Interview faite par mail par Arch Gros Barbare

Auspex, groupe aux multiples facettes, entre metal, rock progressif et alchimie musicale, "Heliopause", dernier album en date du groupe, retourne les âmes dans leur enveloppe charnelle. Le contrôle des émotions étant une des qualités du groupe, une petite inquisition du côté de leur jardin semblait de bon aloi... Le voyage d'"Heliopause", nous emmène jusqu'en extrême orient. De plus, les attirances d'Auspex envers ce formidable pays qu'est le Japon, ne sont pas sans nous rappeler la tragédie que ce pays vit actuellement, une pensée commune et sincère ira donc envers ce peuple dont son stoïcisme n'a d'égal que la grandeur d'âme de ce pays... Maintenant il est temps de lire...

Bonjour, ben voilà enfin j'y suis arrivé, depuis le temps, mais elle est là, cette interview !!! J'étais déjà allé faire un tour sur le MySpace d'Auspex lors de la sortie de l'album de Kalisia "Cybion", j'avais trouvé ça déjà hyper bon mais je dois dire que "Heliopause" c'est l'apothéose !! Alors sans aucune formalité, est-ce qu'on pourrait savoir qui vous êtes ? Pas forcément musicalement, ou dans quels groupes vous avez joué.... Non, mais plutôt qui vous êtes vraiment, comment vous vous êtes rencontrés, quelles sont vos passions en dehors de la musique, est-ce que vous êtes plus que des amis, est-ce que Auspex est plus qu'un simple groupe, peut-être issu d'une amitié d'enfance...?

AUSPEX est un projet qui a vu le jour en 2001, sous l’impulsion de Guillaume (guitariste) et Pierre-Yves (Claviers). L’idée de base, qui a beaucoup évolué, était de faire tout simplement du metal symphonique parce que nous adorions le metal (essentiellement le heavy) et la musique symphonique (musique de film, musique classique, bref musique d’orchestre en tout genre). Le projet a pris forme petit à petit avec la venue de nouveaux musiciens, et nous avons eu alors un premier line-up (en 2002) avec déjà Elodie et Alex. Au delà de la musique que nous faisions et qui nous unissaient, nous avions des centres d’intêrets communs, comme le cinéma, la bande dessinée, certaines cultures (l’histoire médiévale, le Japon), les voyages, et nous nous retrouvions très régulièrement en plus des répétitions pour sortir, boire un coup, voyager, etc... Nous étions étudiants et avions le temps pour tout ça. Fred est arrivée en 2004 et encore une fois, au delà de la musique nous partagions d’autres centres d’intêrets, l’informatique par exemple, le cinéma français, les vielles bandes dessinées, et nous avons simplement appris à nous connaître et à s’apprécier jusqu’à devenir de très bons amis.. Arthur et Lionel sont arrivées en 2006. Lionel connaissait Elodie depuis très longtemps (ils avaient déjà eu des projets musicaux ensemble avant Auspex) et il a toujours gravité autour du groupe en nous aidant ci et là, nous n’avons donc eu aucune difficulté à l’introduire dans le groupe. Arthur était en fac de Musicologie avec Pierre-Yves, et lorsque l’occasion s’est présentée de faire plus ample connaissance pour envisager qu’il rejoigne le groupe, nous nous sommes entendus, encore une fois, en touts points sur plein de choses.... Tout ces aspects non musicaux nous semblent plus que primordiaux pour partager ensemble une aventure musicale, puisqu’ils nous lient et nous font partager des moments de vie intenses qui constituent notre motivation première. En plus de nous six, il y a Nicolas Freychet, qui dessine beaucoup d’oeuvres pour le groupe (les artwork de nos deux albums entre autres), avec qui nous partageons plusieurs centres d’interêts également (le Japon, les jeux vidéos, les voyages, etc) et sans qui nous ne nous serions pas rencontrés, puisque il a présenté Elodie à Pierre-Yves et Guillaume.

Je ne cacherai pas que j'ai été plus que surpris par une telle inspiration, que "Heliopause" est pour moi une des plus belles sorties de 2010. Celui-ci est disponible depuis déjà quelques temps, puisque sorti au mois d'Octobre dernier. On a pu lire de multiples compliments un peu partout sur le net Français et étranger, mais est-ce que cela a-t-il vraiment fait avancer les choses pour Auspex ? Est-ce que le fait d'être complimenté par nombre de webzines qui n'auront sans doute jamais l'impact d'une presse écrite et grand public, a apporté quelque chose de matériellement positif pour le groupe hormis le plaisir d'être apprécié ?
Les retours positifs d’"Heliopause" ont eu plusieurs impacts. Tout d’abord, nous avons gagné un peu en visibilité, ce qui nous aura aidé à trouver des dates de concerts ou plus simplement à faire parler du groupe. Ceci étant l’impact le plus conséquent concerne notre motivation qui s’en retrouve renforcée. Aujourd’hui, nous travaillons tous et avons beaucoup moins de temps à consacrer à AUSPEX (nous ne vivons pas d’AUSPEX et ne gagnons pas d’argent, nous arrivons tout juste à rentrer dans nos frais). Et les chroniques et divers retours que nous avons pu lire nous font plaisir, chaud au coeur et nous donnent envie de continuer, de nous améliorer, de faire encore plus de concerts, de composer, etc... Concrètement, ce ne sont pas les chroniques qui font avancer le groupe, mais cela est une source de motivation stimulante car, avec l’accueil du public, elles constituent le seul véritable retour extérieur que nous ayons sur notre musique. Nous continuons cependant de penser (et nous profitions de cette interview pour faire passer le message...) que ce qui manque à AUSPEX aujourd’hui pour nous faire avancer de manière significative est un manager, quelqu’un qui prendrait en main tous les aspects non-musicaux du groupe et gèrerait efficacement la communication. Il nous est difficile, en tant que musiciens amateurs, de jouer sur tous les tableaux...

Maintenant que cinq mois ce sont écoulés l'effervescence du nouvel album est quelque peu redescendue, mais je suppose que vous êtes toujours dans le trip de cet album, vous en êtes où de la promo pour ce petit bijou ? Je sais que c'est la croix et la bannière pour dégoter des concerts qui tiennent la route, dans des conditions respectables, mais qu'est-ce que vous avez réussi à enfoncer certaines portes dont vous pensiez qu'elles étaient insurmontables ?
Nous avons réussi à avoir plus de concerts que ce que nous avions eu avec "Resolutio" (6 dates en un mois c’est un record pour nous !!), mais nous n’avons par exemple pas encore franchi l’étape des gros festivals auxquels nous adorerions participer, ou simplement l’étape où nous n’aurions plus à négocier jusqu’à notre défraiement pour un concert !!!

Je sais que c'est souvent tabou, mais je me demande souvent pourquoi, alors je m'interroge quand même, ça permet de relativiser pas mal de choses. Donc sachant que "Resolutio" avait été très bien accueilli et que "Heliopause" l'a certainement encore plus été, en prenant en considération que vous faites malgré tout de la musique rock / prog à tendance évidemment metal, et que vous êtes Français, à combien s'élève à ce jour les ventes de "Heliopause" ? Est-ce que l'auditeur se laisse plus facilement séduire en concert pour se procurer l'album ou c'est plus via la VPC voire la vente traditionnelle que cet album arrive à s'insérer sur les platines des auditeurs ?
Nous ne vendons pas beaucoup de disques. Nous en vendons essentiellement par le biais du site, et plus ou moins en concert, selon les dates. En ce qui concerne les ventes Fnac, Virgin, etc nous n’avons pas encore eu les chiffres du label (c’est trop tôt) et ne savons donc pas du tout combien nous en avons vendu au total. Nous avions vendu un peu plus de 500 "Resolutio". Pour "Heliopause", via le site nous en avons vendu une cinquantaine, et peut être une vingtaine en concerts, plus ceux vendus à la famille et aux amis lors de la sortie de l’album...

Après ces considérations bassement matérielles de ma part, poursuivons sur l'art lui-même. Voilà déjà onze années que Auspex existe, contrairement à pas mal de groupes, vous avez mis beaucoup plus de temps à réaliser une première production. En effet "Mysteries Of The Stars" a mis environ quatre ans pour arriver. Vous semblez prendre votre temps pour composer et proposer quelque chose de mature et travaillé. "Resolutio" a vu le jour deux ans plus tard, et enfin "Heliopause" trois ans de plus. Finalement deux albums sur une décennie, c'est peu si l'on se penche sur votre discographie, à quoi cela est-il dû ?
Pierre-Yves (claviers) : C’est vrai que c’est peu, il y a plusieurs raisons à celà. La première est que nous n’avons pas autant de temps que nous souhaiterions, la seconde et que je compose l’essentiel de la musique et que ça prend un temps énorme. Une chanson comme "0-1-0-1 (And So On...)" m’a pris 3 mois, tandis que la composition de titres tels que "Resolutio" ou "Ad Astra Per Aspera" s’étale sur plusieurs années (peut-être quatre ans entre les premières idées et les enregistrements). Il y a beaucoup de maturation dans la construction, et inlassablement des modifications, retouches, etc... Puis il y a tout le temps perdu à composer des choses que nous n’allons pas garder... J’ai entamé la composition de plus d’une centaine de titres depuis le début d’AUSPEX, et seulement 18 d’entre eux existent vraiment...



C'est votre seconde coopération avec Brett Caldas-Lima au Tower Studio, présence de Elodie oblige ?
La présence d’Elodie n’a pas spécialement influencé le choix de Brett pour la production d’"Heliopause". Nous avons apprécié de travailler avec Brett sur "Resolutio" et n’avions pas envie de prendre le risque d’être déçus par la production d’"Heliopause". Si nous avons le temps pour un troisième album, nous essayerons de travailler avec plusieurs personnes sur un titre par exemple et étudierons la possibilité de faire produire l’album par quelqu’un d’autre si son travail nous plaît, mais c’est vrai que nous sommes très très satisfaits par le travail de Brett, même si de son côté il est très peu disponible (et c’est tant mieux pour lui d’ailleurs).

Si l'on sent des sonorités prog similaires à celles qu'on pouvait constater chez Kalisia, les envolées vocales, mais aussi les incursions anecdotiques, lorsqu'on est un profane comme moi, elles peuvent sembler évidentes. Mais au delà de toute comparaison la musique de Auspex semble s'être plus changée dans quelque chose de plus progressif , plus rock et moins metal, par rapport au premier album. Est-ce que vous sentez cet éloignement de la scène metal pour et ce rapprochement vers quelque chose de plus intense, plus Pink Floyd, plus Toto, des trucs qui font vibrer ? Les différences entre les deux albums sont-elles dans ce sens pour vous ?
Oui, en fait pour le premier album il y avait beaucoup d’influences “carcans” que nous n’avions pas intégrées en nous (simplement car elles nous ressemblent moins) et qui ressortent comme une série de “codes”. Heliopause est beaucoup plus personnel dans le sens où nous ne voulons pas faire sonner tel passage ou tel passage comme quelque chose que nous aurions pu entendre ailleurs, mais vraiment comme quelque chose qui nous ressemble. Et bien que nous fassions du metal par goût, d’autres influences, peut-être plus profondes, ou aujourd’hui plus fortes, nous font évoluer vers une musique plus rock prog et moins heavy metal. Pink Floyd et Toto sont effectivement des groupes que nous aimons énormément...

Une des particularités exceptionnelles et certainement pour moi un des atouts sublimes de "Heliopause" est le fait d'y avoir inséré une partie de vocaux traduit par Kazuko Ushiyama. J'avais fait un raccourci sans doute trop facile avec Shiina Ringo et Tokyo Jihen, mais en tant qu'adepte de ce groupe, il m'était apparu évident cette corrélation. Quelles sont vos attirances vers la culture Japonaise et plus particulièrement avec de tels artistes qui je suppose ne vous sont pas inconnus ?
Nous adorons pleins d’aspects de la culture Japonaise. La musique que ce soit celle de Tokyo Jihen, X-Japan, Sigh ou dans d’autres style les compositions de Joe Hisaichi pour les films de Miyazaki et plus simplement plein de génériques de mangas et des musique de jeux vidéos... Mais nous aimons aussi l’imagerie Japonaise, leur façon de vivre, leur cinéma, leur nourriture et surtout surtout la sonorité de la langue !! Elodie et Nicolas ont eu la chance de faire un beau voyage d’un mois au Japon, et il en est revenu l’envie encore plus marquée d’écrire des paroles en Japonais, sous forme d’hommage à ce pays et par amour de cette langue.

En tous les cas, c'est quelque chose qui en plus d'être original, procure un plaisir véritable à l'écoute. Je sais qu'Elodie avait chanté "Yume No Ato" de Tokyo Jihen lors d'un spectacle "Et toujours le vent soupire" en 2009 co-écrit avec Nicolas Freychet. Ce genre d'expérience vu que je n'ai pas eu l'occasion de vous voir sur scène, est-il un exercice aisé à effectuer vocalement ? Vous placez "Setsunaki Tabi" lors de vos prestations ou c'est plutôt réservé à des occasions plus confinées ?
Elodie (chant) : La langue Japonaise n’est pas une langue difficile à prononcer et la musicalité des mots coule assez aisément, ce n’est donc pas un tour de force que d’interpréter une chanson en Japonais. La véritable difficulté réside dans l’interprétation et l’émotion que l’on y place car je dois sans cesse me rappeler le sens des phrases que je chante, pour ne pas mettre une intention qui serait déplacée... Nous avons déjà intégré “Setsunaki Tabi” à deux reprises dans notre set (une fois en set acoustique, une fois en set électrique) et à chaque fois cette chanson a reçu un bon accueil, je pense donc que nous la rejouerons avec grand plaisir et ce très prochainement, avec une pensée malheureusement très spéciale envers la population Japonaise qui traverse actuellement une sombre période qui nous bouleverse...

Pour parler un peu de l'artwork, je sais que vous avez travaillé avec Nicolas Freychet et Alban Pommeret (Neurolepsia).Cette oeuvre en guise de pochette m'a immédiatement rappelé les illustrations du Petit Prince de St Exupéry avec cette particularité que l'univers qu'il est censé découvrir se trouve de l'autre côté de la porte de cette pièce de confinement. Ça reste quelque chose de frappant. Peut-être suis-je le seul à avoir trouvé une ressemblance aux illustrations de St Exupéry où la poésie d'Auspex sur "Heliopause" nous permet de voyager tout autant ?
C’est intéressant, je ne sais pas si nous nous étions posés la question comme cela mais c’est vrai que le voyage en général est un thème qui revient dans les paroles et dans la musique (en tout cas dans l’intention de certaines compositions) “Setsunaki Tabi” par exemple veut dire “Nostalgique voyage” Nous avons demandé à Nicolas si Le Petit Prince de St Exupéry avait été une influence et voici sa réponse :
"Il est difficile de dire précisément d'où viennent les influences sur une création. St Exupéry n'est sans doute jamais très loin du fait que son oeuvre (le Petit Prince) a quand même marqué mon esprit. Mais j'imagine que d'autres artistes et d'autres expériences sont également inconsciemment retranscrites à travers ces dessins, tout en ajoutant (je l'espère) un peu de mon identité."

Puisque je parlais de voyage, là aussi c'est une chose qui m'avait fortement frappé lors des premières écoutes: on y trouve beaucoup d'ambiances de musique propres à des bandes son de films ou de romans. Je pensais particulièrement à "In Through The Looking Glass" qui n'est pas sans rappeler le roman de Lewis Carol suite de "Alice Au Pays Des Merveilles". Je veux dire par là que par dessus les influences progressives que vous pouvez avoir, votre musique a des aspects de musique de films et c'est ce qui rend encore plus intéressant l'écoute de vos morceaux. Est-ce que déjà, on vous a fait ce genre de remarques et j'espère que oui ?
Effectivement nous avons déjà eu ce genre de remarques et c’est tout à fait possible que certaines ambiances de musique de films apparaissent dans notre musique car nous adorons le cinéma et c’est une influence majeure pour nous ! Parmi les compositeurs de musique de film qui nous ont le plus influencé je pense qu’on peut citer, Danny Elfman, Nino Rota, Angelo Badalamenti, Joe Hisaichi, Bernard Herrmann, Vangelis... Pour ce qui est des références ou “clins d’yeux” plus indirects nous faisons également appel aux auteurs que nous aimons et dont les thématiques incontournables nous ont tous touchés au fil de nos lectures, dont Lewis Caroll pour “In Through The Looking Glass” et Philip K Dick pour “Electric Sheep”.

Et ensuite, pour aller plus loin dans l'univers d'Auspex et dans l'interêt pour le spectacle que vous pouvez avoir, si on parle de "L'horloge et le pantin", est-ce que l'idée de réaliser peut-être une pièce musicale, plus qu'un album, avec tout ce qui va avec décor scénique, chorégraphie comme vous l'avez fait fait avec ces projets, mais ici dans l'esprit véritable d'Auspex, ne vous a-t-elle jamais traversé l'esprit ? Si vous en aviez les capacités financières évidemment...
Nous adorerions créer ce genre de spectacle, mais cela demanderait des moyens considérables essentiellement en temps ! pour au final seulement 1 ou 2 représentations... c’est très frustrant, cependant c’est possible que nous y réfléchissions à nouveau, l’expérience de l’horloge et le pantin était vraiment extraordinaire et si nous avions un soutien financier et / ou logistique nous nous lancerions peut-être à nouveau dedans.



Et justement pour terminer sur cette notion de spectacle, les chansons de "Heliopause" sont déjà complexes sur CD, comment vous vous y prenez en concert pour redonner la même couleur aux morceaux, afin qu'ils ne diffèrent pas trop de ce que l'on peut découvrir en studio ? Je veux dire par là que rien que le chant avec ses doublages, ses choeurs, demande beaucoup de travail, comment vous faites en concert ? Car je le répète, le destin ne m'a pas encore emmené sur une de vos routes...
En concert nous utilisons des samples (notamment pour toutes les orchestrations, certains choeurs / doublages, certaines séquences electro) et nous procédons à un ré-arrangement de certains passages. Ceci étant notre objectif est de maintenir l’idée musicale, la sensation, l’ambiance, etc... Les concerts sont l’occasion d’entendre certaines parties qui sont discrètes sur CD, ou inversement, d’entendre un morceau avec un peu plus de patate (live oblige) que sur CD !

Sachant que Pierre-Yves a été tout seul, si l'on peut dire, pour la composition de cet album, par rapport au premier, qu'il y avait également des choses qui étaient déjà composées avant même "Resolutio" et qui ont été retravaillées, avec d'autres plus récentes, et que ces deux albums sont plus ou moins liés ; Est-ce que vous vous sentez capables de créer de nouveau de telles atmosphères ? Et même si l'on se dit qu'on vous attendait sur ce deuxième album, l'avenir fera qu'un troisième sera peut-être encore plus dur à écrire pour ne pas s'enfermer dans une boucle trop similaire, qu'en est-il pour vous ?
Pierre-Yves : Je pense que nous allons composer le prochain album à plusieurs, je ne serai pas seul et c’est pour cette raison que je pense que nous ne nous enfermerons pas dans une boucle, puis le temps passe les influences changent, les façons de composer également...

Comme pour les groupes tels que Amartia ou encore The Last Embrace, que j'apprécie beaucoup, vous avez réalisé un concert acoustique lors de la sortie de "Heliopause". C'est souvent une expérience enrichissante qui en ressort à ce que l'on peut lire comme impressions de la part des groupes à tendance progressive. Donc d'une part est-ce que ce genre d'aventure ne vous donne-t-il pas envie de réaliser directement quelque chose de tel en studio et d'autre part, quelles sont les sensations qui diffèrent vraiment d'un concert "classique" avec tout le grand déballage ? Au final, est-ce que c'est difficile de tout réorchestrer pour une prestation acoustique ?
Nous nous sommes effectivement demandés si ce set acoustique méritait ou pas d’être enregistré en studio comme pour un album, et peut-être le ferons-nous (l’idée de concert acoustique filmé en résidence a également été évoquée...), et nous avons pris énormément de plaisir à remanier nos morceaux et à les éloigner parfois de leur structure habituelle. Nous pensons que c’est cette “nouveauté” qui a séduit le public qui a pu redécouvrir certaines lignes de chant par exemple, ou certaines ambiances moins exploitées en formule électrique. Le travail de réarrangement n’est pas difficile en soi mais les morceaux n’ont parfois plus grand chose à voir... Nous mêmes avons été amenés à les redécouvrir et cette expérience a été très enrichissante, et les retours très encourageants.

Vous aviez parlé d'une petite tournée que vous essayez de monter pour les mois d'Avril ou Mai, pas partout, mais quelques villes, vous en êtes où de tout ça ?
C’est en place ! C’est une mini tournée de 4 dates en Rhônes-Alpes mais déjà un grand pas pour nous et on remercie les groupes Amon Sethis (et notamment Julien le chanteur) ainsi que le groupe Wedingoth qui ont acceptés de nous faire confiance pour jouer à leurs côtés !
- Le 23 Avril à Lyon avec Wedingoth et Benighted Soul au Metal Café
- Le 5 Mai 2011 à Eve à Grenoble
- Le 6 Mai 2011 au Repaire des Ours au Fayet en Haute-Savoie Près de Chamonix
- Le 7 Mai 2011 à L’Assomoir à Saint Etienne

Tu vois , ce qui me fait peine, à juste titre au vu de la qualité de vos compositions, c'est qu'après plus de dix ans, la notoriété d'Auspex ne soit pas proportionnelle au talent musical du groupe dans son intégralité, quels sont vos regrets après plus de dix ans d'existence et quelles sont vos espérances ? Après une décennie, qu'est-ce qu'on se dit quand on conçoit de tels albums sans avoir forcément la "renommée" que l'on voudrait ?
Notre principal regret est peut-être de n’avoir pas rencontré de boîte de production magique qui aurait cru en nous et nous aurait lancés. Ceci étant notre force aujourd’hui c’est d’être indépendant financièrement, d’avoir un petit réseau d’amis, de collègues, de musiciens avec qui nous travaillons et de pouvoir réaliser les projets que nous voulons. On se fait plaisir à composer, à jouer à partager de super moments en concerts avec les gens, avec les groupes, on voyage un peu, on a l’occasion de faire des spectacles, pourquoi pas de la musique de scène, de la musique de film, s’aventurer dans des genres musicaux qui nous sont encore mystérieux...

Après vous avoir remercié pour ces réponses, on pourrait terminer sur quelques phrases en Japonais non ? D'ailleurs une carrière au Japon, ce serait pas mal, les artistes Français ont toujours eu bon accueil là-bas ?
Elodie : Je vais profiter de l’actualité difficile pour conclure sur une microscopique note positive, à notre minuscule échelle de minuscules musiciens bien au chaud dans nos solides maisons de l’autre coté de la planète, sans tricher ni ouvrir de livre de Japonais : “Gambatte Kudasai” est une expression qui signifie “bon courage”, tout simplement... Nous pensons fort à vous, et nous espérons très vite venir vous voir, un rêve prendrait vie...
Merci pour cette interview et à très vite !
Chaleureusement, Auspex.


Le site officiel : www.auspexmusic.com