Interview faite par mail par Matthieu

Bonjour à vous, et tout d’abord merci de prendre un peu de votre temps pour nos questions ! Comment vous sentez-vous en ces temps troublés ?
Chris (guitare) : Très très bien, nous sommes un peu frustrés de ne pas avoir pu défendre notre album en live, mais en dehors de ça nous avons su tirer profit de cette situation en étant créatifs et en restant actifs sur les réseaux sociaux.
Auré Jäger (chant) : Hello ! Et merci à vous ! Eh bien comme tout le monde ! Nous sommes tous un peu frustrés mais on garde le moral !

Pourriez-vous nous présenter le groupe Akiavel sans jamais utiliser le terme “death metal” ?
Chris : Nous sommes un groupe aux multiples influences de musique extrême mais pas uniquement, nous puisons aussi notre inspiration dans tout ce qui nous plaît, nous touche musicalement quelque soit le style où l'époque. On met tout cela en commun, on remue, et ça donne AKIAVEL !
Auré : Disons que nous mélangeons tous les styles de métal, sans nous mettre de limites, du hardcore au grind, en passant par le heavy melodic !

D’où vient le nom Akiavel ?
Chris : C'est un mélange entre Machiavel, le célèbre philosophe italien et une terminaison de nom d'archange, mais aussi féminine ("EL"), en référence à notre bien-aimée chanteuse (rires).
Auré : On a trouvé que ça sonnait très bien, et immédiatement validé !

Le groupe est sur le point de sortir "Væ Victis", son deuxième album, pouvez-vous me parler un peu de sa conception ? Que représente le nom pour vous ?
Auré : L'album est sorti le 23 Avril, disponible en version physique, chez tous les bons disquaires et sur Internet, mais aussi en version numérique !
Chris : Il a été conçu pendant la période du confinement, quasiment en totalité. Nous avons rapidement eu beaucoup d'ébauches de morceaux. On a sélectionné ceux qui nous paraissaient le plus aboutis pour cet opus. Pour certains ils ont été finalisés extrêmement rapidement, pour d'autres ce fut plus long.
Auré : Le titre de l'album, qui veut dire "Malheur aux vaincus", représente la fatalité, le fait que le temps sorte toujours vainqueur quoi qu'il arrive sur absolument tout. Le concept de l'album tourne autour des serial killers. Et le temps est, forcément, le plus grand des serial killers…

L’album sort seulement un an après le premier, est-ce que la composition s’est passée différemment ?
Chris : Pas spécialement, on a la chance d'être très créatifs et de pouvoir faire ce que l'on veut. Nous avons notamment notre propre studio (du moins c'est celui de Jay (notre bassiste) pour être exact) et notre propre maison de disques, Akia Records, ce qui nous rend 100% indépendants ! Il suffit que quelqu'un ait une idée pour qu'on puisse l'enregistrer quand on veut, ça aide beaucoup. Tiens, d'ailleurs, on a déjà commencé à composer le troisième album (rires).

"Væ Victis" reprend plus ou moins les mêmes éléments que l’album précédent, comme est-ce que vous réussissez à conjuguer toutes vos influences violentes, qu’elles soient modernes ou plus old school ?
Chris : Je ne saurais vraiment te dire le pourquoi du comment, mais ça fonctionne. Nous ne conceptualisation rien, pour nous c'est assez simple, il faut que cela fasse "taper de la santiag" comme dit Butch, notre batteur (rires). On essaie de garder notre touche à nous quoi qu'il arrive.



Qu’est ce qui vous inspire pour composer ? Que ce soit au niveau musical, ou dans un autre domaine.
Chris : Rien de spécial, vraiment, je prends la guitare, et là il y a une idée qui me vient. Ou pas (rires). Ça vient aussi de Jay avec qui on commence souvent les compos à deux avant de la soumettre au reste du groupe, et on se complète souvent.
Auré : Et moi j'écris de mon côté les paroles sur la bases de démos que m'envoient les garçons. Chaque album est un concept album, j'ai donc dès le début plusieurs thématiques que je souhaite traiter, et je les colle sur la musique en fonction des ambiances et de la manière dont je peux poser mes paroles.

Sur l’album, j’ai remarqué deux références à des tueurs en série : "Bind Torture Kill" et "Pentagram Tattoo", est-ce que je me plante totalement ou est-ce que c’est le cas ? Pourquoi avoir choisi ces thématiques ?
Chris : Tu ne te plantes pas, l'album parle en intégralité des tueurs en série, c'est justement son concept (rires). Auré : Absolument ! Chaque titre parle d'un tueur en série. Que ce soit directement la personne, l'objet fétiche, le type de désordre mental, l'élément déclencheur, les hommages aux victimes, etc… Je pensais qu'il était intéressant d'écrire sur quelque chose de très actuel et de très réel...

Sur le final de "Matrimonial Advertisements", on entend une voix claire assez angoissante qui me rappelle un peu Eths, est-ce que la ressemblance est voulue ?
Chris : Alors absolument pas, je n'ai rien contre Eths, mais je n'ai jamais été un fan, c'est une coïncidence qui doit être en rapport avec le fait que ce soit deux charmantes dames qui chantent.
Auré : Je ne peux pas non plus te répondre sur cette référence car je n'écoute pas ce groupe (rires).

Le Covid-19 est apparu en France / Europe juste après la sortie de votre premier album, comment avez-vous vécu ces différentes périodes de confinement et de restrictions en tant que groupe ? Comment les avez-vous vécues de manière plus personnelle ?
Chris : Personnellement je suis casanier, j'ai la chance de vivre à un endroit où je me sens vraiment bien, ce serait mentir de dire que la période a été horrible. Pour le groupe, à part le fait qu'en respectant le confinement on ne pouvait plus se voir en "vrai", on est restés focus sur notre musique. Et productifs même à distance, donc ! J'aurais quand même aimé qu'on puisse défendre notre album sur scène mais ce n'est que partie remise !
Auré : Ce qui a été compliqué c'est l'annulation ou le report de toutes les dates qu'on avait à assurer juste après la sortie de l'album "V." Moi je suis moins casanière, j'aime bien mon Jäger Bomb du samedi soir dans mon bar préféré. Le confinement a donné un sacré coup derrière la tête de ma carrière car je suis "Body Piercer", donc non essentiel… Mais ça m'a permis de lire plus, et de me concentrer sur des choses qu'on remet toujours à demain. J'ai pris mon temps pour l'écriture de "Vae Victis". J'ai regardé énormément de reportages pour m'appuyer sur les faits réels.

Nous sommes encore en confinement, et les restrictions ne sont malheureusement pas prêtes d’être levées, mais est-ce que vous avez déjà des plans pour le futur ? Que ce soit pour la sortie de l’album ou à plus longue échéance ?
Chris : Eh bien, faire connaître l'album et le groupe via les réseaux sociaux. Nous avons désormais une manageuse américaine, qui nous aide énormément, notamment sur les USA (et dans le reste du monde aussi). Étant américaine, son travail se situe là-bas en priorité. Nous avons tourné un deuxième clip, il est fini et déjà prêt à sortir mais nous avons eu une exclu pour le diffuser aux USA en avant-première, donc sa sortie a été calée pour le mois de Juin.
Auré : Un troisième clip sera aussi tourné d'ici peu pour une sortie cet été. Nous avons aussi d'autre choses de prévus mais la confidentialité nous interdit d'en parler pour le moment (rires).

Qu’est-ce qui vous plaît dans le metal extrême, tous styles confondus ?
Chris : Je ne pourrais pas te l'expliquer, c'est la musique qui me parle le plus, j'écoute de tout mais le metal est et reste ma musique de prédilection.
Auré : Pareil ! La première fois que j'ai vu un concert de death metal ça a été une révélation, ça a de plus en plus fait partie de mon identité. C'est à peine exagérer que de dire que ma vie a totalement changé ce jour-là (rires).

Qu’est-ce que vous aimez dans votre musique que l’on ne trouve pas dans d’autres groupes ?
Chris : Je n'ai pas la prétention ni les compétences pour qualifier ce que font les autres groupes et musiciens, je peux dire que ce qui me plaît chez nous est que que nous avons notre "patte" musicale à tous les quatre et que je me régale à jouer et à nous écouter.

Auré : Nous sommes nos premiers "fans", nous adorons la musique que nous faisons tous les quatre. Il y a une vraie alchimie et un plaisir sincère à composer et jouer notre musique. Peut-être que cela s'entend !



Une question plus spécifique pour Aurélie : est-ce que le fait d’être une femme dans un groupe d’hommes, et plus généralement un milieu masculin, t’a posé de quelconques problèmes ? Est-ce que tu vois une évolution avec le temps ?
Auré : Quand j'ai commencé à chanter j'avais 20 ans. Au début, il fallait que je fasse deux fois plus mes preuves que les autres pour avoir ma place. Quand j'arrivais sur scène, les gens s'attendaient à du chant lyrique… (rires). J'ai travaillé ma voix tous les jours pour avoir un certain grain, pour développer plusieurs cordes à mon arc. Dans mon premier groupe, je n'ai pas été respectée. J'étais qu'une nana, donc on ne m'a pas appris les choses autour de la musique et de la com. On ne me disait rien. On ne me laissait pas prendre d'initiatives. Puis j'ai eu d'autres projets ensuite tout aussi… "stériles". Aujourd'hui, je considère AKIAVEL comme mon bébé. C'est un nouveau projet, avec notre identité. J'ai carte blanche sur l'écriture des paroles. Nous sommes impliqués tous les quatre dans tout ce qui se passe autour du groupe. J'apprends énormément… Je me sens respectée et poussée au-delà de mes limites tous les jours ! Je n'ai jamais été aussi épanouie au sein d'un groupe. Et j'aime profondément les trois personnes avec qui je vis cette merveilleuse aventure ! En fait être une femme peut être compliqué dans la musique si l'on est pas accompagnée des bonnes personnes. Mais quand on trouve le combo parfait, c'est juste fabuleux !

Qu’est-ce que vous pensez de la scène française au niveau des musiques extrêmes en général ?
Chris : Elle est fournie mais malheureusement pas assez reconnue internationalement.
Auré : J'ai le même constat. Et je trouve navrant que nous n'ayons pas de radio FM metal en France. Nous avons des groupes fabuleux. C'est très compliqué de percer quand on est français. Et certains ne semblent pas vouloir s'en donner sincèrement la peine…

Est-ce que vous vous souvenez de la première fois où vous avez joué d’un instrument ? Quand et comment est-ce que ça s’est passé ?
Chris : C'était de la guitare chez un pote, je devais avoir 14 ou 15 ans, c'était de la gratte, ça s'est passé de façon cacophonique (rires).
Auré : Je prenais souvent les guitares de mon père j'étais toute petite, je déréglais tout le temps leur accordage, et évidemment je n'avais pas le droit de toucher aux guitares… (rires).

Quels sont vos hobbies en dehors de la musique ?
Chris : Je me suis remis aux arts martiaux depuis quelques années, la boxe américaine notamment. Mais cela ne se voit pas trop, parce que justement mon autre hobbie c'est de manger comme un régiment de soldats (rires).
Auré : Pour moi c'est beaucoup de développement personnel. Beaucoup de lecture. Quand il fait beau, mon fils et moi partons randonner avec des gants et sacs poubelle pour nettoyer la nature.

A quel plat typiquement français identifieriez-vous la musique d’Akiavel ? Pourquoi ce choix ?
Chris : Là je sèche…
Auré : Allez, je me lance… Je dirais… un pot au feu… (rires). Car c'est mijoté longtemps à couvert, et une fois cuit c'est un mélange de plein de légumes différents qui ensemble donnent un goût unique qui n'existe pas ailleurs !
Chris : Je n'aurais pas dit mieux ! (rires)

Dernière question : avec quels groupes rêveriez-vous de jouer ? Je vous laisse créer une tournée avec Akiavel en ouverture et trois autres groupes français ! Même question avec trois groupes internationaux.
Chris : En groupe français, nous allons en principe jouer avec de beaux groupes cette année, il suffit de regarder les affiches des prochains festivals sur lesquels nous sommes programmés sur 2021. Pour faire simple, il manque presque seulement Gojira et Benighted (rires). À l'international, je dirais Gojira (encore), Metallica et Iron Maiden (on peut rêver hein !) (rires).
Auré : Moi je rêve de tourner avec Carcass ou Cannibal Corpse ! En groupe français, je dirais Benighted, bien sûr !

Merci encore pour le temps que vous avez accordé à mes questions, je vous laisse les mots de la fin !
Chris : Un énorme merci pour l'intérêt témoigné en nous accordant cette interview, soutenez la scène française, qui est diverse et pleine de talents, il y aura toujours un groupe qui vous plaira !
Auré : Merci à vous pour votre temps et votre intérêt ! Merci à ceux qui nous suivent ! On a hâte de vous rencontrer !


Le site officiel : www.facebook.com/akiavel