MARILLION + AZIZ
Le Trianon - Paris
18/01/2013
Review rédigée par Byclown
Grand soir, grande salle et gros public pour un gros groupe, la logique est respectée. Ce soir se produit exceptionnellement MARILLION au Trianon à Paris, devant une salle sold out ! D’ailleurs le groupe, qui réalise le doublé sur deux jours, ne verra pas la salle désemplir. Petit rappel pour ceux qui ne sauraient pas qui est MARILLION, et pour les mauvaises langues fan de black metal marseillais qui se demanderaient ce que peut bien foutre un live report de MARILLION sur le site de French Metal… Ce groupe est "juste" l’un des groupes phares de la "New wave of british progressive rock" et a très souvent été comparé à Genesis rien que ça ! Cette formation est une influence majeure chez la plupart des musiciens du rock et du metal progressif les plus connus de la planète. Si après ça vous avez encore des doutes, c’est que vous y mettez de la mauvaise volonté.
Commençons avec plus d’une heure de première partie à consonance orientale avec AZIZ. Ce duo britannique pour le moins insolite mêlant habilement guitare et percussion aura clairement su faire vibrer l’assemblée par la qualité impressionnante de son jeu, sa bonne humeur communicative et son style singulier. Le chanteur / guitariste propose des sons instrumentaux et de vrais chansons, muni de ses guitares electro acoustiques spéciales, parfois à 6 cordes, parfois à 12, souvent fretless, parfois en open tunning… Tout un programme pour nous faire voyager de l’occident vers l’orient en plus de 60 minutes, chose assez rare pour une première partie.
D’ailleurs le chanteur ose nous dire qu’il meuble entre les morceaux car il n’"a pas tant de chansons que ça à jouer", mais qu’importe, celui-ci est tellement drôle avec ses anecdotes sur son père, ses petites blagues et ses remarques à son percussionniste que le public se laisse facilement prendre au jeu. Le brave se sert d’un enregistreur de pistes, technologie chère à Mathieu Chedid, pour doubler ses rythmiques et se lancer dans d’excellents solos planants, y laissant au passage une corde. En parlant de corde, l’anecdote vaut la peine d’être écrite : lors du lancement d’un morceau le guitariste s’arrête subitement, à l’étonnement de son percussionniste et après 20 secondes de silence général, passé devant son pédalier, ce dernier explique "Bon, ceci est une guitare 12 cordes, j’ai commencé à jouer avec 11 cordes car j’en ai cassé une à mon dernier show et je n’ai pas eu le temps de trouver des cordes de rechange, et là, je crois que je vais être obligé de jouer avec 10…", dit-il en exhibant fièrement la corde traitresse, pendante en haut de son manche.
Nous avons même le droit à un solo de percussion malgré la réticence de l’exécutant, contraint de faire la prestation fortement encouragé par les cris de la foule enthousiaste, et comparé, pour la blague, à Mike Portnoy (Dream Theater). Autre fait marquant et pas des moindres, l’improvisation "drum and bass" du guitariste qui utilise sa prise jack et sa pédale de Whammy pour produire des sons vraiment surprenants ! Ambiance intimiste au possible, et donc de bon ton dans ce théâtre splendide empli de la magie des artistes.
Bonne demi-heure de changement de plateau et arrivée de la collection de pedalboards du guitariste. Clairement je vous l’annonce, on est ben au pays du progressif et de ses structures et sons alambiqués ! Ovation d’arrivée comme il se doit avec l’entrée en premier du claviériste suivi du batteur, du guitariste, du bassiste et enfin du chanteur ! Le show démarre rapidement sur "Ocean Cloud" (issu de l’album "Marble"), un voyage de plus de 17 minutes tout de même, histoire de mettre tout le monde dans l’ambiance (soit déjà plus du tiers des sets de Emmure ou Dillinger Escape plan…). Après ce gros quart d’heure enchanteur la foule peut enfin laisser exploser sa joie, logique, tant ce concert était attendu et tant, dès le premier morceau Steve Hogarth nous montre sa supériorité vocale et scénique, véritable vitrine du groupe. Le reste du set, évalué à vue de nez à 3 heures de jeu, risque d’être épique et inoubliable !
Entre chaque morceau, Steve, le chanteur (à ne pas confondre avec le guitariste du même nom, membre fondateur du groupe, qui d’ailleurs a bien pris 40 kilos et arbore maintenant un gabarit à la Poppa Chubby, muni sur le côté de son indispensable ventilateur) ne rate pas les occasions pour lancer des petites vannes au public français qui part au quart de tour. Respect du grand talent aussi, il en profite pour présenter leur nouveau claviériste, ultra discret et redoutablement efficace (qui pendant la première partie revérifia une fois de plus ses samples sur le PC), trouvé au dernier moment pour cette tournée, qui, apparemment, a dû apprendre en un temps records les partitions dantesques du combo qui, chaque soir, joue une setlist différente. Esprit malin de Zappa, quand tu nous tiens (j’aurais pu dire la même chose avec le bassiste de Status Quo qui dévoile, dans son auto tribute band, les setlists à son jeune crew 1h30 avant le show…). Au delà du show digne d’une pièce de Shakespeare que nous livre le charismatique chanteur, et au delà du professionnalisme sans bornes du nouveau claviériste, l’autre Steve, Steve Rothery, créateur et base de ce combo, aura donné une vraie leçon de classe devant un public totalement envoûté lors de ses solos (même si ceux-ci, à certains moments, ont souffert de quelques fausses notes, surtout sur les passages rapides en bas de manche).
Dernière mention enfin pour Ian Mosley qui, même s'il n’a pas un jeu aussi visuel et rapide à la Mike Portnoy ou Mike Mangini, aura une fois de plus fait preuve dans ce combo d’un talent impressionnant, serein et constant (Ian est arrivé en 84 dans le combo, succédant ainsi à Jonathan Mover, batteur de Joe Satriani et session man dans MARILLION durant moins d’un an. Du lourd donc !). Coté son et lumière, absolument rien à redire. En fermant les yeux, on se serait cru à la maison, avec le casque sur les oreilles en train d’écouter les albums, tant le son, dans cette salle aussi sublime que mythique du Trianon, a été travaillé avec le plus grand soin par un crew de maniaques ! Incroyable mais vrai, chose inadmissible au possible, le groupe se permet de ne pas jouer plusieurs morceaux de la setlist, à l’exemple de "Lavender" et "Sugar Mice", rien que ça ! Vraiment dommage car cet acte de félonie a été clairement remarqué par les fans qui n’ont pas raté l'occasion de montrer leur mécontentement, et comme je les comprends, surtout que la setlist du Samedi est différente de celle du jour donc, pour ceux qui auraient pris les deux billets, afin de jouir de l’œuvre complète, le fiasco aura été de taille…
Setlist papier (originale) du Vendredi : "Ocean Cloud", "Pour My Love", "Neverland", "Power", "A Voice From The Past", "Sound That Can’t Be Made", "The Sky Above The Rain", "Kayleigh", "Lavender", "The Great Escape", "Man Of 1000 Faces", "Sugar Mice", "Warm Wet Circles", "3 Minute Boy".
Setlist (la vraie) du Samedi : "Gaza", "Beautiful", "The Sky Above The Rain", "You’re Gone", "Fantastic Place", "Pour My Love", "Sounds That Can Be Made", "Somewhere Else", "Power", "King", "This Strange Engine", "Neverland", "Splintering Heart", "The Invisible Man".
On voit donc que la setlist de Samedi, qui devait être radicalement différente de celle de Vendredi, comporte pas moins de 5 titres en commun soit plus de la moitié du set… Un peu limite donc…
Photos tirées de : www.byclown.com