La review

THE OCEAN + MAHESTRYA + TREYHARSH
La Péniche Spits - Douai (59)
03/05/16


Review rédigée par Miss Bungle
Photos prises par C-Line


En mai, fais ce qu’il te plaît. Pour commencer ce mois printanier, rien de tel qu’une soirée à la Péniche Spits à Douai pour un concert réunissant TREYHARSH, MAHESTRYA et l’attendue tête d’affiche THE OCEAN. Très jolie programmation cohérente au niveau du style musical, mais, et c’est appréciable, variée grâce à l’univers propre de chaque artiste.



C’est TREYHARSH qui démarre les hostilités. Groupe franco-belge de sludge metal avec une pointe de progressif, TREYHARSH a à son actif un album sorti en 2013, "Reverse". Mardi, c’est cet album que le groupe défendait, mais pas que, puisqu’un nouvel album est en écriture et que certains morceaux nous ont été présentés. Le groupe se compose d’un chanteur, batteur, bassiste et d’un unique guitariste. Pourquoi je précise "unique guitariste" parce que cela a son importance dans le rendu des compositions. Peu de mélodies solistes forcément et un style assez lourd rythmiquement avec une batterie bien présente. Si les riffs peuvent rappeler les Américains de Mastodon, on est toutefois ici dans du bien plus lourd. TREYHARSH est loin de faire dans la dentelle : compositions proches du metalcore, très directes, très martiales avec un chant ultra guttural et rugueux. Au niveau visuel, les musiciens sont plutôt statiques. L’effet est plutôt réussi, car au milieu d’eux, le chanteur en impose par sa stature et même s’il ne bouge pas beaucoup plus que les autres, ses grands gestes bras écartés lui confèrent un côté prédicateur. Mes biens chers frères, mes biens chères sœurs… Et si l’on ajoute à cela un set sans communication aucune avec le public, l’ensemble est d’une froideur implacable et sans concession qui n’est pas pour déplaire. Même si la salle n’est pas encore remplie en ce début de concert, le groupe a su convaincre les premiers spectateurs.

Setlist : "Concrete Desert", "Death Knocks On The Door", "Behind Us", "When The Sun Sets In The East", "The Taste Of Childhood", "Father's Bloodbath", "Farewell", "From The Flesh Of My Ghost", "Hundred Names)".



MAHESTRYA, le groupe lillois de progressive modern metal, prend la suite. Ils sont forts eux aussi d’un premier album intitulé "The Undying Thing" sorti fin 2015 sous le label M&O Music. La salle s’est déjà un peu plus renflouée mais avec un public légèrement timide, en recul de la scène. Autre groupe, autre ambiance. Le set débute sur une longue intro instrumentale aux nappes atmosphériques. Intro dont la délicatesse vole en éclats aux premiers riffs de "Breath From The Abyss". La voix est hargneuse, les guitares massives et la batterie assassine ! A la fin du premier morceau, le public s’est automatiquement rapproché de la scène, ce qui est toujours bon signe. Dès lors et jusqu’à la fin du set, les morceaux s’enchaînent et le rouleau compresseur MAHESTRYA aplatit tout sur son passage. La formation alterne les passages furieux avec voix rageuse, frappes brutales à la batterie, riffs syncopés, et les plages mélodiques avec samples, guitares plaintives. Ce qui frappe chez eux, c’est la richesse dans la construction des morceaux. La variété et la complexité des tempos sont légion dans un même titre et, de ce fait, ne laissent aucune place au répit. A peine avons-nous le temps de souffler durant les interludes mélancoliques. Si l’ensemble est brutal, il se dégage pourtant un petit quelque chose de lumineux chez MAHESTRYA, qui fait la différence. La tempête se termine sur "Lost Odyssey" pour lequel Andy, le chanteur, fait appel à Vincent (du groupe Unexpected Paradigm) pour un duo, disons-le, couillu. Hormis un léger souci technique vers la toute fin du set, le groupe a livré une prestation énergique et tout en puissance qui a largement séduit les spectateurs.

Setlist : "Breath From The Abyss", "Infected Souls", "The Cursed Sheperd", "Dissension", "The Call" (instrumental), "Amnesia", "Lost Odyssey".



THE OCEAN fait son entrée vers 22h30, devant un public qui est à présent massé devant la scène. Les cinq musiciens évoluent dans un décor sobre, tout au plus agrémenté de quelques spots savamment placés et de petites balises lumineuses qui ressemblent à celles que l’on voit en mer, pour guider les marins. Balises qui s’allument aléatoirement au gré de la rythmique ou des mélodies et qui donnent encore plus l’impression d’être perdu au milieu de l’océan. Ils sont applaudis avec vigueur et démarrent le set sur un titre qui mise plutôt sur la douceur et le lyrisme. D’après certains fans, selon les concerts, on ne sait pas à quoi s’attendre avec THE OCEAN. Le groupe varie les plaisirs en offrant soit des sets tout en délicatesse soit tout en hargne. On se dit alors que ce soir ce sera le premier cas de figure. Et pourtant, erreur. Passé ce premier morceau, c’est un déferlement de guitares et de batterie, soutenu par un chant hurlé, le début de concert se voulait trompeur. En réalité, toute la prestation alternera subtilement entre ces deux styles puisque c’est l’intégralité de l’album "Pelagial" que le groupe a choisi de jouer ce mardi soir. Le chanteur Loïc Rossetti passe tour à tour d’une belle voix claire (moins lyrique que ce qui s’entend souvent dans ce style musical) à un chant hurlé massif selon l’ambiance des titres, mais toujours avec un fond torturé, voire psychotique. Qu’il soit en retrait pour laisser guitaristes, bassiste et batteur s’exprimer, ou sur l’avant de la scène, et aussi fluet soit-il, Rossetti captive par sa prestance. Par ailleurs, très communicatif avec son public qu’il appellera toute la soirée "mes amis de Douai". Frontman doué pour capter l’attention de l’audience, il passe de mains en mains lors d’un saut dans le public, et plus tard c’est au milieu des spectateurs qu’il évolue micro à la main. Que l’on soit touché par la poésie des passages délicats soulignés par les samples piano / violon, ou secoué par la ferveur devant des riffs et une rythmique incisifs, une chose est sûre, on en prend plein les oreilles. La fin du concert est saluée par des applaudissements très nourris qui poussent THE OCEAN à revenir pour un tout dernier morceau de pratiquement 13 minutes, "The quiet observer" issu de l’album "Transcendental".

Setlist : "Pelagial" (album).
Rappel : "The Quiet Observer".

C’est sur cette jolie conclusion et la satisfaction d’avoir assisté à trois belles prestations que s’achève la soirée. Un clin d’œil à la Péniche Spits pour la qualité du son. Un immense merci à Céline pour son aide précieuse en tant que photographe !

Photos tirées de : www.facebook.com/c-line-photographie-186597624842866