MINISTRY + SHAÂRGOTH + TREPONEM PAL
L'Elysée Montmartre - Paris
13/07/18
Review rédigée par Matthieu
Quoi de mieux pour reprendre les concerts après un enchaînement de deux festivals qu’une
légende du metal industriel ? En effet, MINISTRY prend les commandes de l’Elysée
Montmartre pour une soirée exceptionnelle, en compagnie de deux groupes locaux :
SHAÂRGOTH et TREPONEM PAL. Par contre, la file d’attente, à même pas une heure de
l’ouverture est… courte. Très courte… Même lorsque nous pénétrons dans la salle et dans
le pit photo, il n’y a pas cent personnes, mais deux poulets gonflables à l’effigie de Donald
Trump trônent sur les côtés de la scène…
Lorsque TREPONEM PAL entre en scène, seuls les premiers rangs sont occupés. Les membres
demandent des applaudissements, qui seront plutôt timides, sauf venant d’une fan qui
semble déjà alcoolisée. Marco Neves (chant) se place derrière son pied de micro, alors que
Matthys Dubois (batterie) s’installe à son poste. A notre droite, Polak et sa guitare à
franges commence à danser tandis que Stéphane Borsellino (basse) semble beaucoup
plus calme. Le concert commence, et les riffs des Français me font exactement le même
effet que la première fois, c’est à dire absolument aucun. Et je ne serai visiblement pas le
seul dans ce cas là. Le peu de jeu de scène du groupe est gâché par le fait que les lumières
n’éclairent que le chanteur, qui ne fait que remuer la tête de temps à autres, en lançant
parfois un petit "Ca va Paris ?" ou "Merci Paris". les autres membres évoluent dans l’ombre,
et essayent tant bien que mal d’attirer l’attention. Le son de basse passe mal, ce qui est
vraiment dommage car la majorité des compositions reposent sur elle, tandis que le
guitariste aligne des harmoniques parfois bluesy, et qui déclencheront quelques flashs
aveuglants. Je remarque cependant que la fosse se remplit, et le claviériste de MINISTRY,
John Bechdel, viendra également regarder le show. Au bout de quarante minutes qui m’ont
paru beaucoup trop longues, le concert se termine avec quelques applaudissements.
Setlist : "Out Of Reach", "Planet Crash", "Pushing You Too Far", "Psycho Rising", "In Out",
"Planet Claire", "Excess & Overdrive".
La scène est réaménagée pour accueillir le deuxième groupe de la soirée, SHAÂRGOTH. Alors
que l’inquiétant sample introductif débute, les membres apparaissent un par un. Les
lumières vertes et rouges enveloppent alors les musiciens, peints en noir et arborant chacun
un costume différent. C’est alors que commence la folie qui caractérise la formation
parisienne. Aliaume (percussionniste), vêtu d’un costume en toile de jute, se met à frapper
son baril avec entrain en rythme avec Olivier (batterie) qui martyrise son instrument pendant
qu’Etienne (chant) parcourt la scène en long en large et en travers tout en hurlant. Devant
nous, Bruno (guitare) et son armure venue du futur aligne des riffs lourds et gras qui sentent
l’indus à plein nez en duo avec Clémence (basse) qui ne manque pas d’haranguer la foule.
Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le mélange marche du tonnerre, puisque lorsque le
chanteur s’exclame "Give me a wall of death, Shadows!", le public ne se fait pas prier pour
se rentrer dedans. Dès le deuxième titre, les premiers rangs ne savent plus où donner de la
tête entre le frontman survolté, le percussionniste soumis qui vient parfois devant se faire
martyriser, le guitariste qui harangue la foule et la bassiste qui remue en permanence, sans
oublier le batteur qui fait son sport de la semaine, il y a de quoi observer partout entre deux
séances de headbang. L’encens que tient d’ailleurs le percussionniste ne le dissuadera pas
d’aller faire un tour dans le pit photo, au niveau des barrières, puis même dans la fosse,
pour slammer sur le public. Si certains titres sont un peu plus lents que d’autres, ils sont tout
aussi entraînants, et le groupe rivalise d’ingéniosité pour être de plus en plus visuel : lasers
sur la guitare, masque pour le chanteur… "Are you tired ? Go !" hurle ce dernier à la fosse
avant de repartir aussi sec sur un nouveau titre. "Are you fucking ready, Shadows? Make
some fucking noise for Ministry !" fait arriver deux figurants en tenues anti-émeutes, qui
défilent au rythme des battements indus de plus en plus martiaux, et qui font remuer sans
cesse le public. Mais le titre phare de ce concert, c’est bien entendu "Break Your Body",
qu’Etienne viendra chanter au niveau des barrières pendant qu’Aliaume amuse la fosse
avec ses pancartes “Break” et “Your Body” qu’il agite en rythme. "We are Shaarghot, and
tonight you are my shadows !" déclare le frontman avant que ce ne soit l’anarchie la plus
totale, mêlant slam du chanteur et membres qui terminent leur dernier morceau dans la
fosse. Ce récit vous semble anarchique ? Eh bien pourtant ce n’est rien à côté du chaos que
nous a envoyé SHAÂRGOTH en pleine face, et ce, sur une grande scène qui leur sied à
merveille.
Setlist : "Black Wave", "Uman Iz Jaw", "Mad Party", "Kill Your God", "Doomsday", "The Way",
"Traders Must Die", "Break Your Body", "Azerty".
A peine remis de la déferlante précédente, nous pénétrons à nouveau dans le pit photo pour
l’arrivée de MINISTRY. Alors que le sample introductif a commencé et que l’écran géant
diffuse quelques images, John Bechdel (claviers), Derek Abrams (batterie) et DJ Swamp
(samples) entrent en scène et se placent devant leurs instruments. C’est au tour de Sin
Quirin et Cesar Soto (guitares) d’arriver masqués, ainsi que Tony Campos (basse) qui se
place face à nous les bras croisés et sous sa capuche. La rythmique démarre et Al
Jourgensen (chant) entre sous un tonnerre d’applaudissements juste avant de commencer
à chanter. Et le frontman semble être plutôt en forme ce soir, changeant parfois de micro
selon le chant qu’il utilise, dont un avec… malheureusement un peu trop de réverbération
dans la voix. Mais les nouvelles compositions sont plutôt bien accueillies par le public, et
personne ne lui en tiendra rigueur.
La fosse commence à s’agiter lorsque le chanteur prend
une guitare pour contribuer aux effets du titre suivant, non sans avoir tourné une page sur
son pupitre, alors que Sin, Cesar et Tony se découvrent le visage. Les deux guitaristes
n’hésitent d’ailleurs pas à se placer en avant, tandis que Tony reste plus en retrait, sauf
lorsqu’il doit aider au chant. Le regard sérieux d’Al lorsqu’il joue de la guitare contraste avec
son allure belliqueuse pendant qu’il arpentait la scène lors du titre précédent. Alors qu’il rend
sa guitare au technicien, le chanteur se saisit d’un mégaphone pour hurler un peu plus fort
"How the fuck are you doing ? Viva la Francia !" à un public déjà conquis, et beaucoup plus
nombreux qu’en début de soirée. Le frontman s’amuse à haranguer la foule, qui réagit
d’autant plus que les titres suivants sont plus anciens et plus violents. Le groupe enchaîne
donc un "Señor Peligro" énergique avec "LiesLiesLies" qui donne envie d’en découdre. Le
concert suit son cours, ponctué de quelques discours politiques et de coups de pied au
poulet-Trump, jusqu’à ce que deux figurantes défilent avec des drapeaux sur le titre "Antifa",
repris en choeur par toute la fosse. Un nouveau discours politique introduira le titre suivant :
"Government oppress you, huh ? Why don't we play an old one against this ? It's called "Just
One Fix" !". Les musiciens, désormais lancés, se donneront à fond et headbangueront plus
que d’habitude, tout en continuant leur jeu de scène qui consiste à se mettre le plus en
avant possible, pendant qu’Al tourne autour de son pied de micro pour hurler son discours.
L’enchaînement direct avec "N.W.O." et "Thieves" déclanche automatiquement un circle pit
plutôt imposant, et la foule restera très active tout au long des deux chansons, que
j’affectionne tout particulièrement. "This is called "So What"" déclare sobrement Al avant
d’aller remettre un coup au poulet en hurlant "Fuck this guy !". Plus lente et contemplative
que les autres, la composition calme la foule, pendant que le chanteur et ses musiciens
arpentent la scène de long en large avant de déclarer "Au revoir Paris, merci beaucoup !".
Alors que tout le monde pense que la fin du show est arrivée, un sample redémarre, lancé
par DJ Swamp et ses fameuses lunettes lumineuses, sur lesquelles défilent l’inscription
“Surgical Meth Machine” (l’autre projet d’Al Jourgensen, pour ceux qui n’auraient pas suivi)
et le groupe revient. "I have played in Paris 17 times, and it's the best one…" déclare le chanteur,
visiblement un peu essoufflé. "So I say it, Merci Beaucoup !". Le dernier titre, "Bad Blood", fera
à nouveau remuer une fosse en sueur, et qui voudrait probablement que cet ouragan dure
une heure supplémentaire, mais les musiciens lancent déjà des médiators pendant qu’Al
s’éclipse en coulisses.
Setlist : "I Know Words", "Twilight Zone", "Victims Of A Clown", "Punch In The Face", "Señor
Peligro", "LiesLiesLies", "We're Tired Of It", "Wargasm", "Antifa", "Just One Fix", "N.W.O.",
"Thieves", "So What".
Rappel : "Bad Blood".
Cette soirée a été dans l’ordre soporifique, puis énergique et enfin intense. Si la musique de
TREPONEM PAL m’a ennuyé au plus haut point et que leur jeu de scène est inexistant,
SHAÂRGOTH a parfaitement relevé le niveau avec un show en grande pompe sur l’immense
scène de l’Elysée Montmartre qu’ils ont amplement mérité de fouler. MINISTRY est ensuite
arrivé avec ses gros sabots pour nous expliquer qui est le patron du metal industriel, et ils
en ont remis une couche afin de nous faire comprendre qu’ils comptaient bien le rester
encore quelques années. La période estivale a sûrement découragé les spectateurs à venir
plus nombreux, mais j’espère bien revoir deux des trois groupes dès que possible !