Interview faite par mail par Murderworks

Salut les gens, déjà quatre ans depuis "Ten Miles Underwater " ! Il me semble que ce premier album avait été plutôt bien accueilli à l'époque de sa sortie, non ?
Sydney (batterie) : Notre premier album a été très bien reçu, que ce soit par la critique ou par le public. Bien entendu personne ne peut faire l'unanimité, mais nous étions profondément ravis parce que cet accueil a largement dépassé nos espérances. On le dit souvent mais c’est vrai ! Suite à quoi nous avons pu faire plusieurs tournées étalées sur deux ans pour défendre ce premier opus : une grosse série de dates sur le territoire français ainsi que dans certains pays voisins (Suisse, Belgique, Luxembourg, Angleterre) une tournée en Europe de l'Est, et enfin une tournée japonaise.

On sent que les morceaux de "Barton's Odyssey" ont été très travaillés, vous y proposez un death metal plus technique mais en même temps plus mélodique, en gros vous avez fait un pas de géant à tous les niveaux depuis "Ten Miles Underwater". Alors quel est le secret : évolution naturelle, bienfaits de la scène, dopage ?
Le premier album était un peu un mélange entre des anciennes compos et les dernières de l’époque. Pour "Barton’s Odyssey" non seulement l’album a été composé dans un laps de temps beaucoup court mais on eu également le temps de voir ce qui avait marché ou pas sur "Ten Miles Underwater". Inévitablement on a un nouvel album plus homogène. On avait la volonté de repousser nos limites techniques sans que ça se transforme en démonstration. Donc écrire des refrains épiques sur chaque piste, accentuer le relief musical avec plus de guitares clean et de variations au sein des morceaux… tout ça faisait clairement partie des objectifs. Je ne vais pas te dire que c’est l’album de la maturité mais "Barton’s Odyssey" est beaucoup plus personnel et alambiqué, ça c’est certain. On est très content de cet album et on est très heureux que le public apprécie aussi cette évolution.

D'ailleurs à quel moment avez vous commencé à travailler sur l'album, son concept ? Parce que là aussi on sent que c'est fouillé, le livret aux faux airs de journal de bord, la narration...
On a commencé à bosser dessus en même temps que la tournée du premier album. La thématique en découle directement. Dans les grandes lignes c’est une suite mais en plus fouillée et ça on le doit à Antoine. Il est arrivé dans le groupe en 2010 et nous avions déjà la thématique de "Ten Miles Underwater". Pour "Barton’s Odyssey", il s’est entièrement consacré à développer le fond et la forme pendant ces deux années de composition. Le reste du groupe a donc pu se concentrer pleinement sur la musique. Le sound design est un travail plutôt collectif qui est venu illustrer l’ensemble et a servi de liant entre la thématique et la musique. L’objectif était de faire un concept album sous forme de fiction radio / musicale. Un concept dans le concept si on peut dire.



Malgré le fait que les instruments ont été enregistrés dans des endroits différents, le son est très puissant et assez clair. Vous avez fait de la pré-prod avant l'enregistrement proprement dit pour que ça sonne aussi bien ?
Oui on fait toujours des pré-prods maison pour mettre à plat les idées et voir ce que les morceaux rendent en conditions d’écoute normales et évidemment faire de l’arrangement. Du coup, une fois en studio, on sait exactement ce qu’on veut même si il y a toujours quelques nouvelles idées et finesses qui viennent se greffer au dernier moment. On a vraiment optimisé les conditions d’enregistrement avec du nouveau matériel et de nouveaux instruments, tous plus performants et adaptés à ce qu’on voulait obtenir. Il y a beaucoup plus d’instruments additionnels sur "Barton’s Odyssey" et pour en capter toutes les subtilités il a fallu soigner toutes les prises afin que chacun soit à sa place dans le mix. De plus, Joshua Wickman au Dreadcore Studio (qui a réalisé le mix et le master) est très bon pour bien séparer les tessitures des instruments pour que le message reste clair et audible.

Sachant que l'album est un concept et que tous les morceaux s'enchaînent naturellement, est-ce que vous comptez le jouer entier et dans l'ordre sur scène ?
Ce n’est pas prévu. On essaie de bien séparer le travail de studio et de la scène. Il y a des morceaux sur nos albums qui ne sont pas adaptés au live. Pour la scène, on s’efforce de mettre en place des sets compacts qui donnent envie de bouger sans mettre de coté l’ambiance et la thématique du groupe. Jouer l’intégralité de "Barton’s Odyssey", ça voudrait dire aussi ne rien jouer du premier album et je pense qu’il y a paquet de gens qui seraient déçus de ne pas en entendre quelques titres.

D'ailleurs vous avez des plans de tournées en préparation ? Des concerts de prévus ? Parce que vous avez quand même pas mal voyagé pour la scène jusqu'à maintenant.
Oui, la tournée a déjà commencée, on a fait quelques dates en Ile de France, en Bretagne, et ça va continuer ce mois Juin avec quelques dates dans le Nord Pas de Calais, en Suisse, cet été avec le UK Tech Fest, le Motocultor Fest… A la rentrée nous avons aussi pas mal de dates programmées dont le MFest à coté de Tours et encore quelques autres en France et en Suisse. Ca reste dans l’ensemble assez franco-français mais on pense que c’est aussi important et plaisant de s’exporter que d’écumer son propre territoire. On a des projets de tournées européennes en attente de confirmation donc difficile de s’avancer dessus pour le moment… La petite phrase d’accroche pour ce deuxième album est "The Voyage Has Just Begun..." donc on espère s’y tenir !

Si la pochette de "Ten Miles Underwater " avait déjà été réalisée par Pär Olafsson et était déjà magnifique, j'avoue que celle de "Barton's Odyssey" m'a mis sur le cul ! Vous lui avez donné des directives particulières, ou fourni quelques morceaux pour qu'ils s'en inspire ?
Notre collaboration sur le premier album a été très simple et direct. Pär a tout de suite comprit l’objectif et a su en extraire une image forte. Pour ce deuxième nous étions plus ambitieux, avec des directives et des détails précis donc le processus a pris plus de temps mais le résultat est à la hauteur de nos espérances. Ce lieu illustré sur la cover donne une impression de menace latente mais dans lequel tu as une irrémédiable envie de t’aventurer. Il nous semble que cette ambiance colle parfaitement au genre de death metal que nous jouons, quelque chose d'assez fourni et "coloré" en matière de mélodies.



D'où vient cette fascination pour la mer ? Peut-être le fait que les étendues sous marines constituent quasiment un monde à part ?
C’est exactement ça. Aujourd’hui on arrive à voir plus loin au fin fond de l’espace que dans les océans qui se trouvent juste sous nos pieds. Forcement ça a donné naissance à des mythes et des légendes fascinantes dans toutes les cultures et les époques. Ajoute à ça que l’on s’est nourri (gavé ?) de pop culture des années 90, le cinéma, la littérature, les jeux vidéo... Forcément ça donne des idées et ça créé des addictions.

Vous qui avez déjà pas mal roulé votre bosse en termes de live (avec notamment des concerts au Japon, pays dans lequel peu de groupes français arrivent à percer il me semble), comment est perçue la scène française en dehors de nos frontières ?
J’ai l’impression qu’il y a moins d’idées reçues sur la scène française qu’on veut bien le croire. Le public est "le même partout". Il écoute un album, il vient en concert, tout ce qu’il veut c’est prendre du plaisir. Que tu sois Français, Américain, ou Martien, je ne crois pas que ça ai une importance pour les auditeurs. Par contre, le vrai handicap de départ en France c’est que l’on n’a pas la culture rock qui coule dans nos veines. Conséquence : le public reste assez confidentiel. Pas de public, pas de moyen, pas de palais… pas de palais… Notre musique est très imprégnée de la scène tech death canadienne et américaine et on a paquet de retours dithyrambiques outre-Atlantique mais rien de comparable avec la visibilité que pourrait nous offrir un gros label dans ces pays. Et c’est là qu’intervient le souci majeur des groupes français : se faire justement repérer par ces labels étrangers qui sont pourtant en mesure d’offrir une bien plus grosse visibilité sur la scène internationale. Du coup on fait notre route et notre musique avec le maximum de sincérité, de passion et de dévotion possible et… qui vivra verra !

Merci d'avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions, si vous avez quelque chose à ajouter c'est le moment !
Un grand merci à tous ceux qui nous ont toujours suivis et soutenus, merci aux nouveaux également. C’est VOUS TOUS qui permettez aux groupes que vous aimez de continuer à faire ce qu’ils font de mieux. La musique ne doit pas devenir qu’un plaisir solitaire dans le métro, venez partager avec les groupes en live, gardez la scène vivante ! A bientôt sur les routes.


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