Interview faite par Byclown à Paris.

Salut les gars, première interview de votre groupe suédois pour ce webzine. Nous sommes là aujourd’hui pour parler de la sortie de votre nouvel album "Hail The Apocalypse", qui est votre cinquième album mais avant cela, merci de vous présenter et de présenter le groupe.
Johannes Eckerström (chant) : Je suis Johannes, le chanteur du groupe.
John Alfredsson (batterie) : Je suis John, le batteur. Nous sommes un groupe suédois de metal et nous sortons actuellement notre cinquième album "Hail The Apocalypse".

Pourriez-vous me parler, en quelques mots, de l‘histoire du groupe pour les gens qui ne vous connaissent pas encore.
Johannes : En gros, nous sommes un groupe qui s’est connu durant l’adolescence. On a commencé à découvrir les instruments ensemble, on apprenait ensemble à jouer de la guitare. On a eu la chance de sortir notre premier album alors que nous étions encore très jeunes et c’est à partir de ce moment que tout a vraiment commencé.

Quels sont vos goûts musicaux ?
Johannes : Je pense que nos goûts perso à chacun sont en réalité les influences du groupe. On a grandi ensemble, on a appris nos instruments ensemble, on a découvert des groupes ensemble… Nous avons une manière de travailler dans le groupe qui est extrêmement collective et notre musique est riche d’énormément d’influences donc on est tout le temps pris dans un flot de brassage de différents styles qui fait qu’au final on écoute tout plein de trucs différents mais on aime tous les mêmes groupes. Au tout début de notre carrière musicale, on était plutôt axés sur les groupes extrêmes, genre brutal death metal technique à la Cryptopsy, également les deux premiers albums de The Haunted sont une référence majeure pour nous tous, on est vraiment ultra fans. Par la suite, nous avons grandi en tant que personnes et tant que musiciens évidemment et chacun a découvert de nouvelles choses de son côté mais on a tous été séduits par le groove dans la musique et donc on s’est plus orienté vers des groupes de metal utilisant ce groove car c’est cette orientation qu’on a voulu donner à notre musique, pour tous les albums, à partir de ce moment-là.

Les gens disent de votre musique qu’elle se situe entre Rammstein et System Of A Down, ce qui est quand même assez mainstream, mais je trouve qu’il y a une réelle dimension technique dans vos œuvres. Je ne pense pas que tous les auditeurs en soient forcément conscients mais perso je le suis.
Johannes : Bien joué, car c’est le cas. Comme je te l’ai dit, on a des racines "extrêmes" et on a un fort engouement pour le groupe, ce qui rend notre musique si éclectique et riche.
John : C’est vrai que les gens disent ça, et Alice Cooper aussi. On n'est pas forcément d’accord avec ça mais c’est normal, c’est notre musique. C’est avis n’est qu’une manière de voir les choses.
Johannes : On aime Rammstein, System Of A Down et Alice Cooper mais il n’y a pas que ça dans notre musique. Les articles de presse ont toujours tendance à tout simplifier.

Est-ce que vous connaissez certains groupes de metal français ?
Johannes : Gojira, j’adore vraiment !

Vous devriez vraiment écouter Trepalium, qui sont d’ailleurs des potes de Gojira, et qui donnent eux aussi dans le death metal ultra groovy. D’ailleurs, leur emblème est un clown, un peu comme vous… Qu’importe, aimez-vous la nouvelle scène metal, les groupes de deatcore / metalcore ?
Johannes : Pas vraiment. Quand je les écoute, j’ai l’impression d’être vieux. Mais d’un côté je suis content qu’ils soient là car ils font tous la même chose, ils ont tous le même son, et les gens commencent à se faire chier avec eux. Nous est jeunes aussi, objectivement, mais on produit une musique totalement différente de la leur, ce qui intéresse les gens car nous sommes à part, et je fais tout pour qu’on le reste.

John, quels sont tes batteurs préférés ?
John : J’en ai tellement ! Lorsque j’étais jeune, que j’ai commencé la batterie, j’étais très à fond sur Lars Ulrich. Ok, il est loin d’être super technique mais il avait un super groove, et lorsque tu débutes la batterie, c’est clair que tu veux jouer comme lui ! En grandissant, puisque j’en jouais 6 heures par jour, je me suis très vite intéressé aux batteurs de jazz et de prog’, afin de rechercher un côté très technique dans ma musique. Ensuite je me suis aussi intéressé aux gros batteurs de metal technique à la Meshuggah ou The Haunted évidemment. Le souci c’est que, en vieillissant et en progressant, j’ai rapidement cessé d’aimer les batteurs que j’adulais quand j’avais 12 ans (rires). Ayant la technique je me suis ensuite intéressé au groove, avec des gars comme Stewart Copeland (The Police) ou encore le travail dans AC/DC. Phil Rudd peut jouer le même truc tout simple pendant 1 heure, c’est pas choquant, même si ce n’est pas technique, car il est le seul à le faire comme ça ! Pareil pour le batteur de Rammstein qui a un groove pas possible.

Combien de temps avez-vous mis pour composer et enregistrer cet album ?
Johannes : 2 ans de composition et un mois d’enregistrement, plus ou moins. Cette longue période de composition s’explique par le fait que, en deux ans, pas mal de choses se sont passées qui nous ont empêchés d’écrire tous les jours comme on l’aurait voulu. On sait tous comment ça se passe dans le groupe, c’est pour ça qu’on commence à écrire le plus tôt possible, car on sait qu’il va y avoir des coupures. On écrit tous chacun de notre côté nos parties, nos idées, et une fois fait on se retrouve en salle de répétition et on échange nos idées, on essaye de les mettre en vie, c’est aussi pour ça que ça prend autant de temps mais c’est la manière de faire qu’on a toujours eu dans le groupe, qui marche très bien, et qui donne cette couleur à notre musique. Il n’y a pas une seule personne qui décide pour tout le monde, qui écrit pour tout le monde et dont les autres membres du groupe doivent obéir. Chaque membre du groupe est aussi important que les autres et chaque morceau plaît équitablement, de la même manière, à tout le monde.

Préférez-vous trouver vos idées tout seuls à la maison ou au contraire jammer tous ensemble pour trouver l’inspiration ?
Johannes : Dans l’absolu on fait les deux. Avant de jammer ensemble, on doit trouver les idées à faire tourner et les enregistrer sous forme de démo sur l’ordinateur via Cubase (logiciel d’enregistrement) , mais on n’a qu’un seul PC pour tout le monde donc même à ce moment on travaille déjà tous ensemble (rires) !
John : On aime à s’isoler pendant deux semaines dans un endroit éloigné de tout, afin de composer sans distractions aux alentours, d’être concentrés sur notre travail. Ensuite chacun rentre chez soi, continue à bosser sur ses propres idées, et un voire deux mois après, on remet ça. En gros c’est la manière dont on a l’habitude de bosser.



Johannes, es-tu le seul à écrire les paroles du groupe ?
Johannes : Je crois que oui. C’est toujours difficile de dire ça car dans notre groupe il n y a pas de problèmes d’ego vu que tout le monde participe équitablement à toutes les chansons, mais je crois que oui, je suis le seul à écrire les paroles.
John : Mis à part "Something In The Way", bien sûr, qui est une chanson de Nirvana, je crois qu’effectivement Johannes à tout écrit. Mais là encore, il n’est pas rare qu’il nous soumette des idées et, lorsque les textes sont finis, il nous les montre pour voir si on est d’accord dessus, et pour voir si ça colle vraiment à la musique et à l’ambiance.
Johannes : Ce n’est pas seulement une histoire de poser des mots sur de la musique mais bien que celle-ci se confonde avec elle, une union en quelque sorte, c’est pour ça que j’ai besoin de l’aval total de tous les musiciens sur mes textes afin que musique et paroles ne fassent plus qu’un. Cette cohésion se retrouve sur scène. Les gens voient bien quand un morceau colle ou pas, si la batterie ne va pas, si les paroles n’ont rien à voir avec la musique, si la musique ne sublime pas la voix etc…

Lorsque vous êtes en phase d’écriture, vous coupez-vous ou non de la musique extérieure afin que celle-ci ne vous influence pas trop dans la composition des morceaux d’Avatar ?
Johannes : Le fait est que la composition est le résultat de deux choses : d’une part la musique avec laquelle tu as grandi, donc tes influences, que tu sois ou non en train de les écouter, et d’autre part l'humeur dans laquelle tu es quand tu écris et qui est aussi induite par la musique que tu as pu entendre consciemment ou non au supermarché, au barbecue du week-end dernier…

Quels sont les différentes thématiques que vous abordez dans cet album ?
Johannes : Il faut déjà savoir que c’est notre album le plus sombre. Ensuite, pour moi l’écriture est une réponse psychologique à ce que j’écoute. Lorsque j’entends un riff, si celui-ci me plaît et me donne envie d'écrire, c’est que c’est gagné. Globalement mes textes sont un mélange de ce que je ressens en écoutant les riffs et mon propre ressenti en tant que personne sur certains sujets. Je pense que c’est le premier album où nous avons fait vraiment attention à ce qui se passait autour de nous.

Quelle est l’histoire derrière votre reprise de "Something In The Way" de Nirvana ?
Johannes : Nous sommes allés en Thaïlande pour enregistrer cet album. Une fois sur place, au dernier moment nous avons décidé d’enregistrer l’album en condition live. Parti de là, on s’est ouvert à bien plus de choses qu’on ne l’aurait cru et le dernier après-midi au studio, il nous restait du temps, on s’est donc dit "Pourquoi ne pas enregistrer une reprise ?". C’est la spécialité des groupes de metal que de reprendre des tubes pop en version metal, comme Children Of Bodom ou Blind Guardian ont pu le faire mais on trouvait que ça faisait un peu trop "cliché", aussi on a décidé de voir la chose autrement. L’un de nous a proposé cette chanson, et il avait déjà une bonne idée derrière la tête de la manière dont arranger la chanson. Nous étions dans le studio, en train de siroter des bières, et on matait justement le documentaire sur le studio et sur les enregistrements qui ont eu lieu à cet endroit, avec de gros groupes et justement Nirvana est un des gros groupes des années 90. Aussi cette reprise, avec son ambiance et ses paroles colle parfaitement à l’esprit de l’album.
John : En plus ce n’est pas du metal ! Le meétal c’est quelque chose qui ramène à la connotation de perfection. Tout doit être parfait, la batterie doit être carrée, les guitares aussi, les solos supers rapides, sinon c’est le bordel et c’est mauvais. Là au moins avec le rock, tu peux te permettre quelques imperfections car c’est justement ce qui donne du corps au morceau, et c’est pour ça que les gens aiment le rock, c’est parce que ce n’est pas parfait. La perfection c’est chiant ! On a fait du feeling notre priorité et non pas la perfection pour notre musique.
Johannes : Même si tout se crée à partir des ordinateurs, des simulateurs de batterie, on reste un groupe de metal composé d’êtres humains, et le fait de prendre nos instruments, de jouer tous ensemble les compos qu’on a pré-enregistrées sur PC, ça donne un côté humain à la musique, qui l’amène à un niveau bien supérieur. Ce titre est fort bien choisi car si tu ne le fais pas avec tes tripes, ça ne sonne pas.

Parlons à présent de la tournée pour cet album. Jouerez-vous en France ?
John : Oui, on va jouer au Covent Garden à Eragny le 20 Avril. C’est une tournée d’échauffement pour "Hail The Apocalypse" car l’album sortira après cette date mais on a besoin de voir comment le public va réagir. On aurait aimé jouer à Paris mais toutes les salles étaient prises. En revanche il n’est pas exclu que pour la prochaine fois on ait une salle parisienne.
Johannes : Depuis qu’on a joué en première partie d’A7X au Zénith devant une foule complètement folle, on n’a forcément qu’une envie : c’est de revenir !



Vous avez fait la première pour Avenged Sevenfold, aidés des Américains de Five Finger Death punch, pour la tournée européenne des "Arènes" sold out. Quel est votre feeling par rapport à cette énorme tournée ?
Johannes : C’était forcément magique. C’est la première fois que l’on jouait tous les soirs dans des salles gigantesques, sold out qui plus est !!! Pour un groupe comme le nôtre c’est une aubaine et une première et je dois dire que la date de Paris nous a particulièrement marqués car le public français est complétement enragé dans la fosse, il est super brutal.

Les clips vidéo à présent. Je sais que vous adorez ça, car l’imagerie est forte dans votre groupe, et que vous prenez énormément d’implication dans chaque projet. Votre premier clip pour cet album "Hail The Apocalypse" justement est visible sur YouTube depuis peu. Parlez-moi un peu de ce clip ! Qui a trouvé l’idée ?
Johannes : C’est John qui a trouvé cette idée. A la base tout le monde avait plein d’idées, ça a donc été dur de choisir ! Il est vrai que nous sommes un groupe très visuel et même si, forcément, la musique est notre priorité première, nous sommes très attachés à l’imagerie du groupe. On a bien aimé cette idée de film à l’ancienne.

John, est ce que c’est le travail de Georges Melies qui t’a inspiré pour cette idée de clip (le sujet du film "Hugo Cabret") ? Smashing Pumpkins ont eux aussi réalisé un clip très inspiré de son œuvre pour l’une de leurs chansons, "Tonight Tonight".
John : Georges Melies est une très grande influence pour moi. J’ai vraiment découvert son travail en regardant le film "Hugo Cabret". Au-delà du film en lui-même j’ai été passionné par l’inventivité sans limite de cet homme et son univers si particulier et burlesque parfois. Il aurait semblé évident à tout le monde que l’on fasse un clip résolument moderne pour "Hail The Apocalypse", avec des jets de flammes, un background créé par ordinateur, et évidemment cela nous aurait coûté beaucoup d’argent. De fait on a préféré prendre les attentes des gens à contre-pied en réalisant ce clip pouvant se rapprocher de ce qui se produisait il y a bien plus qu’un demi-siècle.
Johannes : La seconde grande influence est Charlie Chaplin qui, à sa manière, celle que nous avons utilisé pour le clip, dénonce des choses graves et brutales sur fond de comédie bouffonne, c’est le cas dans "Le Dictateur" et "Les Temps Modernes". Traiter d’un sujet grave en le tournant en dérision et en comédie.
John : En tout cas tu as bien eu l’œil de voir qu’il s’agissait de Melies. J’adore dans le film la scène avec le monstre, quand celui-ci pseudo explose dans un nuage de fumée, un exploit pyrotechnique pour l’époque d’ailleurs, et où les gens prennent peur et font des têtes pas possibles.

Ferez-vous d’autres clips vidéo pour cet album ?
Johannes : Oui bien sûr, on va en faire encore deux ou trois. Le prochain clip va être enregistré dans deux semaines je crois. On a tellement d’idées qu’on pourrait faire un clip pour chaque chanson (rires).

Pour qui aimeriez-vous ouvrir ?
John : On préfèrerait surtout faire plus de concerts en tête d’affiche !
Johannes : Metallica, Iron Maiden ou Rammstein. Evidemment, faire la première partie pour la tournée d’un énorme groupe serait bénéfique pour nous mais il est vrai qu’on préfère faire la tête d’affiche, afin de monter notre propre show, avec nos effets visuels, afin de servir au mieux notre musique et notre univers.

Racontez-moi votre meilleur moment "spinal tap".
Johannes : On s’est déjà perdu en backstage, à Sheffield. On a fait deux fois le tour des backstages, on a croisé le même mec deux fois au même endroit. Le pire c’est qu’il y avait des panneaux avec marqué dessus "Vous y êtes presque", "Encore un effort", "Vous êtes allés trop loin"...


Le site officiel : www.avatarmetal.com