Nouvelle étape de la tournée européenne 2015 de TESTAMENT, c'est dans la salle de l'Atelier, dans la capitale luxembourgeoise, que les thrashers de la Bay Area dépose leurs flight-cases, accompagnés par leurs cousins d'EXODUS. Cette date promettait d'être sanglante, nous étions impatients d'y assister.

Mais pour l'heure, c'est SYLOSIS qui ouvre les hostilités d'une façon bien peu enthousiaste. Le quatuor anglais de thrash / groove mélodique, qui a pourtant 15 ans d'existence et quatre albums à son actif, offre une prestation plate et sans relief. Les deux guitaristes (dont un est chanteur) ont le charisme d'une cacahuète. Leur seule façon de faire réagir le public encore peu fourni mais qui se rempli peu à peu est de serrer le poing de façon virile et cadencée, sans aucune pèche ni conviction. Seul le bassiste remue un peu. On s'ennuie ferme devant ce gros metal moderne, qui musicalement n'a rien à se reprocher (de très bons riffs et quelques passages heavy intéressants), mais qui se révèle bien mou et chiant sur scène et porté par des musiciens apathiques au regard aussi expressif qu'une moule sur un rocher. A une autre fois, peut-être.

Quelques instants après, EXODUS fait son apparition et dégaine d'entrée deux morceaux de son dernier album "Blood In Blood Out" dont le titre éponyme, dévastateur. Steve "Zetro" Souza, absent du groupe pendant dix ans, est de retour dans le gang depuis un an maintenant et n'a rien perdu vocalement, comme nous avons pu le constater avec son autre groupe, Hatriot. Sa voix passée au papier de verre est puissante et hargneuse. Même s'il n'a pas le charisme de son ex-remplaçant Rob Dukes (véritable pitbull déchaîné sur scène), Steve se débrouille vraiment bien et sait comment tenir un public. Il fait remarquer que quelqu'un est absent et taquine le public avec un extrait de "Raining Blood". En effet, Gary Holt est occupé avec Slayer. Son remplaçant, qui ne démérite pas, est Kragen Lunn, guitariste de Heathen. Les présentations faites, EXODUS enchaîne avec le mid-tempo ravageur qu'est "Children Of A Worthless God", au riff tournoyant. Steve s'en sort très bien sur le pré-refrain, plus mélodique que le reste. Le classique "Piranha" fait un malheur dans la fosse, qui, globalement sur le concert, ne bougera pas tant que cela pour un gig d'EXODUS. Malgré les incessantes provocs de Steve et ses appels à la violence, le public sera plutôt sage voire timide (!). "Salt The Wound" rencontre un beau succès alors que "Blacklist" fait retomber la pression avec ses riffs peu inspirés. S'ensuit le plus convaincant "Body Harvest" et le classique "Bonded By Blood" qui fait carton plein. Étonnamment, "The Toxic Waltz" se montrera bien fade et poussive, même si les fans apprécient. Le groupe termine son set avec "Strike Of The Beast". Si le groupe est physiquement en forme (quel plaisir d'observer Tom Hunting, monstrueux, et ses breaks si caractéristiques) et musicalement affuté, nous déplorons quelque peu la setlist qui met un peu trop l'accent sur les mid-tempi et néglige la violence pure. Une très bonne prestation néanmoins, surtout gâchée par un public amorphe et décevant.

Setlist : "Black 13", "Blood In Blood Out", "Children Of A Worthless God", "Piranha", "Salt The Wound", "Blacklist", "Body Harvest", "Bonded By Blood", "The Toxic Waltz", "Strike Of The Beast".

Lorsque TESTAMENT arrive, notre enthousiasme se barre bien vite. La cause ? Le son est beaucoup trop fort et fluctuant. On a du mal à distinguer les riffs et les soli d'Alex Skolnick, lorsqu'ils ne sont pas noyés dans la masse sonore, sont très difficilement supportables car trop aigus. De nombreux bruits parasites inexplicables sortent de la sono sur certains coups de toms ou certains accords et des effets d'écho vont et viennent aléatoirement. Un son dégueulasse et honteux. Et si nous trouvions le public timide pendant EXODUS, il sera complètement passif durant TESTAMENT. Aucun pogo, aucune passion, rien. Et encore les personnes présentes dans la fosse répondent aux sollicitations de Chuck Billy, mais au balcon, que dalle ! C'est hallucinant pour un concert de thrash aux morceaux si brutaux. Il s'agit tout de même de groupes cultes. Heureusement le groupe se donne à fond malgré l'exiguïté de la scène et est heureux d'être là. TESTAMENT varie les plaisirs et change à petite dose sa setlist. Nous avons droit, pour ceux ayant assisté au concert de Metz le mois dernier, à quatre morceaux différents dont un "Souls Of Black" efficace et écrasant, un "Native Blood" excellent issu de "Dark Roots Of Earth" et les titres issus de "The Gathering" que sont "3 Days In Darness" et "D.N.R." sur lesquels Chuck Billy y est terrifiant de puissance et de malignité. On retiendra ce moment, petite aparté comique, où Chuck dit quel bonheur c'est de jouer en Allemagne, avant qu'Alex ne lui fasse comprendre pourquoi le public se marre. Mais cela ne nous enlève ce goût amer dans la bouche après le concert. Si le groupe est impérial sur scène (malgré quelques petites faiblesses de Chuck en début de set), le show aura été gâché par un son merdique et un public asthénique. Tant pis, ce sera pour une prochaine fois.

Setlist : "Over The Wall", "Rise Up", "More Than Meets The Eye", "Native Blood", "The Preacher", "First Strike Is Deadly", "Souls Of Black", "Eerie Inhabitants", "The New Order", "Trial By Fire", "Into The Pit", "Practice What You Preach", "D.N.R. (Do Not Ressucitate)", "3 Days In Darkness", "Disciples Of The Watch".