Ce mardi soir, Sounds Like Hell accueillait au CCO de Villeurbanne un nom mythique du black metal, j'ai nommé Mayhem. Cependant, je ne pourrai pas vous dire grand-chose de ce concert. Non, je ne suis pas resté devant ma télévision pour regarder les quatre heures de débat de la présidentielle ; j'étais tout simplement au Warm Audio où la même association accueillait aussi l'australien Plini en tête d'affiche. Organiser un concert de metal instrumental un mardi à Décines en même temps qu'un autre concert à Villeurbanne, le pari était risqué. Pourtant, nombreux étaient les spectateurs à faire la queue devant la salle. Comme quoi, ce genre de musique a clairement son public à Lyon !

La soirée commence avec un premier projet solo. Il s'agit de David Maxim Micic qui s'est fait connaître notamment avec sa trilogie "Bilo". Portant une capuche sur la tête et guitare à la main, il sera accompagné ce soir du guitariste de DISPERSE et du bassiste de PLINI. Malgré la présence de deux batteries sur scène, il n'y aura malheureusement pas de batteur. En effet, celui-ci a été rappelé chez lui en cours de tournée suite à une urgence familiale. "Tant de batteries et pas de batteur, ça craint" plaisantera le guitariste avant de nous demander d’applaudir "Steve Job à la batterie" en désignant son ordinateur posé sur scène. En effet, toute la batterie sera jouée sur bandes avec les autres samples déjà très présents dans la musique du groupe. Cette absence de batteur nuit un peu au côté live de la prestation mais cette forte présence de samples très travaillé donne finalement à l'ensemble un côté rock / electro qui n'est vraiment pas désagréable. On se laissera même complètement charmer par ces mélodies instrumentales sur lesquels David Maxim semble faire chanter sa guitare. D'autant plus que le son est vraiment très bon ! En à peine cinq morceaux, essentiellement extraits de son album "Who Bit The Moon", le talentueux serbe aura littéralement conquis son auditoire. Voici une soirée qui commence très bien !

Pas besoin d'un gros changement de matériel après la prestation de David Maxim Micic ; c'est donc rapidement que DISPERSE va pouvoir faire son entrée en scène. On retrouve Jakub Zytecki à la guitare qui avait discrètement accompagné la première formation, accompagné cette fois par Bartosz Wilk à la basse, Rafal Biernacki qui sera le seul chanteur de la soirée et Jozef Rusinowski qui remplacera le batteur du groupe pour ce soir. Les samples ressemblent pas mal à ceux utilisés par David Maxim dans sa musique mais leur rôle est ici plus secondaire et c'est souvent le chant assez pop de Rafal qui est mis au premier plan. Le tout est assez aérien et, même si on sent une très grande maîtrise technique chez chacun des musiciens, le style reste très ambiant et assez peu démonstratif. On apprécie tout particulièrement le jeu tout en nuance et en subtilité du batteur qui se montre très investit dans sa prestation, sans nous donner l'impression une seule seconde qu'il n'est là que pour dépanner le groupe. Le son étant encore une fois un très bon, on passe un agréable moment en compagnie du groupe.

Après un plus long changement de plateau qui me laissera le temps d'aller me restaurer, il est temps d'accueillir la dernière formation. Après avoir ouvert pour Animals As Leaders l'année dernière, le guitariste Plini revient cette année en tête d'affiche. Comme souvent, le jeune australien sera accompagné ce soir de Simon Grove à la basse, de Troy Wright à la batterie et de Jake Howsaw à la deuxième guitare. Bien que le style reste très mélodique, on ressent quand même une différence d'approche dans la musique de PLINI qui s'oriente plus vers le groove et la technicité que les deux groupes précédents. Un peu à la manière d'un Liquid Tension Experiment (le projet instrumental de Dream Theater), on frôle parfois la frontière entre le prog et le jazz fusion. On reste cependant dans quelque chose de très écrit. Si chacun des excellents musiciens a droit à son petit moment de gloire, c'est avant tout Plini qui joue le maestro en nous donnant une véritable leçon de guitare. La session rythmique n'en demeure pas moins très impressionnante avec un Troy Wright magistral derrière sa batterie et un Simon Grove qui nous place quelques parties de basse vraiment bluffantes. Pour agrémenter le show, on aura droit à une petite session d'improvisation entre les deux guitaristes : l'un propose des accords complexes tandis que l'autre propose une ligne de solo dessus. Le petit jeu se termine de façon humoristique par un accord complètement dissonant sur lequel il est parfaitement impossible de bâtir une quelconque mélodie. Mais le véritable temps fort sera, sans aucun doute, le final durant lequel les guitaristes des deux premières parties seront invités à revenir sur scène. Pendant que la basse et la batterie assureront la base rythmique, chacun des guitaristes nous gratifiera, à tour de rôle, d'un petit solo dont il a le secret. Moins technicien que les autres, David Maxim se livrera à un petit jeu de question-réponse avec Plini avant de se joindre aux deux autres guitaristes pour un final dantesque.

On aura vraiment passé une excellente soirée ce soir au Warm Audio. Le public a vraiment été au rendez-vous, au point de faire grimper considérablement la température de la salle ! Un grand bravo à tous ces excellents musiciens ainsi qu'aux techniciens pour ce superbe spectacle. On remercie Sounds Like Hell de s'être donné les moyens d'accueillir ce deuxième concert ainsi que l'équipe du Warm Audio pour son accueil et sa bière printanière !

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