Interview faite par Cassie au Molodoï à Strasbourg.

Salut les gars, savez-vous pourquoi vous êtes ici ce soir, au Molodoï ?
Javier (basse) : On sait qu'il y a une soirée et on nous a invité donc on s'est dit "Bon, pourquoi pas !".
Peter (gratte) : En fait avec Coverkill qu'on connaît depuis longtemps, on avait envie de faire un week-end ensemble. Ils nous ont dit "Ouais les gars on va jouer au Molodoï" et puis quand on a vu que c'était avec Tagada Jones, on était hyper content. C'est le premier groupe de punk-rock que j'ai vu dans ma vie, il y a 12-13 ans je crois, donc du coup on a sauté sur l'occasion.
Javier : Mais en tout cas c'est génial, on vient jouer à un truc où on ne sait même pas de quoi ça parle !
Sergio (batterie) : Mais le concept "Legend'Hairy" est cool.
Peter : C'est vrai que quand j'ai vu l'affiche, je me suis dit "Ah, c'est hyper bien qu'ils fassent un truc avec pleins de styles différents", parce qu'en général ça ne se fait pas. Du coup on s'est quand même demandé où est-ce qu'on attérit ? Mais je trouve ça super.
Javier : Surtout que c'est pour le même but : prendre du plaisir.

Le projet vous enchante-t-il ?
Javier : Complètement !
Peter : En fait on a pas beaucoup dormi, on a fait beaucoup de route mais oui, on est tous très contents d'être ici.

On ne vous connait pas vraiment ici. Que pouvez-vous nous dire sur vous ?
Sergio : Qu'on s'appelle ASS OF SPADES...
Peter : ...Qu'on fait du rock'n'roll un peu à la Airbourne... Javier : ...Qu'on est quatre.
Peter : Normalement on est quatre mais ce soir on est que trois.
Sergio : Et qu'on est au taquet aujourd'hui.
Peter : Le groupe s'est formé il y a 3 ans au début 2009. On a tous joué dans pas mal d'autres groupes différents, dans pleins de styles différents qui vont de la pop au ska au black-metal au death-metal... Et on a monté un groupe de rock alors qu'aucun de nous n'était vraiment dedans. Le batteur Sergio est un batteur de metal extrême, moi je faisais beaucoup de pop, l'autre guitariste beaucoup plus de punk-rock et notre ancien bassiste du début c'était carrément du heavy. On a commencé à faire du rock parce qu'on trouvait ça hyper cool. Le rock à la sauce Scandinave est un style qui peut réunir beaucoup de styles différents.
Sergio : Ca va très bien avec le concept "hairy".
Peter : Regarde, lui il est chauve !
Javier : Oui mais j'ai déjà eu les cheveux très longs !
Sergio : On a quand même des points communs; genre nous sommes cons !
Peter : En fait au départ on est un peu parti dans l'esprit "on va faire du rock juste pour vois ce que ça donne" et au fur et à mesure c'est devenu notre groupe principal. Une belle histoire d'amitié.
Sergio : Ouais mais on est quand même au début de l'histoire. Par contre on ne sort pas beaucoup de la Suisse mais on fait quand même pas mal de concerts.
Peter : C'est la quatrième fois qu'on joue en France. Non, la cinquième en fait !

Un mot sur votre nom "Ass Of Spades" ? Comment s'est-il décidé ?
Javier : Drôle. Peter : Ouais ça c'est une question qui revient très souvent et puis on a jamais de réponse. Non c'est juste un jeu de merde. C'est un jeu de mot pourri. Moi au début je voulais qu'on s'appelle "My mom plays football" mais ils ne voulaient pas. Puis après est venu ASS OF SPADES, on s'est dit que c'était cool et qu'on allait alors s'appeler ainsi. Ce qui nous a du coup valu une première partie de Motörhead.
Sergio : Au final, on s'en sort pas si mal.

Pour quelle(s) raison(s) faites-vous de la musique ? Dans quel but précis ?
Peter : Je crois que c'est la seule chose qui nous intéresse.
Sergio : Moi personnellement, ça ne m'intéresse pas de faire carrière dans la musique, car c'est vraiment une passion, un truc que j'ai envie de faire mais pas pour de la thune. J'ai pas envie de me dire que c'est un truc qui va me faire vivre jusqu'à la fin du mois. Moi j'ai un job pour pouvoir me permettre de faire de la musique. Je joue quand même dans quatre groupes.
Peter : C'est difficile à dire. On connaît beaucoup de groupes qui font carrière et qui perdent toute leur spontanéité et leur fraîcheur parce que justement ils font carrière et qu'ils ont des managers, qu'ils n'ont plus le droit de faire ce qu'ils veulent, on leur dit "Habille-toi comme ça" etc.
Sergio : Et après tu dépends de la musique pour vivre. Faut que ça plaise aux gens aussi mais moi je n'ai pas envie de me dire que le prochain album doit être vendable parce qu'il faut compter là-dessus. Il faut juste que le prochain album nous plaise.
Peter : C'est vrai qu'il y a aussi quelques groupes indépendants qui fonctionnent de cette manière-là, qui sont excellents et qui tournent à mort. Comme par exemple, Tagada Jones.
Javier : C'est aussi important qu'on s'entende bien, qu'il y ait une bonne ambiance, qu'on déconne bien. Et puis on se retrouve entre copains, pour nous c'est comme aller boire des bières dans un bar, sauf que les bières sont gratuites.
Peter : Tu ne dois pas dire ça en interview !! Non mais c'est juste que c'est fun. Et puis quand toi t'as du plaisir à le faire, et que ce plaisir tu peux l'offrir sur scène à des gens qui ont passé une chouette soirée et aimé ton concert, t'as réussi ta vie. Mais du coup ça entraîne parfois des contraintes.
Sergio : On est indépendant dans nos démarches. On fait vraiment tout, tout seul et c'est ça qui rend le truc vraiment cool.



Parlez-nous un peu de la Suisse, votre terre d'origine. Comment est perçue la musique là-bas et plus particulièrement votre style musical ?
Peter : En Suisse, il y a 3 ou 4 groupes qui sont connus à l'extérieur. Là-bas, la valeur de base c'est le travail, et la suivante c'est l'économie. C'est-à-dire que quand tu fais de la musique, ça ne ve pas du tout. Sauf si, tu rapportes beaucoup d'argent. Mais c'est vrai que la Suisse reste très underground, il y a beaucoup de petites scènes mais aucune subvention. Il n'y a pas comme en France où on peut devenir intermittent du spectacle. Après le rock en Suisse, ça n'existe pas vraiment.
Sergio : Puis la Suisse c'est vraiment un pays particulier. Il y a trois parties différentes. Nous on est en Suisse Romande et genre en Suisse Allemande on nous connaît pas du tout, on a jamais entendu parler de nous. Il y a même une espèce de frontière de la langue.
Peter : Pour nous c'est plus facile de venir jouer en France que de jouer en Suisse Allemande qui est à moins de 100km de chez nous.
Sergio : Hier soir on a joué en Suisse Allemande et on a eu du mal à communiquer avec le public ; on a vraiment l'impression que c'est un autre pays. Et puis chez nous en Lausanne, il n'y a pas vraiment de rock, c'est plus du machin core etc.
Peter : Mais typiquement on a sorti un premier album sur un label de punk-rock et harcore-punk et un deuxième album en fin d'année sur un label de metal, donc il y a beaucoup de ponts, ce qui est bien aussi. Nous on joue toujours avec des groupes de metal, très peu avec des groupes de rock. En Suisse Romande on arrive à remplir des salles, les gens nous suivent, on a fait de grosse dates là-bas.
Javier : On a une certaine réputation.
Peter : Le fait d'être connu ou pas ce n'est pas le plus intéressant. Ce qui est chouette c'est qu'il y ait des gens qui viennent à nos concerts et qu'ils aient plaisir à venir, qu'ils nous rendent ce qu'on leur donne et inversement.

Vous avez évoqué votre date avec Motörhead. Pouvez-vous nous en parler ? Et que vous a-t-elle apportée ?
Sergio : Ben ils sont tout petits !
Javier : Ils jouent fort.
Sergio : Très, très, très fort. Et après le concert ils ne restent pas très longtemps, ils sont fatigués. Mais c'était génial de pouvoir jouer avec eux, notamment parce qu'ils attirent un gros public.
Javier : Niveau public, c'était pile une soirée qui nous convenait parfaitement.
Peter : Ce qui était cool, c'était que le public un peu différent du notre est venu nous dire après le concert "Ah ouais les gars, moi d'habitude j'aime pas trop le rock, mais là c'était chouette !". Ca pour moi c'est la meilleure chose qu'on puisse me dire.
Sergio : Je pense que depuis, on a plus de gens qui nous suivent. Quand tu commences un groupe, tu joues devant tes potes puis les potes de tes potes. Et puis nous maintenant quand on fait des concerts en Suisse, beaucoup de gens qu'on ne connaît pas viennent parce qu'ils ont entendu parler de nous ou qu'ils nous ont déjà vu une fois et ça c'est cool pour nous.
Peter : Ce qui a changé quand même, c'est qu'on a gagné beaucoup de contacts avec des programmateurs de concerts. On s'entend en général très bien avec les organisateurs mais aussi avec les autres groupes. On était sur un tremplin à Annecy il y a deux semaines et il y avait deux autres groupes un peu plus blues avec qui on s'est bookés des dates alors que normalement on aurait dû être en compétition avec eux.
Sergio : Il faut beaucoup donner au début pour recevoir quelque chose. Nous on donne toujours le maximum.
Peter : Mais surtout, on se vend très mal !
Sergio : Ouais, on est très mauvais en communication.
Peter : On aura beaucoup de peine à te dire combien on est cool, en interview.
Sergio : C'est plutôt combien on est con ! (rires)
Peter : C'est pour ça qu'en général on dit rien, on dit que des conneries.

Qu'attendez-vous de l'année 2012, musicalement parlant ?
Sergio : Cette année on a beaucoup de projets si on prend l'intégralité de notre répertoire musical, car nous on joue dans deux groupes ensemble et moi j'en ai encore plusieurs autres. Mais on est très actif.
Peter : Là on part en tournée européenne avec un groupe de metal pendant trois semaines, après on enregistre un album.
Sergio : On a un clip qui vient de sortir, mais on ne l'aime pas. Et de toute façon, deux autres clips vont sortir bientôt. Tout notre temps libre on le passe à faire de la musique, c'est pour cela qu'on a plus de copines au bout d'un moment.
Peter : Bon ça c'est que toi ! (rires)

Afin de conclure, que diriez-vous aux auditeurs Français ?
Peter : Ecoutez du rock et éclatez-vous en venant à nos concerts. Faites ce que vous voulez, il y a tellement de choses chiantes dans la vie ! Si t'aimes faire du ch'val, bah tu vas faire du ch'val ! Si t'aimes faire de la musique, tu vas faire de la musique ! Si t'aimes jouer aux échecs, bah tu joues aux échecs ! C'est comme ça que la vie est cool !


Le site officiel : www.assofspades.ch