La review

OPETH + MYRKUR
Den Atelier - Luxembourg (Luxembourg)
23/11/2016


Review rédigée par Flo


Deuxième passage à l’Atelier pour les Suédois, quatre ans quasiment jour pour jour après un concert tout aussi fabuleux que surprenant, renouant avec des titres contenant du chant hurlé après une parenthèse de plus d’un an à jouer uniquement des morceaux avec du chant clair. La première partie de la tournée de l’album "Heritage" était donc plutôt “calme”, voire soporifique pour certains. Pour ma part, ayant vu un des ces concerts (Bataclan 2011), j’en suis sorti avec une opinion très partagée. Si j’étais heureux d’entendre certains titres très rares ("A Fair Judgement", "Credence", "Closure") et mes morceaux favoris d’"Heritage" ("Nepenthe", "Folklore"), les titres plus hargneux du combo manquaient cruellement à l’appel. Avec plusieurs années de recul, il apparaît également que "Heritage" est loin d’être un album convaincant (divisant toujours autant les fans du groupe) et la continuité vers ce style me rendait perplexe pour la suite. Cependant, "Pale Communion" m’a grandement réconcilié avec le groupe, étant nettement plus inspiré et moins expérimental ; idem pour "Sorceress", fraîchement sorti et dans la continuité autant stylistique que qualitative de son prédécesseur. Depuis fin 2012, OPETH varie de nouveau ses setlists pour le plus grand bonheur de ses fans, même si certains ne sont toujours pas au courant du retour au programme du chant hurlé (cf. certains commentaires sur les réseaux sociaux…).



La première partie est le one-woman band MYRKUR, une artiste danoise nommée Amalie Bruun vivant au Etats-Unis et qui aura beaucoup fait parler ces deux dernières années. Signée chez Relapse Records avec un seul EP, son premier album contient les participations de musiciens renommés de la scène metal : Teloch (Mayhem), Krystoffer Rygg (Ulver) et Christopher Amott (ex-Arch Enemy). Sur cet album, la musique proposée est un original mélange entre du black metal très primitif et des sonorités beaucoup plus planantes, à la croisée du post-rock et du folk avec en point de mire la voix très particulière d’Amalie Bruun.
Elle arrive sur scène seule avec deux choristes. Curieux pour un premier morceau, mais on ne remarque pas de backline pour un groupe, c’est donc en “solo” que Myrkur va se produire ce soir. Le concert commence par une intro au violon et se composera essentiellement des morceaux de l’album "M" en version clavier / voix. Il m’a fallu beaucoup de temps pour rentrer dans ce concert, quasiment la moitié du court set accordé à MYRKUR (un peu moins de 40 minutes), mais une fois passée la surprise de voir le groupe sous cette forme, je suis tombé sous le charme de cette interprétation finalement très proche de l’album live "Mausoleum", où Myrkur se produit dans une configuration similaire ! Le point d’orgue de cette prestation était la splendide "Onde Born", déjà superbe dans sa version originale et complètement décuplée dans cette interprétation bien plus épurée. La performance était de très bonne facture, la voix de Myrkur étant parfaitement secondée par les deux choristes. Celles-ci ont été totalement stoïques du début du concert jusqu’à la sortie de scène, un détail qui m’a paru assez dérangeant mais en regardant leur nom de scène ("Ghosts"), je comprends beaucoup mieux leur attitude scénique. Une première partie originale et reposante, parfait pour patienter avant les maîtres du (death) progressif !



Après 45 grosses minutes d’attente dans une salle bondée, OPETH débarque sur scène en deux temps. Martin Mendez, Martin Axenrot et Joakim Svalberg montent ensemble sur scène pour l’intro basse / batterie / clavier de "Sorceress", avant d’être rejoints par Fredrik Akesson et Mikael Åkerfeldt une bonne minute plus tard pour l’arrivée des guitares sur cet excellent morceau très inspiré des 70’s !
Curieusement, OPETH ne mettra pas spécialement l’accent sur ce dernier album, jouant seulement deux morceaux de celui-ci, "The Wilde Flowers" avec son refrain imparable étant l’autre extrait de "Sorceress". "Pale Communion" ne sera pas non plus à l’honneur (un seul titre avec "Cusp Of Eternity") et encore moins "Heritage" avec aucun titre joué ! Les Suédois ont axé leur concert sur les classiques de leur discographie allant de "My Arms, Your Hearse" jusqu'à "Watershed", album renommé affectueusement "WaterSHIT" par Åkerfeldt, une nouvelle fois pas avare de blagues dans sa communication scénique toujours aussi décalée ! On apprendra entre autres ce soir-là que Mikael n’a pas trouvé de magasins de disques à Luxembourg-ville et que le whisky le fait vomir. Sa présentation de Martin Axenrot était à mourir de rire : imaginez un frontman qui présente son batteur comme si il faisait un soundcheck avec lui ! Pour revenir à la musique en elle-même, ce concert était globalement magistral. Mon objectivité n’est sans doute pas optimale quand OPETH joue des titres comme "Ghost Of Perdition", "Heir Apparent", "Windowpane", "The Drapery Falls" ou "Demon Of The Fall" mais je ne pense pas que beaucoup de monde viendra contester la grande qualité de ce concert. Le quartet nous offre un voyage soigneusement bien interprété dans sa discographie. La cerise sur le gâteau aura été cette superbe minute instrumentale très cristalline avant "Face Of Melinda" qui amène une valeur ajoutée non négligeable à l’ensemble. L’album "Ghost Reveries" aura droit à deux extraits, avec le classique "The Grand Conjuration" joué juste avant "Deliverance" qui clôturera le concert en rappel, comme souvent.



Une set list globalement assez classique donc, et c’est là le seul hic du concert pour ma part. Même si je comprends parfaitement qu’OPETH ne prenne pas de risques et préfère contenter un maximum de monde avec ses classiques, un peu de variation sur la setlist aurait fait passer ce concert de “très bon” à “exceptionnel” ! J’adore "Demon Of The Fall" mais quitte à jouer un morceau de ce disque j’aurais nettement préféré "April Ethereal" ou soyons fous : "Karma" (que Fredrik adorerait jouer selon une interview récente) ! Idem pour l’album "Blackwater Park", souvent représenté par "The Drapery Falls" mais trop rarement par "Bleak" et surtout "The Leper Affinity"... Les fans d’"Orchid" et "Morningrise" seront toujours aussi déçus de ne rien entendre de ces albums, un fan a même hurlé “Black Rose Immortal” en fin de concert mais les chances d’entendre des extraits de ces disques s’amenuisent au fur et à mesure que les années passent…
Ceci dit, je préfère largement une setlist classique comme ce concert aux setlists de 2011 que j'évoquais au début de ce report et l’essentiel aura été de profiter d’une prestation de grande classe avoisinant les deux heures, en espérant une nouvelle tournée européenne pour promouvoir "Sorceress" !