Interview faite par Pascal Beaumont à Paris.

Akroma n’est pas le nom d’une nouvelle secte parisienne qui sévit dans les antres du metal mais celui d’un gang qui nous vient tout droit de Nancy née de la rencontre de deux musiciens talentueux Matthieu Morand et Alain "Bob" Germonville .Deux vétérans qui ont à leurs actif une longue expérience au sein de nombreuse formations que ce soit Elvaron, Symakia ou La Horde pour Matthieu, tandis que Alain Germonville s’est fait une solide réputation comme hurleur patenté chez Scarve, Darwin’s Theory, Ghord. La rencontre des deux compères sera décisive et va donner naissance à un des plus ambitieux projets de black symphonique progressif : Akroma.
D’entrée le projet va se démarquer de tout ce qui se fait sur la scène française en imaginant des concepts basés sur la bible tout en ayant aucune connotation religieuse. Dès lors vont s’enchainer les galettes, "Sept" en 2006, "Seth" en 2009 et "La Cène" en 2014. Des morceaux totalement habités qui sont destinés à transcender l’auditeur et le projeter dans un monde unique, celui d’Akroma. Les bougres sont passés maîtres dans l’art du concept élaboré, un vrai régal pour les cages à miel et l’esprit. Vous l’avez compris, Akroma est un gang à part qui se reconnaît d’emblée et ne fait rien comme les autres. Les Nancéiens ont d’ailleurs choisi de ne pas tourner pour ne pas se dévaloriser et décevoir leur public. Ambitieux ils le sont, il faut dire que chaque opus nécessite un gros travail de recherche, Alain et Matthieu n’hésitant pas à faire appel à des théologiens pour que la vérité historique soit respecté. Une autre particularité de nos amis c’est de s’entourer d’une pléiades d’invités plus prestigieux les uns que les autres que soit au niveau du chant ou de la six cordes.
Pour "Apocalyse Requiem", les deux penseurs d’Akroma ont choisi de surprendre une nouvelle fois en invitant un ami de longue date, Dirk Verbeuren (ex-Soilwork, Megadeth), venu assurer les parties de batterie, un vrai must qui force le respect. Une autre surprise, c’est l’abandon du chant en français pour s’adonner à la langue de Shakespeare accompagnée de passages en latin pour corser le tout ! Là encore, le thème est un vrai challenge, l’Apocalypse selon St Jean n’étant pas simple d’accès, Akroma a eu la bonne idée de développer le tout à leur façon en partant de l’idée générale pour aboutir à une histoire des plus alambiqués ! Laura Kimpe s’avère impériale avec son chant lyrique et vient compléter à merveille le chant torturé d'Alain "Bob" Germonville. Une véritable osmose artistique qui rajoute un peu de magie supplémentaire au travers de ce metal extrême symphonique et malsain qui vous envoûte littéralement. Il n’en fallait pas beaucoup plus pour que votre serviteur s’en aille quérir des infos auprès du hurleur patenté Alain Germonville dit Bob pour les intimes. Entretien sympathique avec un véritable passionné qui veut donner le meilleur à tous ceux qui apprécient Akroma. Magnéto Alain, c’est à toi.

Vous êtes actuellement en pleine promotion de votre nouvel album "Apocalypse (Requiem)", comment se déroule cette journée de présentation ?

Alain "Bob" Germonville (chant) : C’est fatigant (rires) ! On a débuté à 11h du matin. On a répondu à de nombreuses questions qui sont souvent les mêmes. C’est passionnant de voir comment les gens perçoivent cet opus. C’est très enrichissant.

Peux-tu me dire comment tu as rencontré Matthieu Morand ?
En fait je connais Matthieu depuis vingt ans. Je l’ai rencontré quand je débutais, j’avais un petit groupe et on a enregistré avec lui. On était satisfaits du résultat et je me suis dit que ce serait bien de faire quelque chose avec lui. Je l’ai revu alors que je n’étais plus dans Scarve mais il connaissait un peu mon travail. On s’est rencontrés par hasard au supermarché au rayon fromage ou charcuterie et il m’a parlé de cette idée de concept album. Il voulait monter un groupe black metal symphonique. Je lui ai demandé de m’envoyer un morceau. Au final, j’ai été chez lui et on a écouté ensemble  "La Colère", un morceau du premier album. Et on a travaillé ensemble, tout s’est enchainé très simplement.

Qui a trouvé ce nom "Akroma" ?
C’est Matthieu. Cela signifie l’Ange de la Colère. C’est un jeu de cartes très célèbre, Matthieu y jouait beaucoup.

Comment est née cette idée de concept basé sur la religion ?
Je t’arrête tout de suite cela n’est pas du tout en rapport avec la religion. Beaucoup de gens font l’erreur. En fait on a choisi d’utiliser la bible et ses thèmes. Mais si tu prends le temps d’étudier les textes, tu t’apercevras qu’il n’y a rien de religieux dans nos écrits. Pour les sept pêchers capitaux, on s’en est inspirés mais on a créé un concept à la sauce AKROMA. On n’a pas d’avis sur la religion, on est ni pour, ni contre, c’est simplement que l’on y trouve des bases qui nous permettent de créer des histoires pour AKROMA. Tout se trouve dans la bible, des contes, des légendes, des choses très bizarres. Mais pour nous c’est simplement un prétexte qui nous permet de faire des chansons. Mais on n’a rien d’un groupe religieux. Pour le thème de "La Cène", à la fin, le personnage offre à sa mère les onze personnes qui l’ont violée. Et il les tue comme dans la bible mais il n’y a pas de connotation religieuse. C’est pareil pour les sept pêchers capitaux ou "Seth" qui traite de l’Egypte. On est face à un dieu egyptien qui revient se venger des 3000 ans d’errance qu’il a eu dans les ténèbres. On est dans l’Egypte actuelle. On fait exprès de ne pas mettre de référence religieuse on ne veut pas être considérés comme un groupe satanique. On n’est pas des prêcheurs, on fait juste de la musique avec des thèmes et mythiques. C’est une source inépuisable.

Vous êtes très proche de la réalité historique, je suppose qu’il y a en amont un énorme travail de recherche ?
Oui, il y a un énorme travail de préparation. Pour "Seth", comme je suis un passionné de l’Egypte ancienne j’ai été puisé dans mes livres pour que l’histoire soit parfaite. Matthieu, quant à lui, travaille énormément sur la musique afin que les titres soient bien écrits. Je ne peux pas me permettre de lui écrire des textes qui ne tiennent pas la route. Il faut qu’il y ait une histoire construite. C’est pour cela que l’on conçoit des concepts, il nous faut un début, un milieu et une fin. J’ai une collègue de travail qui n’écoute pas ce genre de musique mais qui a lu les textes et qui a trouvé que c’était comme une histoire. Je l’ai remercié car pour moi c’est le plus beau des compliments. Chaque chanson a un début et une fin. Il y a une trame qui débute dès le premier morceau et qui se termine avec la dernière chanson. Tu peux lire nos textes comme un scénario. On veut que les gens comprennent notre démarche et puissent entrer dans notre musique mais aussi dans nos textes. Chaque opus que nous concevons à une histoire.

Vous avez travaillé avec l’abbé Pierre Binsinger qui est votre consultant théologien, quel a été son rôle ?
On le connait depuis longtemps, c’est un fan de metal, il a d’ailleurs fait une thèse sur le sujet. C’est un ami et tout naturellement on lui a donné conseil. Pour cet album je voulais que les douze apôtres soit tués de la même manière que leur mort est décrite dans la bible. On avait besoin de détails vraiment précis et on les voulait assez rapidement sans se replonger dans la bible. On n’avait pas trop envie de faire des recherches et il nous a fourni ces informations. Un a été décapité, l’autre crucifié la tête en bas, un autre dépecé, il nous a fourni une trame sur le sujet. Quand à moi, je suis parti de leur mort pour remonter au moment où je les trouve. Il y en a un qui était banquier, l’autre charpentier… Je les ai intégrés dans une histoire comme si j’écrivais un scénario. C’est comme cela que l’on travaille, on trouve le thème et ensuite on crée dessus.



C’est toi qui écris la majorité des textes ?
Oui, j’écris tous les textes. Avec Matthieu on se partage la tâche, lui compose et fait les arrangements puis lorsque tout est écrit et enregistré, il m’envoie la musique et je travaille dessus. Pour le premier et deuxième opus, on a fait le chant avant et composé la musique après. Pour le suivant, on a fait l’inverse, Matthieu a composé la musique avant et j’ai écrit les textes ensuite. Pour "La Cène", il y a un ami à moi qui m’a proposé deux ou trois poèmes mais c’est moi qui majoritairement écris les textes.

Quel est le thème central d’"Apocalypse (Requiem)" ?
C’est basé sur l'Apocalypse selon St Jean, c’est le texte qui clôt la bible. Les deux premiers opus étaient basés sur le premier testament et les deux autres sur le nouveau. C’est centré sur un requiem qui est une messe célèbre que l’on donne pour les morts. On est partis sur l’idée du créateur qui n’est pas forcément Dieu qui informe la planète, l’eau, le feu, la terre, les animaux et les hommes qu’ils ont tout saccagé ce qu’il leur avait donné. Il décide de les enlever un par un. Il y a un requiem au feu, à l’eau à la terre, aux animaux et il termine par l’homme. Tout va crescendo et Matthieu a fait en sorte de composer des morceaux qui finissent de manière apocalyptique. C’est ce que l’on a envie que l’auditeur ressente.

Comment est née cette idée de traiter d’un thème comme l’Apocalypse ?
On a pris des thèmes qui nous semblaient les plus intéressants et qui pouvaient intéresser les gens. "Seth" traitait de l’Egypte, on a choisi cette idée et on a développé le tout. Pour "La Cène", on était dans la voiture, on se rendait au Luxembourg pour donner une interview, on était dans la voiture et on s’interrogeait sur le thème que l’on pouvait traiter dans le prochain album. J’ai pensé au douze apôtres. J’ai eu l’idée de prendre 12 personnes qui ont le même nom que les apôtres et qui voudraient avoir un nouveau messie. Ils trouvent une femme pour qu’elle devienne la mère de ce nouveau messie, ils la violent et elle met au monde deux enfants. Damien, lui, ne sait pas qu’il en a un jusqu’à la fin. Au final, toutes ces histoires pourraient donner un film. On a travaillé sur un scénario. Le dernier thème abordé c’est l’Apocalypse selon St Jean qui clôt la bible. La bible regorge d’histoires, on peut trouver quelque chose sur les quatre cavaliers de l’Apocalypse, les anges…

Vous allez continuer dans cet esprit pour le prochain opus ?
On pense déjà au prochain album. Comme lors de cette journée de promotion, on a l’occasion de se réunir et vu que Laura est là on en a discuté. On a déjà trouvé une autre idée mais tout n’est pas encore défini. Je ne vais pas t’en dire plus car rien n’est sûr et il se peut qu’au final on traire d’un autre thème. Mais on peut en choisir un dans la bible, ce n’est pas exclu. Comme on a choisi les sept péchés capitaux qui ont donné naissance à sept morceaux de sept minutes. Ensuite, on arrange tout à notre sauce et c’est à ce moment-là que l’écriture rentre en compte. Je suis obligé de faire des recherches pour avoir un thème qui tienne la route. Le metal est souvent critiqué dans le sens où on nous reproche de gueuler, il y a des idées reçues comme quoi les paroles sont inexistantes etc... Nous on a horreur de cela et on fait tout pour créer des textes qui tiennent la route. Je n’ai pas envie de chanter n’importe quoi. Lorsque je mets des cris dans le chant, il faut que ça arrache sinon ce n’est pas possible. Tu ne peux pas te permettre lorsque tu décris une scène d’être léger. On n’utilise pas de mots trop compliqués mais on se sert d’un certain vocabulaire. On ne peut pas se permettre de chanter des choses banales : "Attention je suis méchant je vais te faire mal" (rires) ! Nous cette phrase on va la développer, on essaye de faire en sorte que l’auditeur puisse visualiser la scène lorsqu’il lit le texte. C’est hyper compliqué à faire mais pour l’instant on y arrive.

Pour "Apocalypse (Requiem)" vous avez choisi de chanter en anglais et en latin  alors que vous ne chantiez qu’en français auparavant, qu’est ce qui a motivé ce changement ?
Pour ce qui est de l’anglais, on n’a pas décidé de le faire d’un coup. On appartient à la maison de production de Matthieu et on a voulu cette fois-ci de toucher un peu plus l’international. La boucle n’est pas bouclée mais on voulait aller plus loin. Et puis comme c’est un requiem, forcément le latin passe bien. Les messes funèbres sont presque toujours en matin même si ce n’est pas évident. On voulait quelque chose de nouveau et développer des textes en latin et en anglais. Pour notre premier opus, "Sept", on avait six guitaristes, pour "Seth" on avait aussi de nombreux invités de marque, pour "La Cène" nous avions douze chanteurs, on aime relever des défis. Cette fois-ci, il y a plusieurs surprises : l’anglais, le latin et Dirk Verbeuren, le batteur de Megadeth. C’est notre bébé et c’est la première fois que l’on donne beaucoup d’interviews. On a de bonnes impressions et ça n’a rien à voir avec le fait que Dirk Verbeuren soit derrière les fûts, même si bien sûr cela peut jouer aussi. On a de très bonne retombées bien plus importantes que sur les albums précédents. Après, un groupe qui sort quatre opus, c’est qu’il y a un potentiel derrière. Ceux qui vont découvrir "Apocalypse" et qui savent qu’il y en a trois autres vont se dire qu’il y a du travail et vont fouiller pour voir ce que ça donne.

Vous êtes restés dans le même contexte musical !
Oui, tu retrouves toujours le son AKROMA. Ce que l’on souhaite, c’est avoir une patte. Lorsque tu écoutes du AKROMA, au bout de trois secondes tu reconnais immédiatement. Lorsque la musique arrive, tu as un doute, puis le chant arrive là tu reconnais immédiatement AKROMA. Et c’est ce que l’on veut, on ne voulait pas faire du Cradle Of Filth ou du Dimmu Borgir, même si on apprécie ces formations. On ne veut pas faire du copier-coller comme certains font. Ce n’est pas notre but. On a notre son, ça plaît ou ça ne plaît pas mais à la base on fait de la musique pour nous. Et si on arrive à toucher un maximum des gens c’est gagné. On veut plaire et faire écouter de la bonne musique à ceux qui nous écoutent et nous apprécie. Mais le but n’est pas de faire des produits, c’est pour cela que l’on est très lents entre chaque album. Il y a trois ou quatre ans qui s’écoulent à chaque fois, c’est long. Mais on ne veut pas sortir quelque chose qui ne nous plaît pas. On prend du temps pour peaufiner nos morceaux.

C’est ce que l’on ressent à l’écoute d’"Apocalypse (Requiem)" !
Oui, c’est bien que les gens le reconnaissent. AKROMA ne s’écoute pas qu’une seule fois. Si tu as envie de rentrer dans notre musique, il faut écouter l’album de nombreuses fois et c’est là que tu t’aperçois que Matthieu a pris le temps de faire des références à des compositeurs classiques. Quant à moi, au niveau des textes, je glisse dans chaque galette des phrases de chanteurs connus comme Michel Fugain, Charles Aznavour ou Grand Corps Malade. Ce sont des formules qui m’ont touché dans certains textes et je les ai insérés dans mes écrits. Les gens qui prennent vraiment le temps d’accrocher s’aperçoivent que le temps que l’on a passé à développer "Apocalypse", ça les vaut.

As-tu écrit les textes en anglais directement ou en français puis traduits dans la langue de Shakespeare ?
Non, j’écris les textes en français puis on les traduits. J’aime bien avoir les mots français pour pouvoir maîtriser l’expression. J’ai toujours écrit en français et celui-là ne fait pas exception, j’ai demandé à Matthieu de traduire le tout.

C’est donc Dirk Verbeuren qui assure les partie de batterie, comment en êtes-vous arrivés à travailler avec lui ?
Comme je le répète depuis ce matin, c’est très simple puisqu’on le connaît depuis vingt ans. C’est un mec qui a débuté avec moi dans une école de musique et puis il a créé Scarve avec Patrick Martin. Quant à moi, je suis arrivé en 1998, nous avons enregistré deux albums ensemble : "Translucencence" et "Luminiferous". Par la suite, il s’est aperçu qu’en France il n’y avait pas trop de possibilités de progresser surtout en ce qui concerne le metal et il est parti à LA. Ensuite il est devenu batteur de Soilwork. Et maintenant c’est le batteur de Megadeth. Il a eu un coup de bol monstre mais c’est un tueur que ce soit humainement ou en tant que musicien. Lorsque je l’ai vu aux Awards à la télévision, je me suis revu en slip dans une chambre d’hôtel après un concert en train de faire le con avec lui. J’étais super content pour lui. Tu n’imagines pas comment je suis fier d’avoir rencontré cette personne et d’avoir pu jouer avec lui. Mon frangin, c’est la même chose, il a joué avec lui dans Mortuary. On est super fiers tous les deux et très contents. Lorsque Matthieu m’a annoncé que l’on allait travailler avec un batteur belge, je n’imaginais pas que c’était Dirk. Pour moi, il vivait à LA et avait sa vie là-bas. En fait, Matthieu a rencontré Dirk à un concert de Soilwork et lui a demandé tout simplement s’il ne voulait pas jouer sur le prochain AKROMA. Dirk a répondu tout simplement qu’il était d’accord. C’est un type incroyable qui n’est pas compliqué du tout. On ne l’a pas harcelé, on lui a tout simplement demandé et sa réponse a été positive. Cela te montre la bonté du mec. Il ne se la raconte pas du tout et c’est cela qui est super.



Comment a-t-il enregistré ses parties de batterie ?
Il a tout fait chez lui. On travaille de cette manière, la dernière fois où on s’est retrouvés tous ensemble c’est pour "La Cène". On ne se voit quasiment jamais. Notre seul moyen de communication c’est la musique. On travaille en s’échangeant des fichiers. Matthieu et moi nous n’habitons pas loin l’un de l’autre, on se voit de temps en temps. Mais on n’a pas besoin de se voir. On part du principe que l’on sait ce que chacun veut donc on ne parle pas vraiment. C’est excellent, on parle musique et notre langage correspond aux morceaux que l’on s’envoie. Dirk a tout enregistré dans son studio, idem pour moi, on travaille sur les pistes que l’on s’envoie. Matthieu fait le mixage, les chants death, black, hurlé et c’est dans la boîte. L’opus a été enregistré un peu partout Nancy, Guerville, Dame Le Nièvre.

Qu’a apporté Dirk Verbeuren au son Akroma ?
Matthieu lui a envoyé les morceaux avec les pistes de batterie témoin et il lui a donné carte blanche comme il fait avec tout le monde. Il donne simplement une direction car tout le monde sait ce que l’on souhaite obtenir et on comprend très vite, que ce soit moi, Laura ou Phil. Après on vérifie toujours quelques trucs mais lorsque tu donnes des morceaux à Dirk, tu sais que tu va être sur le cul avec ce qu’il va te renvoyer. C’est exactement ce qui s’est passé, il nous a renvoyé des parties qui nous ont assommée par la qualité de son jeu. Je connais sa façon de jouer car j’ai joué longtemps avec lui, son style tu le reconnais immédiatement c’est un peu comme pour Dave Lombardo, son jeu est immédiatement identifiable. Il nous a fait un truc de malade et c’est exactement ce que l’on voulait. Il a enregistré ses parties après le chant, ce qui est assez rare. Il nous connaissait bien et il savait comment j’allais chanter, il s’est basé aussi sur les voix pour jouer. Il a fait un travail de cinglé.

Tu as un chant unique, comment fais-tu pour obtenir ce résultat ?
Pendant pas mal d’années, j’allais à mon travail en vélo et je chantais en même temps, ce qui m’a permis de bosser mon souffle. Je partais à quatre heures du matin et je chantais tout en faisant du vélo. Cela m’a permis d’avoir plusieurs souffles, j’apprenais à chanter tout en faisant un effort physique, j’ai pu travailler le souffle pour mes cris qui durent trentes secondes. Mon trajet durait 45 minutes et à quatre heures du matin personne ne m’entendait sur la route. Je gueulais comme un porc. J’ai bossé ainsi, le reste est venu avec la technique. Mon frère chante aussi, on a eu un don par notre mère ! Merci maman et mon père aussi. Mais je ne bosse pas plus que ça mon chant. Lorsque je chante, je vis ce que je fais et ce que j’écris. Pour ressentir mes écrits, j’ai besoin de les ressentir. Lorsque tu m’entends quasiment en train de pleurer sur l’album, c’est que je l’ai fait en studio. Je veux que la personne qui écoute l’opus se dise "Ce type-là, il est habité". Le meilleur compliment que l’on puisse me faire c’est de dire au sujet du personnage que cet homme-là est damné. Oui, effectivement il est damné. Il y a onze personnes qui ont violé sa mère lorsqu’il revient, il n’est pas content. Si cela t’arrivait, tu serais dans le même état. Pour "Apocalypse (Requiem)" c’est pareil, je te donne une planète et tu la détruit complètement, qu’est-ce que je fais ? Je vais te punir ! Comment te faire tomber, je vais t’enlever tout ce qui te fait vivre, un par un je te retire tous les éléments. Pour le chant, il faut que cela soit vécu dans l’interprétation, je ne peux pas écouter des morceaux où le chanteur vient juste poser sa voix. Ca, je n’accepte pas, le chanteur doit venir interpréter une chanson. AKROMA, c’est théâtral, il faut que tu sois constant du début jusqu’à la fin, que tu en prennes plein la gueule. Il n’y a pas d’autre alternative. C’est un concept théâtral, il faut que ça soit vécu. Tu es comme sur une scène de théâtre. C’est pour cela que l’on ne donne pas de concerts. On ne peut pas mettre en scène un tel show, cela reviendrait trop cher. Il faudrait des infrastructures pour ce show, des lights… Malheureusement on ne donnera pas de concerts avec AKROMA car on n’a pas les moyens de le faire. On ne veut pas gâcher le truc. On ne veut pas donner un concert dans un bar avec AKROMA. On peut jouer dans ce type d’endroit mais les gens pourraient être déçus et se dire que sur scène ça ne vaut pas le coup. On préfère ne faire qu’enregistrer des albums.

Pour conclure, qu’as-tu envie de rajouter qui te paraît important ?
Soutenez le metal français car il en a bien besoin et soutenez-nous si notre musique vous plaît. Si vous faite un truc à 50%, ne le faites pas. Faites-le à 2000%. Sinon vous le regretterez toujours. On a l’opportunité de pouvoir faire des albums et de la musique. On a la chance d’aller en studio. Il faut être à fond dans le truc. Tu ne peux pas te permettre de dire "Aujourd’hui, ça ne va pas" ! Non, aujourd’hui ça va. Tu arraches tout et demain tu te reposeras. Le jour où tu enregistres, où tu composes, où tu écris les paroles, arrache-toi sinon ça n’en vaut pas la peine. Laisse faire cela aux autres ou ne fais rien. Soit à fond et vis chaque jour comme si c’était le dernier. Je vis à fond lorsque je compose, j’écris ou je chante. Il faut que ça dépote sinon je reste chez moi. C’est le mot de la fin (rires) !

Merci pour l’interview !
Merci à toi.


Le site officiel : www.akroma-metal.net