Interview faite par mail par Murderworks

Salut les gars, j'espère que tout le monde va, je sais que l'Espagne a souffert avec cette pandémie. Votre nouvel album s'appelle "Angelus Apatrida" et le groupe a été formé il y a 20 ans, est-ce que c'est pour ça que ce nouvel album est éponyme ? Ou peut être est-ce un moyen de dire "Voilà qui nous sommes, nous ne lâcherons pas" comme une sorte de manifeste ?
Guillermo Izquierdo (chant / guitare) : Oui c'est plutôt ça, une sorte de manifeste qui montre qui nous sommes et ce que nous sommes. Il s'est passé beaucoup de choses l'année dernière avec la pire partie de cette pandémie et nous avons pensé que ce serait une bonne carte de visite pour les gens qui ne connaissent pas encore le groupe, ou pour les autres qui veulent une musique plus agressive et plus rapide. Quelque part il marque une étape dans notre carrière, une sorte de nouveau départ. Nous savons aussi que le nom de groupe est difficile à prononcer et à mémoriser pour certaines personnes et nous voulions que cela fasse double peine. Tu peux évidemment lire le nom en phonétique sur la pochette pour que ce soit plus simple.

Comment vivez vous cette période étrange de confinements et de pandémie ? Cela doit être particulièrement frustrant pour un groupe de thrash de ne pas faire de live puisque ce style est taillé pour la scène.
Ce n'est pas seulement parce que le thrash est taillé pour la scène. La réalité est que c'est sérieux et dangereux. Nous sommes une société depuis 11 ans, c'est notre principal boulot et ce qui amène nos salaires ce sont les tournées et le merch que l'on vend en concert donc imagine à quel point c'est destructeur pour un groupe comme nous. Nous n'avons pas de boulots alimentaires et nous essayons de survivre du mieux que nous le pouvons. Il semble que le cauchemar arrive à sa fin, donc nous espérons pouvoir botter des culs très bientôt !

Pouvons nous être optimistes et penser que cette étrange période mettra les failles majeure du système économique en évidence ?
Non je ne pense pas. Cette pandémie a mis en évidence à quel point le système capitaliste est faible, corrompu et mort. Mais au lieu de trouver un moyen de proposer quelque chose de meilleur ou de soigner le système, ils ont choisi de mettre encore plus de pression sur les plus faibles et de ne pas aider les gens dans le besoin. Comme ce monde, je pense que le système est corrompu et pourri. Mais on peut au moins compter les uns sur les autres.

Vous avez fait des concerts en streams nommés "Quarantine sessions" l'année dernière ou "Live epidemic" plus récemment. Ce doit être bizarre de ne pas jouer devant un public, comment vous avez ressenti ça ? Certains groupes pensent que c'est mieux que rien mais d'autres affirment qu'ils ne feront jamais de tels concerts. Pensez-vous que ce type de concert continuera à exister en plus des vrais concerts après tout ça ?
C'était fun, nous avons fait pas mal de live en stream sans prétentions. Cette année nous avons essayé de faire un peu mieux à cause de la situation économique du groupe mais pour être honnête ça ne fonctionne pas vraiment. Et je comprends, quand tu paies pour un live en stream (quand le groupe n'est ni Metallica ni Iron Maiden) tu sais que tu paies pour aider l'artiste et ce n'est quelque chose de très attirant pour être honnête. Et oui ça n'a évidemment aucun rapport avec de vrais concerts, mais quand tu es un groupe dans les principaux revenus viennent des tournées tu dois faire quelque choses pour survivre. J'espère que les streamings resteront à leur place, on a besoin de sentir la musique en personne.



Le son de "Angelus Apatrida" est puissant, clair, moderne. Qui a produit l'album ?
Nous l'avons produits nous mêmes, entièrement. Bien sûr il y a eu les mains de deux professionnels incroyables à savoir Juanan López (ingénieur studio) et Zeuss (mix et mastering) qui font que l'album sonne très gros. Nous sommes très contents du changement que nous avons apporté à ce niveau, mais oui comme pour "Cabaret" nous l'avons produits nous-mêmes.

Vous avez accordé les guitares un peu plus bas cette fois et cela donne un son plus puissant. Vous avez trouvé que les nouveaux morceaux demandaient ce type ou c'était juste une bonne occasion de tester ?
C'était presque quelque chose d'accidentel. Lorsque nous avons essayé les nouveaux riffs et morceaux au début de la pandémie nous avons essayé de jouer les riffs un demi ton en dessous à la guitare et tout a commencé à sonner plus gros, plus profond, plus agressif. Nous avons pensé que c'était cool de changer d'accordage au bout de 20 ans et nous sommes très contents du résultat.

Je suppose que vous avez enregistré l'album chacun de votre coté à cause de la pandémie. C'était nouveau pour vous ? Je sais que certains groupes enregistrent tous leurs albums de cette façon, principalement parce que les membres ne vivent pas dans le même pays mais je suppose que vous ne procédiez pas comme ça avant ?
Non, en fait nous avons travaillé ensemble en studio. Au moment où nous sommes entrés en studio il n'y avait pas de restrictions strictes en Espagne, mais nous sommes aussi une société et en sommes officiellement des employés donc nous pouvions bouger comme nous le voulions, particulièrement pour travailler. Mais nous avons l'habitude de travailler séparément et ça ne date pas de maintenant, nous le faisons depuis longtemps. Nous ne vivons pas dans les mêmes villes donc nous composons et répétons chez nous et de temps en temps nous nous réunissons pour répéter mais nous sommes habitués à ça.

Qui a réalisé les vidéos faites pour ce nouvel album ? Vous avez trouvé le temps des les tourner entre deux confinements ?
C'est le travail de notre ami Fernando Morales de Micoco Graphics, une société vidéo locale. Nous n'avons pas eu de deuxième confinement aussi strict que le premier et comme je l'ai dit plus tôt nous sommes une société donc nous avions toutes les permissions et les mesures de sécurité sanitaires nécessaires pour pouvoir tourner ces vidéos.



Le groupe a un line-up très stable depuis ses débuts, ce qui est très rare de nos jours. Je suis sûr que l'amitié en est une des raisons mais comment expliquez-vous que vous réussissez là où d'autres groupes échouent ?
C'est ce que nous voulions faire depuis le début. Peut-être que ce petit "secret" vient du fait que nous faisons ce que nous disons, dans tous les sens du terme. C'est un groupe de quatre personnes, il n'y a pas de leader, nous suivons la même voie, nous sommes amis depuis l'enfance et avons toujours tous regardé dans la même direction. Nous avons grandi ensemble, humainement et musicalement. Nous avons tendance à dire que nous ne jouerions pas d'un instrument si nous n'étions pas dans ce groupe. Pour moi c'est un vrai privilège d'avoir partagé déjà plus de la moitié de ma vie avec ces gars.

Une fidélité que nous pouvons aussi trouver dans les artworks puisque c'est la troisième fois que vous travaillez avec Gyula Havancsak qui a une fois de plus réalisé une pochette impressionnante ! On peut voir au fond des portraits de plusieurs anarchistes condamnés après les événements de Haymarket square pendant lesquels un syndicat a été suspecté d'avoir employé des industriels pour provoquer les travailleurs. Il en a résulté de multiples morts et blessés et un mouvement stigmatisé comme étant violent. Est-ce que le diable sous la table représente ces puissances qui utilisent des mouvements légitimes et pacifistes pour les tourner à leur avantage ?
Gyula (l'artiste qui a réalisé la pochette) est venu avec cette idée de trucs révolutionnaires. Nous écrivons toujours à propos de problèmes sociaux et d'événements historiques. Ces détails particuliers des événements de Haymarket square viennent de la chanson "Martyrs Of Chicago" de notre précédent album qui parle bien sûr des huit de Chicago. Ouais ça pourrait être ça, le diable toujours en train de conspirer et de mettre le feu aux poudres. Ouais ça pourrait être quelque chose comme ça, j'aime bien l'idée.

Je suppose que vous êtes contents du retour du format vinyle, surtout avec une pochette pareille ?
C'est clair. Personnellement je suis un grand amateur de vinyle et regarder de grandes pochettes comme celle de "Angelus Apatrida" est un vrai plaisir. Je suis très content que ce format soit de retour et il semble qu'il le soit pour de bon.

Merci d'avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions, si vous voulez ajouter quelque chose vous avez carte blanche !
Merci à toi, on apprécie vraiment ! Gardez un œil sur les réseaux sociaux pour savoir ce qui va arriver prochainement en espérant vous voir très bientôt en France. Santé !


Le site officiel : www.angelusapatrida.com