Interview faite par mail par Liz

Bonjour Benighted Soul. Vous pouvez nous présenter votre groupe en quelques lignes ?
Jérémie (guitare) : BENIGHTED SOUL est un groupe de metal-rock symphonique. Nos influences s’étendent de la pop au metal extrême, saupoudrées d’une petite touche progressive. Nous avons sorti notre premier album "Start From Scratch" en Février dernier, après avoir tourné en Europe aux côtés de Tarja Turunen et Kells. Nous terminons actuellement la première partie de notre tournée Française et nous préparons la suite des concerts pour l’automne. Nous avons récemment tourné notre premier clip "Edge Of Insanity", à voir sur notre chaîne YouTube : www.youtube.com/benightedsoul

Enfin un premier album après 8 ans d’existence, de nombreux EP et démo, sans compter les concerts et tournée Européenne. Pourquoi avoir mis autant de temps avant le premier album ?
Jérémie : Aux commencements du groupe en 2003 nous n’avions pas de réelles ambitions professionnelles, ou en tout cas nous ne travaillions pas dans cette finalité... Nous avons pris tranquillement le temps de faire quelques démos, accompagnées de concerts ici et là… Un DVD d’un "très" ancien concert a même vu le jour ! En 2006, le décès de Yann (claviers) nous a rapprochés Géraldine (chant), Jean Gabriel (basse) et moi, et nous nous sommes décidés à rechercher un nouveau claviériste et un batteur. Flavien et Nicolas sont entrés dans le groupe et ont apporté l’énergie nécessaire pour redémarrer la machine, avec de nouveaux objectifs cette fois. On peut donc parler d’une deuxième naissance début 2007, puis d’un véritable nouveau départ en 2008 avec la sortie du premier EP "Anesidora".

Est-ce que votre EP "Anesidora" en 2008, qui a remporté un franc succès auprès du public vous a poussé à aller encore plus loin dans votre musique et décidé à sortir votre tout premier album ?
Jérémie : Tout à fait ! Nous étions bien décidés à faire mieux que sur "Anesidora", à tous les points de vue. Attention, nous sommes très fiers de ce premier EP et du travail que cela nous a demandé... Mais plus qu’un album, il nous fallait surtout le fruit du travail du nouveau line-up. Sur "Anesidora", Nico et Flavien n’ont pas pu s’exprimer complètement car le gros des compositions datait d’avant leur arrivée. "Start From Scratch" ne pouvait pas ressembler à ce que nous avions déjà fait avant, ne serait-ce que par l’implication de Flavien et Nico dans le processus. Et puis nous voulions aborder d’autres univers que nous n’avions pas l’habitude d’explorer…

Qu’est ce qui vous a décidé finalement à faire enfin un album plutôt qu’un énième EP ?
Jérémie : La réponse est dans la question ! Un énième EP… à quoi bon ?
Nicolas (batterie) : De toute façon nous avions trop de matière pour un EP ! Et puis nous avions un concept à proposer sur lequel s’appuient l’artwork et l’ensemble des paroles. 5 ou 6 morceaux auraient été bien courts pour étayer le propos.

Comment s’est passé l’enregistrement de l’album "Start From Scratch" ? Le temps qu’il a pris, les difficultés rencontrées et bien évidement les meilleurs moments de l’enregistrement.
Nicolas : Nous avons fait le choix de nous occuper intégralement de la production et nous n’avons fait appel à un studio qu’à l’étape ultime du mastering. Nous tenions à prendre le temps d’expérimenter au maximum et nous nous sommes vite aperçus qu’un passage dans un bon studio nous aurait coûté très cher étant donné le chantier dans lequel nous nous lancions (orchestrations philharmoniques, chœur de 20 personnes…). Nous préférions investir cet argent dans la promotion du disque, l’artwork et le tournage d’un clip. Flavien s’est donc chargé d’enregistrer chacun des membres à domicile à tour de rôle, avec notre propre matériel. Exit le stress du forfait journalier ! Nous avons procédé de même pour le mixage, et quand je lis les critiques, nous ne regrettons rien du tout ! Il s’est passé environ une année entre la première prise de batterie et le moment ou l’album s’est retrouvé dans les bacs. Les difficultés rencontrées furent plutôt celles du calendrier à respecter malgré les autres activités du groupe et nos jobs. Mais il n’en reste que des bons souvenirs ! J’ai même hâte de remettre le couvert pour le prochain album…

Maintenant que l’album est sorti depuis plus d’un mois, quels sont les échos que vous avez en retour ?
Jérémie : Chez les fans comme chez les chroniqueurs, les retours sont hyper gratifiants… C’est très encourageant pour le futur de voir notre album aussi apprécié !
Nicolas : Au moment de sa sortie, le disque est resté n°1 des ventes hard / metal du réseau Fnac pendant 10 jours… Nous avons même atteint la 54ème place des ventes tous styles confondus et franchement, on ne s’attendait pas à pareil accueil ! Nous pensions que le précédent EP avait préparé le terrain et que "Start From Scratch" serait bien reçu, mais nous n’imaginions pas autant de ventes et de papiers élogieux aussi vite. Visiblement ce nouvel opus a permis de rallier de nouveaux fans et de ne pas perdre ceux qui nous suivaient depuis "Anesidora", génial !

Vous êtes fiers de cet album ?
Jérémie : Bien sûr ! Je pense qu’il est au moins à la hauteur de ce que chacun de nous imaginait au début des enregistrements. Mais le prochain sera meilleur !

Qu’est ce que vous pourriez en dire de cet album ? Les choses dont vous êtes les plus fiers ou au contraire ce qu’il faut changer maintenant avec le recul ?
Nicolas : Difficile à dire ! Nous sommes plutôt fiers de la qualité de la production, surtout en considérant les moyens dérisoires dont nous disposions. Nous sommes aussi soulagés que l’évolution stylistique ait été bien perçue. Maintenant, je pense que nous sommes déjà tous passés à autre chose et en réécoutant "Start From Scratch", je me dis que notre identité propre sera mieux perçue avec les nouveaux morceaux en préparation. C’est comme ça, il faut du temps pour assimiler ses influences, trouver et fouiller son propre style…



Etant de vote région j’avais déjà entendu parler du groupe mais je n’avais jamais écouté et n’avais jamais eu la chance de vous voir sur scène, je vous découvre avec ce premier album que j’ai trouvé vraiment exceptionnel et riche. Est-ce qu’il prouve une grande maturité du groupe ?
Jérémie : Merci ! Il est certain que nous avons mûri musicalement lorsque l’on compare "Start From Scratch" à "Anesidora". Mais nous ne nous considérons pas aujourd’hui d’une grande maturité ! BENIGHTED SOUL est un groupe qui évoluera encore beaucoup artistiquement, il nous reste bien des choses à apprendre, à explorer, et pas mal d’expériences à vivre pour pouvoir toucher du doigt ce que tu évoques.

Vous avez conscience qu’avec cet album vous prenez une place importante sur la scène metal Française ?
Nicolas : Je pense qu’effectivement nous avons changé de stature. Mais de là à parler de place importante, je ne sais pas… Nous n’en sommes qu’à notre premier album et nous avons surtout conscience de ne pas peser lourd face aux ténors du metal Français actuels. La route est longue, nous verrons bien !

Quel est votre but avec le groupe ? Vivre de votre musique ? Aller encore plus loin musicalement et se faire connaître plus et au-delà de la France ?
Nicolas : Vivre de notre musique dans le cadre stricte de BENIGHTED SOUL aujourd’hui en France serait pure utopie... Nous avons tous un job à côté, en rapport direct ou indirect avec la musique. Cette situation perdurera encore un moment ! Ce qui nous importe est de pouvoir continuer le plus longtemps possible et dans les meilleures conditions. Nous aimons jouer et sortir des disques et tant que nous aurons la possibilité de le faire, nous le ferons. Nous avons constaté cet hiver, durant la tournée Européenne en support de Tarja, que nous sommes très bien accueillis à l’étranger. Développer la carrière du groupe hors de nos frontières est effectivement un de nos objectifs. Nous ne nous fermons à aucune éventualité par principe, mais nous gardons aussi les pieds sur Terre.

Comment se passe la composition des chansons ? Qui est à l’origine des compos, des paroles et des arrangements ?
Nicolas : Flavien se charge de la composition de base. Il amène des préproductions bien étoffées comprenant batterie, basse, guitares, claviers et quelques grandes lignes des orchestrations philharmoniques. Ensuite, nous participons tous aux arrangements dans la mesure où il nous laisse adapter nos parties à notre guise. Nous remanions donc les choses en fonction de nos vocabulaires propres et retouchons la structure des morceaux en essayant de conserver l’esprit de départ. Parfois, nous ne touchons à rien tant il a appris à anticiper nos aspirations ! Ensuite, Géraldine, Jean-Gabriel et Flavien fixent les lignes de chant à partir des idées et des textes de Géraldine, puis vient l’étape de la finalisation des orchestrations. C’est un long processus et chaque étape est dépendante des autres dans la mesure où nous devons tous nous mettre d’accord pour chaque modification, même minime ! Par exemple, déplacer un simple appui de grosse caisse impacte obligatoirement la partie de basse qui doit aussi être remaniée…

Comment qualifierez-vous votre musique ?
Nicolas : Je la qualifierais de mélodique, complexe et multiple. Nous avons tous des influences très différentes et je pense que ça se ressent dans notre musique.

Pour les albums à venir vous avez l’intention de renouveler et d’apporter des changements à votre musique ?
Nicolas : Oh oui ! Nous réservons quelques surprises du point de vue des textures sonores et du style. Flavien a écrit certains morceaux pour guitare 7 cordes, ce qui est une nouveauté pour nous. Ceci nous pousse vers d’autres horizons, d’autres réflexes. Le style général s’en retrouvera fortement impacté et le prochain album proposera de nouvelles facettes inédites chez BENIGHTED SOUL. Qui a dit plus rentre-dedans ? 

Vous avez déjà pas mal tourné partout en France, ce qui vous donne une notoriété que beaucoup de groupes Français aimeraient acquérir, comment se passent les concerts dans les autres villes ?
Nicolas : Nous sommes très heureux de la façon dont se déroulent les dates Françaises. Le fait d’avoir pu tourner en tête d’affiches ces derniers mois nous a offert des possibilités techniques un peu meilleures que par le passé. En fonction de l’équipement de la salle, nous avons pu donner un vrai set complet de plus d’une heure, avec des plans de feu travaillés et un son au poil grâce à des temps de balance toujours confortables. Impeccable !

Vous êtes bien reçu du public ?
Nicolas : C’est aussi une des évolutions par rapport aux années passées où nous avions d’abord à convaincre en concert, comme tout jeune groupe qui démarre. Même si rien n’est encore acquis, c’est très agréable et motivant de lire les paroles sur les lèvres des premiers rangs ! Le petit succès de "Start From Scratch" fait que le public connaît les morceaux avant de nous voir les interpréter sur scène et il en résulte une plus grande excitation et d’avantage de complicité avec la fosse. Je pense que les gens ne sont pas déçus à en juger par l’affluence au stand de merchandising après les concerts. Beaucoup considèrent même que le live est notre point fort et semblent touchés par l’énergie que l’on donne. Tant mieux, pourvu que ça dure !

Et en Lorraine, quel accueil ?
Nicolas : C’est ici et sur Paris que se trouve l’essentiel de notre fan-base "organisée". Nous y avons tous de la famille, des élèves et des amis, si bien que chaque concert est une vraie putain de fête, tu peux me croire ! Néanmoins, jouer "à domicile" et devant des têtes connues n’est pas si simple et nous met toujours une sacrée pression… Nous essayons donc de ne pas nous y produire trop souvent.

Une tournée Européenne au côté de Tarja en Décembre 2010, comment s’est déroulée cette série de concerts à travers l’Europe ?
Nicolas : Ca ne pouvait pas mieux se passer… D’abord humainement puisque c’était une ambiance de fête du matin au soir avec les Kells, groupe avec qui nous partagions le tour-bus. Et puis l’accueil du public nous a vraiment surpris. Il a joué le jeu et était très attentif aux premières parties. Nous avons apprécié cette forme de curiosité que l’on ne retrouve pas toujours en France, et ça nous a un peu soulagé je dois t’avouer… L’immense majorité des gens ont acheté un ticket pour voir Tarja, pas nous ! Nous avions donc comme objectif de convaincre au maximum en seulement 30 minutes tous les soirs. Ca nous a appris à tout donner tout de suite, et peu importe les conditions. Je pense que nous avons relevé le défi et l’ensemble des retours recueillis vont dans ce sens. Et puis le management de Tarja ne nous a imposé aucune restriction technique tant au niveau du son qu’au niveau des lumières… Autoroute !



Et surtout comment vous avez bénéficié de ce privilège de tourner auprès de Tarja ?
Nicolas : Il semblerait que le plateau Kells / Benighted Soul ait convaincu le management de Tarja… Ca faisait un moment que nous travaillions à un support à l’étranger et que nous démarchions dans ce sens. Alors quand la proposition de partir avec Kells est tombée, nous n’avons pas hésité longtemps !

Le public international est-il mieux que le public français ? Où préférez-vous vous produire ?
Nicolas : Je ne sais pas si le public d’un pays donné vaut plus qu’un autre… Mais force est de constater qu’il est plus important en nombre hors de nos frontières. Les salles sont plus grandes et mieux remplies. Il y a une culture metal et musiques actuelles en général plus développée dans les pays où nous avons pu jouer (Allemagne, Luxembourg, Italie, Slovaquie, Autriche etc…). C’est palpable dès la sortie du tour-bus ! Je me rappelle du concert de Milan où des fans attendaient devant la salle depuis des heures… Il n’était que midi ! Nous avons aussi constaté que l’accueil réservés aux groupes de premières parties était très chaleureux. Sur ce même concert Italien, les cris du public couvraient parfois la sono pendant notre set ! Hallucinant… Nous n’avions pas prévu ça !

Que vous apportent la scène et le partage avec le public ?
Nicolas : Ces moments nous rechargent du point de vue de la motivation et du sens que l’on met sur nos choix de vie. Les encouragements et les preuves d’amitié qui nous sont témoignés nous permettent de supporter toutes les galères qu’un jeune groupe comme le nôtre subit "backstage". Il n’y a rien de glamour à faire partir un groupe de zéro et tu peux quotidiennement y voir 200 bonnes raisons de douter et de tout plaquer… Mais quand tu réalises que ta musique est appréciée et que certains n’hésitent pas à faire des centaines de kilomètres pour l’écouter live, tu ne vois plus les choses de la même façon. Nous avons besoin de ça ! Et puis nous mettons beaucoup de nous-mêmes et de nos opinions dans la musique et les paroles. Alors quand un auditeur est touché par un morceau, une connexion particulière entre lui et nous se créée sur le plan intellectuel et spirituel. Ca vaut tout l’or du monde…

Que vous apporte le groupe de manière générale ?
Nicolas : Des emmerdes, des dettes, des difficultés "conjugales", du travail à n’en plus finir… Mais aussi une raison de vivre et l’espoir de laisser un tout petit quelque chose derrière nous avant le grand slamm final ! Et comme je te le disais plus haut, la connexion intime avec une communauté de fans et le partage d’idées avec elle, ne serait-ce que sur le plan esthétique, vaut le détour ! Nous rencontrons aussi des tonnes de types géniaux sur les routes, nous nous faisons des amis… Et je pense que cette petite entreprise nous aide à canaliser nos énergies négatives. Certains d’entre-nous auraient peut-être mal tourné sans BS, qui sait ?

Etes-vous un groupe soudé ?
Jérémie : En tout cas, nous sommes soudés par le groupe ! Sans rire, quand tu es impliqué dans un groupe comme BS, une aventure qui, au quotidien, occupe une place prépondérante dans ta vie et que tu partages ça avec 4 autres personnes, ces dernières prennent obligatoirement un rôle important dans ta vie… Que tu le veuilles ou non !

D’ailleurs pour parler un peu des membres du groupes, quelle musique vous écoutez habituellement ? Est ce que chacun a des goûts différents ?
Nicolas : J’aurais du mal à répondre pour les autres dans la mesure où nous bouffons du disque à longueur de journée ! Nos groupes de prédilection changent de jour en jour et j’aurais peur de te balancer des conneries... Mais pour ma part je n’écoute quasiment plus de metal "pur". Je suis plutôt fan de groupes comme Karnivool, Muse ou Porcupine Tree

Quel est la suite prévue pour vous ? Un nouvel album en préparation, des concerts ?
Nicolas : L’été sera principalement occupé par la composition du second album. Nous travaillons aussi à un tour report vidéo retraçant la vie du groupe sur la tournée Européenne avec Tarja et sur les dates Françaises. Devraient y figurer pas mal d’extraits live ! Pour la rentrée nous préparons aussi une sortie numérique de "Start From Scratch" sur les plateformes de téléchargement légales. Très peu de glande à la plage en prévision…

Est-ce qu’une tournée Européenne est encore prévue ?
Nicolas : Oui, c’est en projet. Mais pour tout te dire, je ne te dirai rien de plus !

Qu’est ce que l’on peut vous souhaiter pour les mois et les années à venir ?
Nicolas : Nous devons rééditer "Start From Scratch" puisque nous frôlons la rupture de stock… Tu peux nous souhaiter que ce nouveau stock rencontre le même succès que le premier ! Pour le reste… Qui vivra verra !

Merci à Benigthed Soul de m’avoir accordé un peu de leur temps pour répondre à mes questions et toutes mes félicitations à Jérémie Heyms qui vient de devenir papa ! Bonne continuation dans votre musique et à bientôt sur la route.


Le site officiel : www.benightedsoul.com