La review

PAIN OF SALVATION + CRYPTEX
Le Bikini - Ramonville (31)
19/02/2012


Review rédigée par Dave Callaghan


Un concert de PAIN OF SALVATION, c’est toujours un évènement particulier. Les quelques fois que Dieu, dans sa grande miséricorde, m’a donné l’occasion d’assister à leur prestation, c’était en ouverture des papes du prog' : Dream Theater ou Opeth. Temps ultra limité, partage du set, bref, pas vraiment les conditions idéales, pour exprimer toute la créativité dont le groupe sait faire preuve. Les DVD de "Be" ou "The Second Death Of Pain Of Salvation", disponibles à la vente légale (ou pas) en sont de parfaits spécimens. Je suis donc arrivé au Bikini à Toulouse, avec la félicité prémonitoire d’assister à la grand messe en entier, organisée par l'asso Souffleurs de Têtes. Premier constat affligeant : seuls les deux tiers de l’église étaient remplis, ce qui est peu lorsque une sommité pareille daigne se déplacer dans nos modestes contrées reculées. J’avoue que l’incongruité de l’heure d’ouverture des portes doit y être pour quelque chose : 18h00 un Dimanche, moi, d’habitude, je prends l’apéro chez mes parents !

"Opening Act", comme on dit dans le milieu, avec CRYPTEX. La pléthore de leurs produits dérivés (t-shirts, briquets, badges, baguettes pré-signées, flyers…) envahit le stand de merchandising commun. On peut malgré tout entrapercevoir, sur divers tracts de propagande, leur appartenance au genre "Progressive-Folk-Rock". Effectivement, le line-up Allemand sait envoyer un rock progressif à l’ancienne, un peu barré mais pas vraiment metal qui me fera penser à plusieurs reprises à du Focus du début des 70’s. Le plus frappant c’est l’énergie que le trio emploie à faire vivre sa musique sur scène : ça bouge, ça sourit, ça interacte avec le public, un peu à l’Américaine, avec beaucoup d’extravagance. Bref, malgré la faute de goût du clavier / bassiste / didgeridooiste / chanteur avec sa jupe même pas Ecossaise (ouais, juste une jupe quoi !), on a droit à un show bien soigné. Et c’est là que les premiers doutes se confirment : le packaging est joli mais la musique reste difficile d’accès : bien qu’intéressants, les morceaux sont trop hétéroclites pour que, ne les connaissant pas d’avance, je puisse m’accrocher à une mélodie, un gros riff qui poutre ou une ambiance bien posée. Tant de hardiesse à défendre leur paroisse mérite cependant de se pencher sur leur production.

L’entracte est le moment opportun pour discuter avec les fans sur le pourquoi du comment de la fuite de la totalité des membres originels de PAIN OF SALVATION, puisqu’il n’en reste, depuis peu, plus que Daniel Gildenlow. Le reste de la troupe est composé de musiciens arrivés très récemment, même notre Leo local fait maintenant office d’ancien combattant ! Tout le monde s’accorde à dire que le virage musical opéré depuis le "Road Salt One" a fait partir tout le monde. Moi j’ai juste l’impression que Danny se prend de plus en plus pour un apôtre du prog’ et qu’un globe pareil ne doit pas être simple a supporter. Il n’y a qu’à voir les nouveaux t-shirts à son effigie, seule, façon Jim Morrison pour s’en persuader.



On peut lui en vouloir mais dès que le concert commence… On comprend. C’est la grâce divine qui transporte cet homme et lui inspire des compositions plus chargées en émotions les unes que les autres. On le sent habité à chacun de ses mots ou de ses gestes. Les plus anciens morceaux sont des montagnes russes, passant de la rage à la mélancolie avec la même sincérité. On pouvait aussi craindre l’apathie des deux derniers opus mais c’était sans compter sur l’excellente qualité des musiciens qui ont su magnifier sur scène l’énergie qu’il pouvait manquer à ces morceaux. Certains sont même tubesques, à l’instar de "Linoleum", "No Way", ou "Softly She Cries". Malgré tout, le frontman Suédois sait que ses dernières productions sont moins populaires que les plus anciennes et pratique l’auto-dérision avec un humour un tantinet cynique. La grande force du groupe reste de sublimer, grâce à la musique, des propos qui peuvent toucher la plupart d’entre nous. La nostalgie, les actes manqués, le pouvoir, ou même des sujets plus tabous, semblent trouver une deuxième façon de s’exprimer au travers de chaque note savamment pesée. C’était vrai sur enregistrement, c’est évident sur scène. Au final le show agit un peu comme un exutoire, on en sort avec avec l’impression d’avoir entendu ce que l’on ne sait pas exprimer, ce qui est un peu trop enfoui au fond de nous. Pour le rappel, après la reprise de "Black Siamond" de Kiss, où Daniel prend la batterie (pas mauvais du tout d’ailleurs !), le groupe finit sur l’apothéose émotionnelle avec "Sisters", dont les mélodies prennent au corps comme un vieux gospel peut faire rentrer en transe. PAIN OF SALVATION : Ca fait un peu mal, mais ça peut vous sauver la vie !

Photos tirées de : www.thoriumphoto.com / www.antonychardon.com