EXHUMED + ROTTEN SOUND + IMPLORE + GRIST
Le Gibus - Paris
12/04/18
Review rédigée par Matthieu
Le Gibus. Un endroit paisible, situé en plein coeur de la capitale, et que je connais très bien
pour ses soirées toutes plus violentes les unes que les autres. La pluie s’est également
invitée à la fête pour célébrer la venue d’EXHUMED, ROTTEN SOUND, IMPLORE et GRIST. Il va y
avoir du sang dans la fosse, c’est moi qui vous le dis.
Alors que les portes ouvrent et que les flyers sont distribués par dizaines, nous nous
positionnons tranquillement dans la salle. Assez peu de monde attendu ce soir, mais le
matériel de GRIST nous annonce la couleur. Lorsque le groupe grimpe sur scène, le public
reconnaît tout de suite Julien “Nutz” Dreyes (chanteur de Gorod) au micro, ce qui nous
confirme cette première impression. A la guitare, Nico envoie quelques riffs bien sales
pendant que Thomas blaste sans discontinuer. Nutz est comme possédé, gesticulant en
permanence et hurlant comme un beau diable, ce qui compense le fait qu’ils ne soient que
trois sur scène. Dans la fosse, le public commencera à se réveiller un peu vers la moitié du
set, mais restera plutôt calme, alors que sur scène c’est la folie. Si le guitariste ne peut pas
trop bouger, puisqu’il doit également assurer les choeurs, son jeu est très propre, et le son
est de très bonne qualité ce soir. Le set se termine un peu trop vite pour la formation
parisienne, qui en remet une dernière couche, renversant au passage le micro du guitariste,
mais l’intensité dont les musiciens ont fait preuve d’entrée de jeu a motivé toute la salle, et
c’est une chose assez rare pour être soulignée.
Setlist : "Another Grey Day", "Priority (Locked Door) (Physiquement)", "Saddam", "BZH",
"Zinedine", "Coulibali", "Derrick", "Tears In Rain", "Morsay", "Coolio", "Stalincrack", "Marilyn",
"Human Mirror", "Sayyadina", "Lido".
Pendant qu’IMPLORE s’installe, je remarque qu’il n’y a pas vraiment plus de monde qui arrive.
Les balances s’éternisent un peu, j’ai l’impression que le groupe souffre d’un souci
technique qui raccourcira leur set de deux titres, mais la solution arrive et les Allemands sont
prêts à ajouter une couche de crasse à la soirée. Le coup d’envoi est donné, les premiers
riffs sont toujours aussi bons que la fois où je les avais vus ouvrir pour Vallenfyre l’an
passé. Gabriel Dubko (chant / basse) se campe derrière son micro pour hurler tout ce qu’il
peut tout en alignant des riffs gras et massifs, accompagné par Petro et Markus (guitares),
dont les harmoniques dissonantes pourraient réveiller un mort. A la batterie, les frappes
d’Arnau Montfort motiveront le public à se donner un peu, et le pit part tranquillement,
composé d’à peine quelques individus. Le groupe, dont le set est malheureusement pour
nous minuscule, enchaîne les titres tous plus dévastateurs les uns que les autres, et si
malheureusement la basse disparaît quelques secondes en plein milieu d’un titre, elle
revient bien vite ronronner à nos oreilles. L’attention est principalement portée sur Gabriel,
le frontman couvert de tatouages, mais les guitaristes ne sont pas en reste en
headbanguant en quasi-permanence lorsqu’ils n’aident pas au chant. Très carré de bout en
bout, le set s’achève avec une petite pointe de déception : la durée. J’aurais vraiment
apprécié une dizaine de minutes supplémentaires de ces titres courts mais d’une puissance
incroyable.
Le matériel est à nouveau démonté, et ce sont les Finlandais de ROTTEN SOUND qui prennent
possession de la scène. Ayant raté leur passage au Netherlands Deathfest le mois dernier,
je me réjouissais de leur venue. Dès le premier titre, le grindcore du groupe remue la fosse,
et le chant de Keijo Niinimaa est tout bonnement monstrueux. Le mix a parfaitement été
réglé, et on distingue chacun de ses hurlements, tout comme chaque note de ses
compagnons. A la guitare, Mika Aalto nous envoie une avalanche d’harmoniques
malsaines, tandis que Kristian Toivainen (basse) nous assomme avec un son gras et
poisseux. Les blasts de Sami Latva ne sont pas en reste, puisque chaque frappe est d’une
précision à faire pâlir n’importe quel métronome. Disposant d’un temps de jeu supérieur aux
deux premiers groupes, la formation peut se permettre d'interagir avec le public et Keijo ne
s’en privera pas. Plaçant quelques mots entre les titres, il encourage la foule à se donner
autant qu’eux se donnent sur scène, et le public s’exécute avec joie, hurlant le nom du
groupe. Le headbang est de mise, sur les planches comme dans le public, mais
malheureusement la salle est à peine plus remplie que pour les deux groupes précédents, et
si la qualité du show est présente, c’est tout de même assez triste pour être souligné. Les
musiciens connaissent leurs titres sur le bout des doigts, et les lumières les mettent
parfaitement en valeur. Alors que la fin du show s’approche, le chanteur nous informe qu’ils
vont jouer trois titres supplémentaires. C’est donc à la fois déçus de la fin de leur set, mais
heureux de s’en prendre plein la face que nous savourons ces trois titres d’une finesse
digne d’un parpaing, puis acclamons le groupe comme il se doit. Je n’ai pas été déçu d’un
poil !
Les maîtres de la soirée s’installent, et on sent à leur regard que c’est pour eux une partie
de plaisir que de monter sur scène. Les techniciens les aident à se mettre en place, et le
concert commence. EXHUMED, c’est un show rodé et des musiciens très à l’aise, comme
j’avais pu le constater au Hellfest en 2017. Et ce soir, c’est la même chose : Matt Harvey
(guitare / chant) sait tenir un public comme il faut tout en alignant des rythmiques avec une
facilité déconcertante pour tout novice de l’instrument, tandis que Sebastian Phillips
(guitare) se concentre sur des parties lead perçantes. A la basse, Slime headbangue en
faisant cracher son instrument, pendant que Mike Hamilton (batterie) donne tout ce qu’il
peut. On sent que le groupe est américain, lorsqu’un roadie déguisé en bourreau avec une
tronçonneuse fait son apparition sur scène, pendant que le groupe, presque immobile,
aligne ses riffs. Alors que les guitaristes jouent ensemble, allant l’un vers l’autre et jouant les
solos à deux. Vers le milieu du show, alors que le son est toujours aussi excellent,
Sebastian semble soudain très fatigué, mais son jeu est toujours aussi excellent, et les
titres deviennent de plus en plus techniques. Le public se déchaîne sur les titres
accrocheurs du combo, tout en acclamant les musiciens entre deux titres. Sebastian
semble malade, il se place d’ailleurs à proximité d’une poubelle alors que ses camarades ne
ralentissent pas la cadence. Le set se termine, et le groupe sort de scène, mais revient
accompagné du roadie avec une fausse tête coupée et du faux sang pour un effet encore
plus visuel. Sebastian manque à l’appel, mais le trio assure tout de même jusqu’au bout du
rappel.
Setlist : "The Anatomy Act Of 1832", "Defenders Of The Grave", "Lifeless", "Necromaniac", "Limb
From Limb", "Necrocracy", "Waxwork", "Decrepit Crescendo", "Torso", "Dead End", "Distorted And
Twisted To Form", "Coins Upon The Eyes".
Rappel : "Open The Abscess".
Retour rapide au métro, demain c’est un autre concert qui m’attend ! Tous les groupes ont
assuré. Si certains spectateurs remettent en cause l’ordre de passage, et auraient préféré
inverser les deux derniers groupes, tout le monde a joyeusement démarré la soirée avec
GRIST, réappris la définition du mot “malsain” avec IMPLORE avant de se faire violenter par
ROTTEN SOUND et EXHUMED, avec un son toujours impeccable pour chaque concert. Je
souhaite également un très bon rétablissement à Sebastian, qui n’a absolument pas
démérité ce soir.