Interview faite par mail par Lenore

Bonjour Baxter, ça fait déjà 10 ans que vous êtes sur la scène punk metal Française, pouvez-vous nous raconter brièvement l'histoire de votre groupe pour les lecteurs de French Metal ?
Ça fait donc 10 ans passés que le groupe existe. Le changement de line up est à BAXTER ce qu’est la névrose pour les croyants, c'est-à-dire continu. 5 bassistes, 2 guitaristes. De nombreuses démos ultra roots les premières années voient le jour. On se fait donc un ptit nom dans la région, assez classique quoi. Puis le premier album il y 3 ans, "Future Is More Than A Word" en autoprod. Puis finalement arrivée de Goulax à la gratte et d’Alex à la basse, 2 ptits gars qui intègrent l’affaire pour l’album qui va suivre : "Black Baccara". On a fait depuis la sortie de l’album, une tournée Européenne avec Nine Eleven puis des dates intéressantes genre Ignite, Burning Heads, Free Edge Fest….

Vous venez de sortir votre deuxième album "Black Baccara", quelles en sont les retombées pour l'instant ?
Franchement elles sont bonnes, voire très bonnes. Bonnes critiques sur la prod, merci le Loko Studio !! Ça sonne gros, efficace, amateurs de sons "garage" s’abstenir. C’est moderne et ma foi ça sert bien l’album. Globalement le chant en Français est bien reçu, bon certains n’aiment pas du tout et font un parallèle avec le néo metal Français, pourquoi pas, après tout, on a joué une fois avec Watcha. Bref, 90% des papiers sont mortels et nous placent comme une référence au niveau du hardcore mélo en France.

Vous avez signé sous le label Eternalis Records, qui nous offre d'excellentes galettes depuis plus d'un an, comment se passe cette collaboration ?
En fait il y a 3 labels sur le coup, Eternalis, Oni Red Records et Free Edge Conspiracy. Chacun fait marcher son réseau de zines, de radio, d’asso pour faire tourner le bouzin. La collaboration se passe bien, à part le fait que BAXTER est un groupe de putain de gros flemmards. On n’a pas les moyens des structures de ouf qui font que les groupes ne se préoccupent au final que du côté artistique. Ces labels sont tenus par une ou deux personnes grand max et se donnent à fond pour que tu puisses honorer ta prod. Une fois de plus, merci beaucoup à Romu, Quentin et Little Richard pour leur aide.

Trouvez-vous des dates ou est-ce difficile actuellement, sur une scène punk rock pas toujours facile à faire vivre ?
Je pense en fait qu’il n’est pas difficile de faire beaucoup de dates quand tu fais du punk rock si tu te bouges le cul. Le hic c’est que tu vas taper 1000 bornes pour finalement revenir plus ruiné que tu n’es parti. Mais bon il n’y a pas de tunes pour les groupes, les labels galèrent, les assos de même. Reste les subventions ou les sponsors et là on tombe dans ce qui relève plus de la politique. Un festival comme le Free Edge n’est pas sponsorisé, biensûr il y a des partenaires "labels et compagnie" mais tu n’auras pas un logo "Armée de Terre" ou "Eastpack" sur l’affiche du Free Edge par souci d’éthique. Après je ne suis pas manichéen, il n’y a pas d’un coté les méchants vendus qui signent un album avec le ministère de la culture et de l’autre les gentils punks rockers intègres qui veulent garder leur indépendance. C’est un débat extra musical qui se pose dans tous les champs de la société qui dans tout les cas dégage de nombreuses contradictions pour chacun d’entre nous. Ce qui est bien dans le punk rock c’est ce lien continuel avec la vie politique, la vie sociale. Ca permet de rester dans la réalité. C’est bien et en même temps ça me gave. En fait, je mets la musique au dessus des idées. Je ne dirais pas ça si les skins fa’ jouaient bien, heureusement ils ne savent pas jouer. Evidemment, dans la mesure du possible, tu vas essayer de collaborer musicalement avec des mecs qui n’ont pas des idées réactionnaires. Mais parfois j’ai vraiment l’impression que le punk rock se satisfait plus de beaux slogans et de bonnes idées que de bons musiciens. C’est pour ça que les concerts punk rock généralement me font chier, musicalement je ne ressens rien, aucune émotion. Je préfère écouter Pink et Fall Out Boy et du gros R’n B qui groove à mort, c’est vachement mieux branlé. C’est d’ailleurs pour cela que je ne considère pas BAXTER comme un groupe de punk rock au sens pur du terme. On fait du rock.

Vous êtes sur la scène depuis 1998 comment a évolué les ambiances sur vos cds, vos sets, et vos envies depuis toutes ces années ?
Au fur et à mesure des années, le son s’est durcit. On est toujours resté très mélodique mais les chansons sont plus incisives. Disons qu’elles seraient moins adaptables en acoustiques contrairement à avant où les chansons étaient pensées soit à la gratte sèche soit au piano. Goulven et Alex ont permis aussi ce ptit coup de fraîcheur dont on avait besoin. Plus simple, plus clair, moins tiré par les cheveux dans les enchainements. Finalement on revient aux bonnes vielles recettes, couplet refrain, après il faut trouver l’approche qui va permettre à la chanson d’avoir un truc à elle qui crée l’émotion. On est juste à la recherche du truc qui groove à mort tout en étant mélo et énergique. La musique festive me fait chier généralement. BAXTER a toujours été dans cette veine mélancolique que ce soit dans des chansons HxC ou punk mi tempo.



Pourquoi alterner le chant Français et le chant anglais, dans quelle langue vous sentez vous le plus à l'aise pour chanter et transmettre vos "messages" ?
Pourquoi ?! Il n’y a pas vraiment de raisons rationnelles. Tout simplement l’envie. Le grand saut !! Avant je rappais et je n’avais aucun problème à me foutre à poil avec mes lyrics. A partir du moment où tu chantes de manière mélodique et avec beaucoup moins de mots, le problème se corse. Je me suis rendu compte que les paroles qui sonnaient le mieux dans les deux chansons en Français sont des paroles assez simples, limite naïves, j’adore le coté naïf d’un mot. Un groupe qui tue dans le délire, c’est Les Vulgaires Machins. Ils chantent avec simplicité sans complexe. Eh oui nous, Français, on a encore un vieux complexe de ouf avec notre langue. C’est sur que l’anglais percute, il y a les accents toniques qui font groover tout le bordel. En tout cas, je suis assez content de l’atmosphère que dégagent ces deux chansons. J’ai pu échanger avec un mec étudiant en histoire qui aime l’histoire politique. Oleg est un pote russe qui m’a permis la première fois que je suis allé en Russie de m’ouvrir les yeux, un voyage dans les pays de l’Est quand tu as 12-13 ans et que tu viens de l’Europe Occidentale, c’est mortel. Tu comprends énormément de chose en peu de temps même s’il est fondamental de prendre du recul et de comprendre en profondeur la situation. Je ne peux pas et surtout, je ne veux pas avoir l’air de disserter sur un sujet dans une chanson. Rockin’ Squat le fait assez comme ça (au passage, ça déchire), ce que je veux dire par là, c’est que dans ces deux chansons, je privilégie l’émotion brute et naïve à une vraie analyse détaillée d’un phénomène. Indirectement, je réponds à une critique qui en gros dit que nous n’avons rien à dire. Je n’ai pas l’impression de n’avoir rien livré sur ma manière de voir telle ou telle chose. Mon but est seulement de l’exprimer de manière à ce que se soit esthétique. Après à chacun de juger si cela est réussi ou non. Une fois de plus, la musique est au dessus de tout mais je rassure les détecteurs de message : il y aura toujours une idée derrière une phrase, aussi pauvre soit-elle…

A ce propos, dans "Black Baccara" vous abordez plusieurs thèmes, variés, revendicatifs, que voulez-vous transmettre par ces albums, pour vous la puissance punk de la musique doit côtoyer inévitablement un message ?
Je crois que j’ai répondu partiellement à cette question avant, désolé, Honnêtement, on ne veut rien délivrer de plus que des témoignages les plus honnêtes possible, les plus proches de notre réalité. Je ne nie pas qu’un témoignage puisse être revendicatif par son interprétation. Je voulais, avant, qu’on puisse comprendre mon message de manière unilatéral, c’était plus une argumentation. Aujourd’hui, je me fous (pas complètement) que le mec comprenne exactement mon message, je crois de toute façon que ce n’est pas possible, pas parce que mes mots sont compliqués mais tout simplement parce que le sens de ceux-ci part d’une expérience perso. Et c’est comme ça pour plein de groupes. Tu comprends globalement là où le mec veut t’emmener, à toi de faire ta propre tambouille. Les histoires d’amour, la vie politique, la mort, la frustration, l’amitié, le sexe, la police… voilà ce qui compose nos vies et l’album de BAXTER.

Quelle est la suite des événements pour Baxter ? De nouveaux projets ? Pas encore un changement de line-up ?!!
On ne fait pas de plan sur la comète, on prend les choses comme elles viennent, on espère juste un jour ne plus payer pour jouer…. Ceci étant dit chapeau à tous les mecs des asso et des labels qui niquent leur compte en banque pour que des groupes comme nous puissent exister.

Vous comptez évoluer vers des choses plus hardcore ou rester dans le punk ?
Pour nous, c’est la même chose, ce qui compte c’est que ça joue bien et qu’il y ait toujours autant d’émotion. C’est sur que le hardcore d’un point de vue musical à évolué vers quelque chose de très dansant et a toujours eu comme caractéristique des grosses cassures de rythme et de tempo qui sont très efficaces. Notre son est trop moderne pour les vieux keuplar et trop soft pour être du pur hardcore. Je ne sais d’ailleurs plus où sont les frontières, je m’y perds franchement et c’est tant mieux.

Quels sont d'ailleurs vos groupes préférés, vous entendez-vous sur les influences ?
Nos influences sont super variées, pop rap, R’nB, rock, metal, electro, funk, jazz, punk, hardcore. Je peux vous citer des groupes qui ont peut-être influencé BAXTER au fil du temps : NOFX, Nirvana, Gainsbourg, Biohazard, Cro Mags, Iron Maiden, NTM, Hot Water Music, Deftones, Infectious Grooves, Ignite, Sting, Bombshell Rocks, Bad Brains, Dropkick Murphys, Kabal, 2 Bal 2 Neg, Propaghandi

Quartier libre : Si vous avez des choses à dire, si y'a plein de trucs que j'ai oublié, si vous voulez remercier, envoyer chier, allez y...
Merci d’être allez au bout de l’interview tout simplement et merci à tout ceux qui font vivre BAXTER.


Le site officiel : www.baxterpunkrock.com