La review

IN THEATRUM DENONIUM
Melechesh + Celeste + Regarde Les Hommes Tomber + Déluge
Le Théâtre de Denain - Denain (59)
12/03/2016


Review rédigée par Miss Bungle


Samedi 12 Mars, le Festival In Theatrum Denonium nous dévoilait sa première édition dans le théâtre municipal de Denain. Avec à l’affiche 4 groupes à tendance black metal. Une brochette française : DELUGE, REGARDE LES HOMMES TOMBER, CELESTE. Et en tête d’affiche un groupe issu de Jérusalem : MELECHESH.
In Theatrum Denonium, c’est le projet de plusieurs passionnés qui prend la suite des très connues Métallurgicales, initiées par feu Patrick Roy. C’est dans l’intention de continuer ce que ce politique hors normes avait rêvé d’offrir à sa ville, qu’est né ce nouveau projet. Les Métallurgicales étaient devenues de plus en plus difficiles à perpétrer de par le coût financier assez important que le festival supposait, et un budget sans cesse décroissant. C’est donc avec des moyens beaucoup plus modestes que la ville de Denain et l’association Nord Forge ont dû œuvrer.
C’est dans un bel écrin que se sont pressés les spectateurs. La queue était longue dans la rue de Denain. Sur les trois portes disponibles, seule une était ouverte. Les possesseurs d’un billet, ceux qui devaient l’acheter ou les invités passant tous par le même endroit. Le running order, publié sur les sites sociaux, annonçait une ouverture des portes à 18h00 avec un premier groupe à 18h10 (sur place il s’est avéré que l’ouverture était à 17h45). Il était très utopique de penser faire rentrer tout un public en dix minutes. 18h20, je suis toujours dehors à attendre de passer la porte en me disant que je vais rater DELUGE mais en réalité les balances débordent sur l’horaire fixé. Quand enfin je suis à l’intérieur, je sens que c’est un peu la panique à bord. Les bénévoles courent en tous sens, une vraie fourmilière. Concernant le lieu en lui-même, le théâtre s’ouvre sur un hall avec 4 escaliers de part et d’autre de la billetterie. Deux qui desservent la salle. Et deux autres qui montent au balcon. Balcon réservé uniquement aux photographes ce soir-là d’où le point de vue est, je dois dire, parfait. Les bénévoles sont pour la plupart accoutrés d’une cape noir et d’un masque blanc qui rappellent le fantôme de l’opéra (en clin d’œil à l’affiche de l’évènement). C’est dire s’ils ont travaillé le sens du détail et qu’ils ont envie de s’amuser.
La salle de spectacle : l’endroit est somptueux, surplombé d’un plafond doté d’une grande fresque vénitienne. Ma première réflexion se porte sur la fosse et les places assises. En effet, la fosse est petite et les sièges arrivent assez près de la scène, l’endroit est donc restreint. Même si heureusement, les bénévoles se sont attelés à enlever les premières rangées. Autre détail mais qui a tout de même son importance dans un concert de metal, aucune boisson ne peut être consommée dans la salle, pour des raisons évidentes de respect de l’endroit. Il faut avouer que c’est inhabituel.



Vers 19h, les portes s’ouvrent enfin au public qui rentre sans vraiment se presser et s’installe naturellement soit devant la scène, soit dans les sièges confortables. Premier point d’inquiétude évanoui donc, le public n’est en rien gêné par la configuration des lieux. DELUGE arrive sur scène avec pas moins de 50 minutes de retard, ce qui soulève un autre problème : comment tenir le running order et MELECHECH pourra-t-il jouer son set en entier ? Je lève le mystère de suite, le retard a été incroyablement rattrapé au fur et à mesure de la soirée par une équipe de techniciens très efficace.
Revenons-en à DELUGE. Le groupe se présente de dos sur un bruit de fond qui représente la pluie. La scène est plongée dans une grande pénombre. Il est toujours dur de faire l’ouverture d’un concert mais ce ne fut pas le cas pour eux. En effet, le public n’était pas venu en dilettante et dès les premières notes, il est très réceptif. DELUGE joue un black metal aux sonorités post-hardcore. Tantôt une ambiance calme et atmosphérique, lourde et lente voire inquiétante. Tantôt des riffs et un chant très agressifs. Les compositions sont plutôt efficaces et les musiciens prennent bien possession de l’espace. C’est une belle prestation. Toutefois, je regrette l’emploi systématique entre les morceaux de la chorégraphie "dos au public - bruit de pluie - face au public - tempête sonore". La répétition de cette mise en scène, qui si elle est "théâtrale" sur les premiers morceaux, finit par devenir trop répétitive. Ceci dit cela n’enlève rien à la prestation scénique de 45 minutes, qui, elle, est carrée et accrocheuse.

Setlist : "Bruine", "Mélas | Kholé", "Avalanche", "Naufrage", "Houle".


Sur ces entre-faits, le concert se termine et tout le monde se précipite dans le hall pour se rafraîchir le gosier ou remplir son estomac. Mauvaise surprise, le bar est minuscule, et la queue d’attente, elle… trèèèès longue. Tant et si bien qu’à la fin de la pause, je n’ai pratiquement pas avancé d’un iota. Il me faudra revenir plus tard, durant CELESTE pour être sûre qu’il n’y ait personne. Mais, pas de chance encore, il n’y a plus de sandwich temporairement et la machine à hotdog est en repos forcé pour un petit moment. Ceci n’est pas dans le but de vous raconter mes aventures alimentaires, mais pour souligner ce problème d’organisation que je soulevais au début de cet article. Pour autant, les bénévoles sont d’une extrême gentillesse et se démènent pour satisfaire tout le monde. Il faut leur reconnaître un sens de l’accueil incroyable et une énorme envie de bien faire. Pendant ce temps-là, on peut si l’on veut déambuler dans le hall où se tiennent le merchandising des groupes, un stand de guitares ou encore un autre de patchs à coudre sur sa veste. C’est un peu un mini market de festival de plein air.



Deuxième groupe à entrer en scène : REGARDE LES HOMMES TOMBER. Groupe nantais qui pratique un black metal / sludge et qui a déjà fait pas mal parler de lui depuis la parution du premier album éponyme en 2012, et la participation à des évènements prestigieux comme le Hellfest. La scène est à nouveau plongée dans la pénombre, avec pour seul éclairage des grosses bougies qui font imaginer que l’on va assister à une messe noire. Tour à tour, la lumière se fait rouge et spectrale pour intensifier l’intimité des passages lents et sombres, ou aveuglante par l’emploi de stroboscopes dès que les riffs de guitares se font incisifs et que la voix du chanteur déchire la salle. Tout le long de la prestation, le groupe hypnotise par son jeu de scène et ses compositions. C’est une très belle découverte pour moi ce soir. C’est très bon visuellement et auditivement. Il se dégage de ce combo une énorme énergie alliée à une lourdeur et une mélancolie sulfureuses. Le public ne s’y trompe pas et applaudit furieusement la prestation. Un groupe qui mérite vraiment le déplacement. C’est mon coup de cœur de la soirée. En fin de prestation, il n’y a déjà plus qu’un quart d’heure de retard sur le timing initial.

Setlist : "L’Exil"," A Sheep Among The Wolves", "Wanderer Of Eternity", "Ov Flames, Flesh And Sins", "Embrace The Flames", "The Fall", "Thou Shall Lie Down", "The Incandescent March".



Nouvelle pause et s’ensuit CELESTE. Je vous parlais de pénombre précédemment ? CELESTE bat tous les records. Salle dans le noir quasi complet et… des musiciens munis, pour tout éclairage, d’une simple lampe frontale rouge. Ajoutez à cela des fumigènes qui rendent l’ambiance totalement fantomatique. L’event annonçait "Ready pour une soirée sombre et obscure ?", pas de doute !  On distingue les silhouettes des artistes qui balayent le public de leurs faisceaux lumineux tels des cyber-musiciens. Cette troisième formation ne diffère pas vraiment des deux précédentes dans le style musical. C’est peut-être pour cette raison que le public est très légèrement moins enthousiaste. Ou plus vraisemblablement parce que les morceaux sont un peu moins léchés et plus conventionnels. Par ailleurs, le fait de donner un set complet dans le noir est déconcertant et quand on aime voir les musiciens à l’œuvre, c’est quelque peu décevant. C’est donc une impression en demi-teinte qui se dégage de CELESTE. Ce groupe mériterait de corriger un peu son jeu de scène pour gagner en envergure et accrocher son public.

Setlist : "D’Errances En Inimitiés", "Laissé Pour Compte Comme Un Bâtard", "Sans Crainte De S’avouer Un Jour Naufragée", "Empreinte d’Érotisme", "(X)", "Dans Ta Salive, Sur Sa Peau".



C’est avec un peu d’inquiétude que j’attends le dernier groupe MELECHECH que je n’ai jamais écouté, redoutant un quatrième show identique aux premiers. Première différence notable, la scène est baignée de lumière vive ! Le combo arrive sur une introduction arabisante et rate quelque peu le départ du set en laissant un certain temps silencieux entre la fin de l’intro et le début du premier morceau. Le chanteur est tout de cuir vêtu, affublé de colliers en bois et de bracelets en cuivre qui lui donnent un air de shaman. Quant aux guitaristes / bassiste, ils portent des turbans à la façon des touaregs. Bonne surprise dès les premières notes ! C’est un black metal / trash un peu plus à l’ancienne qui démarre. Une rythmique rapide, une voix aigue typique du genre, un dépaysement complet avec les petites mélopées de musique traditionnelle et surtout, SURTOUT un groove incroyable ! Il ne faut pas très longtemps pour créer une effervescence dans le public. Dans la fosse, des effluves de jeunes fennecs surexcités se dégagent, tandis qu’un pogo géant d’un autre temps a commencé. Autour, les plus âgés remuent plus calmement et repoussent en riant les ados en sueur. Bien que les morceaux soient plus ou moins tous construits de la même manière et sans réelle surprise, c’est formidablement entraînant et irrésistible. Pendant une heure, MELECHECH réussit à captiver un public totalement conquis, vibrant à l’unisson. C’est un franc succès et c’est par cette jolie phrase maladroite que le chanteur clôture la soirée "Nous vous aime !".

Setlist : "The Pendulum Speaks", "Tempest Temper Enlil Enraged", "Ladders To Sumeria", "Genies, Sorcerers And Mesopotamian Nights", "Deluge Of Delusional Dreams"; "Multiple Truths", "Triangular Tattvic Fire", "Ghouls Of Nineveh", "Rebirth Of The Nemesis".


Les organisateurs d’In Theatrum Denonium peuvent souffler enfin et surtout être fiers d’eux. Cette première édition est une belle réussite. A part l’organisation qui est réellement à améliorer pour asseoir le festival dans la continuité, ils ont offert une très belle affiche à un public venu en masse (près de 450 personnes contre 150 prévues initialement), dans un endroit inattendu mais dont on tombe fatalement sous le charme, avec un son absolument irréprochable (c’est important de le souligner car c’est tout de même ce que l’on attend en priorité d’un concert). Gageons que suite aux retombées positives de cette soirée, une seconde édition devrait sûrement voir le jour.