La review

MISERY INDEX + WORMROT + THE LION'S DAUGHTER + TRUTH CORRODED
Le Glazart - Paris
04/04/2019


Review rédigée par Matthieu


Je n’étais pas revenu au Glazart depuis quelques temps déjà, mais lorsque j’ai appris la venue de MISERY INDEX et WORMROT, je n’ai pu m’empêcher de m’y précipiter. Ne connaissant que de nom les deux premières parties, THE LION'S DAUGHTER et TRUTH CORRODED, j’espère être agréablement surpris. La magie des transports parisiens me fera arriver pile à l’heure de l’ouverture de la Plage, mais les portes n’ouvrent qu’une heure après. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’y a pas foule...



Même lorsque TRUTH CORRODED monte sur scène, la fosse est terriblement vide. Mais les Australiens ne vont pas se laisser démonter, et dès le premier titre c’est un death aux accents metalcore et thrash que la formation nous envoie directement dans le ventre. Perché sur son retour, Jason North (chant) hurle tout ce qu’il peut, que ce soit un growl puissant ou un scream glacial, avec l’aide de Trent Simpson (guitare), pendant que Jake Sproule (batterie) arrose allègrement la rythmique d’un blast furieux et quasi incessant. De l’autre côté de la scène, séparée en deux par la batterie, Chris Walden (guitare) aligne ses parties lead avec quelques grimaces, alors que Damon Shaw (basse), souvent dans l’ombre, ajoute cette touche grasse aux riffs puissants du groupe. "We gonna play a fast song now !" hurle le chanteur avant que le groupe n’enchaîne sur "They Are Horror", qui verra l’arrivée timide de quelques spectateurs qui commencent à headbanguer au milieu d’une assemblée désespérément vide malgré l’heure tardive. De plus en plus violent, le show commence réellement à motiver le public, et les musiciens n’en sont que plus impliqués dans leur jeu. "This track is from our new album", annonce le frontman en dédiant "Of Open Eyes And Willing Hands" à Mark Kloeppel, chanteur / guitariste de MISERY INDEX. Et le nouveau titre est tout aussi bien accueilli que les morceaux plus anciens, avec ces parties très groovy qui font finalement remuer les nuques et les cheveux des spectateurs présents. "You like thrash and blast ? This is our last song, called "Victims Left Lepers" !" annonce Jason avant que la rythmique ne frappe à nouveau. Et pour ce court dernier titre, c’est toute la fosse qui headbangue avec les Australiens, avant que ces derniers ne soient acclamés à juste titre par le public parisien.

Setlist : "To The Carnal Earth", "The Leeches Feed", "They Are Horror", "As A River They Bled", "Of Open Eyes And Willing Hands", "Nothing Left Alive", "Crown The Apocalypse", "Victims Left Lepers".



Un changement rapide de scène, et surtout de disposition, car THE LION'S DAUGHTER ne compte que trois membres. Mais peu importe, car les Américains ont leur méthode pour occuper la scène. Scott Fogelbach (basse/chant) hurle en alignant ses riffs lents et gras, reculant parfois vers son ampli pour quelques larsens contrôlés, alors que Rick Giordano (guitare / chant) ajoute quelques harmoniques à la limite du son psychédélique, ce qui colle parfaitement avec les lumières folles qui sévissent sur le trio. Au centre, Erik Ramsier (batterie) frappe avec rage sur ses toms, et le trio emporte toute la salle dans sa musique malsaine. Quelques accents black se font sentir dans le sludge du groupe, et les pédales d’effets servent parfaitement ces tartines de poisse qui nous sont servies. Silencieux entre les morceaux, THE LION'S DAUGHTER enchaîne les titres avec une rage maîtrisée qui se révèle de plus en plus pendant les titres. "Thank you to be here people, thanks for watching !" lâche finalement Rick alors que Scott et Erik prennent quelques secondes pour souffler, mais le show repart de plus belle sur un morceau nettement plus psyché. Mais leur temps de jeu touche visiblement à sa fin, puisque c’est pendant un énorme larsen, où le guitariste joue avec ses pédales, que le batteur jette ses baguettes sous les applaudissements de la fosse.



A nouveau la scène est réaménagée, car c’est au tour de WORMROT de proposer sa violence au Glazart. Dans le plus grand des calmes, les musiciens installent leur matériel, et la foule se masse devant la scène. Rasyid (guitare) débute alors un riff plutôt tranquille, ce qui contraste un peu avec ce que je m’attendais de la part du groupe. Mais soudain, c’est l’explosion : Vijesh (batterie) commence à blaster comme si sa vie en dépendant, alors qu’Arif (chant) semble déjà possédé par le démon du grindcore. Ses mouvements saccadés et ses hurlements, surmontés d’une rythmique infernale qui semble sans fin mais surtout sans compromis, déchaînent la fosse qui commence déjà à mosher de manière plus ou moins ordonnée. Les premiers slammeurs débarquent déjà sur la scène, mais repartent très rapidement dans la fosse, avec ou sans le consentement de ceux sur qui ils sautent d’ailleurs. Et il ne faudra que quelques instants à l’un d’entre eux pour déplacer le micro sensé nous offrir le son vibrant des cymbales du batteur… Côté son, le torrent de violence est à peine ponctué de quelques larsens contrôlés, et les amateurs du genre sont aux anges. Attirant toute l’attention, Arif nous offre ce soir le grand jeu, avec des hurlements en tous genre, du headbang et l’homme n’hésite pas à se mettre à genoux pour finir certains morceaux, avant de remercier brièvement l’assemblée. Alors que certains slammeurs s’éternisent un peu sur scène, le groupe enchaîne ses morceaux, tous plus violents les uns que les autres sans montrer un quelconque signe de fatigue. Parfois très rapides, parfois plus lents voir même légers, les riffs du guitariste qui ne cesse de headbanguer en martyrisant ses cordes sont toujours accompagnés des hurlements de rage et de frappes marquées sur cymbales ou toms, et les quelques secondes de répit que le groupe nous octroie entre deux morceaux sont parfois salvateurs. Bien qu’impressionnante à première vue, la setlist de WORMROT est courte, mais intense. "We have one more song !" annonce-t-il alors que le public semble en attendre davantage. Et ce sont en effet deux morceaux supplémentaires que les Singapouriens nous enfoncent dans la gorge, à pleine puissance, ce qui n’empêchera pas les spectateurs de les applaudir par la suite.

Setlist : "Outworn", "Blockhead Fuck Off", "God's In His Heaven", "Take Aim", "A Dead Issue", "Public Display Of Infection", "Buried The Sun", "Oblivious Mess", "Forced Siege", "Descending Into The Unknown", "No One Gives A Shit", "Shallow Standards", "Hollow Roots", "Stench Of Ignorance", "Back Stabber Mission Aborted", "Evolved Into Nothing", "Ferocious Bombardment", "Lost Swines", "Take Aim", "Sledgehammer", "Critical Human Stupidity", "Still Irrelevant", "Outburst Of Annoyance", "The Face Of Disgrace", "Outworn", "Fallen Into Disuse", "Eternal Sunshine Of The Spotless Grind", "The Final Insult", "Compulsive Disposition".
Rappel : "Good Times", "Manipulation".



La batterie centrale est démontée, et celle de MISERY INDEX est soigneusement vérifiée pendant qu’une fan clame son amour du groupe au premier rang. "Are you ready ?!" hurle finalement Adam Jarvis (batterie) perché derrière son kit. Et la réponse ne se fait pas attendre, alors que les autres musiciens débarquent sur scène. Et c’est avec "The Great Depression" que le show commence, tout en puissance et en riffs lourds.
Au centre, Mark Kloeppel (guitare / chant) harangue la foule en alignant sans sourciller une rythmique old school ponctuée de hurlements rageurs, parfois repris par ceux de Jason Netherton (basse / chant), qui est malheureusement un peu oublié par les lumières. De l’autre côté de la scène, Darwin Morris (guitare) headbangue et martyrise ses cordes devant la foule. "Come on Paris ! Are you ready ?" demande Mark à une foule qui vient à peine d’arrêter de se rentrer dedans. "It’s an old one !" hurle le guitariste avant que "Conquistadores" ne déboule avec une batterie ravageuse. La rythmique massive des Américains matraque la fosse parisienne qui réagit au quart de tour, et qui rend bien son énergie au combo qui sévit sur scène. "Hey Paris, you guys are fucking awesome as usual ! Merci beaucoup !" hurle Jason en direction des spectateurs avant que le concert ne reprenne de plus belle. Les titres de "Ritual Of Power" passent aussi bien la barrière du live que ceux qui l’ont prouvé par le passé, et le public parisien profite du retour de MISERY INDEX dans la capitale pour se déchaîner encore plus. Les slammeurs reprennent alors du service, après une rapide présentation des membres du groupe par le guitariste qui nous ordonne son fameux "Get this fucking pit moving !". C’est d’ailleurs ce que fera l’assemblée, que ce soit en headbanguant, en slammant ou en se rentrant dedans en rythme avec les parpaings de death metal brut que nous offrent les Américains. Mais leurs riffs ne sont pas que violents, ils sont également très techniques, mais les musiciens maîtrisent leur art, que ce soit sous les flashs impressionnants ou dans l’ombre, comme le pauvre Adam dans le fond de la scène. Un slammeur traversera littéralement la fosse lors de la nouvelle et très entraînante "New Salem", qui risque à mon avis de devenir un nouveau classique de la formation.
Mais le temps passe, et il est déjà tard. "You guys are fucking crazy ! We got two more songs for you !" annonce le bassiste. Et si la pointe de déception nous a tous heurtés en apprenant la nouvelle, la folle "You Lose" et l’énergique "Traitors", sur laquelle Mark s’agrippe littéralement à son pied de micro, délaissant sa guitare, pour hurler saura ravir les fans de death metal, qui acclament finalement le groupe, qui n’hésite pas à serrer les mains des premiers rangs qui les remercient.

Setlist : "The Great Depression", "The Carrion Call", "Conquistadores", "Ruling Class Cancelled", "The Oath" (sur bande), "Conjuring The Cull", "I Disavow", "Naysayer", "Sheep And Wolves", "Exception To The Ruled", "Ghosts Of Catalonia", "The Spectator", "New Salem", "You Lose", "Traitors".

En attendant quelques minutes au stand de merchandising, j’ai pu croiser littéralement tous les artistes, très accessibles. Et la soirée fut excellente. Bien que courtes, les excellentes prestations de TRUTH CORRODED et THE LION'S DAUGHTER ont réveillé un public parisien un peu endormi pour la tornade scénique qu’est WORMROT, mais également la folie furieuse de MISERY INDEX. Si vous aimez la violence et que vous n’étiez pas présents, vous avez eu tort.