HELLFEST
Clisson (44)
18/06/2016
Review rédigée par Solange
Le lendemain c’est levé tôt pour ne par rater le concert des Français d’OTARGOS. Du black
metal aux tendances industrielles, découverts il y a quelques mois via Kaotoxin, le
label de THE LUMBERJACK FEEDBACK qui finissent d’ailleurs leur concert sous une Valley
remplie dès le matin, c’est rare ! Formation habituelle de quatre musiciens, maquillage et
costumes noirs, pied de micro aménagé façon indus futuriste et attitude rageuse au rendez-vous, OTARGOS savent bien ce qu’il font. Le public est encore peu nombreux mais
s’agrandit dès les premières notes du concert. Un groupe à fort potentiel selon moi, la
seule déception étant que le côté indus sera musicalement beaucoup plus effacé en live
par rapport aux enregistrements, mais le show n’est pas inefficace pour autant ! Le
dernier morceau, un peu plus lent et moins black, me rappellera un peu les compos
puissantes de Samael.
Après un café bien nécessaire, je reste sous la Temple pour attendre MYRKUR qui est à la
base un projet solo et dont j’attends avec impatience de voir l’adaptation live.
Accompagnée de trois musiciens dégoulinants de maquillages noirs, Amalie Bruun
s’avance devant ses pieds de micros entourés de bois. Elle dégage une certaine fragilité
qui s’envolera momentanément aux premiers scream ! Globalement j’ai l’impression que
les morceaux comportent beaucoup plus de chant clair qu’en studio, ce qui n’est pas une
mauvaise chose finalement. Musicalement parlant, MYRKUR n’a pas réinventé le black
metal, en revanche le mélange qu’elle en fait avec son chant calme, mélodieux et
envoûtant est purement délicieux. Mais bon ça crie aussi de temps en temps parce qu’il
faut quand même pas déconner !
Sans attente particulière pour le créneau suivant, je décide d’aller jeter un oeil à AUGUST BURNS RED. Ce n’est pas le type de groupe que j’irai voir en concert indépendant alors je
profite de l’occasion. Je connais mal la discographie du groupe donc j’écoute juste
attentivement pour me faire une idée. Je vois un groupe de cinq musiciens surmotivés,
dont certains ont l’air assez jeunes. Du metalcore bien ficelé, le concert est hyper carré et
ça reste étonnant très mélodique avec des guitares bien mises en avant dans le mix.
Niveau public ça envoie ce qu’il faut, circle pits et compagnie dès le début de la journée,
expérience réussie je pense pour AUGUST BURNS RED !
Un peu plus tard je retourne sous ma chère Valley pour découvrir MANTAR que j’avais
brièvement écouté via la programmation du fest. MANTAR est un duo, ça paraît peu et
pourtant pour les oreilles il ne manque rien. Un batteur / choriste et un guitariste / chanteur
qui se contorsionne derrière son micro, les deux face à face. Mantar est un drôle de
mélange qui sonne autant comme du stoner que du black metal. Musicalement, c’est déjà
du stoner particulièrement en colère mais le chant black posé dessus en fait un résultat
totalement démentiel. Le chanteur est d’ailleurs assez impressionnant, il se déchaîne tant
qu’il peut, autant que quelqu’un peut quand il doit rester devant un micro. Bon, je n’irai
peut être pas écouter ça au réveil mais MANTAR aura été intéressant à découvrir en concert.
Ensuite, deuxième concert sous la Altar avec AGORAPHOBIC NOSEBLEED, eux aussi
découverts il y a peu de temps. Cette année j’aurais pas mal privilégié les nouveautés et
curiosités de ma part, délaissant un peu plus les grands connus et groupes déjà vus. Me
voilà donc devant un groupe sans batteur – mais on aura quand même un solo de
batterie ! – seulement un bassiste, guitariste et deux chanteurs. Une fille, cheveux courts
et décolorés, qui gueule tout autant que son compère un peu plus vieux et une allure de
papa atterri là par hasard. La musique est d’une violence crue, un peu de grindcore, noise,
électro. En opposition à cela, le chanteur est très statique sur scène, assez déstabilisant.
La lumière est hyper présente, ça envoie du stroboscope dans tous les sens, c’est calé sur
la musique mais ne met pas spécialement les musiciens en avant pour autant, comme si
l’intérêt était à porter ailleurs. Plusieurs décalages qui prouveront, et me feront apprécier,
l’aspect atypique du groupe apparemment rare en concert, ravie d’avoir fait partie de celui-là.
Les italiens de FLESHGOD APOCALYPSE arrivent à la suite sous la Temple. Ils font partie
selon moi des groupes particulièrement intéressants en tant que "groupes de scène". Ils
débarquent avec des costumes d’un autre temps qui prennent une dimension plus
impressionnante quand ajoutés au penchant symphonique de leur musique. Leur son lui
est cependant bien moderne, du death technique et mélodique clairement efficace qui
aura convaincu le public. La choriste un peu en retrait, n’en est pas moins
impressionnante. Parée d’un masque à plume et d’une sorte de sceptre, elle trône en
arrière-plan et jette son regard glacé sur le public qu’elle sondera tout le long du concert.
Le tout est majestueux, définitivement à revoir pour une belle prestation scénique de
qualité, soignée sur tous les aspects.
Un peu plus tard, je continue l’expérience Valley avec les Américains de GOATSNAKE. Le
quatuor déverse son stoner suitant pendant une petite heure. Son de guitare bien sale
mais pas trop lourd non plus. Quelques passages plus rapides dans des rythmiques
typiques stoner, le reste du temps c’est plutôt lent, on sent quand même une grosse
influences doom et quelques pointes de psyché dans la guitare. Ces dernières sont
d’ailleurs amplifiées par les lumières colorées, vives et saturées qui accompagnent le
groupe. Le chanteur a une présence forte sur scène, comportement qui attire le regard
vers lui. Le chant est assez lent mais très clair et aigu aussi, et contribue très certainement
à l’originalité du groupe.
Je décide ensuite de tenter le concert de BAD RELIGION à la Warzone. Chaque année où
j’avais voulu voir un groupe sur cette scène dont la programmation me correspond moins,
j’avais rebroussé chemin faute d’accès possible. Mais cette année les aménagements faits
autour de la scène sont sensés agrandir l’espace pour le public. La petite terrasse en
surplomb est nouvelle également, et abrite la majestueuse statue de Lemmy. Je me rends vite compte que l’accès à la scène est toujours aussi compliqué, les passages
sont étroits et saturés, l’accès plus proche de la scène est impossible. Dommage donc,
même si je me doute que la venue du groupe est peut-être plus responsable de ça que les
aménagements. Ça sera donc un concert à distance pour BAD RELIGION. Rare groupe de
punk rock que j’écoutais plus jeune, je les ai ensuite délaissés alors venir les voir
aujourd’hui me fait assez sourire. Le groupe débarque sur "Fuck Armageddon… This Is
Hell". Le public part au quart de tour, agitation globale, pogos et slams, jeté de sciure au
milieu du public, probablement destinée à la base à éviter la boue ! Le groupe a l’air
content de jouer, le sourire imprimé sur le visage du chanteur m’aura marqué. Les
morceaux parfois courts s’enchaînent sans répit et le concert se terminera en beauté sur
"American Jesus".
Plus tard dans la soirée, après le concert de TWISTED SISTERS sur la Main Stage, le Hellfest
rend hommage à Lemmy en diffusant musique et photos du bonhomme. Nous pourrons
aussi admirer un nouveau feu d’artifice. Si j’avais déjà un très bon souvenir de celui de
l’an passé, celui-là m’impressionne au moins autant. Magnifique spectacle, le feu se termine
par un"RIP LEMMY" dessiné dans le ciel, la grande classe.