SUFFOCATION + BELPHEGOR + GOD DETHRONED + NORDJEVEL + DARKRISE
Le Glazart - Paris
14/04/2019
Review rédigée par Matthieu
Aujourd’hui, le Glazart va brûler. Quand on réunit SUFFOCATION, BELPHEGOR, GOD DETHRONED, NORDJEVEL et DARKRISE dans une même salle, c’est presque impossible d’en
ressortir indemne. Et c’est Garmonbozia qui organise cette petite tornade. Les portes
ouvrent tôt, et les musiciens des différents groupes sont présents pour nous tenir
compagnie.
Ce sont donc les Suisses de DARKRISE qui foulent en premier les planches du Glazart. Dès
les premières secondes, ce sont des compositions rapides et au son tranchant qui sont
interprétées devant nous. Un death metal puissant, hurlé par Thibaud Ducrot (chant) et
servi par les harmoniques perçantes de Dario Hug et Nicolas Morard (guitares). Les
membres sont directement impliqués dans leur musique violente, et malgré les lumières qui
occultent totalement Axel Vuille (batterie), le résultat est probant ! La basse de Wils ajoute
cette touche grasse à une rythmique assez technique et qui fera headbanguer quelques
spectateurs. "Faites du bruit le Glazart !" ordonne le frontman à une foule qui s’étoffe de plus
en plus. Et malgré cela, les réactions de la part du public seront tout de même assez
timides. Le jeu technique des musiciens leur permet de claquer des riffs entraînants et de
mélanger plusieurs influences, mais le quintet n’est pas gâté par la lumière. "On a du
nouveau matos, n’hésitez pas à venir nous voir !" lance le chanteur avant de relancer sur un
nouveau titre. Et malgré l’absence de réaction du public, les musiciens se donneront à fond
jusqu’à la dernière seconde, avant de partir sous des applaudissements mérités.
Changement d’ambiance complet avec l’installation des braseros pour le rituel de
NORDJEVEL. Une fois les bougies allumées, DezeptiCunt (basse) et Destructhor (guitare)
s’installent de chaque côté de la scène, attendant le coup d’envoi. Et c’est lorsque
Doedsadmiral (chant) se versera une rasade de sang directement dans la bouche depuis
un calice disposé devant la batterie de Dominator que la messe noire ne commencera
réellement. Des riffs martiaux, rapides et sans pitié qui déferlent sur nous. Du fait de leurs
lentilles blanches, le regard des musiciens est perçant, et les regarder droit dans les yeux
fait froid dans le dos, mais cette ambiance horrifique ne fait que renforcer la puissance de
leur musique sombre. Le chanteur est littéralement possédé, et il n’hésite pas à s’approcher
au plus près des premiers rangs pendant que ses compères headbanguent en alignant leurs
riffs. Et même lorsque le groupe prend le temps de respirer entre les morceaux, la pression
ne redescend pas, sous ces lumières sanglantes dans lesquelles se découpent les
silhouettes grimées des musiciens. L’impressionnante voix du chanteur aux bracelets à
clous est parfois doublée des choeurs du bassiste, mais celui qui attire tous les regards,
c’est bien le frontman. "Alright France" lâche-t-il en reprenant son calice. "This is "Apokalupsis
Eschation" !". Et c’est après une nouvelle giclée de sang que le dernier titre de la setlist des
Norvégiens ne démarre. Beaucoup plus long que les autres, il permet cependant à la foule
de se plonger une dernière fois dans un headbang frénétique, sous la rythmique obscure de
la formation, qui vient de livrer un show monumental.
Setlist : "Sunset Glow", "Into Ever Deeper Depths", "Amen Whores", "Apokalupsis Eschation".
On reste dans les rythmiques sombres avec l’arrivée de GOD DETHRONED, et cette fois le
public parisien semble réveillé. Dès que Michiel van der Plicht (batterie) lance l’assaut, les
riffs du combo néerlandais provoquent des mouvements de foule. Assez statique, Henri
Sattler (guitare / chant) ura malheureusement quelques soucis avec son micro, mais les riffs
qu’il aligne avec le soutien de Jeroen Pomper (basse) et Mike Ferguson (guitare)
compensent le tout. Et le souci ne durera pas, nous pourrons rapidement profiter des
hurlements rageurs du frontman, sublimés par une rythmique virulente. "It’s good to be back
Paris, we missed you !" lance-t-il, acclamé par la fosse. "I hope you missed us too !" plaisante-t-il avant de relancer la machine, qui va littéralement écraser le Glazart avec une facilité
déconcertante. Les breaks sont de véritables incitations au hadbang frénétique, et les
musiciens mènent d’ailleurs la danse, rapidement imités par les spectateurs. Les musiciens
ne se privent d’ailleurs pas pour haranguer la foule, qui lancera le premier vrai pit de la
soirée, sous un son qui se perfectionne encore et encore, ce qui compense avec les
lumières, qui sont de moins en moins clémentes. Mais peu importe pour les Néerlandais, qui
jouent avec la même fureur qu’au premier titre, et qui remportent les acclamations de leur
public entre chaque morceau. "Hey Paris, it’s the last one ! Enjoy Belphegor and
Suffocation, here is "Nihilism" !" hurle le frontman avant de débuter ce qui sera leur dernier
morceau de la soirée. Très communicatifs, les membres motiveront d’ailleurs un slammeur,
qui sera cependant assez rapidement arrêté par les autres spectateurs, désireux de
savourer cette dernière tranche de violence pure qui fait désormais partie des
incontournables de la discographie de GOD DETHRONED avant de remercier le groupe par de
chaleureux applaudissements.
Setlist : "Serpent King", "Villa Vampiria", "The Execution Protocol", "No Man's Land", "Escape
Across The Ice (The White Army)", "Poison Fog", "Storm Of Steel", "Boiling Blood", "Nihilism".
Les roadies s’activent pour mettre en place le second rituel impie de la soirée, avec
notamment des colonnes d’ossements qui annoncent l’arrivée de BELPHEGOR. Comme à leur
habitude, c’est avec un maquillage menaçant que les membres arrivent sur scène, et dès le
premier riff sanglant la foule part. Si Helmuth (guitare / chant) s’amuse à aligner ses parties
lead au plus près du public, voire même avec un genou à terre, son chant est toujours aussi
puissant, et les choeurs vicieux de Serpenth (basse / chant) contribuent grandement à
l’ambiance générale. Un peu plus en retrait, Horus (guitare) se contente de jouer en
headbanguant, un peu effacé par le charisme du frontman. Les harmoniques tranchantes du
combo sont soutenues par les frappes ultra rapides de Ravager (batterie), que l’on ne verra
tout simplement pas du fait de la fumée et des lumières épaisses. Et contrairement à ce que
je pensais, la fosse ne se rentre pas dedans, mais au contraire les spectateurs apprécient le
moment en headbanguant sur ces rythmes blasphématoires. Haranguant et grimaçant
devant les premiers rangs, les musiciens font réellement vivre leur musique, et leur
implication est plus que communicative. Le frontman introduit chacun des titres que le
groupe joue, piochant dans leur large discographie, et c’est à chaque fois avec la même
puissance que les riffs des autrichiens déferlent dans la salle parisienne. "This one is from
"Pestapokalypse VI" album" lâche le chanteur pour introduire la culte "Belphegor - Hell’s
Ambassador", avant de débuter le morceau, pour le plus grand plaisir des amateurs du
groupe. Les quelques samples que le groupe intègre à sa musique participe également à
leur performance, comme la malsaine "Lucifer Incestus" qui mettra tout le monde d’accord
avant un final sur la surpuissante "Baphomet". Helmuth remerciera les premiers rangs avec
une poignée de médiators avant de quitter la scène.
Setlist : "Sanctus Diaboli Confidimus", "Totenkult", "Exegesis Of Deterioration", "The Devil's Son",
"Swinefever", "Regent Of Pigs", "Belphegor", "Hell's Ambassador", "Conjuring The Dead" /
"Pactum In Aeternum", "Stigma Diabolicum", "Virtus Asinaria", "Lucifer Incestus", "Baphomet".
Place à la dernière performance de la soirée, la tornade SUFFOCATION. Ce show, qui est le
cinquième que je vois du groupe en deux ans, ne fait pas exception à la règle : les
Américains sont des monstres. A peine leurs derniers réglages terminés, ils alignent sans
broncher des riffs à la technicité extrême en commençant par "Thrones Of Blood", qui n’a pas
pris une ride en presque 25 années. Si Terrance Hobbs (guitare) est un peu oublié par les
lumières, le guitariste n’en est pas moins motivé. A ses côtés, Derek Boyer (basse) pose
son instrument à la forme si particulière sur le sol pour maltraiter ses cordes, sous les
hurlements surpuissants de Ricky Myers (chant). On ne verra pas non plus Eric Morotti
(batterie), caché par des lumières qui se concentrent à peine sur le devant de la scène, sur
laquelle Charlie Errigo (guitare) officie tout en headbanguant. Bien qu’ils n’en aient pas
réellement besoin pour ravager la fosse, les membres haranguent le public, et les
mouvements se succèdent. Pour couronner le tout, des slammeurs se lancent sur des titres
de plus en plus violents, et si le chanteur est assez peu communicatif, c’est que le timing est
serré ! Malgré tout, les américains font le tour de leur discographie à grands coups de
morceaux tous plus techniques et violents les uns que les autres. "Thank you !" lâche
finalement le chanteur vers la fin de leur temps de jeu. "We will play another one for you !". Et
c’est "Infecting The Crypts" qui démarre, alors que le combo se remet en action. Car oui, ce
soir SUFFOCATION a tout simplement roulé sur le Glazart, et on en redemandait !
Setlist : "Thrones Of Blood", "Jesus Wept", "Funeral Inception", "Cataclysmic Purification",
"Clarity Through Deprivation", "Surgery Of Impalement", "Effigy Of The Forgotten", "Breeding The
Spawn", "Pierced From Within", "Liege Of Inveracity", "Catatonia", "Infecting The Crypts".
Alors que la salle se vide, il est facile d’aborder les musiciens des différents groupes, qui ne
se font pas prier pour plaisanter avec leurs fans. Si le début a été un peu laborieux pour
DARKRISE, probablement à cause de l’horaire, les Suisses n’ont pas démérité, tout comme
NORDJEVEL qui nous a offert une leçon de black metal. Fidèles à leur réputation, GOD DETHRONED avait également mis la barre très haut, mais BELPHEGOR et son rituel ont
également réussi à conquérir le coeur des parisiens. Et bien que je n’avais aucun doute,
SUFFOCATION a été fidèle à sa réputation en offrant une performance époustouflante, comme
à chaque fois. Moi, je rentre en me massant la nuque !