Interview faite par Eniel-Obtide au Hellfest.

Samedi midi, quelque part dans le camping du Hellfest 2010, petite interview avec les musiciens du groupe Abysse. Si certains ont eu du mal à abandonner leur tente et la sieste en cours, un petit remontant au houblon a vite remis tout le monde d’aplomb et nous voici partis pour une bonne demi-heure de discussion.

Bonjour les gars ! Est-ce que vous pourriez commencer par nous présenter le groupe ?

Jérémy (basse) : En fait on est 4 potes. On s’est réuni en 2005 / fin 2004 pour faire de la musique, c’était pas forcément hyper probant : forcément, on commençait juste la zic et puis on est entré dans notre 1er studio fin 2007 pour enregistrer notre 1er EP, "De Profondeur En Immersion". Là on peut dire qu’on a commencé la musique. Après, fin 2008, on a été au Dome Studio pour enregistrer notre 2e EP, "Le Vide Est Forme", et là on compose notre 1er album.
Sébastien (batterie) : Donc le groupe est composé de Jérémy à la basse, moi à la batterie, Vincent à la guitare et celui qui n’est pas là, Geoffrey, à la 2e guitare. Et pas de chanteur évidemment, enfin "évidemment" pour nous et ceux qui ont déjà écouté les CDs.

Et pour revenir à ce qui est dit dans la bio, vous avez noté que vous aviez mis 2 ans à vous imprégner des instruments. Bon, je n’ai jamais fait de musique mais ça me semble court par rapport à la qualité des compositions qu’on trouve dans les EP…
Sébastien : Bah le fait de déjà commencer en groupe, parce qu’on était déjà liés à la base donc ça fait une émulation. Le style est venu à 4 et pas en se cherchant, c’est venu naturellement.
Jérémy : C’est ce qu’on disait : même si on était en 3e, on se connaissait quand-même depuis super longtemps. Le truc s’est fait super rapidement, et puis le fait de jouer ensemble on apprend tous au même niveau. On est tous dans le même wagon en fait. Et puis on n’avait que ça à foutre, faire de la zic, on était en seconde. On était tellement content, on a progressé ensemble. 2 ans, c’est vrai que c’est plus ou moins rapide, en fait on ne sait pas.
Vincent (guitare) : C’est venu super vite, c’était notre délire…
Sébastien : Ce qui nous a fait évoluer différemment, c’est qu’on n’ait pas de chanteur à la base. On a développé vraiment un autre registre dès le début, on a joué ce qu’on voulait et vu qu’on n’avait pas de chanteur on ne s’est pas posé de question.

Et justement, par rapport au fait que dans votre musique il n’y ait pas du tout de paroles… Ca s’est décidé dès le début que vous n’auriez pas du tout de chant ?
Jérémy : Non, pas du tout. On a cherché un chanteur. Tu trouveras peut-être des vieilles annonces de recherche de chant. Mais on était en 1ère, donc un mec de 16 ans qui pouvait chanter dans un registre assez polyvalent, bah…
Sébastien : On n’a pas qu’un seul style : il y a du lourd, du calme, de tout quoi. Il faut un mec qui puisse tout faire, donc très compliqué à trouver.
Jérémy : On en a essayé des chanteurs, des plus ou moins bien, des horribles…
Vincent : Ca s’est fait "naturellement" dans la recherche de notre style. En commençant ensemble on s’est pas dit : "Tiens on va faire du heavy, ou de l’instrumental !". On n’avait aucune idée prédéfinie. Ca s’est fait naturellement, au début pas défaut franchement puisqu’on ne trouvait personne et parce que ça nous tripait aussi.
Sébastien : Et il y a eu pas mal de problématiques pour le chanteur aussi : déjà qu’il soit disponible, et puis on est tellement soudés nous 4 qu’un 5e, bah… On a essayé hein, même un super bon pote qui nous suit ça ne passe pas : il n’est pas dans notre monde tout le temps donc…
Jérémy : On s’est connu Vincent et moi en CP (rires), Sébastien en CM1 ou CE2 je sais plus, Geoffrey en 4e donc voilà, pour intégrer quelqu’un c’est trop dur, ce n’est pas possible.

Et dans votre processus de composition maintenant, le fait qu’il n’y ait pas de paroles, est-ce que vous pensez que ça vous simplifie les choses ou ça vous fait un support en moins pour la musique ?
Jérémy : Ha nan c’est dur parce que du coup il faut qu’on perfectionne tout, tous les détails sont importants. On ne va pas se cacher derrière le chant qui va faire un leads, une mélodie et voilà… En fait j’en sais rien (rires).
Sébastien : C’est vrai qu’on ne connait pas ça, la composition avec un chanteur, donc c’est difficile de comparer.
Jérémy : Je ne sais pas comment font les autres groupes. De toute façon nous on compose en répèt', donc à 4. C’est plus long mais on ne fait ça qu’au feeling. Mais des fois les compos évoluent : on compose tout au feeling et après on reprend tout. Si tu savais le nombre de riffs qu’on a dû jeter, on pourrait en faire des bibliothèques…
Vincent : … Ou 15 side-projects. (rires)

Dans la chronique que j’avais faite, à un moment j’avais noté qu’une voix apparaissait en la prenant pour un sample, et il y en avait un de vous qui m’avait corrigée en disant "non, non c’est pas du tout ça". Est-ce que vous pouvez m’éclairer maintenant ?
Vincent : En fait c’est une cassette toute pourrie avec un vieil enregistreur et je fais passer le son directement dans ma guitare, sur les micros. Ca rend un effet et un son que j’aime bien, j’utilise plus ça comme un instrument que comme un délire de voix. C’était essayer de trouver un truc marrant, et ça passe par la guitare directement, pas par un micro.
Sébastien : Ca met dans l’ambiance donc il y a un son plus particulier que si c’était un sample qui était lancé.
Jérémy : Ca passe dans la guitare en live et on l’a fait aussi en studio, c’est pour ça qu’on ne reconnait rien. En fait le sample, on ne va pas dévoiler ce que c’est, c’est complètement nul ce qu’on a fait. On l’a enregistré à partir d’une vidéo YouTube, YouTube qui a donc une qualité VHS années 80, et un walkman tout pourri aussi. Alors pour l’histoire, la cassette elle doit dater de 96 et elle avait enregistré un live de Nirvana à la télé je crois. Ouais c’était les vieilles cassettes audio où t’enregistrais des trucs, donc elle a dû enregistrer au moins 20 000 trucs et puis si tu vas à la fin, il y a un live de Nirvana. (rires)
Vincent : De toute façon la cassette maintenant t’as n’importe quoi dessus : des extraits de films d’horreurs, etc. Mais j’aime bien le rendu. Franchement, la bande elle est toute naze mais ça rend bien. C’est vraiment un truc en plus, on s’en sert vraiment comme d’un instrument au final.
Jérémy : En live c’est vraiment particulier, c’est un accessoire, pas un sample via l’ordinateur qui est calé avec le clic, pas du tout.
Sébastien : C’est le petit côté expérimental !

Quand j’ai reçu l’EP, j’ai vu sur la pochette "2 titres, 25 minutes"…
Sébastien : Ca fait peur ou… ?

Bah moi ça ne m’a pas fait peur mais je pense qu’il y a certaines personnes qui peuvent se dire "Houlà". Pour découvrir un groupe c’est peu courant. Justement sur le fait d’avoir réalisé cet EP en 2 pistes et plus de 20 minutes, est-ce que vous vouliez tester quelque chose, prouver quelque chose par rapport à la qualité de vos musiques ?
Sébastien : Strictement rien !
Jérémy : Nous c’est toujours naturel en fait, si la zic elle doit faire 10min, eh bien elle fera 10min. Là les nouvelles sont beaucoup plus courtes : elles font 8min. (rires) Nan ce n’est pas réfléchi, les anciennes compos sont un peu plus courtes mais bon, comme on commençait, on cherchait.
Sébastien : Ce n’est jamais réfléchi par rapport aux gens. Là l’important c’est de se faire plaisir à nous-mêmes, après on ne se pose pas plus de questions. Le plaisir de jouer passe avant tout dans nos compositions.
Jérémy : Il n’y a rien à prouver. C’est vrai que c’est un peu provocateur, un peu catchy de dire "2 titres, 25 minutes", surtout que ça ne fait que 22min. On a arrondi à 25 pour allonger le format. Bon ok c’est un peu foutre un coup de pied dans je-ne-sais-quoi, histoire de dire qu’on fait quelque chose de différent. Après c’est à double tranchant, mais on l’a décidé quand on avait tout reçu, quand tout était prêt et que l’on commençait la promo. Quand on a enregistré, quand on composait, on ne s’est pas dit : "Tiens on va faire comme ça".



Mais au final, vu que les 2 titres sont vraiment sympa, je trouvais qu’au contraire ça prouvait quelque chose. Voilà, ça n’est "que" un EP, c’est 25 minutes d’un coup mais c’est bien fait…
Sébastien : La chose qu’on trouve intéressante c’est que ça peut être long mais ça peut se digérer. On essaie de garder ce lien avec la personne pour qu’elle aille jusqu’au bout. On nous a comparé par exemple à Pelican, dans le sens où Pelican ça parait plus long et que c’est un peu redondant, un petit peu chiant même… Après moi j’aime beaucoup Pelican, y'a pas de souci, mais c’était le truc qu’on n’avait pas par rapport à eux et qui peut faire qu’on peut tenir jusqu’au bout justement.
Vincent : Dans les deux musiques il y a vraiment un univers différent aussi. Quand tu passes d’une musique à l’autre, tu as vraiment fini un truc pour arriver dans un autre univers, donc ça on aimait bien. Il n’y a pas le même son.
Jérémy : La première, "Deviance", elle est plus dynamique, ça change beaucoup, on va dans des univers différents. Elle est plus chaleureuse, un peu plus "rouge" si on peut parler de couleur. Tandis que "One Last Breath", le riff c’est un seul thème sur toute la zic qu’on a étendu sur 10 minutes, on ne part pas dans des univers différents tandis que "Deviance" ça voyage plus. Mais nous on aime bien les 2 côtés.
Sébastien : Comme ça les gens peuvent vraiment en aimer une et pas trop aimer l’autre, c’est un peu un choix, après on peut très bien aimer les deux j’espère. C’est 2 chansons de 10 minutes mais tu découvres deux choses différentes sur ABYSSE qui pourraient suffire à faire 10 titres par exemple vu qu’on trouve tout là-dedans.

"De Profondeur En Immersion" et "Le Vide Est Forme"… Comment choisissez-vous vos titres ?
Jérémy : En fait, c’est tellement chiant à trouver des titres, il faut le dire… Et vu qu’on n’a pas de paroles, même si on a des images plus ou moins débiles en tête, bah… "De Profondeur En Immersion" on l’a trouvé avec Vincent, on était à l’usine à travailler un été, et puis pendant 7h d’affilée lui il pliait les cartons et moi je mettais les trucs dans le carton. Donc pendant 7h tu discutes et au bout d’un moment t’es obligé de le trouver. Et "Le Vide Est Forme" on était au studio, on avait tout fini et on a trouvé un bouquin sur des poèmes Japonais ou Chinois.
Sébastien : On avait eu l’idée de vide sur le coup. C’est le fait que ça soit des grandes musiques mais on a cherché dans ce grand trou noir on va dire, comme un peu la pochette et puis on a trouvé une citation : "La forme est vide, le vide est forme". C’est un peu ce côté interrogation sur le CD qu’on pourrait avoir.
Vincent : C’est vrai que pour le premier EP, vu que c’était la première fois qu’on passait en studio à peu-près pro, on voulait vraiment introduire les gens dans notre musique, d’où le titre "De Profondeur En Immersion", pour les faire "entrer" un peu dans notre musique. Alors que "Le Vide Est Forme" c’est différent : il y a que 2 titres mais en même temps on voulait montrer que c’était quelque chose de concret, qu’il y avait de la matière même si ça parait peu, on regarde l’arrière du cd et il y a que 2 titres… Bon ça peut paraitre bizarre mais au final ce sont deux choses différentes : l’un plus pour introduire notre musique où on n’était pas encore sur des formats très longs alors que le deuxième c’était des formats un peu plus difficiles à rentrer dedans, des trucs progressifs mais en même temps il y avait de la matière, ça changeait souvent. C’est deux délires.
Jérémy : Vraiment, le fait d’être 7h à l’usine c’est long, c’est une bonne réflexion et jamais on se posera à réfléchir à un titre au lieu d’aller jouer ou regarder un film. On n’aime pas ça.
Vincent : C’est difficile parce que pour nous nos musiques parlent d’elles-mêmes, on a du mal à poser des mots dessus vu qu’on y pose des notes plus que des paroles. C’est peut-être le travail le plus dur des fois, le plus long, mais on essaie de trouver quelque chose qui correspond le mieux.
Jérémy : Pour "One Last Breath", je me demandais le temps qu’il y avait quand quelqu’un est vivant et quand quelqu’un meurt : c’est l’instant entre les deux. Il y a pas d’instant en fait, c’est une fraction de milliseconde. Le "dernier soupir" c’est entre les deux. Bon ça dure pas 12 minutes hein (mime un râle d’agonie, rires). Après pour l’album tu as peut-être des questions donc on va garder nos réflexions pour plus tard…

Et maintenant, à plus d’un an de la sortie du "Vide Est Forme", quel est le bilan des courses pour vous au niveau des retours et des concerts que vous avez pu faire ?
Jérémy : Ha les chroniques, on a beaucoup travaillé dessus, elles sont vraiment cool. Après c’est un style tellement particulier que les webzines trouvent le chroniqueur qui aime ça donc…

Tu penses que ce n’est pas nécessairement objectif ?
Jérémy : Il y en a qui sont objectives.
Sébastien : Après dans tous les cas je pense qu’ils n’entendent pas ce style de musique tout le temps, donc même s’ils aiment bien ce style ils ont quand-même des choses à raconter pas habituelles.
Jérémy : Du fait qu’on soit jeunes, quand on dit "20 ans" on nous regarde bizarrement. Ca fait pas longtemps qu’on existe donc il y a ce côté d’être un peu impressionné. Nous ça nous fait rire mais ça nous donne un petit plus et on est pris différemment, pas comme si on avait 35 ans et qu’on avait sorti 12 albums avec un autre groupe et que c’était un side-project. "Eux ce sont des petits merdeux et ils sont assez impressionnants" : on est pris comme ça. Nous on a cet âge-là parce qu’on est né en 89 et c’est tout. Enfin il y a ce fait là qui nous a peut-être un peu aidé pour gonfler la chose. Maintenant on travaille les chroniques à l’étranger parce que le CD n’est jamais sorti, il a jamais été signé et puis là on travaille la revue de presse à l’étranger. Il y a des pays où on trouve ça bien, il y a des pays où on trouve ça très bien, ça dépend des chroniqueurs.
Sébastien : Il y a aussi d’autres pays où ils ont peut-être plus baigné dans le metal…
Jérémy : Chez nous on est des petits Français donc on vient de la maison, c’est pas une fierté mais voilà ça vient de chez nous, alors que des Polonais sont peut-être plus objectifs. Aux Etats-Unis on a eu de très très bons retours, en Pologne on a eu une interview et une chronique où ils ont trouvé ça bien mais c’est tout. Bon ça dépend vraiment des chroniqueurs mais on devrait faire une revue de presse exhaustive dans chaque pays, on pourrait faire une comparaison, là on ne peut pas.
Vincent : Au niveau du public je sais qu’il y a des gens qui sont venus nous voir et qui n’écoutaient pas forcément de metal, ou ce style de metal, et il y en a beaucoup de que ça a vraiment surpris, limite changé et à qui ça a bien plu. On est un peu fédérateur sur pas mal de points.
Sébastien : On touche les gens qui n’aiment pas le metal et on arrive à toucher les gens qui n’écoutent que de l’extrême parce qu’il y a quelque chose qui les garde quand-même. Ca peut être un atout au bout du compte le fait d’être sans chanteur, parce que les gens qui n’aiment pas du tout les voix gorgoroth-iennes et compagnie ça les amène à pouvoir écouter et puis comme des fois on fait du metal un peu catchy ça peut faire aimer aux extrêmes derrière. Et puis on aime ces deux univers donc…
Jérémy : Une fois une dame est venue nous voir après un concert, c’est son mari qui l’avait emmenée pour voir Kruger. Après ABYSSE elle est venue et elle nous a dit qu’elle n’écoutait que de l’opéra mais qu’elle avait beaucoup aimé. Je pense que c’est le fait qu’on n’ait pas de mec qui gueule, qui growl comme un porc et qui casse tout pour les gens qui n’aiment pas ça, pour tout ceux qui écoutent du rock ou de la pop.
Vincent : Au début pour nous, ce qui était un défaut ressort comme un avantage pour certaines personnes. C’est surprenant.
Sébastien : Après il y en a qui trouvent que ça manque mais d’autres arrivent à gommer cette partie.
Jérémy : Pas de chanteur, peut-être des bouts de chant… On y pense mais entre penser et faire, bon c’est pas demain la veille. Pour l’instant on compose sans chant vu qu’on n’a rien : on n’a pas de matos, on n’a pas envie, on n’a pas les capacités. On y réfléchit mais pour l’instant c’est trop vague.
Vincent : On compose tellement naturellement, au feeling, que notre musique est finie et après il faudrait rajouter du chant… et on n’a pas forcément les mêmes goûts en terme de chant.

Au niveau de l’étranger, vous avez fait quelques dates déjà ?
Sébastien : Belgique ! C’était notre première sortie de France.
Jérémy : Bon ce n’est pas ce qu’il y a de plus exotique la Belgique mais c’était génial.
Sébastien : Et le fait de sortir de France ça fait déjà un pas, on joue ailleurs.
Jérémy : On a été en Wallonie, bon ils parlent tous français…
Sébastien : … mais ça fait des vacances, le fait d’ailler ailleurs, de découvrir d’autres zics. C’est un plaisir, même si ce n’était pas des grosses dates, juste des petits bars et tout… Mais c’était super intense au bout du compte pour nous d’y jouer. Ca donne envie.



Et du coup là demain soir : le Metal Corner au Hellfest… Comment ça s’est passé d’ailleurs ? C’était un tremplin, on vous a contacté ?
Sébastien : Non pas du tout, c’est nous qui les avons contactés.
Jérémy : On a contacté, on a insisté, on a insisté, on a insisté... On a aussi insisté je crois (rires).
Vincent : Ils sont venus nous voir aussi, il y a un peu de Hellfest Prod qui est venu au Ferrailleurs (à Nantes, ndlr).
Jérémy : Ils étaient venus parce qu’il y avait Kruger, qu’ils aiment bien et c’était l’occasion de voir le groupe qui les faisaient chier pour jouer. Bon on n’a pas pu discuter avec eux après mais ils nous ont trouvé une place, donc peut-être qu’ils ont bien aimé ou j’en sais rien.
Sébastien : En même temps, on a une petite musique sur le DVD du Hellfest 2009 donc ça fait plaisir !
Jérémy : Ha oui le DVD… A la base ils recherchaient des groupes qui ne sont pas répertoriés à la SACEM donc où il ne fallait pas payer de truc. Ils voulaient des groupes locaux qui étaient relativement bien produits et pas de trucs SACEM, donc on rentrait dans les clous. Mais le DVD ça n’a rien à voir avec Hellfest Prod, même si on a fait de la promo avec et que ceux qui ont fait le DVD sont forcément intimement liés avec Hellfest Prod, les programmateurs n’ont rien à voir avec ça. C’est pas qu’ils s’en foutent mais ils ont d’autres chats à fouetter.

Alors contents d’avoir suffisamment insisté pour jouer ?
Sébastien : Ouais ça fait super plaisir de pouvoir jouer là, c’est vraiment génial.
Jérémy : C’est trop cool. On n’a pas la meilleure place mais on est vraiment trop contents.

Vous jouez pendant Kiss je crois.
Jérémy : Kiss, Bloodbath, Garcia Plays Kyuss.
Sébastien : On s’est dit, bon Kiss les gens vont regarder 1h et puis après ils vont venir nous voir. Les blackeux vont pas forcément avoir envie de voir du death. C’est tellement aléatoire cette histoire en fait…
Jérémy : S’il pleut de toute façon les gens voudront s’abriter. Je sais qu’il y a beaucoup de gens qui vont aller voir Kiss, moi j’aimerais bien voir Kiss parce qu’il faut que je le fasse une fois dans ma vie mais s’il pleut, moi je regarde ça 10min et après je me casse.
Sébastien : Autrement c’est génial, c’est un peu une consécration de plein de trucs de jouer là pour nous quoi. Même si c’est le Metal Corner, c’est pas le vrai fest, c’est un peu à côté mais c’est génial.
Jérémy : Et puis le Metal Corner c’est monstrueux, je sais pas si t’as été voir déjà. La scène est aussi large voire plus large que la Terrorizer Tent, bon elle est moins profonde mais c’est quand-même super bien.
Vincent : On a vraiment la volonté, là je parle au nom du groupe, de montrer ce qu’on peut faire. Je pense qu’on va donner vraiment le meilleur même si c’est au bout de 3 jours et qu’on va vraiment être naze.
Sébastien : Donner le maximum de nous pour les gens qui vont être là, que ça retienne au moins l’attention pour le petit groupe qui était au Metal Corner.
Vincent : Même si les gens savent pas ce qu’ils voient, qu’ils repartent au moins avec un bon souvenir.
Jérémy : C’est vraiment le moyen de montrer à nos potes qui vont venir –s’ils veulent venir parce qu’il y a d’autres groupes bien qui passent en même temps– que ça va botter des culs, et aux gens qui nous connaissent pas, qui sont là pour la curiosité ou qui sont là par hasard ou qui sont venus parce qu’ils ont entendu, que ça va aussi chier. Maintenant nous on est vraiment là pour se faire plaisir un maximum et franchement, qu’il y ait 120 pélos dont 100 poivrots qui sont là parce qu’ils n’arrivent pas à partir ou que le chapiteau soit plein, pour nous ça sera pareil. On n’aura peut-être pas la même appréhension ou le même sourire si la salle est pleine ou si elle est vide, il y a quand-même quelque chose qui prend sur ton ego, mais scéniquement et musicalement ça sera pareil. On va essayer d’être monstrueux, de faire ce qu’on aime et de le faire le mieux possible. Nous on adore ça donc si on peut le partager c’est vraiment trop bien.

Tout à l’heure tu as glissé qu’il y avait un album en préparation… Tu peux m’en dire un petit peu plus ?
Sébastien : Pour ceux qui viendront Dimanche, il y a une musique du futur album que l’on fera entrevoir dans la setlist. Mais là ça va être une autre phase de composition par rapport aux anciens morceaux, parce qu’à l’inverse des anciens où on composait et on conceptualisait, là on conceptualise avant et ensuite on joue sur ce qu’on s’est dit de faire. Donc c’est vraiment différent parce qu’avant c’était un peu trouver une idée sur ce qu’on venait de pondre.
Jérémy : Un album ce n’est pas 2 titres donc c’est quelque chose de plus abouti et si on devait conceptualiser après chaque musique, il n’y aurait pas forcément de cohérence. Pendant un an on a composé 2 morceaux et demi et on y arrivait plus avec ce système de composer et chercher dessus, comme un couple où ça marche plus, où il y a plus la flamme : on savait plus où on allait.
Sébastien : Donc on s’est remis un peu en question, on s’est dit pourquoi pas chercher des idées et essayer de composer toujours autour de l’idée…
Jérémy : … pour que l’album soit toujours cohérent. Une démo de 20min, bon tu écoutes mais un album de 1h il faut vraiment que ça coule bien, que ça soit bien fait dans l’ensemble. Donc voilà, on a conceptualisé un peu la chose mais on n’en dira pas plus pour le moment.
Sébastien : Ceux qui aiment bien ce qu’on fait, là le fait d’avoir plusieurs musiques, ils vont avoir un plus large choix d’écoute. Et c’est assez intéressant de composer comme ça, ça nous change vachement et ça nous a vraiment motivé à fond. Donc là on est déjà dans la composition de la 2e musique.
Jérémy : On est vers la fin de la 2 et on a envie d’aller vers la 3 parce qu’on sait ce qui va se passer dans la 3, donc on a vraiment envie. On a déjà l’idée de chaque musique, elles sont toutes prêtes intellectuellement. Après quand on les compose forcément ça part mais on a la structure, ce qui fait qu’on a trop envie d’essayer ! Genre la dernière on a déjà envie de la faire.
Vincent : Ca va être un bloc et en même temps à l’intérieur il y aura vraiment plein de choses qu’on aura explorées. Les idées se suivent et on compose en les suivant.
Sébastien : Après ce qui est peut-être mieux par rapport à la démo où pour une musique, par exemple dans "Le Vide Est Forme", il y avait plein de choses qui se passaient, là ça va être un peu plus recentré sur chaque zic. Il y a toujours 20 000 riffs différents vu qu’elles durent 8min mais ça sera plus concentré sur un délire d’ensemble que tout mélangé. Ca pourra peut-être plus segmenter ABYSSE.

Et vous avez prévu combien de pistes ?
Sébastien : Huit titres pour l’instant.
Jérémy : On verra ça, si on arrive à tout composer. On aimerait bien rentrer en studio l’été prochain.

Vous restez au Dome Studio ?
Sébastien : Ouais, on a bien sympathisé, ce sont un peu nos papas de la musique. On a un super lien donc on préfère vraiment continuer avec eux.
Jérémy : Ils veulent nous voir grandir et on a tellement confiance en eux qu’on sait que ça marchera.
Vincent : On bénéficie de leur expérience, ils nous donnent vraiment tous leurs petits conseils. Ce n’est pas que de la production, il y a plein de choses autour. Ils ont confiance en nous, ça fait plaisir, c’est sécurisant et puis en même temps c’est super motivant vu quand-même ce qu’ils ont fait, ce qu’ils font.
Sébastien : Ils ont quand-même un bon répertoire derrière eux donc ils savent ce qu’ils disent, donc nous on écoute bien ce qu’ils ont à raconter.

Ok, retour au présent avant la fin… Pour l’instant le fest débute bien pour vous ?
Sébastien : Un peu dur le matin pour moi, bon j’ai pas raté grand-chose mais sinon il y a plein de choses.
Jérémy : Ouais, hier c’était monstrueux. Que ça soit Crowbar sous le soleil, c’était massif… On a vu quoi ? On a vu Ghost Brigade qui étaient vraiment super classes, Deftones qui étaient monstrueux et avant eux Walls Of Jericho. On est assez éclectiques.
Sébastien : Il y avait Monkey 3 un peu dans notre style, instrumental : super classe. On a vu vraiment de tout, on a tout enchaîné.
Vincent : Infectious Grooves pour moi.
Jérémy : Aujourd’hui on va un peu traîner au carré VIP, il y a moins de choses qui nous intéressent.
Sébastien : C’est très hard rock et ça nous saoule un peu, et en tout cas ce qu’il y a dans la Terrorizer Tent c’est très deathcore et compagnie, c’est pas notre truc. Donc là ce matin jusqu’en début d’après-midi c’est un peu calme.
Jérémy : Là on fait une interview parce que bon… (rires) Voilà on a une autre interview après, c’est la journée repos, on va aller à l’Extreme Market. Parce que le Hellfest c’est aussi un endroit pour glander et pour apprécier l’ambiance, nous on est arrivé Jeudi parce que l’ambiance le Jeudi c’est monstrueux. Il y avait nos potes de A Subtle Understatement qui jouaient le Jeudi soir au Metal Corner aussi donc on est venu les voir forcément. Le Hellfest c’est les vacances, c’est cool, il y a pas que les concerts, il y a tout le reste autour et puis nous on a accès au carré VIP. C’est pas le fait que ça soit hyper pompeux : c’est calme, tu rencontres des gens.
Sébastien : C’est que des zicos donc t’es dans ton univers, personne te fait chier, tout le monde est cool, tout le monde te parle de zic.
Jérémy : Tout le monde est là pour se reposer, pour parler business, pour boire. C’est cool. On se dit qu’on est un peu des petites zézettes : on a vu passer par exemple le chanteur de Sepultura avec celui de Dagoba, après on a vu Chino Moreno (chanteur de Deftones). Alors nous on est les petits jeunes qui n’ont vraiment rien à faire là au bout du compte… Mais ça fait plaisir de découvrir ça aussi. Donc là aujourd’hui on va profiter.

Un dernier mot avant de se quitter ?
Sébastien : Bonjour à Geoffrey qui n’est pas là pour le moment, mais qui sera là demain pour le concert hein !
Vincent : C’est cool le Hellfest.
Jérémy : Faut profiter, faut être curieux et pas hésiter à aller à des concerts. Nous on a découvert des groupes en concert qu’on n’avait pas forcément prévu de voir, on a payé 5€, bon on aurait pu se payer un pack de bières avec ça mais…
Sébastien : Je voudrais remercier nos potes qui nous on écouté depuis tout à l’heure… Merci ! (rires)
Jérémy : Voilà, amusez-vous bien !

Merci à Abysse d’avoir accepté cette interview, et merci pour la bière. Le concert du Dimanche soir s’est très bien déroulé, ils ont réussi à attirer du monde malgré la retransmission du show de Kiss sur écran géant au Metal Corner. Bonne continuation à eux et à bientôt pour le nouvel album !


Le site officiel : www.myspace.com/abyssegroupe