La review

NAPALM DEATH + EYEHATEGOD + MISERY INDEX + ROTTEN SOUND + BAT
La Machine Du Moulin Rouge - Paris
03/03/2020


Review rédigée par Matthieu


Retour à la Machine du Moulin Rouge pour une soirée placée sous le signe de la violence la plus pure. En effet, ce sont NAPALM DEATH, EYEHATEGOD, MISERY INDEX, ROTTEN SOUND et BAT qui vont se relayer pour nous en mettre plein les oreilles. Et pourtant, la file d’attente n’est pas longue à l’ouverture des portes...



C’est donc dans le noir complet et devant une petite poignée de spectateurs que BAT entre en scène sur un sample qui rappelle les films d’horreur des années 70 / 80. Sans plus attendre, Ryan Waste (basse / chant) et Nick Poulos (guitare) démarrent une série de riffs au son thrash / speed sous les frappes énergiques de Chris Charge (batterie). Principalement campé derrière son pied de micro, le bassiste n’hésite pas à rejoindre son camarade à six cordes qui headbangue au centre lorsqu’il le peut, tout en grimaçant à la foule. Malheureusement, le son de la basse est un peu trop en avant dans le mix, et c’est à la demande d’un spectateur que la guitare sera augmentée, nous permettant de nous prendre cette avalanche d’harmoniques. "Alright, we are Bat !" lâche Ryan avant d’enchaîner. Très communicatif, le musicien prend le temps de remercier le public (qui commence d’ailleurs à arriver et à headbanguer), de faire quelques petits traits d’humour avant de revenir au son old school de la formation. "Bastards ? Let's go slow just because of that ! After this will be grindcore so you should appreciate that while you can !" nous lâche-t-il après avoir entendu un “bastard” dans la fosse. Mais le set est court, et c’est après une demi-heure seulement que le trio quitte la scène sous les acclamations.

Setlist : "Code Rude", nouveau titre, "Wild Fever", "You Die", "Rule Of The Beast", "Cruel Discipline", "Wings Of Chains", "Bloodhounds", "Ritual Fool", "Total Wreckage", "BAT".



ROTTEN SOUND s’installe tranquillement pendant que la fosse grossit. Et une fois les musiciens prêts, ils n’attendent pas pour nous envoyer leurs riffs sauce grindcore. Keijo Niinimaa (chant) harangue la fosse qui commence déjà à remuer alors que Mika Aalto (guitare) et son camarade bassiste matraquent leurs instruments sous des flashs lumineux. "Alright, how are you doing tonight ?" lance le chanteur. La réponse ne se fait pas attendre, et le son reprend sous le mur de blasts de Sami Latva (batterie). Le son est puissant, et la foule en profite pour se rentrer dedans joyeusement, au grand damn des premiers rangs. "It’s so nice to see so many of you inside and moving…" lâche le frontman avant d’annoncer le morceau suivant. Et à nouveau, le mosh se relance dès les premières notes de cette rythmique ravageuse. Peu importe que les titres soient récents ou plus anciens, la qualité est présente, et cette crasse auditive galvanise les spectateurs. L’un d’entre eux tentera même un slam pour rejoindre la scène, mais il y a encore trop peu de monde pour qu’il arrive à ses fins. C’est donc au centre de la fosse qu’il sera redéposé et qu’il continuera à pousser énergiquement ses camarades. Très communicatifs, le frontman prend la parole entre les titres et nous incite à toujours plus de violence, à l’image de la musique du groupe. Mais à nouveau le temps leur est compté, et les musiciens doivent céder leur place, sous des applaudissements.

Setlist : "Self", "Power", "Salvation", "Trashmonger", "Fear Of Shadows", "Brainwashed", "Choose", "Lazy Asses", "Plan", "IQ", "Targets", "Void", "Insects", "Decay", "Blind", "Burden", "Mass Suicide", "Slay", "Sell Your Soul".



Le plateau est rapidement réaménagé pour le groupe suivant. "Hey Paris, just keep moving !" lâche Jason Netherton (basse / chant). Et c’est ainsi que commence le premier titre de MISERY INDEX, avec une foule qui suit les indications du bassiste. Les riffs de Mark Kloeppel (guitare / chant) et Darin Morris (guitare) sonnent comme une explosion sous les frappes d’Adam Jarvis (batterie), et ça se ressent dans le public. Les deux vocalistes se partagent les hurlements entre deux séances de headbang, et ce sont littéralement des parpaings que les Américains nous envoient en pleine face. Le groupe enchaîne les morceaux, prenant rapidement la parole tout en reprenant leur souffle. "We need a big circle pit right now, this is "The Great Depression"" lance rapidement Mark . Et la rythmique imposante frappe de plein fouet une fosse qui court en cercle au milieu de la salle, rejetant de temps à autres un mosheur. Pas de temps mort, le headbang est de mise sur scène, et l’énergie de la formation fait plaisir à voir. New Salem est toujours aussi efficace que la dernière fois, et permet aux musiciens d’allier technicité et efficacité. Les morceaux sont annoncés, les musiciens frappent fort, et les quelques secondes de répit entre les titres appréciables. "Seriously everyone, thank you very much for coming out !" lâche le guitariste avant d’en revenir aux riffs death / grind que nous aimons tous. Les passages un peu plus groovy permettent de temporiser avant une avalanche de violence, et il faudra attendre la fin du set pour voir un slammeur porté par la fosse. "We are Misery Index, we will see you next time !" lance Mark avant de débrancher sa guitare, signant la fin du temps de jeu du groupe. Il va sans dire que les acclamations sont de mise, et elles sont méritées !

Setlist : "Embracing Extinction", "The Spectator", "The Great Depression", "Ruling Class Cancelled", "New Salem", "The Choir Invisible", "The Oath" (sur bande), "Conjuring The Cull", "The Carrion Call", "Hammering The Nails", "Traitors".



On change totalement d’univers musical avec l’arrivée d’EYEHATEGOD. "Alright Paris, we are Eyehategod !" lâche Mike Williams (chant) avant que ses camarades ne lancent un long larsen en guise d’introduction. Jonglant avec son pied de micro, le chanteur titube et se frappe le torse entre deux cris. Jimmy Bower (guitare) et Gary Mader (basse) headbanguent en jouant des riffs lancinants, gras et emplis d’effets alors qu’Aaron Hill (batterie) matraque ses fûts. Mais le plus surprenant, c’est le public ! Comme possédé par la rythmique grasse des Américains, ils moshent presque plus que précédemment dans un irrespect total. Une spectatrice, ayant visiblement abusé de la boisson, ira même jusqu’à se traîner à quatre pattes aux pieds du bassiste pour headbanguer avant de retomber dans la fosse. Sous des lumières difficiles et accompagné d’une fosse totalement hors d’elle, les musiciens haranguent le public. "Yeah, come on ! Cheers !" lâche le frontman. Le chant est entraînant, la graisse auditive présente… le groupe a tout pour plaire à son public, bien que certains y restent totalement imperméables. "Thank you thank you... THANKS MOM ! Can we continue to be crazy ?" demande alors Mike. Arrosant la fosse avec le reste de sa bouteille d’eau, le show continue et les riffs pachydermiques du combo écrasent littéralement la salle parisienne, qui semble sans dessus-dessous. Certains passages sont plus énergiques que d’autres, et le sludge séduit de plus en plus. Quelques slammeurs viennent rejoindre le groupe, mais sont finalement expulsés de la scène par le technicien qui veille au grain, mais le temps file. Un dernier morceau qui démarre, et les slammeurs continuent d’arriver. La musique est toujours aussi lourde, et c’est avec un "Thank you Paris, we love you and you know it !" que le set se conclut sous des acclamations.

Setlist : "Lack Of Almost Everything", "Jack Ass In The Will Of God", "Parish Motel Sickness", "Blank / Shoplift", "Nobody Told Me", "Agitation! Propaganda!", "Sisterfucker (Part I)", "Sisterfucker (Part II)", "Medicine Noose", "Masters Of Legalized Confusion", "New Orleans Is The New Vietnam", "Methamphetamine", "Peace Thru War (Thru Peace And War)".



Place maintenant aux pionniers du grindcore. Les musiciens de NAPALM DEATH testent eux-mêmes leurs instruments, et repartent en coulisses. Le sample introductif se lance, les membres du groupe reviennent… et dès les premiers riffs c’est la guerre dans la fosse. Menés par le survolté Mark “Barney” Greenway (chant), les Anglais ravagent la place en un instant. Le son de la basse de Shane Embury (basse / choeurs) doit subir quelques réglages pour être appréciable, mais on peut dire que pour un premier morceau, ça joue fort, vite et bien. Le torrent de blast de Danny Herrera (batterie) et la guitare criarde de John Cooke (guitare / chant) motivent la fosse, alors que le frontman hurle et gesticulant comme à son habitude, et la basse prend enfin sa place dans le mix. Aidé des hurlements des autres musiciens, les discours de Barney font remuer le public, et il ne faudra pas longtemps à la fosse pour éjecter un slammeur sur scène. La rage s’empare à nouveau de l’assemblée lorsque le son reprend, et c’est sur "The Wolf I Feed" que le groupe offre une démonstration de son talent avec des sonorités plus axées death metal, un double chant prenant et surtout ce refrain fédérateur. "Thank you... Everybody is fucking welcomed !" lance le chanteur en reprenant son souffle. Les Anglais ravagent littéralement la Machine avec leurs riffs rapides et enflammés. La fosse peine à se calmer même entre les titres, mais c’est avec un ancien titre qu’elle explose littéralement. "Very first Napalm Death album... "Scum" !" hurle Barney. La fosse crache à nouveau des slammeurs, qui passent plus ou moins de temps sur scène, se relançant parfois habilement dans la vague de corps, ou s’écrasant au sol. Et peu importe la violence des morceaux, le chanteur a toujours un petit mot pour l’introduire. "Now it's time to respect this. My body, my choices. Your body, your fucking choices !" lance-t-il par exemple, acclamé par l’assemblée, ou un discours anti-religieux pour "Suffer The Children". Mais la violence du pit ne faiblit pas, et le frontman lui-même aide à réceptionner des slammeurs avant de les laisser se jeter à nouveau dans l’ouragan. Le groupe passe en revue sa discographie dans sa quasi-intégralité, et nous offre même un nouveau morceau, qui semble un peu plus calme que les autres. Une pause de changement de câble s’impose afin que nous puissions continuer d’entendre cette basse grasse et lourde, et la machine repart. Nous verrons même Barney récupérer un serre-tête à oreilles de chats et l’enfiler avant de le retirer, mais la violence est bel et bien présente. "This song is a cover song… Contre le fascisme !" lâche le frontman pour introduire la fameuse "Nazi Punks Fuck Off" et c’est une dernière reprise qui termine ce set, qui aura fait suer l’intégralité de la salle et qui mérite amplement les acclamations reçues.

Setlist : "Discordance" (sur bande), "I Abstain", "Silence Is Deafening", The Wolf I Feed", "Can't Play, Won't Pay", "Social Sterility", "Scum", "Fatalist", "Logic Ravaged By Brute Force", "Suffer The Children", "If The Truth Be Known", "Human Garbage", "When All Is Said And Done", "Mass Appeal Madness", "Unchallenged Hate", "You Suffer", "Smash A Single Digit", "Cleanse Impure", "Dead", "Nazi Punks Fuck Off" (Dead Kennedys cover), "White Cross" (Sonic Youth cover), "The Lifeless Alarm" (sur bande).

L’air frais est appréciable après un tel ouragan de puissance. Si BAT n’a pu malheureusement jouer que devant une poignée de spectateurs, ROTTEN SOUND, MISERY INDEX, EYEHATEGOD et NAPALM DEATH ont su convaincre comme à leur habitude, et je crois n’avoir jamais vu autant de violence dans cette salle. Quoi qu’il en soit, on remercie Cartel Concerts pour la soirée, et on repart en métro !