Fort d’une affiche très réussie l’année dernière autant en terme de qualité que d’affluence du public, la Furia Antistatic revient pour cette édition 2008 avec une affiche encore plus éclectique ce qui expliquera surement en partie le déplacement moins massif du public rarement avide de découverte.

Pourtant du beau monde il y en avait et même dès le début avec les américains de A. ARMADA qui ont ouvert les hostilités avec un très bon post rock, plutôt classique dans les mélodies de gratte mais très original de part les rythmiques d’un batteur à la gestuelle très étrange mais pas dénué de qualité d’originalité. Bref set très agréable même si très court qui m’a laissé une très bonne impression malgré des crépitements de temps en temps surement à cause du bassiste qui tapait trop sur son micro.

Viennent ensuite les très attendus FROM MONUMENT TO MASSES et leur post rock electro. Malgré un classicisme évident, difficile de ne pas être emballé par des mélodies aussi efficaces, un jeu très propre et carré, des samples qui apportent une touche très personnelle, une attitude scénique tout en sobriété et en classe. Le reproche que l’on pourrait éventuellement leur faire est leur manque de riff qui envoient le bois mais c’est un choix délibéré de leur part de rester dans un registre très doux et éthéré, après on aime ou pas. En tout cas, même si c’est parfois assez formaté notamment à la batterie, ça joue impeccablement et c’est une délectation de tous les instants pour mes oreilles. Très très bon set donc des américains même si là encore une fois très court pour laisser du temps aux têtes d’affiches plus connues qui passent après.

Après une transition par le slam de ZOB sur une petite scène, UNCOMMONMENFROMMARS et son punk / rock à roulette Californien débarque avec son énergie habituelle. C’est carré, c’est propre, y a une bonne énergie mais alors c’est vraiment mais vraiment pas ma came, musicalement ca m’endort en 5 minutes tellement tout est stéréotypé de la voix, aux rythmiques et aux riffs de grattes déjà entendu des millions de fois, difficile de passer outre mais ils ont au moins le mérite de vivre leur musique et de dégager une ambiance sympathique et puis bon "des nichons au deuxième morceau c’est bon signe", intervention du chanteur suite à l’apparition d’une punkette aux seins nus d’une nature plutôt affective envers les musiciens.

Changement radical pour la suite avec les Mâconnais de JMPZ et leur metal fusion aux sonorités tribales. La composition du groupe est atypique avec deux basses, un batteur et un didgeridoo, une des basses est rythmique et l’autre simule pas mal d’effets de gratte notamment. Leur disposition scénique est, elle aussi, originale avec un batteur situé sur la droite, les autres au centre et des écrans en fond. Le son est très agréable, la technique des zicos est irréprochable entre un joueur de didgeridoo au souffle infini et au flow imparable, un bassiste rythmique qui groove méchamment et des illusions rythmiques bien senties à la batterie. Quelques guests vocaux font en plus leur apparition sur les écrans tel que le chanteur de Lofofora pour un effet plutôt efficace même si assez étrange au premier abord. Au final, on ressort de leur set le sourire aux lèvres, JMPZ est un groupe très agréable à voir en live avec en plus un super bon état d’esprit sur scène ce qui ne gâche rien.

Encore un intermède musical pendant le changement de plateau avec les très sympathiques SEMI PLAYBACK pour laisser place à la tète d’affiche de la soirée, les sémillants PSYKUP. Concert très particulier de PSYKUP ce soir notamment à cause (grâce à ?) d’une femme en furie prête à porter préjudice à l’intégrité sexuelle de Ju, d’abord extrêmement gêné, et il y avait de quoi, pour ensuite finir en remake de Zombie avec un pieu providentiel en forme de guitare avant de partir en "Mais baisez la bordel !!" vu que la dame en question ne voulait plus quitter la scène étant trop occupée à s’accrocher à la jambe de Ju, bref très très grand moment. Pour en revenir à des choses plus conventionnelles, on a eu droit à un set efficace de PSYKUP composé presque uniquement de chansons du deuxième et troisième album avec même une apparition remarquée à défaut d’être remarquable de "La Vie Dont Vous Etes Le Héros Face" avec tirage de la pièce sur scène par une demoiselle du public. PSYKUP montre très clairement qu’il va falloir s’habituer à ne plus entendre les chansons du premier album ce qui est forcément dommage pour moi mais pas forcément pour tout le monde même si "Birdy" et "My Toy My Satan", par exemple, sont de très bonnes chansons. On a même droit à la petite gâterie "Your Vision" ce qui n’est pas pour me déplaire, loin de là, vu la puissance et la brutalité que cette chanson dégage en live. Par contre, gros bémol au son de basse juste insupportable par moment sur certains passages qui couvrait à peu près tout le reste rendant des riffs presque inaudible ce qui est assez rare chez PSYKUP d’habitude irréprochable au niveau du son.

Au final, TAMTRUM jouera devant une salle qui s’est visiblement dépeuplée (normal à 2h du matin) mais qui a son lot de fidèles amateurs de goth indus. Alors autant je ne suis pas forcément ultra réceptif au genre, de base, autant j’avais un plutôt bon à priori, croyant que ca en jetterait visuellement et scéniquement mais quelle ne fut pas ma surprise de voir un groupe aussi limité à tous les niveaux. Des lights supplémentaires inutiles, un écran sur lequel est juste projeté le nom du groupe pendant tout le set, un chanteur qui ne savait pas quoi faire à part l’aller-retour le long de la scène sans dégager le moindre charisme ce qui ne dépaysait pas vraiment avec sa pauvreté vocale, un "faux" batteur qui joue debout sans grosse caisse et qui fait les mêmes rythmique inlassablement sur charleston / caisse claire et, le comble, un clavier qui ne sert strictement à rien vu que les samples étaient déjà programmés, au moins en grosse majorité. Bref qu’on aime le genre ou pas, il serait de mauvaise foi de considérer ce "machin" qu’il nous ont proposé comme une bonne prestation live ou même une prestation live tout court ne soyons pas trop exigeant.

Bref, ne finissons pas sur une fausse note car une fois n’est pas coutume avec la Furia, non seulement l’affiche était de qualité et une bonne partie des groupes m’ont mis une bonne claque dans des styles très différents, mais en plus l’organisation est impeccable avec des temps très courts entre les groupes agrémentés pour la plupart d’intermèdes musicaux agréables. Bref longue vie à ce festival qui mérite très largement sa place tous les ans.