos singles ?
Cette fois-ci, c’est le label qui a choisi, on leur a demandé quel était leur avis, ensuite, nous, on a la possibilité de faire des vidéos. C’est moi qui me suis occupé de la capture mais ce n’est pas moi qui ai réalisé les vidéos. Mais j’en fais personnellement. Mais être derrière et devant la caméra, c’est difficile. Ca m’est arrivé de le faire pour l’album précédent où je réalisais. Cette fois-ci, on a choisi de bosser avec des potes mais disons que les idées viennent de moi. La petite vidéo sur "Dying Breed", c’est moi qui l’ai faite, cela m’a pris trois mois. C’est du travail. C’est vraiment un truc qui me passionne. Aujourd’hui, c’est important de faire de la vidéo !

Le clip de "Dying Breed" nous replonge à la fin des années 80 avec le Pac-Man, le flipper, vous êtes nostalgiques de cette époque ?
On en est nostalgiques même si on ne l’a pas connue. C’est la nostalgie actuelle. Aujourd’hui, tu as des séries comme "Strangers Things" qui s’adressent à un public adolescent qui n’a pas connu ça. Cela crée une espèce de truc rétro, tu es nostalgique de trucs que tu n’as pas connu. Moi, personnellement, j’étais tout gamin, j’ai à peine connu les années 80 et pourtant j’ai une espèce de nostalgie de cette époque. Tu as l’impression que tout était plus cool, c’est certainement la réalité. En tout cas, au niveau de la musique, je pense que l’on a atteint des sommets dans le rock, des tubes à foison. Tous ces trucs que l’on n’arrive pas forcément à retrouver aujourd’hui. Nous, on fait un peu la même chose, on essaye de garder le même esprit, on fait des trucs bien, c’est tout un décorum que l’on aime bien. C’est ce que l’on fait depuis pas mal d’années et là on voit une recrudescence d’intérêt pour cette époque.

Vous sentez-vous un peu seuls dans ce style au niveau de la scène française ?
C’est vrai que l’on a fait beaucoup de choses et que l’on nous présente un peu en France comme des ambassadeurs de ce style mais il y a plein d’autres formations qui sont dans la même histoire. Il y a des mecs que l’on connaît quasiment depuis les débuts de BLACKRAIN. C’est certain qu’après chacun a eu son parcours, a eu des opportunités qui se sont ouvertes ou pas. Mais je sais qu’il y a évidemment plein d’autres combos qui essayent de faire vivre le truc. Je ne me sens pas forcément seul. Après, on a des contacts avec d’autres artiste qui ne sont pas forcément dans ce style-là. Dans le metal en général, on a plein de potes qui font des choses avec passion et qui nous plaisent aussi. Je n’ai pas l’impression que l’on soit si seuls que ça, c’est plus une question culturelle, il y a un truc qui manque en France, ce n’est pas au niveau du public parce que finalement quand tu vois qu'AC/DC est capable de remplir deux stades de France. On ne peut pas dire que la France soit mal lotie au niveau du public. Les combos qui viennent ici le disent souvent, le fait de venir en France c’est un plaisir. Mais c’est difficile. Lorsqu’ils font des dates en Allemagne, ils vont en faire une dans l’hexagone parce qu’il n’y a pas forcement les structures nécessaires pour les accueillir. C’est aussi au niveau des gens qui dirigent les salles qu’il n’y a pas cette culture, c’est pareil en ce qui concerner la TV, la radio. Dans tous les pays, tu as une station de radio où tu peux écouter Metallica à midi, que ce soit en Italie, en Allemagne. En France, ça n’existe pas. Il faut être honnête. C’est peut-être un petit peu plus sous-terrain mais pourtant à coté il y a des tonnes et des tonnes de passionnés de hard rock ou de metal.

Qu’est ce qui a motivé le choix de reprendre le tube de Plastic Bertrand "Ça Plane Pour Moi" ?
C’est simple, cela fait dix ans qu’on l’enregistre quasiment pour chaque album et qu’on ne la sort pas. La raison qui nous a poussés à faire cela, c’est que lorsque l’on allait jouer en Suède ou en Allemagne, c’est la chanson française la plus connue à l’étranger. Comme on est français, on la jouait à l’étranger, C’est super compliqué de composer un morceau en français, il faut quand même le dire. Il y a énormément de formations qui ont fait du hard rock dans notre pays. C’est toujours délicat lorsque tu as des paroles en français, ça ne sonne pas de la même façon que l’américain. Tu ne peux pas dire un truc con dans notre langue sans que ça ne sonne pas terrible, c’est difficile d’écrire des paroles. Pour "Ça Plane Pour Moi" ,ce qui a été fort, c’est de réussir à écrire des paroles qui ne veulent pas dire grand-chose, enfin si ça parle d’un lendemain de soirée… C’est écrit avec des mots qu’on n’utilise pas du tout dans la vie courante et ça arrive à sonner, ce qu’on n’arrive pas vraiment à faire avec des paroles en français qui n’est pas une langue adaptée au rock’n’roll. En anglais, tu vas dire un truc idiot et ça sonne, ça fonctionne sur chaque personne. Mais en français, c’est le contraire, ça choque. On dit que c’est naze comme chanson. Les paroles en français, c’est compliqué. A l’étranger, on est connus comme le groupe français, il n’y en a pas tant que ça qui sont connus. On a essayé de sortir un truc en fançais, c’est une reprise car on n’est pas capables d’écrire une chanson comme "Ça Plane Pour Moi" !

Matt, merci beaucoup pour l’interview, je te laisse le mot de la fin !
C’est toujours difficile le mot de la fin, allez sur YouTube, c’est cool ! Il y a moyen d’écouter notre musique gratuitement pour s’en faire une idée et si ça vous plaît, alors achetez l’album ! (rires) Merci.


Le site officiel : www.blackrain.fr