Machine Head s'est lancé dans une tournée "An Evening With", concept qui ne date certes pas d'hier mais qui s'avère très rare dans le metal et tout simplement inédit pour là bande à Robb Flynn. Ce dernier dira plus tard que son ennui et sa frustration de jouer 45-50 minutes dans des festivals l'ont poussé, malgré les prudences et les réticences de son entourage, à se lancer cette entreprise osée qui s'avère être au final une réussite totale avec plusieurs shows sold out, dont celui de ce soir au Luxembourg, et des fans comblés. Prévu au départ le 17 Février, ce concert a été reporté un mois plus tard suite à un problème de voix du chanteur. Les spectateurs sont donc déjà chaud-bouillants avant même que la moindre note n'ait été jouée.

Après une longue attente durant laquelle la sono nous éclate les tympans avec un son bien trop fort et strident, la "Tête de Machine" fait son entrée sur le "Diary Of A Madman" d'Ozzy et débute la soirée avec un "Imperium" ébouriffant où le groupe impose un son parfait et un présence scénique forte. S'ensuit "Beautiful Morning", l'un des plus beaux titres du groupe, accuilli comme il se doit par des spectateurs connaisseurs. Robb Flynn est très en voix ce soir, son registre hurlé est toujours aussi efficace et ses interventions en clair sont tout à fait honnêtes, que ce soit lors de douces vocalises ou lors de refrains puissants. A noter des chœurs tout simplement parfait en growl comme en clair de Jared, désormais totalement intégré au groupe et dégageant une énergie positive. "Now We Die" recueille un excellent feedback du public qui reprend en chœur comme un seul homme le refrain du titre. Les classiques déclenchent toujours de gros circle pits et walls of death (il y en eu un paquet !) mais les nouveautés s'incrustent très bien dans le set, amenant de la variété et évitant ainsi la redondance. "The Blood, The Sweat, The Tears" puis "Crashing Around You" forment un duo mortel et nos os s'en souviendront pour longtemps. Puis vient un premier intermède.

Phil Demmel revient seul sur scène pour interpréter un long solo de guitare qui voit le guitariste se prendre pour un violoncelliste. Les sonorités néoclassiques côtoient les parties de shred avec une certaine cohérence. Bien qu'un peu long, ce solo est très bien fait et permet au lieutenant de Flynn de se la jouer un peu. Le groupe au complet revient pour un poignant et épique "Darkness Within" à la fin duquel le public chante en chœur la mélodie et continuera à le faire durant de longues minutes. A la fin du concert, Robb déclarera que ce refrain repris a cappella est le plus long qu'ait connu le groupe et qu'il restera dans l'histoire. Affirmation démagogue ou non, c'était réellement mémorable et fort.
Les premiers rappels s'ouvrent sur un long solo de batterie de Dave McClain aux couleurs tribales sur sa première partie (avec un passage reprenant l'intro du "Territory" de Sepultura), suivie d'une seconde plus démonstrative mais non moins captivante. Les trois autres musiciens débarquent alors pour un "Bulldozer" qui porte très bien son nom et qui atomise la place. S'ensuivent "Killers & Kings", extrait briseur de nuques du dernier album et nouveau classique de MACHINE HEAD, et "Davidian". Voilà une combinaison ultra violente diablement efficace ! Les autres séquences de rappel s'enchaînent et nous sommes étonnés de voir que le groupe a toujours du jus. Le déferlement de hits se poursuit jusqu'à un "Aesthetics Of Hate" atomique et des "Supercharger" et "Halo" qui nous achèvent. Le public, entre deux rappels (on ne sait plus lequel, on était trop sonné) frappe de ses pieds le sol de la salle et fait trembler toute la structure, il en redemande encore et encore et crie des dizaines de "Machine fucking-Head !" jusqu'à l'extinction de voix.

Au bout de 2h30 d'un show gigantesque qu'on aurait voulu encore plus long ("Take Me Through The Fire" était prévu sur la setlist), les musiciens, qui n'ont même pas l'air fatigués (mention spéciale, sur ce coup là, à Dave qui n'a pas ménagé ses efforts), distribuent à la pelle médiators, baguettes et empoignades durant de longues minutes et ne semblent pas vouloir quitter la scène. Une belle preuve de dévotion envers les fans. Ce concert dantesque de MACHINE HEAD en tant qu'hôte de la soirée et le succès globale de cette tournée "An Evening With" prouvent qu'il est possible pour des "gros" groupes ayant les moyens financiers et une large fanbase (on pense à Amon Amarth, Candlemass, Helloween ou Ghost) d'entreprendre une telle chose et devrait leur donner des idées.

Setlist : "Diary Of A Madman" (Ozzy Osbourne – intro), "Imperium", "Beautiful Mourning", "Now We Die", "Take My Scars", "Locust", "From This Day", "Ten Ton Hammer", "This Is the End", "Elegy", "The Blood, The Sweat, The Tears", "Crashing Around You", Solo de Phil Demmel, "Darkness Within", solo de batterie, "Bulldozer", "Killers And Kings", "Davidian", "Descend The Shades Of Night", "Now I Lay Thee Down", "Aesthetics Of Hate", "Game Over", "Supercharger", "Halo".

PS : Un grand merci à Pete, et au staff et à l'orga impeccables de l'Atelier pour cette superbe soirée.