La review

KLONE + GENERAL LEE + SIX DAYS AFTER
Hôtel De La Musique - Roubaix (59)
07/04/2011


Review rédigée par Ihsahn62


N’en déplaise aux mauvaises langues, le moins que l’on puisse dire c’est que le grand Nord à toujours été une belle terre d’accueil pour le métalleux et ce n’est pas l’affiche proposée ce soir à l’Hôtel de la Musique de Roubaix qui me fera mentir… Le lieu, maintenant bien connu des amateurs de gros son qui tache accueillait en effet en son sein de belles pointures du genre en la présence des régionaux de GENERAL LEE mais aussi et surtout avec KLONE, un de nos plus méritants représentants hexagonaux ! Le public ne semble d’ailleurs ne pas s’y être trompé puisque je pense pouvoir décompter une bonne petite centaine de spectateurs présents ce soir, chapeau pour un Jeudi !  Pour commencer ce report je devrais malheureusement faire l’impasse sur les prometteurs SIX DAYS AFTER qui ouvraient cet événement car boulot oblige je suis malheureusement arrivé au moment où ils recueillaient les derniers applaudissements et quittaient la scène ! Raté pour cet fois mais à une prochaine les gars tant leur formule metal aux relents de post punk me paraît prometteuse…



A peine le temps de prendre la température extérieure et de me rafraîchir au bar que déjà GENERAL LEE investit les lieux pour défendre leur dernier et récent opus en date "Roads"… Force est d’admettre que la formule desservie par les 6 zicos est redoutable d’efficacité… eh oui pas moins de deux grattes, une basse, un batteur, un chanteur et encore un sixième larron pour s’occuper de tout ce qui concerne les claviers et autres effets ! Le groupe arrive en effet à combiner de puissants riffs métalliques à un côté atmosphérique très présent qui sied si bien au post-hardcore, ce subtil équilibre entre lourdeur et grâce. Il est à noter que les claviers de François sont d’ailleurs sur ce point un apport non négligeable. Les "généraux en chef" sont comme habités, semblant vivre et ressentir leur musique, ce qui pour le spectateur est très plaisant à voir pour ne pas dire communicatif… On se laisse en effet facilement emporter dans les méandres de la toile musicale qu’ils tissent, tantôt accablante et pesante, tantôt délicieusement aérienne. Les morceaux s’enchaînent et aucune ombre notable ne vient ternir le propos… Des rythmiques très saccadées, pour ne pas dire presque martiales (sans aucun doute l’une des marques de fabrique du groupe) font régulièrement apparition, accentuant le côté dramatique de l’ensemble.
Le chant d’Arnaud, quant à lui, est bien sûr hurlé, à fleur de peau, en adéquation avec la quasi sensation d’urgence des parties les plus brutales. Non définitivement rien à redire, les GENERAL LEE s’en sortent haut la main grâce à un sens de l’exécution sans failles. J’ai trouvé pour ma part que l’un des grands points forts de la formation est de privilégier la présence et la répétition de nombreuses parties instrumentales, ce qui a pour effet positif de permettre à l’auditeur de bien s’en imprégner et ainsi davantage en ressentir les variations.
Dans le domaine du post-hardcore trop de chant tue le chant, et ça GENERAL LEE l’a bien compris… L’effet est immédiat et on se laisse aisément submergé par ces vagues de violence, comme suspendues, qui ne demandent qu’à déferler… Mine de rien j’en oublierais presque Clement qui, tapi derrière sa batterie, martèle ses fûts comme un beau diable et nous décoche quelques jolis roulements et autres contretemps pas piqués des vers, se payant même le luxe au passage de pousser la chansonnette en voix claire sur un titre. Les morceaux, tout en étant d’une durée plus qu’honorable, passent bien, tout ça pour vous dire que votre serviteur y a trouvé ce qu’il lui fallait sans s’ennuyer pour autant. L’un des points forts de ce set sera sans doute le morceau de clôture, bien chaotique et bien jouissif ou chacun sur scène s’efforcera à gueuler plus fort que son voisin !
Seul bémol, si bémol il y a, serait peut-être dans le jeu d’un des guitaristes qui a tendance à en faire un peu trop à mon goût, à être trop démonstratif, mais bon en même temps difficile de leur reprocher de vouloir faire le show… Bref pour résumer, ce fut pour ma part une très bonne surprise et une très bonne mise en bouche pour ce qui allait suivre.



Vient en effet le tour de KLONE d’investir la scène et d’ouvrir le bal avec un morceau aux sonorités assez tribales et planantes, en effet la fusion et l’ouverture d’esprit musicale sont les maîtres-mots chez ce groupe qui jouit d’un beau succès d’estime sur notre scène hexagonale, en étant fréquemment associés à cette scène hybride, presque notre exception culturelle, dont ont émergé Gojira ou encore Hacride. La maîtrise du chant clair de Yann Ligner est juste impressionnante, on pourrait même sans trop grossir le trait rapprocher son timbre de voix de celui de l’excellentissime Maynard James Keenan de Tool. Ca groove énormément au niveau de la section basse / batterie et puis il faut l’avouer comment passer outre la présence de Matthieu qui officie à la fois au poste de second chanteur et excusez du peu, saxophoniste !!!
Pas forcément l’instrument qu’on rencontre le plus fréquemment dans le metal mais les auditeurs avertis de "All Seeing Eye" mais surtout "Black Days" leur excellent dernier opus en date sont forcément au courant… Pour les autres, on pourrait presque qualifier leur musique de "World Metal" (je sais pas si ça existe mais si ce n’est pas le cas j’exige des royalties) tant des ambiances quasi-orientales voire shamaniques pointent ici et là le bout de leur nez, KLONE ose, et on notera même de temps à autre l’emploi d’un vocodeur ! Quand bien même les parties vocales plus violentes n’égalent pas à mon humble avis celles d’un Joe Duplantier, je ne pense pas me tromper en citant Phil Anselmo de Pantera au niveau des influences pour ce côté rageur, preuve de bon goût s’il en est. Mais ce qui demeure bluffant on ne me le retirera pas, c’est quand même la justesse du chant clair, quand bien même celui-ci se veut parfois presque plus rock que metal… J’ai d’expérience vu nombre de vocalistes réputés se casser la gueule à l’exercice périlleux du live pour pouvoir en attester. KLONE nous gratifiera également d’un très réussi morceau instrumental aux relents jazz assumés et exécutés avec beaucoup de talent. Ce groupe mine de rien, c’est quand même une sacrée invitation au voyage, là ou pas mal de scènes sentent le moisi, il est rare à l’heure actuelle de tomber sur une formation qui dégage autant de fraîcheur, une fusion des genres aussi bien digérée, ou aucun des musiciens ne démérite… honnêtement que demander ou attendre de plus de ce genre groupe ?
Sincèrement pas grand-chose, force est d’admettre qu’à sa façon KLONE convainc et envoie valser une concurrence de toute façon inexistante tant ils sont les seuls à officier sur ce terrain de jeu si personnel. Et pourtant musicalement la simplicité n’est pas de mise mais aucun des zicos ne faillit à sa tache tant une impression d’unité et de cohésion évidente se dégage de la scène. La comparaison est quelque peu maladroite mais imaginez un groupe de (bon) néo (pour la multiplicité des influences) qui se voudrait mélodiquement et ethniquement intelligent. C’est complexe et pourtant ça passe plus que bien à l’oreille de l’heureux spectateur, car quand bien même le groupe s’aventure parfois sur de dangereuses pentes jazzys pour ne pas dire prog, il n’oublie pas pour autant de convaincre derrière avec un refrain fédérateur.
On notera par ailleurs ce soir la présence à la guitare de Nico, transfuge des très bons Trepalium, quand au saxo de Matthieu, loin d’être un gimmick, il se veut au contraire sur scène une vraie valeur ajoutée. Copie sans faute pour KLONE ce soir, le genre de groupe qui joue bien, sans donner l’impression de se la péter, bref le genre de groupe qui impose le respect, oui on peut le dire, ces messieurs ont tout simplement la classe ! Dommage toutefois que le public ait été cette fois encore un poil trop frileux à mon goût, j’entends par là en ne bougeant pas trop, car l’accueil réservé fut lui bien sûr chaleureux. Bref je suis reparti ce soir là comme vidé et serein, ayant reçu ce soir là une claque musicale comme il est trop rare d’en recevoir ! A bon entendeur salut, aux plus ouverts d’entre vous, si KLONE passe par vos villes, ne pas y aller est juste un crime, tant pis je vous aurai prévenus !

Je tiens à remercier les groupes pour cet excellent moment passé mais aussi tout particulièrement Céline et l’Hôtel de la Musique de Roubaix pour leur accueil, sans bien sur oublier mon cher petit psychopathe d’Alex pour sa précieuse collaboration et son rôle pas évident à tenir derrière l’objectif !