La review

WOLVES IN THE THRONE ROOM + THROANE
Le Petit Bain - Paris
29/06/18


Review rédigée par Candice


Il suffit de voir des groupes comme "Schammasch", "Batushka" et autres "The Great Old Ones" pour se rendre compte que le post-black metal, ou bien le black atmo / ambient à la tendance occulte est en plein essor ces dernières années. Les amateurs pourront donc se délecter ce soir d’une affiche tout à fait dans l’air du temps, après un passage remarqué à Glazart en Décembre dernier, WOLVES IN THE THRONE ROOM fait son retour en terres parisiennes, accompagnés des chouchous de THROANE. Une affiche alléchante qui a visiblement tapé dans le mille car le Petit Bain n’est pas très loin d’être complet en ce très chaud vendredi soir.



C’est pourtant dans une atmosphère froide très malsaine que THROANE fait son set, due en grande partie à la projection d’images animées dérangeantes par leur beauté artistique et la souffrance silencieuse qui s’en dégage. Un silence tout aussi religieux a envahi la salle, et un constat se présente à nous dès le premier morceau, "Aux Tirs Et Aux Traits" : soit on aime, soit on déteste. Car THROANE n’est pas seulement un groupe de musique, mais bien plus un groupe conceptuel, qui base son art sur la perception auditive, sensorielle et les instincts primitifs. Ainsi, nous sommes immédiatement pris aux tripes, ou pas du tout. Il se trouve que j’ai été très touchée par leur performance, et notamment par les compositions "Aussi Féroces Que Nous Repentons" et "Un Instant Dans Une Torche" pour ne citer qu’elles, très fortes et impeccablement retranscrites sur scène. Le set dans son entier est bien construit et structuré, des interludes cinématographiques le découpent de façon à le présenter comme un parcours, une histoire à écouter et à suivre jusqu’au bout. Celle-ci touche d’ailleurs à sa fin, et aucun titre n’aurait eu mieux sa place ici que "Plus Une Main A Mordre", douze minutes de black dissonant, atmosphérique et glacial. Un morceau puissant et émotionnellement percutant, où tous les membres de THROANE semblent enfermés dans leur propre bulle, comme en pleine transe. Une composition bouleversante et marquante pour une performance tout aussi forte. Malgré son très jeune âge, THROANE semble à l’aise sur scène, et dégage une attitude très professionnelle. Du black à l’imagerie recherchée et "sérieux" pour un groupe qui l’est tout autant dans sa carrière qui ne fait que commencer, à supporter et à surveiller de près.



Une très bonne introduction à la soirée donc, et même si elle ne fut pas au goût de tout le monde, les esprits sont échauffés et plus que prêts à accueillir WOLVES IN THE THRONE ROOM. Il faudra cependant attendre la fin de la presque religieuse préparation de la scène, minutieusement décorée et parfumée d’encens et d’odeurs hélas un peu trop tenaces et denses pour être agréables. Au moins, nous pouvons dire que le groupe ne fait pas l’impasse sur la dimension spectaculaire !
C’est donc dans un Petit Bain entièrement enfumé que WOLVES IN THE THRONE ROOM arrive sur scène et entame sans plus de cérémonie "Thuja Magus Imperium", issu de leur dernier album "Thrice Woven". Un morceau parfait pour débuter, à l’intro à la fois douce et céleste, qui enchaîne sur du black atmo / mélo où se superposent les guitares grondantes. Je déplore seulement le clavier, qu’on entend très peu, alors que son rôle est tout de même plus important que celui d’être un simple fond sonore. Je trouve cependant satisfaction chez le chanteur / guitariste Nathan Weaver qui, malgré son apparente réserve et discrétion, a une vraie présence sur scène, et un timbre de voix qui a le don de nous faire voyager dans un autre monde, celui du black ambient, si unique et extraordinaire. On se rendra d’ailleurs vite compte que ce concert est fait en crescendo, chaque titre interprété semble pousser le concept ambient encore plus loin que le précédent. Ainsi, "Born From The Serpent’s Eye" - mon coup de cœur de la soirée -, excellent morceau planant et mélodique aux atmosphères harmonieuses multiples, nous guide doucement vers "The Old Ones Are With Us", qui atteint l’apogée du black lent et mélancolique, mêlé à des guitares aux riffs simples et incisifs. On ajoute à cela la nappe aérienne de clavier et un chant éraillé et nasillard, et vous avez le meilleur de WOLVES IN THE THRONE ROOM. On terminera cet excellent concert en beauté avec "I Will Lay Down My Bones Among The Rocks And Roots", un morceau aussi long que son titre et qui vous donne la chair de poule. Vingt minutes de voyage intérieur, sur fond instrumental à la fois lourd par le jeu de batterie impeccable d'Aaron Weaver et gracieux par les différents arrangements artistiques. WOLVES IN THE THRONE ROOM nous a offert une soirée forte en émotions et en expériences, qui se place aisément dans le top des meilleures soirées du genre de l’année.