Interview faite par mail par Matthieu
Comment décrirais-tu l’univers musical de Belphegor à quelqu’un qui n’a jamais
entendu parler du groupe auparavant ?
Helmuth (chant / guitare) :
Musick. Sathan. Art. Une symbiose unique d’un black metal explosif et
diabolique, de brutal death et de quelques influences de NWOBHM. C’est ainsi que je
pourrais décrire la signature sonore de BELPHEGOR.
Tu es le seul membre fondateur restant du groupe, comment le processus de création
musicale se passe avec Serpenth (bassiste) dans le groupe ?
Serpenth fait partie du groupe depuis 2006 et nous travaillons en tant que duo.
Notre mission est d’apporter une terreur diabolique auditive à la communauté metal
mondiale !
Pour les rituels live, nous recrutons toujours différents musiciens talentueux en tant que
membres live. C’est beaucoup de travail, oui, mais ça préserve ce feu impie parce que c’est
toujours un véritable challenge d’apporter du sang neuf dans le groupe. La vie est comme
un buffet, tu n’as pas envie de manger la même chose tous les jours, alors parfois tu choisis.
Le coeur du groupe est responsable du processus de création alors que les nouveaux
membres entretiennent l’ambiance. C’est comme ça que ça fonctionne le mieux pour nous,
et c’est ainsi que nous avons choisi de faire.
Actuellement, les paroles de vos chansons sont surtout basées sur le satanisme et
l’occulte, mais au début elles reposaient surtout sur le sexe et Satan. D’où vous vient
l’inspiration ? A la fois pour les paroles et la musique.
Le contenu de nos paroles a toujours été basé sur différents aspects de l’occulte
et d’autres thèmes sombres, le blasphème et le nihilisme. “Diaboli Virtus In Lumbar Est” (“la
vertu du diable est dans ses reins”) comme le suggère le titre. Tu ne peux pas séparer le
diable et une certaine romance sombre.Je suis inspiré par mes voyages, comme je les fais
avec les yeux ouverts. J’ai pu voir de nombreuses choses intéressantes, et rencontré
beaucoup de personnes fascinantes. De manière égale. J’ai toujours été par tout ce qui
touche à l’horreur dans l’abstrait, le côté bizarre de la vie. Nous prêchons la liberté. La chose
la plus importante dans la vie est de faire suivre sa propre voie, et pas se plier ou ramper
pour un quelconque dieu ou institution. Tes règles, ta vie, ton monde !
Qu’est ce que tu ressens lorsque tu es sur scène ? Comment le corpse paint améliore
les performances live ?
Je ne dirais pas exactement que je porte un “corpse paint”, mais la présence
scénique et l’imagerie sont des éléments très importants de nos rituels live. J’ai toujours été
un grand admirateur de Kiss. C’est le premier groupe qui a eu un impact sur moi il y a un
paquet de temps. J’ai adoré l’aspect théâtral et le fait que le groupe impose ça sur scène.
J’adore également les groupes sans performance scénique élaborée, mais je ne peux pas
imaginer jouer un rituel de BELPHEGOR sans de vrais os et du vrai sang, au moins. Les
performances live sont la vraie essence de BELPHEGOR.
Être sur scène est transcendental, presque orgasmique. Les meilleures expériences sont
lorsque tu ressens l’énergie entre le groupe et le public, c’est de la magie pure.
Vous êtes le seul groupe dans le monde du metal à avoir un son aussi impie, est-ce qu’il
y a un secret à ça ? Ou est-ce que c’est seulement un mix génial ?
Merci. Je suis principalement une personne calme et antisociale. Je suis un peu
“hors-la-loi” et nihiliste. Si tu ne danses pas avec le diable de temps en temps, tu n’apprends
pas ses secrets. Je suppose que ça s’entend dans notre son.
Il y a un contraste plus important dans la voix entre les screams aigus et le growl profond
que dans les albums précédents, est-ce que tu t’améliores encore au niveau de ton chant ou
de ton instrument après tout ce temps ?
Je suis un adorateur de la guitare, et tout autant du chant. J’apprends et je
m’améliore toujours ici et la. Je pense que c’est important pour les créateurs d’éviter la
stagnation et de sortir de leur zone de confort.
Les challenges qui accompagnent la création sont magiques à mes yeux, et ils alimentent
mon inspiration. J’essaye de jouer au moins une heure de guitare par jour. Quand nous
nous préparons pour une tournée ou à aller en studio, je joue souvent six heures par jour au
préalable pour être préparé à aligner les titres avec précision et agressivité en studio.
Vous avez sorti beaucoup de trailers pour "Totenritual", est ce important pour vous de
montrer à vos fans comment vous enregistrez ?
Je préfère le terme “partisans” plutôt que “fans”. J’apprécie énormément ceux qui
aiment ce que nous faisons et qui comprennent notre attitude et notre héritage.
Je pense que c’est une bonne chose d’avoir un regard plus attentif sur le processus
d’enregistrement. Les trailers sont des cadeaux que nous faisons à nos partisans, car ils
sont la raison de pourquoi nous sommes encore ici. Nous sommes capables de déchiqueter
et marcher sur le monde entier car des gens supportent le groupe et achètent nos albums et
notre merch. Ca nous rend fiers de ce que nous faisons. On a le feu !
Ce n’est pas la première fois que vous écrivez un interlude totalement instrumental, mais
"Totenbeschwörer" est vraiment effrayant. Est-ce qu’il y a une histoire derrière ce morceau ?
C’est correct. Avec chaque album, on expérimente différentes choses. Cette
chanson est la réflection de ce que je pense d’un "Totenbeschwörer", qui est le mot allemand
pour nécromancien.
Vous avez travaillé avec Jason Suecof pour le mix et Seth Siro Anton pour l’artwork,
comment s’est passée la collaboration avec eux ?
C’est la troisième fois que nous avons travaillé avec Seth. La première c’était en
2006, il a fait l’artwork de "Pestapoklypse VI", ensuite "Conjuring The Dead" en 2014, et notre
dernier monstre "Totenritual" en 2017. C’est un grand artiste, et il comprend ce que je
recherche en discutant du concept. Comme c’est moi qui écris les paroles, je donne
également la direction artistique.
Jason Suecof a réalisé le mixage, oui, et il a fait un excellent travail. Le mastering a été fait
par Mark Lewis depuis Audiohammer Studios en Floride. On change tout le temps de
producteurs et on essaye différentes choses, comme ça, ça préserve notre intérêt lorsque
l’on crée de nouvelles choses.
Il y a une grosse tournée européenne annoncée pour Avril, puis une tournée
américaine, comment vous vous sentez concernant cette annonce ? Et concernant le
concert qui aura lieu à Paris ?
Oui, c’est super d’être de retour en France, c’est toujours un moment spécial pour
nous. Cette fois, nous n’aurons qu’une seule date, le 14 Avril au Glazart à Paris. Il y aura
BELPHEGOR, Suffocation, God Dethroned, Nordjevel et Darkrise. Ne manquez surtout pas
l’un des line-ups les plus extrêmes qui passera en Europe en 2019.
Vous avez déjà des plans pour le futur ? Comme de nouvelles tournées, ou même un
album.
Nous allons démarrer une tournée mondiale de quatre mois le 23 Mars en
Allemagne. Europe, puis Amérique du Nord, suivie par le Japon et quelques festivals entre
ça comme le Copenhell (Dannemark) et le Party San (Allemagne) pour en nommer
quelques uns.
Serpenth et moi-même avons commencé à créer de nouveaux sons en Octobre dernier,
donc oui on a déjà beaucoup de choses qui arrivent. C’est principalement ce qui a fait que
nous avons assez peu tourné ces derniers temps, on savait que nous n’aurions pas le temps
avant Mars. Je pense que si tout se passe comme prévu, le nouvel album qui n’a pas
encore de nom sortira début 2020.
Qu’est ce qui est le plus important pour toi, un riff à l’atmosphère impie ou une partie
rythmique écrasante ?
Ca dépend, j’apprécie les deux, mais BELPHEGOR est plus centré sur des riffs
monstrueux. Je les préfère extrêmes et précis. J’adore des guitares lourdes et dynamiques
dans la musique, qui sonnent comme une éruption. C’est ce qui me manque quand un
album est trop atmosphérique, ça devient ennuyeux après un moment, comme quand on
écoute un titre de dix minutes avec seulement trois riffs.
Quelle est la plus grande marque de dévouement que tu aies reçue de la part d’un fan
?
Des os humains, d’autres sortes de restes, des araignées, pour ne te dire qu’un
petit exemple de choses bizarres que les gens m’apportent aux concerts.
Imagine que tu es tour manager, et évidemment musicien, tu peux choisir trois
groupes avec qui tourner, qui choisirais tu ?
Je suis fier de dire que nous avons tourné avec presque tous les groupes que
j’apprécie. J’aurais bien choisi Motörhead, mais ce n’est plus faisable, alors probablement
Black Sabbath, Judas Priest et Slayer. J’ai vu Motörhead sur scène une fois seulement.
C’était un gros festival en Allemagne, avec plus de 15 000 personnes et j’étais bourré
comme pas possible. Tu imagines bien que je le regretterais toute ma vie, mais on pensait
tous que Lemmy vivrait éternellement, et oui, son héritage et ses chansons le sont. Hail Mr
Lemmy Kilmister ! Au moins, j’ai eu l’honneur de rencontrer la légende en personne une
fois au Rainbow bar à Los Angeles. C’était fou, il était assis à sa place et il y avait une
queue d’au moins cinquante personnes qui attendaient pour des autographes et des photos.
Je te laisse le mot de la fin, merci d’avoir pris de ton temps pour nous !
Merci de publier l’interview, Matthieu. On a vraiment hâte de démarrer cette
tournée mondiale de folie le 23 Mars en Allemagne. On se voit à Paris. Hail Musick ! Hail
Death !
Le site officiel :
www.belphegor.at
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