Interview faite par mail par Arch Gros Barbare

"La musique est un cri qui vient de l'intérieur" nous a dit pendant longtemps Bernard Lavilliers. Et la musique de Beyond The Pain vient de l'intérieur, un intérieur complexe qui mélange le death metal à un style rock progressif. Cette vision plutôt personnelle de la musique extrême se retrouve concentrée sur un album riche en émotions et riche en musicalité. A l'occasion de la sortie de "Swallow The Real", album autoproduit , on s'est penché un petit peu sur le groupe, si vous voulez savoir ce que Matthieu, Jean-Christophe, Eira et Arnold avait à nous dire, c'est par ici...

Eh bien, bonjour à tous, il serait judicieux de parler un peu de la rencontre de Beyond The Pain, parce que l'on sait que votre formation remonte à 2007/2008, mais finalement il vous aura fallu un petit moment pour construire votre univers et présenter enfin quelque chose sur support CD. Ce cheminement se perdant de plus en plus, tout le monde voulant griller des étapes, vous semblez avoir conservé ce schéma classique et pourtant si important qu'est d'abord l'écriture d'un répertoire, du test de celui-ci sur un public et enfin de finaliser tout ça par un CD... Alors qui est à l'origine de Beyond The Pain, quelle a été sa progression durant ces trois années et que représente pour vous la sortie de "Swallow The Real" qui au départ ne devait être qu'une démo (oui je n'aime pas ces appellations EP à tout va....) ?

Matthieu (batterie) : Salut à toi ! Chaque année a eu son lot de changement dans BEYOND THE PAIN ! Les 3 ans sont passés vite… (rires) Quand je suis arrivé dans le groupe en tant que batteur, il y avait déjà Jean-Christophe et Laëtitia aux guitares, et Paul-Emmanuel à la basse. Ce sont les 3 membres fondateurs du groupe. Comme tu l’as dit c’était début 2008. Le courant est passé dès la première répète… je crois (rires). Est arrivé très vite Arnold au chant, chaudement recommandé par JC. Nous avons répété sur Paris durant une bonne année. En 2009 nous avons commencé à chercher un local de répétition pour pouvoir répéter avec notre propre matériel qui dormait bien au chaud à la maison. Puis durant l’été nous avons décidé de chercher un 6ème membre, un claviériste, afin d’enrichir encore plus notre musique… Cette personne s’est révélée être Eira, qui a tout de suite accroché sur notre musique. En 2010, nous avons commencé à enregistrer un E… une démo ! (rires) Mais Laetitia a décidé de prendre une autre route au printemps de cette année-là. Des lives à assurer, une démo à enregistrer, un remplaçant à la guitare à trouver, nous avons quand même continué à composer pour présenter de nouveaux titres en live. Nous étions tellement fiers des morceaux que nous créions que nous souhaitions absolument les mettre sur la démo… qui finalement a pris plus d’ampleur que prévu, et est devenue un album ! Par la suite, Steve est arrivé pour reprendre la guitare rythmique et nous avons sorti "Swallow The Real" début 2011.

Vous annoncez vous même la couleur de votre musique en indiquant immédiatement votre attachement à la musique death et progressive. C'est vrai que ce qui m'a touché vraiment c'est cette appartenance à un rock progressif et à un death évolutif aux allures de death doom. Mais quand on écoute vos morceaux on sent que les musiciens ne sont pas focalisés seulement dans la musique metal, bien au contraire, j'y ai rencontré de la musique funky, new age, du rock des 70's, du death/doom des 90's... Des choses autant diversifiées que paraissant impossible à rapprocher les unes avec les autres. Vos horizons musicaux semblent être vraiment éclectiques ce qui fait de ce "Swallow The Real" quelque chose d'assez à part pour une sortie récente, pourtant vous ne semblez pas si "vieux"... Alors d'une part d'où, vient ce large panel impressionnant et d'autre part, lorsque vous avez commencé à composer vos morceaux, est-ce que vous vous êtes posés cette question de vous trouver une ligne directrice en vous limitant sur certaines choses ou au contraire vous avez donné libre cours à vos envies ?
Matthieu : En ce qui me concerne j’ai eu une montée "progressive" dans le monde du metal. J’ai commencé par la fusion, continué par le power lyrique, suivi d’un groupe de thrash (FYI, avec qui je joue toujours… hop, petit coup de pub…). Il est venu une période où j’écoutais pas mal de Psykup, Sikth, The Dillinger Escape Plan… donc une musique qui, en dehors du fait que ça soit metal qui donne la patate et qui pogote, trouve surtout son public auprès de la gente musicale. Enfin, c’est mon avis. A coté de cette musique progressive, j’écoutais toujours du bon metal groovy comme RATM ou Watcha, et des groupes de death mélo comme DevilDriver et Arch Enemy. Quand on compose, on n’a pas vraiment de ligne directrice, on répète une idée, parfois la suite vient d’elle-même. Parfois, un membre s’amène en répétition avec le squelette d’une chanson, à laquelle les guitares ajouteront du corps, la basse des tripes, la batterie un cœur, le clavier une âme, et le chant un esprit (rires). Ca fait des années que je la gardais celle là, validez la moi ! (rires)
Jean-Christophe (guitare) : En fait, j'écoute pas mal de choses assez diverses, allant d'Eric Clapton à Arch Enemy (rires). A la base, j'ai plutôt une culture rock, j'ai passé mon adolescence avec Oasis, U2, Pink Floyd, Clapton, Nirvana, Metallica, Guns 'N Roses. C'est l'album "S&M" de Metallica qui a vraiment été un tournant pour moi car j'ai été bluffé par le mélange des genres, j'ai donc cherché après des groupes mélant metal et orchestration, et de fils en aiguilles, j'ai découvert Dream Theater... et ça a été la révélation (rires). Je trouvais dedans tout ce que je cherchais, le gros son, les mélodies, des morceaux en évolution permanente... et cela m'a permis d'entrer dans le monde du prog et de découvrir plein de choses aussi bien en metal qu'en rock prog. C'est marrant que tu nous poses la question des limites, car on y a été confronté il y a peu de temps sur une nouvelle compo avec un riff qui, sur le moment, ne faisait pas l'hunanimité car jugé par certains trop extrême dans le n'importe quoi (rires). Donc pour le coup, certains disaient "non ça va trop loin" et d'autres disant "ouais, et alors ? " C'est donc délicat de répondre à ta question, car j'aurais tendance à te répondre pas de limites, car c'est comme cela que je vois les choses, mais après nous sommes un groupe donc chacun à son mot à dire, mais globalement, jusqu'ici, on a fait ce qu'on a voulu (rires).

Je vais parler un peu des claviers, et de la basse. Non parce que les guitaristes ou les batteurs sont trop nombrilistes et que les bassistes ou claviéristes peuvent être aussi talentueux et tellement plus humbles (quoique hein ?), mais surtout parce que ce sont deux instruments que j'apprécie particulièrement. Alors voilà, il est fort possible que ce que j'ai pu citer comme groupes ne fassent pas partie de l'environnement de Marie, à savoir les premiers Crematory, The Gathering, The Doors ou encore ce qu'on a pu découvrir dans le rock des 70's, mais on a la sensation que tu as voulu donner une autre dimension à l'aspect des morceaux, tantôt axé vers le doom effectivement, et tantôt vers ce côté très stoner notamment sur un titre comme "The Alternate Eve", me trompé-je ? Au final, le clavier chez BTP est devenu autre chose qu'un accompagnement, il dirige même la rythmique vers la fin du morceau non ?
Eira (claviers) : (qui n’aime pas particulièrement qu’on l’appelle Marie, comme ça, c’est dit !) Alors, effectivement, ce n’est pas la première fois qu’on rapproche les claviers dans BEYOND THE PAIN des 70s ou du rock prog. Je dois avouer (honte à moi) que je n’en écoute pour ainsi dire quasiment pas, mais aussi que j’écoute assez peu de groupes "à claviers". Il y a des choses très bien dans le metal avec des claviers, je suis d’ailleurs moi-même rentrée dans cette musique par le côté "sympho à chant féminin", mais ce n’est pas ce que je souhaite jouer ou la voie dans laquelle je souhaite particulièrement évoluer. Du coup, chaque nouvelle ligne de claviers est un peu une impro, une expérimentation, avec plus ou moins de succès jusqu’à ce qu’on arrive au passage qui sonne "juste". Je pars toujours du principe que ces lignes doivent être au service de la musique, et non l’inverse : il faut savoir que quand j’ai intégré BEYOND THE PAIN, il n’y avait pas du tout de claviers sur les morceaux, et tout était à composer ! Cela a donc été un vrai challenge de créer et d’intensifier les ambiances de chaque chanson, car c’est tout l’enjeu des claviers dans un morceau, pour moi : ne pas être, effectivement, un simple "accompagnement", mais s’intégrer parmi toutes les lignes mélodiques (guitares, basse, chant, il suffit d’écouter "Swallow The Real" pour avoir une idée de la complexité de certains de nos passages, où chaque instrument a sa ligne particulière) et créer une ambiance, un "enrobage" (que c’est laid (rires)) qui structure l’écoute du morceau. Très intellectuel, tout ça, on va dire ! Alors que je fonctionne plutôt "au feeling" quand il s’agit de composer : pas de règles, pas d’idées prédéfinies, juste l’écoute des autres instruments et la recherche du truc qui fera "clic" avec eux. C’est aussi pour ça que j’utilise pas mal de patches différents, jusqu’à 7 sons sur une seule chanson : je n’aime pas me contenter d’un son "approximatif" qui ne cadre pas avec l’idée du morceau. Pour ce qui est de "The Alternate Eve", eh non, le clavier ne "dirige" pas la rythmique vers la fin du morceau ! Celui-ci était déjà composé avant mon arrivée, je n’ai fait pour une bonne partie que reprendre et suivre les guitares, en rajoutant "le son qui va bien" (j’aime les Hammond. J’avoue. Et les sons qui font plein de bruit. Et les chœurs. Ah, les pianos aussi, bien sûr. Je vous ai déjà dit que j’aimais les orgues, et surtout les Hammond ?). Au final, l’ensemble est cohérent, et c’est tout ce qui compte à mes yeux !

Je viens à la basse, c'est aussi quelque chose de souvent laissé pour compte, mais là encore sur ce titre "The Alternate Eve" qui sort le plus des sentiers battus, ou plutôt des sillons numériques, , on arrive sur des terres très groovy dominées par le funk en début de morceau. Et on a la sensation que c'est la basse qui est à l'honneur comme s'il y avait un temps pour tout, un temps de gloire pour chaque instrument sur cet album. Est-ce que les lignes directrices des morceaux ont été d'abord apportées par Jean-Christophe et Steve, ou bien est-ce que Paul-Emmaunel, plus que le fait de se caler sur les ossatures, est venu avec des idées propres dont certains thèmes ont pu être ensuite développés à la guitare ?
Jean-Christophe : Je voudrais juste préciser un point, c'est que Steve à rejoint le groupe après l'enregistrement de l'album, il n' a donc pas participé à la composition de "Swallow The Real", c'est avec Laétitia Batut que l'album a été écrit puis retravaillé après son départ au cours des enregistrements.

Finalement est-ce que "Swallow The Real" est un véritable travail de groupe en terme de composition, ou bien juste des chansons créées par un seul d'entre vous, puis arrangées et réarrangées par l'ensemble afin d'obtenir tous ces mouvements multidirectionnels ?
Jean-Christophe : Non "Swallow The Real" est un véritable travail de groupe, car même si certaines idées, certains riffs ou thèmes viennent d'une personne, nous travaillons ensuite ensemble sur la structure et l'évolution du morceau, et un riff qui était là à l'origine peut très bien être complètement modifié pour mieux s'intégrer avec la direction que prend le morceau.
Arnold (chant) : Dans BEYOND THE PAIN, il n'y a pas comme dans beaucoup de groupes un ou deux compositeurs et d'autres musiciens qui se contentent de suivre, les morceaux sont tous "à l'initiative" de quelqu'un puis développés en groupe. Les morceaux changent parfois beaucoup ou parfois peu en cours de route, tout est question de feeling.



Après il est évident que je mettrai également en avant les qualités vocales de Arnold. En effet, j'ai été plus que convaincu par son travail, avec des timbres réellement intéressants, proposant un chant guttural régulier et des lignes vocales claires me rappelant quelques ténors du heavy metal, même si celui-ci peut surprendre dans sa manière de les intégrer sur les morceaux. Ici aussi, est-ce que cela t'a semblé évident de poser tes lignes sur les chansons de Beyond The pain, à cause de cette facette progressive qui parfois peut ne pas être aussi limpide sur la manière dont on estime qu'il faille les disposer, afin de conserver un fil conducteur ?
Arnold : C'est gentil à toi pour les "ténors du heavy metal" mais c'est un peu prématuré je suis loin de ce niveau (rires). Mes influ vocales se dirigent d'ailleurs plus volontiers vers des chanteurs, certes toujours variés, mais pas du heavy en général. J'apprécie en particulier des voix comme celle de Maynard james Keenan (Tool, A Perfect Circle), Mike Patton (Faith No More, Fantomas), Nick Holmes (Paradise Lost) ou encore Dave Gahan (Depeche Mode). Pour répondre à ta question, mes chants se développent en même temps que les titres de BEYOND se composent, mais je ponds mes parties encore une fois souvent au feeling. certains passages se prêtent à merveille aux voix gutturales et d'autres à la voix claire, mais si je peux "prendre à revers" l'auditeur, je tente le coup. Ce côté progressif de la musique de BEYOND n'a jamais été un problème, d'autant que nous possédons un ou deux morceaux dont le fil conducteur est simple, comme "Flesh Made Mad" par exemple. La ligne coulait de source à mon sens, et collait alors très bien avec le texte que j'avais écrit. Les chants sur "Swallow" ne sont pas chaotiques, ils sont variés et c'est le résultat que je cherchais. Le titre que j'ai préféré faire était "Shape Her Death", car il compile bien tout ce qu'on a pu entendre jusque là au niveaux des chants. Après c'est un domaine dans lequel je ne peux que progresser, et j'espère explorer des choses nouvelles, plus extrêmes, par la suite.

Jean-Christophe tu sembles être plus ou moins le centre de Beyond The Pain , sachant que l'album a été enregistré, et mixé par tes soins. Alors sans toutes considérations pécuniaires, puisqu'on sait que lorsqu'on autoproduit, il est moins cher de tout faire soi-même, tu t'es senti capable d'assumer cette tâche difficile ? Pas tant pour l'enregistrement mais surtout pour le mixage, tu as plus ou moins une formation de ce côté ou tu est un peu autodidacte ?
Jean-Christophe : C'est même moi qui ai réclamé de m'occuper de la production de l'album (rires). Je t'avoue que je ne me suis jamais posé la question de savoir si j'en étais capable ou non, j'avais envie de m'en occuper et puis au départ, on était parti sur un EP, le droit à l'erreur était un peu plus grand (rires). Je fais de la MAO en autoditacte depuis que j'ai 16/17 ans, cherchant sur le net, dans les forums et dans des bouquins les réponses à mes questions et en explorant par moi même. Au fur et à mesure, cette passion est devenue de plus en plus prenante, au point ou je me suis posé plusieurs fois la question de faire une formation pour ensuite travailler dans ce domaine, je me pose d'ailleurs toujours la question donc qui sait....

Des oreilles, extérieures au groupe, n'auraient-elles pas, sans en critiquer le résultat qui est pas mal du tout, été bénéfique afin d'affiner un son plus personnel en plus de compositions qui le sont déjà ?
Jean-Christophe : C'est justement pour cela que je ne voulais pas m'occuper du mastering, pour avoir un véritable ingé son qui trouverait les lacunes, les erreurs que j'ai faite au mixage et qui aurait en plus, des oreilles fraiches et un autre regard sur le son de l'album.

Et est-ce que c'est parce que votre musique vous la sentez très progressive, que vous êtes allés voir Brett Caldas Lima pour le mastering ?
Jean-Christophe: Non pas spécialement, je suis allé voir Brett pour le mixage car je le connaissais via le forum Français de Dream Theater, et que ses productions sont juste énormes ! Il a à son actif des productions pour des artistes tels que Devin Townsend, Cynic, Malmonde, To-Mera, Xerath... il s'est spécialisé dans le metal et je savais qu'en allant chez lui, on aurait un super résultat et on n'a pas été déçu ! De plus, Brett est quelqu'un de très sympa, il n'a pas hésité à répondre à mes questions sur certains points du mixage et à me donner son avis sur la production avant que je lui envoie les fichiers. Et puis j'ai l'album de Kalisia dans ma discothèque donc cela faisait plein de bonnes raisons pour aller chez lui (rires) .
Matthieu : Pas que je sache…
Arnold : Je connaissais ses prods, et je savais que cela ferait l'affaire pour nous aider pour un masteriser. Toute proportion gardée, Brett semble être un peu comme nous, très ouvert. Je serais très curieux de pouvoir travailler avec lui comme un producteur à part entière...

Matthieu quant à toi, on s'aperçoit que Jean-Christophe est le référent technique, tandis que tu es le référent booking. Cette fonction est assez difficile dans le sens où tout ce qui touche à la promotion relève quand même du marathon , du parcours du combattant, de la guerre froide, quelque chose de long, parfois fastidieux mais pourtant si important... Est-ce que c'est sur une décision collégiale que tu as choisi d'occuper ce poste ou c'est juste parce que personne n'a voulu se taper la corvée ?
Matthieu : C’est un poste auquel je me suis autoproclamé (rires) ! En fait la moitié des lives que nous avons fait, nous les avons organisés nous même : Klub à Paris, Pub ADK à Roissy en Brie, Le Chaudron à Le Mée Sur Seine… Nous nous sommes vite rendu compte qu’il nous fallait organiser les concerts pour pouvoir jouer sur scène ! Je t’avoue que sur le plan personnel et financier, ça a été le parcours du combattant, oui (rires). Pendant la saison 2009/2010, pendant que j’organisais des shows, on avait aussi conçu une petite maquette 4 titres que j’ai pu envoyer aux salles de concert du sud / sud-ouest Parisien. Donc pour la suite du booking, je me suis proposé de rester le mec à contacter (rires).

Et justement pour parler de promotion, quand on débute, qu'on s'autoproduit, c'est hyper chaud de trouver ce qu'il faut comme structure, comme support , déjà au niveau national mais encore plus international. Vous avez pour l'instant opté pour quel genre de promo, hormis la simple apposition gratuite sur bon nombre de forums metal Français ?
Matthieu : Pour l’instant nous essayons d’immerger sur le net qui est "le" moyen de communication de nos jours. Nous avons fait un bon tour du web-metal Français, nous commençons à cibler les pays limitrophes. Après cela, nous continuerons les démarches dans la presse. Mais je pense que la meilleure promo c’est encore d’aller défendre l’album sur scène. Même Minus et Cortex ce sont 2 rigolos à coté de nous ! (rires)
Arnold : La promo est un travail qui commence par le bas, il faut donc s'en occuper soi-même dans un premier temps et espérer le plus d'aide possible en chemin.Car ce sont les gens qui apprécient ta musique qui après prennent le relais et défendent ton travail.Mais le meilleur moyen, comme dit Matt, c'est de venir voir ça en scène, la dimension est toute autre.

Est-ce que vous bossez avec une structure de promo qui tient la route, est-ce que vous comptez signer avec un truc de distrib assez conséquent ? Vous avez pour l'instant investi combien en terme de CD promo ou autre pour propager l'album à travers l'hexagone ou le monde entier ?
Matthieu : On ne bosse pas avec une boîte de distrib, et en contacter une ça sera une des prochaines choses à faire, en plus de la promo. Nous avons gravé 500 exemplaires de "Swallow The Real". En terme de CD promos, ou d’envois par le net, on doit en être entre 20 et 30 envois, pour une douzaine de retours pour l’instant. Mais quasiment que des retours positifs, et c’est très encourageant !



On peut lire sur le booklet que vous remerciez particulièrement Laetitia Batut, qui a également participé à la création de la musique et aux arrangements. Laetitia était à l'origine du groupe en 2008, est-ce que son départ vous a beaucoup marqué pour que vous lui fassiez un genre d'hommage ?
Matthieu : Eh bien, sans Léti, pas de BEYOND THE PAIN. Sans Léti, pas de Matthieu à la batterie, et si pas de Matthieu, pas de Eira quelque part… Si pas de Léti, pas de "Shape Her Death", ni de "Flesh Made Mad". Si pas de Léti, pas de premier concert à 11h du matin dans une brocante. En clair, Laetitia a été à l’origine de beaucoup d’aventures de BEYOND THE PAIN à ses débuts, donc pour tous ces moments on lui doit un hommage !
Jean-Christophe : Laetitia fait partie du line-up de départ du groupe, et "Swallow" a été écrit avec elle, il était tout naturel qu'on la remercie pour ce qu'elle avait apporté au groupe.

Est-ce que les membres qui rejoignent la formation par la suite sont d'abord recrutés pour leur talent plus que pour l'amitié qui peut venir ensuite évidemment ?
Au premier abord pour leur talent. Mais il va de soi que le facteur humain reste primordial vu le nombre d’heures et d’expériences plus ou moins heureuses que nous partageons. La solidarité est bien évidemment la clef de la longévité d’une formation comme la nôtre.

Justement vu qu'elle était à l'origine du groupe en 2008, qu'elle a participé à son écriture, cela veut dire quelque part que les morceaux de "Swallow The Real" ont été écrits pour certains il y a déjà un petit moment non ?
Matthieu : Absolument. Quand je suis arrivé en 2008, lors des premières répétitions, les 3 membres fondateurs m’ont fait jouer sur "Alone And Hostile" et "Flesh Made Mad". Ces chansons ont 3 ans ! "Dig It All", "Septichism" et "Ex Stasis" sont des squelettes sortis du placard d’Arnold. "Shape Her Death" est une idée de Laetitia à la base. "The Alternate Eve" est à la base un morceau entièrement composer de basse, auquel il a fallu tout greffer, à la manière d’un monstre de Frankenstein (rires). Non, sérieusement, les morceaux ont été en effet écrits jusqu’à début 2010. Toutes les péripéties liés à cette année, que je t’ai déjà expliquées, ont fait retardé l’enregistrement et la sortie de "Swallow".

Alors forcément j'en viens à me demander si vous avez beaucoup de morceaux en banque, et évidemment si vous en avez laissé de côté alors que pourtant votre album avoisine seulement les 38 minutes, ce qui fait assez court non ?
Matthieu : On se doit de dire la vérité non ? (rires).
Jean-Christophe : Autant être honnête (rires). Non, nous n'avons pas un gros registre pour le moment, ce qui était un EP a pris plus d'ampleur car nous avons voulu rajouter des morceaux en cours de route et c'est pour cela que nous avons affaire à un album hybride entre album et EP.
Arnold : Nous avons de quoi tenir des sets de trois quarts d'heure pour l'instant mais nous sommes déjà en train de composer des nouvelles choses pour varier les sets live le plus possible et peut être d'eveiller la curiosité des gens lorsqu'ils entendront un morceau qui n'est pas sur "Swallow".

"Swallow The Real" a demandé un an de travail, un an, c'est plutôt long et on doit être content quand on arrive au bout du tunnel et que le produit est enfin là. Donc je suppose que là tout de suite, vous avez envie de profiter de la sortie de celui-ci et de vous focaliser sur la promo pour qu'il fasse son chemin. Mais quand on vient de fournir un effort aussi intense, de longue haleine, est-ce qu'on se sent plus dans l'état d'esprit : "ça c'est fait, on va pouvoir se reposer, profiter, et voir venir" ou plutôt "ok, c'est fait, mais j'ai envie de faire encore mieux, vite on se remet au taff pour écrire un second album" ?
Matthieu : Peut-être pas le second album tout de suite, mais en tout cas de nouvelles compos à présenter sur scène c’est important. Donc j’ai envie de taffer, mais à un point… J’ai écouté pleins de nouveaux groupes depuis un an, qui m’ont inspiré ; mon jeu de batterie a évolué, il faut que je fasse sortir toutes ces idées. Donc pas de répit, il y a la promo à faire, mais aussi de nouvelles choses à proposer pour les gens qui nous suivent depuis quelques temps maintenant. Je pense d’ailleurs que l’album leur est dédié à eux dans un premier temps. A force de nous voir sur scène faire ces morceaux, ils les ont enfin entre leurs mains pour comprendre ce qu’il se passe en live… D’ailleurs maintenant, plus le droit au pain ! (rires)
Jean-Christophe : 2010 a été une année assez intense pour nous, mais maintenant que "Swallow The Real" est sorti, nous pouvons nous focaliser à fond sur la recherche de concerts, et ce n'est pas une mince affaire, ainsi qu'en parallèle sur la composition de nouveaux titres. Comme tu le disais, les morceaux de l'album ne sont pas forcement récents, et nous avons plus que besoin de composer, car jouer les même morceaux en répète est un peu lassant (rires). Donc on est plus dans l'état d'esprit : "ok, c'est fait, maintenant on défend l'album sur scène et on compose pour augmenter notre répertoire".
Arnold : En plus du répertoire live, on commence aussi à mettre des maquettes de côté pour la suite, certaines nouvelles choses vont demander pas mal de travail, d'autant que notre visage aura encore évolué et muté du fait de la présence de Steve dans le line-up, qui apporte quelque chose de frais et de nouveau dans la compo.

Justement, sans griller aucune étape, vu que cet album vient juste de sortir, est-ce que pour l'avenir vous comptez présenter de nouvelles compositions ou plutôt toujours travailler en "décalage" sans que ce soit péjoratif ? Je veux dire mettre autant de temps à mûrir quelque chose qui parfois peut lasser de travailler toujours sur la même chose...
Matthieu : L’objectif des prochains lives est de proposer de nouvelles compositions je te rassure. D’ailleurs les morceaux nous ne les répétons plus trop, une ou deux fois avant une date histoire de se les remettre, donc la lassitude ne s’installe pas.
Jean-Christophe : J'ai un peu dis l'inverse à la question précédente (rires). Mais c'était vraiment lié au fait d'attaquer de front des concerts et les enregistrements, dans le coup, il était difficile de pouvoir se plonger dans de nouvelles compositions et les répèt' étaient là pour préparer les concerts donc forcement, on tournait un peu en rond. Maintenant on a pas mal d'idées en stock pour de nouveaux morceaux donc on va travailler cela et présenter des titres inédits incessamment sous peu...
Arnold : Nos envies sont parfois imprévisibles dans la cadre de BEYOND, aussi , je pense que quand nous en sentirons l'envie, nous ferons une pause compo active pour éviter trop d'activités d'un seul bloc.



Comment vous sentez vos prestations scéniques ? Est-ce que vous arrivez à redimensionner l'ambiance que vous avez su apporter sur CD au travers de vos représentations ? Il n'est souvent pas très évident d'avoir un rendu sur scène tel qu'on le voudrait vraiment...
Matthieu : En vérité c’était l’inverse qu’il fallait faire (rires). Coucher sur CD des morceaux taillés pour le live !
Jean-Christophe : C'est sûr qu'en studio, pas mal de possibilités s'offrent à nous pour développer plus les compositions, on est donc parti des versions live des morceaux qu'on a retravaillées et complétées avec ce qui nous semblait nécessaire. C'est donc 2 visions différentes, sur CD, c'est plus facile de distinguer les subtilités des arrangements, en live, c'est plus brut de décoffrage et on mise d'avantage sur l'énergie et l'échange avec le public.
Arnold : Je pense qu'on appréhende les titres de "Swallow" de façon exhaustive qu'une fois vu en live. L'energie que nous y mettons leur donne un aspect plus energique qui peut permettre une vraie bonne communication avec un public live.
Eira : Comme l’a dit Matt, les morceaux de "Swallow" sont avant tout des morceaux écrits pour le live, et qui avaient déjà eu l’occasion de faire leurs preuves sur scène avant même l’enregistrement de l’album. Autant nous les avons retravaillés, réarrangés pour les enregistrer, avec toute les possibilités offertes par ce processus, autant ils prennent une autre dimension sur scène, où nous avons de plus pour habitude de nous lâcher complètement !

Mais alors nous n'avons pas vraiment abordé le sujet de vos chansons !!! Des paroles qui sont écrites par Arnold seul a priori... Alors oui, de quoi peux-tu bien parler à travers ces huit morceaux et ces variations de lignes vocales ? Est-ce que tu te sers justement de ces variations vocales pour effectuer des changements de tension dans le morceau même, relié directement aux paroles ?
Arnold : Les thèmes abordés dans les textes de "Swallow" ont tous attrait à du vécu et du ressentiment personnel, comme un peu beaucoup de songwriter, je crois. Les variations de chants et de lignes vocales sont plus un souci d'"obeir" à la diversité que propose un groupe comme BEYOND THE PAIN, plutôt que de servir le texte que j'écris. D'ailleurs, il arrive que certains textes soient déjà écrits avant que la chanson ne soit composée, il ne me reste plus qu'à l'y faire rentrer. Certaines lignes viennent de cela, mais d'un autre côté, les variations peuvent juste être une volonté de renforcer un texte, comme c'est le cas pour "The Alternate Eve" qui est une chanson qui traître d'état alcoolique, un état durant lequel tu passes par toute les phases, de la bonne humeur à l'auto destruction... pour au final en revenir au même point, là où tu avais commencer à boire , sans résoudre pour autant ton problème. Rien de moralisateur au contraire, ça n'est pas mon genre, je rappelle que je ne me base que sur du vécu ! (rires)

Avant de terminer sur les questions de fin, on se doit de soulever le thème de l'artwork. C'est Hicham Haddaji qui a été convié à réaliser votre artwork. Lorsque vous l'avez contacté vous aviez en tête quelque chose de précis, ou tout était flou dans votre tête ? Vous lui avez juste demandé de réaliser ce qui lui venait à l'esprit en écoutant l'album, ou alors depuis le temps que vous attendiez, depuis le temps que vous aviez composé, ruminé vos morceaux, vous aviez largement eu la possibilité de savoir exactement ce que vous vouliez pour imager votre musique progressive ?
Matthieu : Pour être honnête, nous avions un truc très précis. Nous avons balancé nos idées à Hicham mais il préférait réaliser une œuvre totalement originale, créée à partir de ses idées à lui. Il nous a quand demandé qu’elles étaient les 2 – 3 idées que nous voulions absolument introduire dans l’artwork. Ce fut donc assez dommage d’avoir brainstormé durant plusieurs séances pour qu’au final nos idées ne soient pas retenues (rires).
Jean-Christophe : Nos idées ont été en majorité retenues, pas forcement de la manière dont on les avait imaginées, mais avec la vision d'Hicham, et au final, il a fait un travail superbe ! Mais je comprends complètement sa façon de travailler, si on me disait: "on a besoin de toi pour un projet, tiens, tu vas jouer ça" c'est tout de même moins enthousiasmant que : "on a besoin de toi pour un projet, on souhaite telle ambiance, tu as carte blanche" non ? (rires)

Faire de la musique c'est bien, mais il faut aussi parfois savoir écouter les autres, alors avant de terminer quels sont pour vous tous les albums de toute une vie, au moins deux, ceux que vous avez écouté, que vous écoutez et que vous écouterez toujours ?
Matthieu : Hum, l’album que j’écouterais toujours sera le premier album de Slipknot, enfin l’éponyme je veux dire. C’est un album de folie, un beau bordel organisé ! "Toxicity" est un album qui fait du bien à écouter de temps en temps pour évacuer la pression.
Jean-Christophe : Sans hésiter Pink Floyd avec "The Wall". Pour le second, c'est plus délicat, car je reviens souvent aux sources en écoutant un album de Dream Theater... cependant je dirais "Be" (version live, pas la studio (rires)) de Pain Of Salvation.... c'est juste une oeuvre magistrale !
Arnold : Ca c'est une colle que tu me poses, je n'aime vraiment pas avoir à choisir...je crois que je ne me lasserai jamais du "Aenima" de Tool, c'est un album totalement complet, morbide au possible et archi énergique et le chant de Maynard est unique. Pour les mêmes raisons et par souci d'égalité, je me dois de citer le "Mer De Noms" de A Perfect Circle. Enfin, je citerai aussi le "Projector" de Dark Tranquillity, culte. Quand j'ai entendu cet album, je devais avoir pas plus de quatorze ans, et je crois que c'est là que j'ai compris que je voulais faire du metal et qu'un jour avec un peu de chance je pourrais faire une musique aussi bonne que celle là.
Eira : Je me trouve un peu jeune pour faire le choix des "albums d’une vie", d’autant plus que mes goûts musicaux ont énormément évolué ces dernières années. Je pense cependant pouvoir écouter pendant encore au moins un paquet d’années "Night Eternal" de Moonspell, et "One Second" de Paradise Lost (que je dois cependant citer à égalité avec "Symbol Of Life").

D'un autre côté quel est pour vous votre pire cauchemar musical, que ce soit un album ou un courant musical, voire un interprète ? Je parle évidemment de quelque chose qui vend beaucoup, que beaucoup de personne apprécient, il serait trop facile de balancer une démo sortie à deux exemplaires au fond d'une grotte...
Matthieu : J’hésite entre Kyo et Tokio Hotel
Jean-Christophe : Je dirais la scène pop-rock Française actuelle.... BB Brunes etc... car il existe pléthore de très bons groupes Français avec des idées originales et rafraichissantes qui sont loin d'avoir la reconnaissance qu'ils mériteraient, je pense à Lazuli par exemple.
Arnold : J'ai beaucoup de mal avec le R'n'B. Je parle de celui Made In M6/MTV bien sûr. Tous ces types et ces nanas qui dansent sur fond blanc avec une beat box en fond sonore pour parler de leurs disputes avec leur copain, copine, je digère mal. Je sature pas mal avec la "house music" aussi, ces derniers temps, avec le côté "Dj, ce soir tu fais palpiter mon coeur", je supporte pas (rires).
Eira : Je ne suis pas fan du rap Français ultra médiatisé, cliché. Il y a de très bonnes choses dans l’underground, mais ce qui passe à la radio, je n’accroche juste pas. D’ailleurs, je n’écoute plus la radio depuis plusieurs années, je trouve que la "soupe" qu’on nous ressert à longueur de journée est insipide (même les quelques perles qu’on peut y trouver deviennent franchement soûlantes à force de passer 15 fois par jour).

Allez on se quitte, il faudra garder encore quelques choses à présenter pour les années à venir, si l'on découvre tout dès maintenant le charme n'agira plus. Alors merci beaucoup pour cette interview, et surtout pour ce "Swallow The Real" qui reste tout de même un album sincèrement intéressant, en tous les cas pour mes oreilles profanes, alors si un jour nos chemins de salles de concerts se croisent... En attendant " Au delà de la douleur", il y a le bonheur, et je suppose que Beyond The Pain, pour vous en ce moment ça doit être une espèce de bonheur, alors profitez bien les amis et à bientôt, je vous laisse finir...
Matthieu : Merci à toi et ton soutien ! Et à bientôt sur une compil’ French Metal je l’espère !
Jean-Christophe : Pour le moment c'est plutôt cool oui on a pas mal de retour positif de l'album et cela fait super plaisir ! On espère vraiment que cela nous permettra d'avoir plus d'opportunités de monter sur scène ! Donc un grand merci à toi pour le temps que tu nous as offert avec cette chronique et cette interview, et au plaisir de te croiser à un concert !
Arnold : BEYOND est un beau voyage et à mon sens, nous avons à peine fini de boucler nos valises !
Eira : Je ne peux que plussoyer Arnold. Merci du soutien, et désolée d’avoir été aussi longs à "rendre" cette interview, il faut dire qu’elle est très complète et qu’elle nous a posé des colles (tout du moins en ce qui me concerne) !


Le site officiel : www.myspace.com/beyondthepainmusic