MISÞYRMING + DARVAZA + VORTEX OF END
Le Gibus - Paris
27/09/2019
Review rédigée par Matthieu
C’est à nouveau le Gibus qui va être le théâtre de la démonstration de black metal de ce
soir. Et pour l’occasion, MISÞYRMING sont venus d’Islande, accompagnés par DARVAZA et
VORTEX OF END. La soirée s’annonce sanglante, et nous sommes seulement une poignée à
l’ouverture des portes. Et les retours sont bâchés.
Pourtant, lorsque VORTEX OF END entre sur scène en crachant du sang accompagné de ce
sample horrifique et inquiétant, la salle se remplit d’un coup. Et dès le premier morceau, la
fosse se retrouve secouée à la fois par le black metal crasseux viscéral des Français, mais
aussi par une poignée de spectateurs visiblement venus pour se foutre sur la gueule. Plutôt
calmes lorsque les chants de NGH, PRZ (guitares / chant) et HRS (basse / chant) s’unissent
pour former une sombre complainte, les spectateurs n’hésitent pas à se rentrer violemment
dedans sans aucune forme de pitié pendant le blast furieux de NKR (batterie). Contrastant
parfaitement avec les ambiances viscérales des harmoniques de la formation, les passages
violents nous tombent très souvent dessus. Profitant d’une pause dans la musique, le
guitariste se saisit des trois pots disposés sur la scène et en jette leur contenu dans la foule,
dont les premiers rangs se retrouvent alors le visage couvert de sang. Et pourtant, le black
martial repart comme si de rien n’était, faisant à nouveau remuer les têtes dans le public. Le
regard malsain des guitaristes galvanise le public, mais on sent une certaine tension, qui
finira en un coup de pied dans la batterie de la part de l’un des guitaristes, dû au mauvais
son qu’ils subissent. "Paris, this is "Ov Dancing Snakes And Circling Crows" !" annonce son
homologue alors que la rythmique repart déjà. Et ce sont deux morceaux de plus que nous
savourons, tout aussi noirs que les précédents, avant de laisser les Français quitter la scène.
Setlist : "Goatphalanx", "Voracious Egregore", "Fvlgvr.Lvx.Terror", "Winds Of Adversity",
"Transvbstantiation", "Black Blood Kapala", "Ov Dancing Snakes And Circling Crows",
"Venomous Triangle".
Changement d’univers avec DARVAZA et leur maquillage typique du black metal incisif qu’ils
jouent. Au centre, Wraath (chant) tient le public dans le creux de sa main dès les premières
notes de la performance du combo, mais les problèmes de son viendront entâcher quelque
peu le début du set. Mais bien vite, la double pédale de Bornyhake (batterie) nous
assomme alors que les guitares d’Omega (guitare) et Davide Gorrini (guitare / chant) nous
lacèrent. Très charismatique, Tumulash (basse) headbangue en maltraitant sa
quatre-cordes pendant que le chanteur observe la fosse en hurlant. S’avançant au plus près
de la fosse, le frontman hurle tout ce qu’il peut sur la rythmique de ses camarades, parfois
aidé de Davide, permettant de diversifier les ambiances vocales. Ponctué de samples
mystiques, le set suit son court, et le chanteur incite à plus de violence sur les passages
brutaux. "Paris, come in !" hurle-t-il à l’attention d’une fosse qui boit ses hurlements. Et
l’atmosphère change parfois du tout au tout, le groupe enchaînant un blast intransigeant
avec un riff aérien accompagné de deux voix bien distinctes, l’une hurlante, presque
plaintive et l’autre beaucoup plus profonde et imposante. Mais ce mélange de noirceur
séduit largement le public parisien, et lorsque le groupe prend quelques secondes pour
souffler entre deux morceaux, il est acclamé. Sept morceaux intenses jusqu’au
hurlement final, suivi d’un lâcher de micro de la part du chanteur qui descend de scène,
rapidement suivi par le reste du groupe sous des applaudissements mérités.
Setlist : "A Hanging Sword", "Derelict Of Passion", "Towards The Darkest Mystery", "The Barren
Earth", "Fearless Unfeard He Slept", "Gospel Of Hate" (Celestial Bloodshed cover), "The
Silver Chalice".
On accueille maintenant les rois de la soirée, et c’est avec leur chemise tâchée de sang que
les membres de MISÞYRMING montent sur scène. Une rythmique à la fois tranchante et
imposante démarre, menée par le chant de D.G. (guitare / chant) qui n’hésite pas à se reculer
pour headbanguer lorsqu’il ne hurle pas, suivi par les riffs de T.Í. (guitare) et de leur
bassiste, visiblement remplaçant sur cette tournée. Pour couronner le tout, la batterie de
H.R.H. est mixée à la perfection et nous permet de savourer chaque instrument comme il se
doit de l’être. Les choeurs des membres subliment les cris du frontman. Motivant la fosse en
permanence, les membres du groupe alignent sans broncher leurs riffs en se plaçant au
plus près des premiers rangs, tendant le poing pour fédérer l’assemblée quand ils le
peuvent. Plutôt silencieux lors des rares pauses, les morceaux s’enchaînent à un rythme
effréné, et il est difficile de savoir si nous sommes devant les titans ensanglantés depuis
quelques minutes ou une demie-heure. Posant sa guitare sur son genou pour aligner des
parties leads perçantes et empruntant autant au black metal qu’aux ambiances nordiques, le
chanteur attire tous les regards pendant que les autres musiciens tiennent une rythmique
puissante sans broncher. "Are you fucking here guys ? Santé Paris !" lâche enfin le frontman
avant de reprendre son office. Les samples prennent une ampleur mystique dans la petite
salle, et il est difficile de rester indifférent aux riffs de la formation islandaise. "You still here
Paris ?" demande le chanteur avant de débuter le dernier morceau du set de ce soir, qui
mettra à nouveau en transe le Gibus. Et malgré le souhait de l’assemblée, les musiciens
sont forcés de quitter la scène sous les acclamations.
Setlist : "Hælið" (sur bande), "Orgia", "Með Svipur Á Lofti", "Söngur Heiftar", "Ísland, Steingelda
Krummaskuð", "Allt Sem Eitt Sinn Blómstraði", "...Af Þjáningu Og Þrá", "Alsæla", "Algleymi".
Trois ambiances différentes, mais une même bannière pour cette soirée. Le black metal a
sévi violemment avec VORTEX OF END avant de devenir poignant pour DARVAZA et mystique
pour MISÞYRMING. Les trois groupes ont fourni une prestation de qualité, et nous oublions
bien vite les petits soucis de son en allant droit vers le métro parisien.