Interview faite par Jenna Williams et traduite par Marion

Vous venez de sortir votre nouvel album, "Worship Music"... Comment pensez-vous y avoir créé de la profondeur et de la vie ?
Joey Belladonna (chant) : Eh bien, je suis avec les mecs (d'ANTHRAX) depuis un petit moment. Eh bien, pour moi, vocalement, je veux dire, je voulais juste y aller et tout éclater et tu vois, c'est juste que... je fais plus ou moins tout à l'improviste. Je veux dire, y'a quelques trucs dont j'avais absolument rien entendu.

Vraiment ?!
Ouais. Je savais même pas ce dans quoi je me lançais (rires). Donc tu vois, c'était plutôt cool de cette manière. Et puis y'avait personne qui était là, en plus. Du coup, y'avait pas vraiment quelqu'un pour faire des suggestions et tout, juste moi et le producteur, Jay Ruston.

Wahou, c'est intéressant !
Ouais, c'était sympa. J'ai bien aimé ça, je préférerais avoir ça plus souvent parce que du coup t'as pas de... les gens passent leur temps à dire des choses et des choses qui ne sont pas nécessaires. C'est genre “Détends-toi ! T'as qu'a faire ça, là tout de suite”.

Ouais. Comment penses-tu que t'aies accroché avec ça même si, comme tu l'as dit, tu savais pas vraiment ce dans quoi tu allais tomber ?
Et bien, j'ai accroché grâce à mon petit style à moi qui va bien avec ce qu'ils font et c'était comme si je me développais encore plus de cette manière parce que tout le monde – je veux dire, je reçois un retour de ces mecs et je pense “Est-ce qu'ils vont aimer ça ou alors est-ce que c'est un peu trop nouveau pour eux ? Mais d'emblée, comme quand j'ai d'abord fait "Crawl" et qu'on a envoyé ça, tout le monde était genre “Punaise, ça c'est cool ! Très bien ! Excellent ! Ok !” Ils étaient à fond et du coup j'ai juste genre commencé à faire les chansons une à une et tout le monde était très à l'aise avec l'album, et c'était tout simplement quelque chose de naturel, je sais pas. Je sais vraiment pas. Je sais pas... Des gens me demandent pourquoi les choses se sont faites comme elles se sont faites, mais c'est juste... c'est juste qu'on sait pas. Je veux dire, même quand je les ai rejoints, je savais même rien à propos d'eux. Donc c'était genre je me suis pointé et j'ai commencé à chanter de nouveau et même là, je m'étais même pas entendu chanter ; donc je savais même pas ce que j'allais leur apporter vocalement parce que je m'y suis mis direct et... je sais pas. Je sais vraiment pas comment le décrire.

Ca aussi c'est très intéressant. Quelques artistes m'ont raconté que ça se passe vraiment naturellement, j'essaie de faire en sorte qu'ils m'expliquent comment mais il me disent que ça arrive tout seul, c'est tout.
Tout ce que je fais au départ, je le fais d'emblée. Je m'assieds pas et n'essaie pas de trouver quelque chose de particulier, tu vois ? Je veux dire, la chanson, la façon dont la musique est faite me met genre dans la tonalité ; le format, qu'il soit rapide ou lent, tu vois ?

Ouais. Comment penses-tu que tes fans ont accroché avec l'album ?
Excellent. Je suis genre impressionné par ça. Ca te fait sentir bien par rapport à toi-même, tu vois, explorer les chansons, savoir qu'ils creusent dedans. Donc c'est juste que, quand tu leur joues du live, les gens commencent à s'habituer à une forme live. Donc c'est genre le nouveau truc maintenant, tu y vas et tu joues et essaies de trouver le groove de la chanson et t'essaies de faire en sorte que le public... sur certaines chansons, ils regardent et observent, tu vois, et "Antisocial" ou du style et t'as la foule qui chante et tout ! Y'a des chansons comme "In The End" ("Worship Music") et "I'm Alive" ("Worship Music"), elles sont vraiment, genre, directes et les gens regardent ou quoi, tu vois ? C'est bien, c'est plus un truc différent – mais moi ça me plaît, ça, tu vois j'ai pas besoin que tout le monde soit genre “Arrrrrrrgg!!” tout le temps, tu vois ? Parce que j'aime entrer dans les chansons, donc simplement... je suis aussi un observateur. Je vais à un concert et je (claquement de doigts) genre juste je swing sur l'air. Ouais, je me fiche de si quelqu'un se trouve à côté de moi ou derrière moi, en train de faire quoi que ce soit, je suis juste dans mon mode d'écoute à moi.

Jouer en live, évidemment, c'est différent de l'enregistrement, des studios... Vous, vous avez une énergie sur scène, est ce que vous essayez de prendre cette énergie et de l'incorporer...
Au studio ??

Ouais !
Eh bien, le studio pour ma part... J'y vais et je sais que je vais avoir le casque sur la tête. Donc, le casque ça te restreint pour ça. Déjà, tu restes dedans - je veux dire, cette fois-ci, je chantais dans un placard à peine plus grand que ça (il fait un geste pour montrer l'espace, depuis le fond du tour bus). C'était une pièce minuscule ! Je veux dire, c'était pas plus grand qu'un placard. Donc tu vois, c'était juste... J'ai même pas vu Jay. J'étais complètement sur le côté. J'ai littéralement erré dans cette pièce pendant 3 – 4 heures, je pensais même pas... Je sais pas, je... Je sais pas. Quand tu chantes... T'es là-dedans et t'y vas à fond pendant un moment alors qu'en live, chaque chanson est un peu différente, y'a un (inaudible), y'a une apogée, mais tout ce qu'on fait c'est y aller et y aller et y aller. Donc je sais pas... T'y vas à fond, complètement ! Je veux dire, vocalement, j'y vais aussi fort que ce que je peux, dans la limite du raisonnable. En live, tu vas pas y aller comme si tu chantais pas le lendemain, tu dois genre trouver ton rythme, tu dois guider ton rythme.



Ca faisait un moment que tu n'avais rien enregistré avec Anthrax... C'était comment quand t'as commencé au début ? T'en a parlé un peu, avant. Mais être loin des studios sur une si longue période et revenir...
Eh bien, je pense que ce qui est dur aussi c'est quand t'es dans un groupe et puis t'y es plus et tu te demandes pourquoi t'y es plus, ce que tu vas faire cette fois qui va être différent pour eux, quand t'étais pas avec eux. Donc c'est genre “J'espère que je vais faire quelque chose” bien que, je veux dire, je pensais que ce que je faisais avant était bien, mais c'était qu'il y'avait eu une confusion avec ce qu'ils recherchaient. Donc quand j'ai commencé à chanter, je me suis dit “Ce que je fais, c'est ce que je fais.” Donc t'espères que ce qu'on t'avait pas dit avant, on te le dira maintenant.
Je sais pas. En fait, je me le suis dit comme ça, les choses étaient pas parties pour aller bien, que j'avais pas une chance, pour je ne sais quelle raison, et puis au niveau du temps. Y'avait pas beaucoup de temps pour finir. Je me souviens avoir appeler Jay “J'ai 14 jours sur mon calendrier, t'en as combien ?” On a trouvé 14 jours. Et bien sûr, si on avait pas fini à ce moment, on allait faire des concerts, on allait partir en tournée, je sais même pas si l'enregistrement aurait eu la moindre chance de sortir avant Septembre. Donc t'espères juste que ce que tu fais est cool.
Je veux dire, c'était assez flippant comme ça que tout le monde vienne creuser dedans. Je suis bien au-delà de cette inquiétude-là. J'ai juste dit “Je vais faire ce que je vais faire et avec un peu de chance ils aimeront ça tout naturellement” plutôt que d'être genre “Merde, c'est cool, j'aurais voulu qu'on puisse faire autre chose...” Même moi, j'ai pas fait l'imbécile avec les chansons non plus, c'est pas comme si j'avais dis “Eh, tu vois, on devrait virer ce pont dans cette chanson, ou alors faudrait raccourcir ça, ou alors on change la tonalité.” Tu vois ? On a rien fait de tout ça. C'était juste genre, tu colles à la chansons, tu vois, et j'ai aussi fait mon propre truc avec, mais j'ai pas pris l'arrangement pour le déchiqueter. Et on a fait quelques super enregistrements avec la batterie, et la basse et les guitares, et tout ce genre de trucs. Et vocalement, j'ai juste fait ce que je pouvais avec la structure.

Certains artistes disent qu'ils créent leur musique avec un certain "feeling" ou une ”vibe” précise, qu'est-ce que tu dirais avoir voulu que les gens ressentent, ou même est-ce que tu voulais tout simplement quelque chose comme ça avec "Worship Music" ?
Pour ma part, je vais juste avec la chanson... Peu importe la chanson, la façon dont elles sont conçues, c'est dans cette direction que je vais aller avec elles, tu comprends ? Certaines – évidemment nous en avons quelques unes qui sont un peu plus lentes, qui sont plutôt sombres, rien de très heureux dans nos trucs, tu vois ? Et puis y'a des trucs accrocheurs, y'a des – t'as des trucs bien accrocheurs pour la chanson, certaines sont rapides avec beaucoup de mots, tu peux juste la décortiquer. Je veux dire, c'est pas que – évidemment je vais essayer de trouver (pause) la rondeur, tu vois, la richesse du morceau, je sais pas. Je... Les gens demandent “Comment ça se fait que ce soit plus lourd ?” ou “Comment ça se fait que ce soit plus dur ?” C'est la manière dont les chansons étaient conçues. Donc c'est la façon, je sais pas, c'est la façon dont je m'y prenais avec peu importe ce qu'on me donnait. J'avais même pas le temps de rentrer dans le style. Je pense que y'a que pour "In The End" peut-être que j'ai senti (que j'étais) dans un style parce que, je sais pas, c'était juste la manière dont elle était conçue, c'était cool de tout simplement sentir cette impulsion, c'était bon. Mais après j'ai pris conscience que ça pourrait être sur Ronnie (James) Dio... Et j'étais genre, et puis j'ai commencé à sentir ce style. C'était cette nuit aussi. La nuit où j'ai chanté ça c'était l'année de sa mort... Donc c'était un truc bizarre... C'est la seule fois où j'ai eu des “vibes” et une humeur bizarres... (Le tour manager interrompt, plus qu'une question...)

La musique est un voyage, on est toujours sur une voie qui est illuminée par la flamme brûlante de la passion... Et au fil des années, comment cette passion a-t-elle évolué pour toi depuis que t'es dans Anthrax et comment décrirais-tu les moments où cette flamme a brûlé avec plus d'ardeur et en quoi c'était significatif pour toi ?
Eh bien, je pense simplement qu'en tant que chanteur et musicien, on arrête pas de rechercher, tu vois, les hauteurs d'un “meilleur” et je ressens que c'est ce que j'essaie de faire et c'est là que je continue et je continue à me préparer pour le meilleur, plutôt que de simplement me laisser emporter par le flot, tu vois ? Et c'est très important de faire ça. Y'a des gens, je suis pas sûr qu'il pensent être aussi bons ou qu'ils pensent qu'ils y sont déjà, donc au final ils ne cherchent rien, ou alors ils y pensent trop. Donc je continue juste à chercher un petit plus pour m'améliorer. Tout le monde comprend ça et ressent la même chose, j'espère. En même temps, je sais pas si j'arrive à atteindre qui que ce soit autour de moi, je sais juste que je me sens mieux, je réussis, et puis t'obtiens ça des fans aussi, ils approuvent, ils lèvent leurs pouces en l'air et tu sais que ton voyage est meilleur. (rires)

Interview publiée avec l'aimable autorisation de thescreamqueen.com.


Le site officiel : www.anthrax.com