Interview faite par mail par Kévin

Salut les mecs, je vous ai découvert avec votre dernier opus "Sisyphus" que j’ai adoré. Est-ce que tu peux nous présenter le groupe à votre façon ?
Julien (chant / basse) : A notre façon ? Ok ! On est 7 WEEKS, un groupe de rock autoproduit qui roule sa bosse ou son caillou si tu préfères depuis 2007. On a sorti 5 albums et 2 EPs et fait des tournées en France, Europe et UK. On aime la diversité, on déteste le convenu, on en à rien à battre des codes, cases, niches qui sont à notre goût trop nombreux et trop présents dans le monde de la musique en France et sont édictées par une poignée de personnes qui feraient mieux d’être disquaires ou bibliothécaires sonores.

Si je dis pas de bêtises le groupe est né en 2006, comment vous avez fait pour tenir tout ce temps, alors que la majorité des groupes splittent à la première occasion ? C’est quoi le secret ?
Savoir ce que tu veux, faire la musique pour les bonnes raisons et savoir encaisser quand c’est dur. On a connu, comme beaucoup de groupes, un tas de situations ubuesques et pénibles mais c’est ce qui nourrit notre inspiration. On le sait maintenant. On a dès le début voulu développer le groupe et tenir afin d’atteindre des objectifs, et si on échoue, on recommence. C’est facile de dire qu’on aime faire de la musique, c’est tellement bon et évident… mais comme en amour il faut savoir accepter les moments difficiles et en tirer les enseignements.

Est-ce que c’est pour ça que vous avez appelé votre dernier opus "Sisyphus" ? Le groupe étant ce boulet que le personnage mythologique traîne jusqu’au sommet ?
Oui, nous portons notre projet littéralement jusqu’au sommet et s’il tombe on va le rechercher. C’est une symbolique de ce qu’on appelle "les hauts et les bas" mais si on pousse un peu plus loin, comme chez Camus, on réalise que nous sommes nos propres maîtres, que notre condition nous suffit en tant que telle et que la création est plus forte que l’œuvre. Et c’est très bien comme ça, car, en revenant sur un registre moins philosophique, si l’œuvre est ton but et pas la création, tu risques d’être très déçu quand tu réalises comment est considéré un album aujourd’hui : découpé, démembré dans des playlists, noyé dans un flot de consommation qui ne laisse plus le temps d’écouter et d’apprécier les choses et qui standardise et marketise la musique.

Parlez nous un peu de ce dernier album justement, où va t-on puiser l’inspiration après tant d’années ?
Pour cet album, c’est majoritairement notre condition qui dicte notre inspiration. Du moins pour le sens des textes et les émotions exprimées. Pour la musique, je ne sais pas, je n’aime pas trop analyser, je préfère que ce soit un avis extérieur qui en parle. Tout ce que je peux dire c’est qu’on écoute des choses très variées et qu’on s’amuse de nos influences, on aime les faire se télescoper et voir ce qu’il en ressort. Il y a dans cet album autant de Mötorhead que de Gainsbourg, de Soundgarden que de Bowie, de King Crimson que de Metallica.



Il y a quelque chose qui m’a frappé à l’écoute de cet opus, c’est la force que vous avez à combiner à la fois un rock qui est assez accessible pour plaire à une grande majorité de personnes sans pour autant oublier votre personnalité et tomber dans les clichés fatigants du style. Vous l’expliquez comment ?
On aime à penser qu’on est des artisans de notre musique, on a l’idée depuis le début mais c’était un peu grossier et trop marqué par les références sur les premiers disques. On affine, on polit, on creuse plus profond. On tend à aller vers le diamant brut si tu préfères. Le but ultime pour nous est justement ce dont tu parles, être accessible tout en restant des amateurs de musique dure. Pas pour une reconnaissance commerciale, juste parce qu’on se considère comme des gens qui aiment transmettre au public et qu’on est pas trop du genre à rester avec sa petite bande d’esthètes qui se contentent de leur nombril. On préférera mille fois plaire au boulanger du quartier qui n’écoute pas ce genre de musique que d’être encensé par des ayatollahs du rock.

C’est le moment de la question de merde : c’est l’album de la maturité ?
C’est marrant, ça revient souvent cette idée pour cet album. Alors oui pourquoi pas, si la maturité est de savoir se mettre à nu et avoir conscience de qui on est, oui.

Vous pouvez-nous toucher deux mots sur l’artwork ?
C’est Gilles Estines qui a beaucoup fait de visuels pour nous qui l’a fait, et on l’adore, il est super beau et convient très bien à l’ambiance de l’album.

Je constate un nombre important de partenaires très différents, pouvez-vous nous parler un peu d’eux, de la nature de vos relations avec eux ?
Nous avons notre propre label et donc entretenons des relations avec plusieurs partenaires locaux ou encore des societés civiles de droits d’interprètes ou de producteurs phonographiques, ce sont donc des mentions légales à apposer sur le disque. Il y a aussi les endorsements comme Fender ou Savarez chez qui nous sommes.

Vous avez un nouvel album à défendre, quel est le programme pour les semaines et mois qui arrivent ?
On est en tournée pour défendre l’album et ça se passe très bien, on a de très bons retours du public. On travaille pour avoir un maximum de concerts sur 2020, là aussi nous faisons quasiment tout nous mêmes.

D’ailleurs après autant d’années, d’albums et de tournées, si vous deviez ne choisir qu’un seul souvenir ?
Impossible de n’en choisir qu’un. Je suis parfois nostalgique des débuts du groupe où on était plus insouciants mais je sais que le meilleur est devant nous, sinon ça n’aurait pas de sens de continuer.



Qu’est-ce qui vous reste à accomplir avec 7 Weeks, ou qu’est-ce que vous auriez voulu déjà faire qui ne s’est pas encore concrétisé ?
Un "vrai" support (pas ceux que certains groupes payent pour vivre la grand aventure du rock par procuration) avec un groupe dont on est fan et qui nous apprécierait pour notre musique et nos personnes. C’est très dur à déclencher.

7 Weeks avec full budget ça donne quoi ?
Une imposture ? Non je plaisante ! Ça veut dire plus de moyens, une forte visibilité, donc plus de buzz, plus de vues, plus de likes etc... etc... Ca simplifie la logistique, la promo, ça ouvre des portes c’est sur. Dans 95% des groupes qui passent un gros cap, il y a quelqu’un derrière qui a mis de la thune.

7 Weeks dans 10 ans ?
Toujours en train de pousser son caillou. Sauf si on est tous morts d’une une pandémie mondiale qui régulerait efficacement et logiquement la merde que nos parents ont volontairement poussé à s’installer, que nous avons ignorée et que nos enfants ne saurons pas gérer.

Vous écoutez quoi en ce moment ?
The Black Crowes, le dernier Kverlertak, "Lizard" de King Crimson, Opeth, Gainsbourg et la BO d’"Orange Mécanique".

Votre actrice porno préférée ?
Je suis pas très porno désolé, et mes derniers souvenirs de ça remontent à Brigitte Lahaie ou Clara Morgane (en hommage à Nixe, le premier gratteux du groupe si jamais il lit cette interview).

Et si il vous restez 7 semaines à vivre vous en faites quoi ?
J’essaye d’en vivre 8.

Dans ma chronique rédigée en début d’année je poussais un petit coup de gueule sur les niaiseries qu’on se souhaite pour l’année. Qu’est-ce qu’on peut vous souhaitez à vous ?
Que les choses aillent bien en général, nous ne sommes qu’un groupe de musique, on est des privilégiés dans la société, réservons les vœux à ceux qui triment vraiment.

Je te laisse le mot de la fin…
Merci à toi, et venez aux concerts c’est là qu’il peut encore se passer des choses si on aime la musique.


Le site officiel : www.7weeks.fr