Interview faite par mail par Arch Gros Barbare

L'été semble être enfin là, le Hellfest est passé, il est temps de prendre le large et profiter un peu de l'air marin. Pour se faire, l'invitation sera donc l'écoute du premier album d'Atlantis Chronicles, un album signé chez Coroner Records qui laisse un goût plus que salé dans son écume et dont les embruns formés par les notes techniques des chansons offrent à l'auditeur un moment de pur plaisir. "Ten Miles Underwater" est donc le premier album d'Atlantis Chronicles et pour nous en parler de A à Z, Sydney (batterie) a eu la gentillesse de se prêter à l'exercice "en profondeur"...

Bonjour à toi, tout d'abord sans vraiment présenter le groupe, il y a une chose que j'aimerai savoir : Comment en êtes vous arrivés, après avoir changé de nom suite à Abyss, à trouver immédiatement un bon label, car Coroner Records semble signer de très bons groupes et avoir les reins solides, mais aussi à sortir un premier album d'un qualité irréprochable, accompagné de dates de folies, plus un clip vraiment professionnel ? Je veux dire que quelques part avez-vous eu les bonnes personnes devant vous au bon moment ? Comment avez-vous mûri ce projet de premier album pour qu'il soit entouré d'une promotion vraiment impressionnante afin d'avoir quelque chose de presque disproportionné pour un premier album ?

Sydney : Salut à toi Arch, salut à tous les lecteurs ! Si tout ça donne l’impression d’avoir été rapide et taillé dans le diamant alors c’est qu’une partie de l’objectif est remplie ! Je ne pourrais pas répondre à ta question en seulement quelque mots alors ça risque de s’étaler un peu... Ce n’est pas aussi rose que ça y paraît : 3 ans séparent notre changement de nom à notre sortie d’album. La sortie de notre EP "Against The Sea" en 2009 n’a pas été à la hauteur de nos espérances et il y a eu une grosse remise en question au sein du groupe. Nous avons décidé alors qu’il était temps de faire table rase et repartir sur de bonnes bases. A commencer par changer le nom du groupe qui nous aurait joué des tours au niveau légal et promotionnel (trop de groupes s’appelant "Abyss" nous … noyait dans la masse). La musique devenant de plus en plus technique nous avons aussi choisi de nous mettre à la recherche d’un chanteur lead pour laisser plus de liberté guitaristique à Alex.
Sur ce coup, oui, la bonne personne au bon moment ! Nous avons publié une news en 2010 sur MySpace et nous avons eu pas mal de réponses dont celle d’Antoine dont la voix nous a particulièrement convaincu. Il sortait tout juste du groupe Devenn et cherchait un groupe exactement à la même période. Le courant est très vite passé, nous lui avons fait écouter quelques maquettes de l’album et ça a été le coup de foudre général. (rires) En Mai 2010 nous avions notre nouveau chanteur lead. Juin 2010, nous étions au Drudenhaus Studio pour l’enregistrement des batteries. Les lignes de chant n’étaient même pas écrites à ce moment là. Nous avons enregistré les guitares et la basse en Novembre 2010 et Février 2011. Pour présenter notre nouveau frontman (et pour que le public ne nous oublie pas) nous avons en parallèle sorti fin 2011 une pré-prod du morceau "Ten Miles Underwater". Franc succès, la machine repartait de plus belle et nous permettait de gagner un peu de temps ! L’année 2011 a été marquée de mon côté par la sortie de l’album de mon autre groupe Ite Missa Est dont les batteries ont été enregistré en même temps que celles d’ATLANTIS CHONICLES. Ne pouvant être sur 2 sorties d’album à la fois nous avons décidé de laisser la main à IME et de prendre un peu de recul sur notre travail, écrire les textes, corriger et améliorer des leads de guitares, de démarcher un graphiste pour la pochette de l’album et trouver le studio idéal pour mixer et masteriser notre album. Après avoir démarché plusieurs studios et perdu 6 mois nous avions trouvé notre graal en la personne de Joshua Wickman pour ce travail.
Vient ensuite le travail laborieux sur la cover de l’album qui nous a fait perdre encore 6 mois jusqu’à ce que nous nous retrouvions dans l’impasse de mettre la main au portefeuille pour s’offrir les services de Par Olofsson, une pointure qu’on ne présente plus.
Si l’album te paraît irréprochable c’est parce que nous avons tout fait pour qu’il le soit. Après c’est évidemment une histoire de goût mais de plus en plus de gens partagent ton avis et nous en sommes très honorés. En ce qui concerne les labels nous avons démarché pas loin de 80 labels. Parmi les réponses positives que nous avons reçues, seul Coroner Records nous a séduit. Je pense que c’est réciproque, nous sentions qu’ils voulaient vraiment nous compter parmi leur roster et notre petit doigt nous disait qu’il vaut mieux être ardemment désiré par un label indé que signé en dépit par une major. Nous avons eu avec eux (et avons encore) une collaboration et une communication proches de la perfection. Ils ont fait un gros gros boulot de com de leur coté pour la sortie de l’album et du clip, bien rodé et très efficace. De notre coté nous avons fait assez d’erreurs et avions vu assez de bons exemples pour faire une sortie d’album proprement. Je vais te (vous) dire honnêtement, nous avons vraiment monté un plan de com, nous savions exactement quand sortir nos médias et comment nous y prendre, quel type de merch, etc…
Malheureusement aujourd’hui sortir un album et maintenir un groupe à flot ce n’est pas que jouer de son instrument… Sinon tu restes dans ton garage, tu perds ton temps et ton énergie. Pour le clip nous avons également choisi de bosser avec les meilleurs que nous connaissions. Coup de bol énorme, l’équipe de Creatin’ Scope sont des gens qu’on côtoyait depuis un moment via les studios où nous répétons. On est très heureux aujourd’hui d’avoir parié gros et vu juste sur la sortie de cet album. Je dois avouer que c’est un gros coup de poker, tu mises : ça marche ou tu te plantes. A ceci près que nous avions les bonnes cartes en main, pas de bluff, juste du vrai, de la transparence mais toujours avec l’emballage qui va bien. Nous sommes restés honnêtes et nous mêmes en tout instant.
Le résultat et l’accueil dépassent largement nos espérances. A croire que madame Karma nous apprécie de plus en plus ! Du coup pour booker des dates et des tournées c’est tout de suite beaucoup plus simple ! C’est le résultat du travail en amont qui nous a permis de booker autant de dates.

 "Ten Miles Underwater" est donc votre premier album, avant de le décortiquer sous tous les angles, on va d'abord parler de votre thématique. Vu qu'avant vous vous appeliez Abyss, puis maintenant Atlantis Chronicles et au vu du titre de l'album, on a bien compris que vous étiez fortement attirés par tout ce qui touche aux fonds marins ainsi qu'aux créatures des profondeurs qui leurs sont rattachées. Vous y parlez de l'Atlantide bien sûr, du Kraken... Mais peux-tu nous conter exactement de quoi il s'agit exactement ? De quoi parle l'histoire de ce William Beebe et de sa bathysphère, qui est un naturaliste qui a vraiment existé d'ailleurs, et sa batysphère aussi... ?
William Beebe et la Bathysphère ne sont aucunement des fantaisies. Cet homme à vraiment existé et conçu cette machine permettant d’atteindre des profondeurs records. Nous nous sommes basés sur son périple pour broder notre fiction et le faire descendre dans les profondeurs au fur et à mesure de l’album. Il rencontre évidemment toutes sortes de créatures mais y voit surtout un nouveau monde, vierge de l’influence humaine. Il va peu à peu se poser des questions sur l’humanité, sur lui-même, le monde qui l’entoure et perdre pied au fur et à mesure de sa descente dans les profondeurs…

Quand on y regarde de plus près est-ce qu'on ne peut pas y faire un parallèle avec le Nautilus du Capitaine Nemo dans le roman de Jules Verne "Vingt Mille Lieux Sous Les Mers" ? D'ailleurs qui au départ a eu l'idée de parler de ce genre de thèmes proches de tout ce qui touche aux fonds marins ? Est-ce que c'est la manifestation d'une attirance qui puise ses origines dans la vie personnelle des membres de Atlantis Chronicles ?
Depuis la création du groupe (Abyss à l’époque donc) nous savions dans quelle voie nous voulions nous engager. Nous avons toujours gardé l’image (clichée) du metal : puissant, massif, intense, gigantesque. Quand tu définis ta perception de la musique c’est tout de suite plus facile de l’associer à un thème. Pour nous ça a été l’océan dès les premiers accords et les premiers "poum tchak". On est très sensible à la relation du son avec l’image et on a toujours accordé de l’importance à identifier une suite d’accords à une couleur, une scène de vie, un mouvement… sûrement une influence du septième art qui s’est insidieusement glissée dans notre subconscient. (rires) Alex et moi sommes à l’origine du groupe et de la thématique. J’ai bien évidemment lu "Vingt Mille Lieux Sous Les Mers" mais parce que notre groupe s’engageait sur cette thématique. Ce n’est donc pas le livre qui est à l’origine du groupe. Après on ne peut pas te dire que l’œuvre de Jules Vernes ne nous a pas influencés !

Dans une interview, vous avez soulevé une espèce de soutien à Sea Shepherd, un soutien plus moral qu'engagé, en quoi vous êtes-vous sentis proches de certaines idées de Paul Watson pour avoir assisté à certaines conférences je crois ? Tout de suite, les idées préconçues pouvant souvent être légitimes, on se pose la question de savoir en quoi un groupe parisien se sent proche d'une cause de sauvegarde de la planète ? Je veux dire par là, sans faire de raccourcis faciles, Gojira vient des Landes et s'ils se sentent écolo, ça peut se justifier par les origines de cette région plutôt "rurale", sans être péjoratif... Comment vous, et je le répète, sans faire de discrimination régionale, vous en êtes arrivés à vous sentir proches de ce genre de mouvement tel que Sea Shepherd, toutes proportions gardées rappelons-le encore une fois ?
Notre situation géographique ne retire en rien notre part d’humanité et notre intérêt à la sauvegarde des espèces et de l’écosystème planétaire. Le groupe est au cœur de notre vie et nous pousse inévitablement à ratisser large sur tout ce qui concerne le milieu marin. Pas par acquis de conscience mais simplement parce que nous y sommes sensibles. Comment passer à coté de Sea Shepherd et de Paul Watson ? Voilà un homme qui a su rallier des milliers de personnes à une cause noble et qui a eu les couilles de porter haut le black flag pour faire, enfin, justice sur ceux qui respectent plus le dollar que la Vie. Comme nous avons dit : nous ne sommes pas militants mais nous avons un accord moral avec Sea Shepherd. Nous espérons un jour pouvoir aller plus loin avec eux.

Avec le recul maintenant... Votre attrait pour la thématique des fonds marins... vous semble-t-il avoir été quelque chose de vraiment bien pensé, vous donnant en plus de votre style musical une singularité reconnaissable facilement pour laquelle justement la scène metal n'en n'avait pas encore exploré les idées ?
Quand nous avons choisi de suivre cette voie nous n’avions aucun autre intérêt que l’association d’une thématique sur notre musique. Avec du recul, oui, on s’aperçoit que c’était une bonne idée, d’une part parce que ça nous démarque dans la scène metal over saturée mais surtout parce que nous sommes restés fidèles à nous-mêmes depuis toujours, peu importe ce que les gens en pensent, peu importe les modes et les courants populaires.

Dans un registre relativement similaire, au niveau de la pochette ou du contenu, mais dans une veine très lovecraftienne exploitant plutôt Cthulu, Sulphur Aeon, groupe de death originaire d'Allemagne a sorti aussi un album spectaculaire avec "Swallowed By The Ocean's Tide", tu connais ? Est-ce que ce groupe te parle ?
Je n’ai jamais entendu parler de ce groupe mais, effectivement il y a un air de ressemblance dans la cover de leur album ! Très jolie au passage.

Puisqu'on parlait de pochette, la vôtre a été réalisée par Pär Olofsson, et l'artiste a rudement bien mis en valeur la teneur du sujet, en touchant vraiment du doigt ce que vous vouliez montrer à l'auditeur, afin que l'artwork soit tout à fait le rendu visuel de la musique que l'on peut écouter chez Atlantis Chronicles. Vous avez beaucoup investi pour cette pochette ? Est-ce que vous aviez donné carte blanche à l'auteur où vous l'avez guidé tout au long de sa réalisation afin qu'il suive scrupuleusement les idées détaillées de ce que vous souhaitiez ?
Avant même d’écouter la musique ce qui doit frapper avec notre thématique est bien évidemment la cover de l’album. Voilà ce qu’on s’est dit et voilà pourquoi nous avons choisi Par Olofsson pour ce travail. Nous lui avons décrit le concept de l’album, parlé de William Beebe, de l’univers et des quelques éléments que nous voulions voir apparaître. Nous lui avons pour ça envoyé des photos de la bathysphère, des deux créatures (le poisson lanterne et le stomias boa) et avons précisé que nous voulions une impression de profondeurs, d’immensité, de solide et sombre mais pas trop flippant. Après un rapide check déjà très concluant nous avions notre cover ! Il a rajouté des détails au fur et à mesure des 4 étapes qu’il nous a envoyées. Ca a été vraiment rapide et très pro.



Est-il vrai que vous avez bénéficié d'une subvention du Conseil général de Seine-et-Marne pour vous aider à investir dans cet artwork ? Alors évidemment tout le monde voudra savoir comment on fait pour obtenir une subvention d'un Conseil Général pour un album de death metal, ou de metal en général ? Est-ce que ça veut dire qu'au niveau de votre région certaines idées réfractaires au développement du metal en France ont pris un peu de recul et que maintenant plus de personnes sont prêtes à aider les artistes de cette mouvance musicale ?
Il est vrai que nous avons pu nous payer les services de Par Olofsson grâce à cette subvention. Pour tous les curieux, c’est très simple : il faut remplir en dossier et défendre solidement son projet. C’est tout… Les organismes qui donnent des subventions soutiennent la culture au sens large et ne font, à ma connaissance, aucune différence entre metal, pop, reggae, rap, etc. Ils veulent seulement avoir en face d’eux des gens qui vont mériter le soutien apporté et l’investir dans quelque chose qui servira au développement culturel et artistique du projet. Et pour ça, c’est beau la France !

Alors vous vous présentez souvent comme un groupe de modern death metal ? Également très technique. Bien sûr que la technique, personne n'ira rien y redire et les comparaisons qu'on vous trouve avec Gorod, sont méritées. En revanche "modern death" ça veut dire quoi pour vous ? Les étiquettes ça existe depuis la nuit des temps, et ça existera toujours... Pour des groupes comme Dagoba, il me semble, sans doute que je me trompe, il est assez difficile de décrire un style comme le leur, dans telle ou telle catégorie... Pour vous, oui, le côté death est là, mais pas comme on l'entendait avant, vous avez vraiment cette touche "core" qu'on les groupes actuellement. Ces rythmiques très syncopées, avec un chant lui aussi plus proche du core... Vous en pensez quoi ? Comment décrirais-tu la définition de votre "modern death metal", bien que l'on soit divisé parfois par votre style parce qu'il possède aussi des facettes qui s'éloignent totalement de la scène core... La seule chose qui reste constante c'est votre technique irréprochable... Donc à l'arrivée vous écoutiez quoi avant en fait ?
A vrai dire on porte assez peu d’intérêt à l’étiquette que les gens veulent nous coller. C’est les gars de notre label qui nous ont dit "ça sera modern death metal". Et la raison est simple, tu l’as très bien dit : tantôt nous avons des influences core (je pense à "Thousands Carybdea" et "Echoes Of Silence" par exemple) et tantôt beaucoup moins comme sur "Homocene" et "…And Embrace The Abyss". Tout ça s’explique simplement parce que nous écoutons de tout sur la scène de metal : The Faceless, The Human Abstract, The Ocean, Necrophagist, Mastodon, Cryptopsy, Within The Ruins, Wretched, Between The Buried And Me, Devin Townsend, Dream Theater, Animals As Leaders, Gojira, August Burns Red, Veil Of Maya, Tony Danza… voilà une petite brochette mais la liste est non-exhaustive. Comme tout le monde nous cueillons à droite et à gauche pour faire notre soupe.

L'arrivée d'Antoine au chant, a-t-elle beaucoup changé la manière de composer de Atlantis Chronicles ? Est-ce que son style de chant vous a donné un nouvel élan pour exploiter des territoires qui ne vous semblaient pas possible avant, car peut-être trop limités dans les timbres ?
L’arrivé d’Antoine n’a pas encore changé notre manière de composer. Pour la simple raison que ce premier album a été composé en quasi totale abstraction de la voix. Le talent d’Antoine a été de se glisser subtilement et logiquement dans chacun des riffs et dans l’esprit général de la composition. Bien évidemment il y a plein de petites choses dans la voix d’Antoine et dans la libération d’Alex des lead vocals qui nous ont permis de pousser le bouchon un peu plus loin. Avoir gardé Alex en backing vocals nous permet d’agrémenter encore plus, de doubler, d’échanger et d’harmoniser. Voilà un point qu’on développera encore plus sur le deuxième album !

C'est un album qui a été confectionné dans plusieurs endroits différents, la batterie chez Xort au Drudenhaus, les basses et le guitares à moitié chez toi à moitié au studio des Cuizines de Chelles, et les vocaux aussi... Est-ce que ces différents enregistrements géographiques vous ont paru être un obstacle au bon déroulement de l'album? N'auriez vous pas au contraire plutôt aimé tout enregistrer au même endroit, au Drudenhaus par exemple ?
Dans tous les cas nous n’aurions pas pu faire autrement faute de moyens financiers. Il est toujours plus confortable de s’isoler 1 mois en studio et de tout enchainer mais c’est difficile pour nous de regretter quoi que ce soit étant donné que nous sommes conquis et fier du résultat aujourd’hui. Ca n’a pas été simple tous les jours mais nous avons pu prendre notre temps et même prendre du recul. Un luxe qu’il est difficile de s’offrir de nos jours mais nécessaire pour un premier album. Il fallait frapper fort et juste.

Par contre pour le mixage et le mastering, c'est vers Joshua Wickman et le Dreadcore Studio que votre choix s'est dirigé. Professionnel du son qui a travaillé avec Within The Ruins, Knights Of The Abyss et Hell Followed pour les plus connus, mais qui reste peut-être tout de même assez inconnu du grand public non ? Comment vous avez découvert cet individu et pourquoi ses services plutôt qu'un autre ?
Trouver son studio est plus simple qu’il n’y paraît. Nous avons recherché les sons d’albums qui nous plaisaient et pour ceux qui achètent encore des albums c’est très simple : il suffit de regarder les crédits. Nous avons ensuite contacté plusieurs studios en envoyant nos maquettes. C’est là l’étape la plus dure car tous les studios qui produisent les meilleurs albums tournent à plein régime toute l’année et fonctionnent donc au coup de cœur. Nous avons eu le plaisir de recevoir plusieurs réponses positives et Josh nous a semblé être le choix le plus adapté à nos gouts et notre portefeuille. Sans aucun regret et il est plus que probable que nous retournions chez lui pour le second album.

Comme c'était souligné en début d'interview, Coroner Records, label italien, semble présenter de bonnes facultés à suivre les groupes qu'ils signent. Ils avaient signé Disarmonia Mundi entre autres et Destrage, pour ne citer qu'eux... Vous avez rapidement pu trouver un contrat satisfaisant durant votre recherche, à quel moment avez-vous vraiment commencé la recherche d'un label ? Ce qui est assez étonnant d'ailleurs, c'est qu'avec les labels français qu'on peut trouver maintenant et qui tiennent largement la route, vous soyez allés chercher un label italien alors que dans l'hexagone on a ce qu'il faut... Nos labels ont-ils vraiment été en-dessous de vos attentes ou est-ce que vous avez vu très grand dans vos envies ?
On a commencé la recherche d’album immédiatement après avoir reçu nos copies promo. On tenait à ce que les labels aient le produit presque entier dans les mains : La cover et le son final. Ils ont des piles et des piles de maquettes et de démo pourries qui s’entassent sur leurs bureaux, encore une fois il fallait tirer notre épingle du jeu. Les labels français nous ont carrément snobés. C’est vrai que nous signer à l’époque présentait un certain risque tant nous étions outsider dans le paysage metal français mais il faut croire que les ritals ont plus de couilles  ! (rires) Pari réussi pour Coroner et nous car notre fanbase a été presque multipliée par dix entre Juin 2012 et Juin 2013. Les labels français "ne font pas dans le développement d’artistes" alors ont n’avait d’autre choix que de "délocaliser" notre signature… Et on ne remerciera jamais assez les gars de Coroner Records de nous avoir fait confiance. Tu sais c’est comme ton premier job, on te dit "désolé on ne prend pas les gens sans expérience", t’as toujours envie de répondre "donne moi le job je vais me la faire mon expérience !". Pour avoir parlé avec pas mal de groupes signés sur des labels français (qu’on ne citera pas) on se dit que l’herbe n’est pas toujours plus verte ailleurs, on est très bien chez Coroner et encore une fois madame Karma nous porte sur ses épaules.

Encore une fois, comme on le soulignait plus avant, la promotion de l'album s'est faite vraiment intelligemment pour un premier album et vraiment professionnellement... Est-ce que vous aviez pensé à tout pour la sortie de cet album, de manière à avoir un impact "tsunamique" (pour rester dans le thème de la mer) ? Le clip, la tournée, le making of, l'endorsement, le teaser... Vous vous êtes vraiment donnés les moyens... vous avez fait appel à des managers, des tourneurs attitrés pour vous trouver ces dates en France et à l'étranger ? Comment avez-vous procédé ? Est-ce que cela vous a valu un investissement conséquent ou le label assure aussi quelques trucs ?
Je vais me paraphraser un peu mais oui, nous avons vraiment étudié toutes les facettes de la promo, établi des plans de com, savoir quoi publier, quand, et surtout comment. Pour tout ce qu’on peut trouver sur le net en news et chroniques c’est purement le travail du label. Un travail titanesque et bien rodé de leur côté. Les gars de chez Coroner Records ont, comme les labels américains, compris que si tu investis ton temps et ton énergie dans un groupe que tu signes… bah ca marche ! Je sens que beaucoup attendent que le groupe fasse le boulot à leur place mais cette attitude passive mène en général les groupes et les labels dans le mur. Et tout le monde se plaint et cherche un coupable. Quand un label et un groupe accordent leurs violons, communiquent bien, sont au taquet sur tout y’a aucune raison que ça foire (sauf si la musique est à chier mais à priori un label ne signe pas les albums dans lesquels ils n’ont pas confiance).
Une bonne promo d’album ça commence par être absolument partout, qu’on parle de toi en bien ou en mal (petit clin d’œil à Betraying The Martyrs) tant que les gens parlent de toi, c’est bon. On a publié que des medias soignés et pas forcement onéreux. On a tous dans notre entourage un pote qui a un bon appareil photo pour filmer, après il faut, beaucoup de motivation, un peu d’huile de coude et quelques cordes à son arc pour en faire quelque chose d’intéressant. C’est moi qui ai intégralement filmé et monté nos vidéos excepté le premier teaser (Strychneen Studio) et notre clip vidéo (Creatin Scope). Je n’ai suivi aucune école ou formation, j’y suis allé à tâtons en bidouillant mais plus tu tâtonnes et moins tu tâtonnes.
Les différentes tournées européennes que j’ai faites avec Ite Missa Est et Betraying The Martyrs en tant que batteur de session m’ont permis d’obtenir de solides endorsements (Zildjian, Evans, Kickport, Serial Drummer, EDB custom drums), avant que la promo de l’album ne commence. Pour ceux qui sont arrivés en court de route ce sont encore une fois des gens qui ont eu un coup de cœur sur notre album et nos médias et qui nous ont fait confiance (Scheckter, Positive Grid, Gruv Gear, Warwick, Ernie Ball, MERCI !). Ils t’offrent, en plus du matériel, une couverture médiatique supplémentaire et un label de qualité taponné sur ton front. Tout ça nous mène bien entendu au booking qui est beaucoup plus aisé quand les booker ont vu 40 fois le nom de ton groupe en l’espace d’1 mois. Nous avons tout booké nous même simplement en présentant le projet à différents programmateurs et assos. Nous avons été managés un court moment par AIM Management (Victor de Betraying The Martyrs) et il nous a dégoté cette tournée européenne qui tombait vraiment à pic avec la sortie de l’album.



Parlons un peu du clip si tu le veux bien... Atlantis Chronicles a sorti son premier clip vidéo avec "Thousand Carybdea", qui est totalement réussi grâce à une belle image d'une part, mais aussi grâce à des ralentis intéressants... Je sais que vous avez travaillé avec les gars de Creat'Inscope. Est-ce que là aussi c'est une investissement qui vous a pris du temps d'abord, parce que trouver le cimetière de bateau n'a pas dû être chose facile ? Et ensuite ce titre "Thousand Carybdea" est-il le titre qui vous a paru le plus percutant, le plus démonstratif de ce que peut faire Atlantis Chronicles, histoire de vite fait, en une seule chanson arriver à capter l'intérêt des auditeurs ?
Le clip a été plus simple à mettre en œuvre qu’il n’y paraît. Nous avons repéré ce site en Mai 2012 sur le net et nous y étions déjà allés fin Juin pour y faire nos photos promo d’album. Lorsqu’on a évoqué le projet avec Creatin Scope, ils étaient très enthousiastes et quand on leur a montré nos photos promo ça n’a pas pris plus d’une minute pour qu’ils nous annoncent qu’il FALLAIT qu’on tourne le clip sur ce site. Les voix d’un beau clip sont impénétrables mais un beau background, bien atypique, est un bon début. Nous avons choisi "Thousands Carybdea" car c’est le morceau qui est pour nous le plus facile à écouter, le plus catchy, avec un refrain élancé, un tempo dansant, du blast, du sweeping, des couleurs musicales qui résument un peu l’album.

On s'aperçoit bien souvent que parmi les groupes de "death" dits techniques, comme Gorod, Atheist, Cynic, Sadist... On retrouve régulièrement des passages très latins, jazzy, même si c'est anecdotique ou plus prononcé, cela dépend des groupes...Pour vous, eh bien on peut dire que vous ne dérogez pas à la règle car sur les dernier titre "William Beebe", au-delà du feeling très mélancolique du morceau transcendant l'aspect technique, on retrouve ce petit côté latin / jazzy, sur le passage acoustique. C'est un exercice de style que vous vouliez impérativement placer ? Qui est à l'origine de cette envie ? Est-ce que les choses latines ou jazzy sont un style que vous appréciez à côté du metal bien entendu ?
Je crois que tu nous as percés à jour !! C’est effectivement étrange que tous les groupes de metal technique aient toujours envie de placer un petit passage jazzy ou latin. Je crois qu’on essaie de dire aux gens qu’on est aussi sensibles et gentils  ! (rires) Non sans blague ça a été très étrange la composition de cette partie. Alex a simplement composé un riff acoustique, puis j’ai voulu placer quelque chose à la batterie qui dénotait complètement avec le reste de l’album. C’est notre morceau instrumental, le dernier de l’album, on s’est dit "Allez ! On fait des folies !". Le lead de Jérôme vient encore accentuer ce coté. Il s’est amené en studio en ayant composé ça la veille ou le jour même... L’enfoiré nous a séché sur place quand il a nous pondu ça derrière le micro ! C’était trop beau, trop impulsif et naturel pour s’en priver ! La basse a été composée en dernier sur ce passage et on s’est dit hein… quitte à faire les latinos-gringos là-dessus on y va à fond.

D'ailleurs avec "L'Ivresse Des Profondeurs", cela vous fait deux titres instrumentaux, même si à l'instar du dernier titre de Loudblast "To Bury An Empire" sur le bientôt avant-dernier album de Loudblast "Frozen Moments...", "William Beebe" fait office de fermeture d'album en étant un morceau instrumental mais d'une durée normale comme un titre sans chant... Comment tu expliques la présence de ces instrumentaux sur l'album et surtout la longue durée de ce dernier titre sans chant ?
Pour le coup on n'a pas fait dans l’original. On ne compte plus le nombre de groupe qui font des interludes dans leurs albums. On aime ça, on voulait un morceau acoustique au milieu de l’album mais toujours très "aquatique" dans l’esprit. Idem pour notre morceau instrumental. Tu as sûrement noté que ce morceau est complètement déstructuré, c’est le seul qui ne possède pas de couplet ou de refrain. Il s’écoute comme tu lis un livre et pour lequel tu ressens un peu de nostalgie et d’affection en reposant la quatrième de couverture sur la dernière page. Il était nécessaire pour nous clôturer l’album sur cette image : un tome qui se termine sur (spoil) la mort de William Beebe. On marche beaucoup à l’affect mais je crois que ça commence à être clair là. (rires)

Comme on parlait de chant, sur "Thousand Carybdea" on peut discerner un chant clair, un peu parlé, ce genre d'exercice est-il quelque chose que vous aimeriez approfondir à l'avenir ou ça restera relativement rare chez Atlantis Chronicles ? Quelle est votre vision du chant en fait ?
Bonne remarque ! C’est un exercice qu’on aime et qui devrait se multiplier sur le prochain album. Le chant clair n’est pas exclu mais par soucis de conformité avec notre identité je ne sais pas si on tombera dans "la facilité", l’attrape fans. On penche plutôt vers un chant corsé, des notes saturées, exercice qu’Alex a déjà amorcé dans cet album sur les morceaux "Architeuthis Dux", "Tales Of Atlantis", "Ten Miles Underwater", et "Echoes Of Silence" et qui nous colle beaucoup plus à la peau qu’un chant clair qui se démocratise vraiment trop facilement à mon goût.

Bon et cette tournée, comment ça se passe, parce que depuis le mois de Février je crois que vous avez fait une vingtaine de dates en France et un peu en Europe aussi ? Comment se sont passées ces dates alors ? Avec qui avez-vous tourné ? Quelle était l'affluence ? Les dates à l'étranger était-elles meilleures ou moins bien qu'en France ? C'est bon... J'ai fini de parler, tu peux répondre à tout ça...
Eh bien l’accueil du public est plus que favorable. Toutes les dates en France ont été vraiment très positives, super public, pas mal de gens sur l’ensemble des dates, toujours plus que ce qu’on attendait ! On a rencontré un nombre incalculable de gens extrêmement gentils et reconnaissants du travail qu’on a abattu.
Je te promets on a vécu des moments vraiment nouveaux pour nous : des types devant toi qui gueulent les textes avec Antoine pendant le concert, un qui te dit "ce que tu fais c’est important pour moi", que la thématique de notre album a influencé la thématique du prochain skeud de son groupe, des demandes d’autographes à tous les concerts, des gens qui veulent prendre des photos avec toi parce qu’ils sont heureux de partager ce moment-là, ça fait tellement chaud au cœur ! Y’a des gens aux concerts pour qui on est aussi une véritable découverte et qui viennent nous dire qu’ils ont adoré, nous achètent un album et que désormais ils vont suivre notre actu avec attention… C’est dans ces moments que tu sens que toutes les heures, les mois, les années passés sur ton instrument, le temps passé sur la com, le booking, les répètes, les brainstormings interminables, les concessions et les sacrifices qui passent dans la musique, prennent leur sens d’un coup. Tu te dis que tu es là pour ça, que tu n’aurais pas pu faire autrement, tu fais vibrer les gens et ils te le rendent au moins aussi bien.
Pour la tournée européenne on avait globalement moins de monde en semaine puisque les gens ne nous connaissaient pas toujours. On était quand même surpris d’avoir une poignée de gars tous les soirs qui venaient nous dire qu’ils étaient là pour nous, qu’il avaient adoré l’album et qui repartent avec un tee shirt pour soutenir le groupe. Les week-ends étaient par contre eux bien garnis, surtout en Pologne, deux supers concerts ! On a vécu des moments incroyables pendant cette tournée, on s’est retrouvé dans des situations improbables à délirer avec des gens qu’on ne connaissait que depuis 20min, se retrouver dans un campus d’étudiant à 3h du mat en République Tchèque, taper la discute avec la mafia lituanienne, faire du tir à l’arc en plein cœur de Riga en Lettonie, dormir sur scène en Estonie, faire 3 rappels en Pologne… et j’en passe ! Mais la vidéo tour report sera beaucoup plus parlante que mes mots. Je ne voudrais pas spoiler ça. (sourire)
On a eu l’occasion sur toutes ces dates de jouer avec Gorod, The Arrs, Hacride, Outcast, Magoa, Born From Pain, Eryn Non Dae., Black Bomb Ä, Manimal, T.A.N.K, WeaksaW, Checkmate, Beyond The Dust, In Arkadia, Deep In Hate, et bien sûr Nephalokia avec qui ont était en tournée pendant 15 jours de folie pure! On a fait la belle brochette des Français adorables et fin juillet on ira prendre la température en Suisse au Break Down Fest avec Sylosis, The Algorythm et Promethee.
De toutes les dates qu’on a faites depuis la sortie de l’album on retiendra notre Release Party (autant de parisiens qui se sont déplacés un Dimanche pour notre date ça fait bizarre ! Super accueil et super public), la release party d’Ataraxis avec Gorod à Neufchâteau (tous des crèmes, une salle mortelle et un public au taquet), et Bruxelles et Krakow en Pologne. On retiendra d’autres dates comme Reims pour les soucis techniques qu’on a eu mais même malgré ça on ne peut pas dire que ce fut une mauvaise date. Y’a une espèce de bon humeur communicative et une énergie positive tous les soirs !

La deuxième partie de votre tournée est à venir, ça donnera quoi ?
On est en relation avec un bon nombre d’assos et de programmateurs qui sont très enthousiastes à l’idée de nous faire jouer. Il y a encore des dates en France et en Belgique qui vont arriver, quelques festivals et peut-être une surprise pour la fin de l’année 2013…

J'ai noté dans une interview, que comme la plupart des gens aujourd'hui, lorsque vous parliez de musique vous disiez "ce sont des amis qui font du bon son"... De nos jours tout le monde utilise le terme "son" pour parler de musique, est-ce que ce n'est pas péjoratif et réducteur de dire "son" au lieu d'utiliser le terme "musique" ou même utiliser le style de vague musicale... Est-ce que ce n'est pas à cause de ce genre d'évolution linguistique qu'on en arrive à en perdre toute identité musicale et dire "ouais je fais juste du metal"... Parce qu'à l'époque de Slayer, Helloween, Scorpions, Judas Priest, Entombed ou Napalm Death, si on avait dit que les étiquettes ne servaient à rien, tous ces groupes là auraient été classés metal alors que musicalement c'est complètement différent, ton avis là-dessus ? Parce que comme le dit Philippe Katerine dans "Louxor J'adore" : "je coupe le son.....et je remets le son" ou alors je monte le son de la télécommande...
Je ne pense pas que dire que des amis font du bon son réduise leur musique à une simple sinusoïdal… bien que ce soit exactement ça dans les faits ! L’identité musicale ne se crée pas avec une étiquette faite de mots mais bien avec un sinusoïdal fait de notes. L’idée de "faire du son" ne nous dérange pas et si les gens se cantonnent à un ou plusieurs "styles" c’est bien malheureux. Il suffit pourtant que lancer un fichier audio ou un CD pour différencier et apprécier la musique, et ça quelque soit l’étiquette que les medias ou le public veuille coller. Utiliser "musique" à la place de "son" c’est un terme pour un autre. Ca importe peu !

J'ai noté que dans votre booklet, vous incitiez à acheter le merch et les CDs des groupes, ce qui se perd un peu de nos jours, c'est vrai... De votre côté quels sont vos derniers achats musicaux ?
La vente de merch permet bien souvent aux groupes de rentrer dans leur frais et parfois même couvrir d’autres dépenses qui vous feront apprécier plus encore le groupe que vous aimez déjà, enregistrer un nouvel album, voyager jusqu’à chez vous au fin fond de l’Europe ou du monde pour vous offrir ce qu’il font de mieux. Je ne pourrai pas te dire ce que chaque membre du groupe a acheté récemment mais de mon coté j’ai acheté récemment le dernier The Faceless, Within The Ruins, Between The Buried And Me, 2 albums d’Asaf Avidan, un tee shirt de Nephalokia

Nous voici à la fin du temps imparti, nous n'avons peu-être pas fait tout le tour, alors si quelque chose manquait, je t'invite à nous en faire part maintenant... En tous les cas merci beaucoup d'avoir pris le temps de répondre à ces questions, en espérant que Atlantis Chronicles puisse gravir les échelons nécessaires à la bonne notoriété du groupe qui serait méritée... La fin est là, je te laisse les derniers mots, bien évidemment...
Merci à toi et French Metal pour cette interview, merci à tous les gens qui nous soutiennent, viennent aux concerts en bougeant la tête, le corps et en gueulant nos lyrics ! Merci à tous les gens qu’on a rencontrés sur les différentes tournées, qui nous accueillis, nous ont hébergés. Merci à tous les gens qui ont participé de près ou de loin à cet album  et un énorme merci à Coroner Records et nos fidèles amis et musiciens de session qui ont assuré comme des malades sur la tournée et différentes dates : Nico de Decades Of Despair, Simon de Esjan et Jf de Outcast <3


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