Voilà des semaines que j'attendais ce show avec impatience ! Grand fan de GRAND MAGUS, plus particulièrement de la voix de JB (également ex-Spiritual Beggars) que je place parmi les meilleurs chanteurs de metal contemporains, j'étais curieux de l'énergie qu'ils dépensaient en live. J'avais bien entendu défendu leur dernier album "Triumph & Power", lyrique, puissant, fédérateur dans la tradition d'un glorieux heavy metal à la Manowar ! Faut reconnaître que je considérais le reste de l'affiche comme une option... pourtant j'étais loin d'être au bout de mes surprises...

Arrivé sur place à 18h30, je manquais THE VINTAGE CARAVAN... dommage, car les tout jeunes Islandais commencent à se faire une solide réputation. Il n'y a qu'à se souvenir du clip psyché "Expand Your Mind" pour réaliser qu'on a affaire à un trio de classic rock solide qui promet !! En interrogeant certaines personnes sur place, le groupe aurait d'ailleurs mis le feu.

Assez rapidement, les Allemands de ZODIAC prennent place. Je n'avais entendu que quelques chansons avant la date de ce soir. Une belle découverte puisque j''ai été automatiquement séduit par leur rock bluesy élégant et plein de feeling. Servi par un très bon son, le quatuor débute par "A Bit Of Devil", stoner dans l'esprit avec ce riff très typé. Un morceau entraînant qui dévoile la voix de Nick Van Delft, entre Chris Rea et Mark Lanegan. Autant dire que ça a de la gueule !! Sacré guitariste également (on ressent l'influence de Gary Moore), ce n'est pas une raison pour que les autres restent dans l'ombre à l'instar du guitariste Stefan Gall à bloc, et du bassiste Ruben Claro qui assure également les claviers sur "Coming Home" (superbe morceau de 10 mn, à la fois planant au départ puis se démarquant progressivement entre le blues et le jazz rock). Tout en finesse et en émotions, ZODIAC livrent 5 titres extraits de leurs deux albums ("A Bit Of Devil" et "A Hiding Place") dont la reprise sublimée du très cool et sensuel "Blues Jeans Blues" deZZ Top ! Dans le public, c'est pas la folie, vu que la musique ne s'y prête pas vraiment, mais il est certain que le groupe n'aura pas laissé indiffèrent.

Setlist : "A Bit Of Devil", "Free", "Blue Jeans Blues" (ZZ Top cover), "Moonshine", "Coming Home".

Le nom avait beau faire référence au vénéneux et énigmatique personnage féminin de Twin Peaks, le groupe composé de gars d'Enslaved et Sahg, AUDREY HORNE ne m'avait pas transcendé plus que ça sur leur premier album. Du coup, j'avais lâché l'affaire. Le groupe déboula donc sur scène avec "Redemption Blues", et comment dire... il y eut comme un ouragan salvateur qui déferla au Divan du Monde. Les Norvégiens ont, dès les premières notes, su appuyer sur le bouton pour faire briller le public de mille feux. Le refrain complètement addictif de "Redemption Blues" est repris en chœur tandis que la paire Thomas Tofthagen et Arve Isdal assure le show : idéal pour les photographes du premier rang qui ne perdent pas une miette des différentes poses des guitaristes. Oh putain... c'est donc ça AUDREY HORNE !!! Ça tue... Ok, ça reste du hard rock mélodique, mais c'est drôlement costaud et bien fichu ! Sur scène, c'est effectivement de la folie, les musiciens ne se donnent aucun répit, ça bouge dans tous les sens, chacun se donne en spectacle avec beaucoup d'humour également : un "Funky Town" est braillé régulièrement par le singulier Epsen, bassiste à la forte personnalité qui ne manque pas d'amuser la foule. Les titres, que dis-je !! Les TUBES s'enchaînent et se déchaînent, de "Bridges And Anchors" à "Cards With The devil", Toschie (chant) est une véritable bête de scène qui a un véritable don de connexion avec le public. Voix parfaite en toute circonstance, tout sourire, il n'a aucun mal à présenter deux nouveaux titres "Gravity" et "Between The Devil And The Deep Blue Sea" accueillis comme une lettre à la poste. Soli harmonisés dignes du meilleur de Maiden, rythmiques groovy et chaudes, cascades de refrains fédérateurs, que demander de plus en live ? Ce fut tout simplement explosif et... ah oui, c'est maintenant GRAND MAGUS... dur de passer après ça...

Setlist : "Redemption Blues", "Bridges And Anchors", "Youngblood", "There Goes A Lady", " Pretty Little Sunshine", "Cards With The Devil", "Gravity", "This Ends Here", "Between The Devil And The Deep Blue Sea", "Show And Tell", "Blaze Of Ashes", "Straight Into Your Grave".

AUDREY HORNE ayant laissé sur scène un parfum de fin de champ de bataille... Pour le coup, GRAND MAGUS se doit d'être à la hauteur de ses paroles et va devoir se battre pour faire oublier la prestation tonitruante de ses prédécesseurs. Looks on ne peut plus "heavy metal", de cuir et de clous, le trio suédois démarre avec "I, The Jury" issu de l'album "Hammer Of The North". Bonne entrée en matière, sans toutefois me laisser sur les rotules... le son est plutôt bon, tout comme les lumières mais il manque bien quelque chose pour que ça décolle. Les titres sont parfaitement exécutés, avec un excellent "On Hooves Of Gold", en troisième position, qui poussa le public a réagir plus (un peu plus) vivement sur le refrain. JB est en forme, assurant ses parties vocales et guitaristiques avec brio même si on décèle un poil de  timidité, ou de pudeur surtout lorsqu'il tente la conversation en français. De son coté, Mats Skinner (basse) bénéficie d'un très bon son, mais le manque de complicité scénique (plus ou moins mécanique) entre les deux hommes plombe un peu le concert. Chacun joue de son coté, le chef c'est JB !... C'est pourtant au moment de " Like The Oar Strikes The Water", magnifique titre épique de l'album "Iron Will", que le concert dévoile (enfin !!) la force de la musique de GRAND MAGUS, appuyé par le massif Ludwig Witt aux baguettes. J'y croyais plus... le fantôme d'HORNE s'est enfin envolé. Le power trio enchaîne alors des titres de son dernier album, du bon "Steel Vs Steel", à l'excellent "Triumph & Power " (la foule ne s'y trompe pas, c'est un véritable hit), un efficace "Iron Will" jusqu'au final magnifique "Hammer Of The North", en communion totale avec la voix du public qui ne fît qu'un pour l'occasion. Peut-être le plus beau moment de la soirée.

Setlist  : "I, The Jury", "Sword Of The Ocean", "On Hooves Of Gold", "Ravens Guide Our Way", "Like The Oar Strikes The Water", "Steel Vs Steel", "Valhalla Rising", "Iron Will".
Rappel : "Triumph & Power", "The Shadow Knows", "Hammer Of The North".

Soirée des plus éclectiques s'il en est, une telle affiche peut paraître déséquilibrée (vu le caractère très différent des groupes) mais s'avère au final passionnante et riche en émotions de toutes sortes. Entre la découverte ZODIAC et AUDREY HORNE, je pense que ce dernier aurait pu figurer en tête d'affiche, tant sa prestation écrasa tout sur son passage et fît de l'ombre à GRAND MAGUS...