Salut les gars, heureux de vous retrouver pour la sortie de ce nouvel opus. Tout d’abord, puisque j’écris ces lignes au 30 Janvier, j’en profite pour vous souhaiter une bonne année 2022, malgré le climat tendu dans notre beau pays. Alors tout d’abord, j’aimerais savoir comment les conditions de confinement vous ont impactés pour écrire ce nouvel album en termes de logistique ? Avez-vous dû faire de gros ajustements ou est-ce que composer sans partager la même salle de répétition a été plutôt simple ?
Émile (chant) : Salut à toi Byclown !  Comme bon nombre de groupes émergents je dirai… Avec la stratégie gouvernementale du "stop & go" entraînant de fait frustration et rupture de dynamiques créatrices. Malgré tout, nous nous en sommes pas si mal sortis en dehors de la finalisation de la composition de "Collateral" à distance. L’essentiel des titres de "Setence" ont pu être composés, joués et pré-enregistrés ensemble. L’opportunité de ne pas dépendre d’une salle de répétition collective publique ou privée ayant sur ce point grandement joué en notre faveur, malgré la distance qui nous sépare désormais les uns des autres.

Vous êtes-vous sentis inspiré par ce climat pandémique mondial pour écrire des riffs plus tranchants et des paroles plus incisives ? Quels sont les themes abordés sur cet album ? D’ailleurs dites-nous en plus sur l’enregistrement, le mastering etc (avez-vous essayé de nouvelles choses ?).
Ouh là… Une question 3 en 1. Par où commencer ? Consciemment je ne saurais dire pour l’intégralité du groupe. Inconsciemment, il est certain que la situation sanitaire et géo-politique internationale a durablement marqué cet album ne serait-ce que sur un plan thématique. Sur le plan musical nous avons toujours comme leitmotiv d’aspirer à être l’image de notre monde : sombre, brutal et sans concession. Autant te dire que ça n’ira malheureusement pas en s’arrangeant pour les amateurs de pop music. Pour revenir aux thématiques abordées à travers "Setence", à l’origine de son écriture je ne souhaitais pas particulièrement me laisser influencer par la dimension médiatique liée à la situation sanitaire. Force est de constater que la durée de cette crise internationale (sous bien des aspects) a eu en partie raison de moi. Je dispose personnellement d’un réservoir de sujets qui puisent leurs sources au cœur du malaise de notre société moderne. Thématique malheureusement inépuisable à laquelle j’associe des messages se reposant principalement sur les valeurs militantes, humanistes et progressistes défendues par BTSTYX. En l’occurrence sur ce nouvel album, je pense avoir d’avantage laissé libre cours aux sentiments qu’ont pu provoquer en moi l’isolement au cours de ces deux dernières années, à travers notamment : la sensation d’un éternel présent, les corrélations de nos paroles sur nos actes, la question des flux migratoires, la sensation d’enfermement, la haine de soi et de son espèce, la force du collectif, l’épuisement professionnel, la tendance autodestructrice de notre système capitaliste, le transhumanisme, la société de contrôle des masses… Et j’en passe !
Concernant l’enregistrement, pour commencer nous avons fait le choix d’engager un processus d’enregistrement et de production avec une seule et même personne à savoir Monsieur Christian Donaldson. Nous avions connaissance de la qualité du travail d’enregistrement et de mixage réalisé par Christian au Canada, notamment auprès de groupes de renommée internationale tels que Despised Icon, Get The Shot, Cryptopsy… L’idée était d’associer intégralement son savoir-faire et son expérience au processus de création de ce nouvel album afin de nous permettre de donner une nouvelle enveloppe à l’esprit de BTSTYX. Sans se travestir et tout en se reposant sur l’identité du son live que nous nous sommes forgés date après date depuis plus de 10 années.  Pour l’occasion tout a été différent de ce que nous avions pu tester et réaliser par le passé de la technique d’enregistrement à la pédagogie paradoxalement rigoureuse et bienveillante qui y était associée. Une sorte de "pogne de fer dans un gant de velours".

D’ailleurs, et ce n’est que mon avis, je trouve que ce nouvel album sonne plus hardcore traditionnel (sur les riffs et le son) comparé à vos précédentes compositions qui, pour le coup, sonnaient modernes. Vous confirmez ?
Il est certain que nous sommes revenus sur certains fondamentaux plus "bas du front" dirons-nous. Le tout est de savoir équilibrer nos compositions afin de leurs permettre de mieux vibrer et surtout de mieux "communier" avec le public. Personnellement, il n’y a pour moi rien de plus ennuyant qu’un public ennuyé : rigide, consommateur et stoïque. Sortir une assemblée de sa zone de confort me paraît bien plus dingue et mémorable que n’importe quelle prouesse technique individuelle à répétition visant finalement davantage à renforcer l’individualisme pesant déjà assez lourdement au sein de notre propre société… La proportion de smartphones dirigés vers une scène en disant suffisamment long sur l’intensité de ce qui se vit et se partage réellement en live.

Avez-vous des albums qui vous ont inspirés (directement ou pas) pour écrire le nouvel album ?
Des albums ? Non pas directement. D’autant que nous composons en groupe. C’est ça aussi tout l’intérêt et la difficulté de composer à 5 ! On ne s’arrête à rien qui nous fasse vibrer en live comme sur CD. La scène hardcore américaine et anglaise constitue indéniablement l’une de nos principales influences : metal hardcore, beatdown, youth crew… On ne se ferme à rien tant que le groove est au rendez-vous ! Le thrash crossover américain ainsi que le death metal old school scandinave disposent également d’une influence notable à travers nos compositions à travers des aspects plus dynamiques, mélodiques et incisifs ! Il nous arrive également d’aller enrichir nos influences plus ou moins consciemment à travers des classiques plus blues, rock ou même hip-hop. Pour résumer, nos influences prennent corps dans une musique véritable (old school diront certains) relativement épurée d’artifices modernes ou simulateurs d’amplifications en tout genre…  Le live se devant toujours de sublimer le studio.

Sur les 10 titres qui composent cet album, on dénombre pas moins de trois featurings (avec des gens de grand talent d’ailleurs). Pourriez-nous vous en dire plus ? Comment se sont portés vos choix (en termes d’invités et pourquoi les avoir mis sur telle chanson plutôt que sur telle autre).
Disons juste que chaque invité ne l’a pas été par hasard. Je retrouvais personnellement déjà un peu de chacun d’entre eux à travers : "New World Disorder", "Scorch AD" & "Cyclops" avant de les y inviter. Comme lors du processus d’enregistrement de notre précèdent album "Stiigma", j’ai projeté la personnalité, la voix et les sentiments personnels que m’évoquent chacun de ces chanteurs avec qui j’ai eu l’opportunité de partager un bout de scène à l’occasion. Vincent & Guillaume vivant tous deux sur le territoire français, il m’a été beaucoup plus simple de les associer à l’interprétation des paroles que j’ai écrites pour l’occasion. Tous deux ayant pu se rendre en session d’enregistrement afin d’enregistrer leur chant à nos côtés, tout en laissant libre cours à leurs idées et à leurs potentiels respectifs. Avec Luis vivant sur Madrid, c’était différent au vu de la distance qui nous séparait respectivement. Nous avons donc dû procéder à distance. Je lui ai laissé carte blanche et le résultat était plus qu’à la hauteur de mes espérances.

Avec ce nouvel opus vous avez deux sortis deux clips, l’un pour "Collateral", l’autre pour "Overload". Pourquoi avoir choisi ces deux chansons ? D’où vous est venue l’idée pour "Collateral" ?
Bonne question. Probablement pour l’aspect symbolique qu’ils ont représenté à travers l’écriture de "Sentence". "Overload" a probablement été le déclic d’une certaine dynamique dans cet album, comme une sorte de source à l’image d’un cœur (au sens biologique du terme) pour ainsi dire. "Collateral", pour sa part, en a été l’extrémité puisque le dernier titre écrit et finalisé dans un contexte particulier. Chacune d’entre elles est, à mon sens, un pilier de "Sentence". Sentiment renforcé par le travail de production de Christian ainsi que par le potentiel live ressenti à leurs sujets. Concernant le clip de "Collateral", nous avons laissé carte blanche à Sébastien Vallée son réalisateur et avons validé le projet de préquel à "Danse Macabre" vers lequel ce titre tendait à l’inspirer.  A ce sujet, il est d’ailleurs important pour nous de pouvoir associer pleinement un artiste sans trop le brider à travers un processus de création commun. La magie de la rencontre faisant souvent tout le reste. 

Si votre musique devait être utilisée dans un film, lequel choisiriez-vous ? Même question pour un jeu vidéo.
Je n’ai pas d’idées précises particulièrement arrêtées sur le sujet, mais la thématique de réalisations "post-apocalyptiques" ou "dystopiques" pourrait tout à fait coller je pense. Je laisserai le soin à nos fans de nous faire des propositions en commentaires pour l’occasion.

Quels ont été les albums sortis en 2021 que vous avez préférés ?
Notre vidéo FAQ répondra mieux que moi seul à cette réponse pour l’occasion : youtu.be/d9G4eY5TUkU

Quand peut-on espérer de vous voir de nouveau sur scène ?
Tout prochainement… Une annonce ne devrait d’ailleurs plus trop tarder en ce sens ! 

En guise de dernière question pour les lecteurs de French Metal, est-ce que vous auriez un dernier message impérissable à faire passer ? Une bouteille à la mer ?
Qui que vous soyez : artistes, fans, curieux… Quels que soient vos lieux de prédilections, soutenez votre scène locale aussi infime soit-elle. Chaque ville de plus de 10000 habitants se devrait d’avoir les moyens en France d’accueillir décemment tout groupe indépendant sur la route... Car le pire virus qui soit et qui restera ici comme ailleurs, c’est l’indifférence. L’indifférence de laisser des espaces artistiques ouvertement mourir et disparaître. Car là où l’art disparaît le pouvoir de l’uniformité règne en maître. Éteignez vos TV. Sortez des sentiers battus des grandes ondes FM. Soutenez votre scène locale et sa diversité !

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