La review

SEPTICFLESH + INQUISITION + ODIOUS
Le Trabendo - Paris
20/01/18


Review rédigée par Matthieu


Par une après midi pluvieuse, c’est le tramway parisien qui nous conduit au Trabendo. Déplacés au dernier moment à cause de la fermeture (heureusement temporaire) de la Machine du Moulin Rouge, ce sera le lieu du massacre de ce soir, perpétué en premier lieu par les Egyptiens d’ODIOUS, puis par le duo américain INQUISITION, et enfin les Grecs de SEPTICFLESH se chargeront de nous achever. Une soirée qui débutera d’ailleurs très tôt, puisque les portes s’ouvrent (officiellement) à 18h15. Nous pénétrons dans la salle, puis prenons place près du pit photo prévu pour l’occasion.



Un écran géant est éclairé grâce à un rétroprojecteur, qui affiche le logo du premier groupe, ODIOUS. De parfaits inconnus pour moi, et qui viennent d’un pays qui n’est pas vraiment connu pour ses groupes de metal. Mais qu’importe, je suis prêt à découvrir le “Death Folk Symphonique Oriental”. Soudain, et sans crier gare, les musiciens entrent en scène, branchent leurs instruments et lancent leur sample introductif. Et c’est en effet un sample très oriental qui se fait entendre, alors que Tzortzis Boulos (batterie), Alfi Hayati (basse), Amr Medhat (guitare) et Bassem Fakhri (chant) se tiennent droits et tête baissés face à nous. Soudain, les premiers riffs se font entendre, et avec eux un jeu de lumière assez sombre. La première chose qui choque, c’est le mix qui est très mal géré. La batterie est beaucoup trop forte, la basse absente et les samples pas assez forts. Malgré tout celà, ainsi qu’une immobilité obligatoire, faute de place sur scène, la rythmique des Egyptiens est intéressante, et la voix de Bassem puissante. Lorsqu’il tente de motiver la foule, peu nombreuse, avec un "We are here to bring suffering", il n’obtient que quelques cornes pointées vers le ciel, mais certains semblent réellement passer un bon moment. Totalement dans son univers, seul Alfi headbangue en permanence, mais il est un peu oublié par les projecteurs, qui se concentrent sur le centre de la scène. Les ambiances un peu trop dansantes par moments rebutent une partie du public, qui préfère déserter vers le bas, créant une file d’attente d’une longueur impressionnante. Si certains titres souffrent de quelques longueurs, la demi-heure qui leur est accordée prend fin alors que le public se réveille un peu, et les Egyptiens partent sous quelques applaudissements timides. A réécouter sur album, car le mélange semblait réellement intéressant.

Setlist : "Dungeon Keys", "A Picture Of Dead Art", "New Mystery", "Crystal Clear", "Alzar", "Hot Blood Fumes".



La petite batterie est rangée au profit d’un kit plus grand, ainsi que de deux micros sur chaque côté de la scène et de quatre bannières. Plus aucun doute, INQUISITION va arriver d’ici quelques minutes. Dans le pit photo, il n’y a déjà presque plus de place, et certains n’ont pas eu la chance de s’asseoir lorsque Incubus (batterie) s’installe. Dagon (chant / guitare) arrive ensuite et donne le coup d’envoi. Un black metal cosmique et planant se répand alors la salle, créant une sorte de communion mystique instantanée. Le chant polyphonique de Dagon me surprendra toujours, mais instaure cette ambiance si particulière qui rend le groupe exceptionnel, accompagné comme à l’accoutumée de flashs lumineux intenses. La fosse est instantanément conquise, alors que Dagon alterne entre les deux micros pour ne pas délaisser une partie du public. Il viendra même terminer un riff au devant de la scène, se plaçant au plus près des photographes. Même lors de passages où Incubus lance un blast furieux, la fosse reste calme et admirative devant cette déferlante ténébreuse, certains préférant tout de même headbanguer pour s’immerger un peu plus dans la transe instaurée par les riffs du duo. Dagon prendra la parole pour nous annoncer l’un de ses titres favoris, "The Realm Of Shadows Shall Forever Reign", qui est d’ailleurs l’un des plus anciens qu’ils joueront ce soir. En effet, ce titre a été composé en 2002, soit il y a plus de quinze ans, et malgré l’évolution du son du groupe vers quelque chose de plus propre et soigné, il est toujours aussi planant. INQUISITION continue de parcourir sa discographie, et on sent que chaque mouvement est millimétré. Alors que leur temps de jeu touche à sa fin, quelques spectateurs décident tout de même de mosher un peu pour la forme, mais le mouvement de foule est assez rapidement réprimé. Le show était parfait pour les fans du groupe.

Setlist : "From Chaos They Came", "Hymn For A Dead Star", "Dark Mutilation Rites", "Ancient Monumental War Hymn", "Command Of The Dark Crown", "The Realm Of Shadows Shall Forever Reign", "Vortex From The Celestial Flying Throne Of Storms", "Embraced By The Unholy Powers Of Death And Destruction", "Astral Path To Supreme Majesties", "Desolate Funeral Chant", "Infinite Interstellar Genocide", "A Magnificent Crypt Of Stars".



Les bannières sont remplacées à la va-vite par celles des Grecs, et je décide de rejoindre le pit photo en avance. Plus de dix minutes avant l’heure prévue, un sample symphonique démarre, et le Trabendo se retrouve plongé dans le noir. Aucune trace des membres de SEPTICFLESH durant plusieurs minutes, qui finissent par nous sembler un peu longues, mais l’attente est finalement brisée par l’arrivée de Krimh (batterie) derrière ses fûts, dont les grosses caisses sont toujours à l'effigie du groupe précédent. Christos et Psycon (guitares) s’installent religieusement de chaque côté de la scène, leurs instruments à la main, et c’est finalement Seth (basse / chant) qui se présente devant nous, pour lancer le premier titre.
Lorsque les premiers riffs se heurtent au public, la folie s’empare de la fosse. Headbangs furieux et mosh incontrôlé se succèdent au son des rythmiques imposantes de la tête d’affiche. Les poses charismatiques de Seth, qui nous incite souvent à redoubler d’efforts à grands coups de "I count to three and you destroy!" attirent tous les regards, et ses camarades se cantonnent à leur côté respectif sans jamais trop s’éloigner du point imaginaire sur lequel ils se sont placés au début du show, à part pour disparaître entre deux titres. Le public communie également avec le groupe, mais de manière beaucoup plus violente, surtout lorsque des titres plus anciens sont annoncés, comme "The Vampire From Nazareth" ou "Pyramid God". Pour ma part, ma nuque a passé un point de non-retour sur le deuxième, mais rien ne m’empêchera d’écouter un "Communion" épique, avec une assemblée entière qui lève les bras en effectuant des signes rituels. La fumée se fait de plus en plus présente, rendant les rideaux de lumières plus présents, et c’est un "Let me feel your anger!" qui réveillera les derniers réfractaires pour signer le début de "Dante’s Inferno". Seth, essoufflé, nous explique que la France accueille toujours SEPTICFLESH de manière exceptionnelle, et c’est tout naturellement qu’il dédie le titre "Anubis" à Patrice Vigier, créateur de sa basse aux couleurs du dernier album du groupe, "Codex Omega". Malheureusement, après ce dernier titre où le public a encore une fois répondu présent pour chanter la mélodie, le charismatique frontman nous annonce qu’ils n’ont plus le temps que pour un seul et dernier titre. C’est donc "Dark Art" qui clôturera ce set qui est passé en un éclair… Une heure, pas une minute de plus, mais une performance exceptionnelle.

Setlist : "Portrait Of A Headless Man", "The Vampire From Nazareth", "Martyr", "Prototype", "Pyramid God", "Enemy Of Truth",- "Communion", "Prometheus", "Dante's Inferno", "Anubis", "Dark Art".

Lors de cette soirée, les ambiances se sont succédées. Un son intriguant pour ODIOUS, un rituel planant pour INQUISITION, et une violence sans nom pour SEPTICFLESH. Pourtant, les trois groupes s’enchaînent parfaitement, et le public, satisfait, se rue sur les stands de merchandising, épuisant le stock de certaines tailles de t-shirts. Inutile de dire que la prochaine apparition des groupes est plus qu’attendue dans la capitale, mais la pluie fine qui s’insinue entre vos os me fera renoncer à attendre les artistes. Merci pour ce moment d’exception hors du temps.