Premier concert de l’année pour moi, retour à Lyon et au Ninkasi où je ne m’étais pas rendu depuis des années, et c’est pour une bien belle date avec cette affiche proposée par Sounds Like Hell : EQUILIBRIUM, LORD OF THE LOST et NAILED TO OBSCURITY pour l’occasion du Renegades Tour. Trois groupes, trois ambiances mais une même nation et une même envie de jouer. De quoi prendre une grosse claque dans les règles de l’art !

Difficile pour NAILED TO OBSCURITY de faire prendre son doom / death. Non pas que leur musique soit mauvaise, bien au contraire. Les compositions sont de très bonne facture avec des riffs bien lourds, une ambiance très sombre, peut-être trop sombre comparée à ce que le public recherchait ce soir. Pourtant, le gros son propulsé notamment par les deux guitaristes est tout à fait convaincant, notamment le dernier morceau "Desolate Ruin" qui est très prenant, démarrant par une intro très calme, posée, avant de lâcher les décibels tout en finissant par un solo des deux guitaristes et un chanteur qui passe parfois au chant clair pour alterner l’ambiance très sombre du groupe, et apporter un rythme moins pesant et plus énergique. Et au fur et à mesure des morceaux, on aperçoit dans le public des têtes se balancer d’avant en arrière en rythme, la musique est clairement bonne mais déjà entendue trop de fois pour marquer profondément les esprits. Pour mettre en parallèle la musique et la mise en scène, on a un beau jeu de lumières très sombre qui colle parfaitement au groupe. Un bon groupe mais qui manque d’originalité pour vraiment marquer les esprits. Une belle entrée en la matière en tout cas !

Setlist : 1. "Black Frost", 2. "King Delusion", 3. "Feardom", 4. "InnerMe", 5. "Tears Of The Eyeless", 6. "Desolate Ruin ".

Ma première grosse claque de l'année n'aura pas tardé ! C’est avec LORD OF THE LOST qu’elle arrive. J’avais écouté ce groupe il y a quelques années déjà mais je l’avais complètement oublié, ce qui ne risque plus d’arriver après ce concert lyonnais. Le groupe d’Hambourg aura marqué cette scène au fer rouge avec un metal gothique et industriel des plus efficaces. Visiblement, dans la salle, je n’ai pas été le seul à faire un parallèle entre Till Lindemann et le chanteur de LORD OF THE LOST, Chris Harms, autant dans l’attitude que dans la voix parfois, plutôt bluffant surtout quand on est aussi dans un groupe qui fait de l’indus. Donc forcément on aime ! Et scéniquement, sur la petite scène du Ninkasi, ça envoie vraiment du lourd mais vraiment. Un morceau comme "Morgana" montre bien le genre du groupe, ce mélange des genres très efficace, puissant et rythmé. Un morceau dont l’impact des refrains est décuplé en live comparé à la version studio. Un mélange qui prend vite et convainc le public sans difficulté, ce dernier d’ailleurs semblait attendre avec impatience leur venue. Je pense que les personnes qui n’auraient pas été conquises sur ce concert (si elles existent) se comptent sur les doigts d’une main. Le groupe, avec une grosse dizaine d’années au compteur, fait preuve d’une sacrée complicité sur scène de tous les musiciens (notamment du batteur et du claviériste qui passent le concert à se marrer) qui prennent possession de la scène comme si elle leur appartenait, ils feraient un concert en tête d’affiche sous peu que ça ne m’étonnerait pas. Bien que le chanteur prenne beaucoup de place scéniquement parlant, les musiciens n’en font pas moins pour autant avec une facilité assez déconcertante. Le chanteur s’entraîne déjà pour les dates sur lesquelles le groupe sera en support d’Iron Maiden cet été avec son très écorché "Lyon, scream for me !". Mais l’été, ce n’est pas tout de suite, pour le moment c’est le week-end et c’est le temps de faire la fête, le temps du metal, une belle intro pour "La Bomba". Ce titre est vraiment à part, je vous laisse écouter pour vous faire une idée, le clip vaut le coup d’œil aussi. En parlant de coup d’œil, croisez le regard de Chris Harms et vous risquez d’être surpris une fraction de seconde car on sent vite l’intensité de ce frontman qui ne lâche rien et qui va au contact du public avec plaisir, et le public le lui rend bien d’ailleurs car ce concert est décrit comme de loin un des concerts les plus "chauds" qu’ils ont eu en France jusqu’à présent. De toute façon, c’est bien simple, j’écoute ce groupe en boucle depuis le concert.

Setlist : 1. "Lament For The Condemned", 2. "Morgana", 3. "Drag Me To Hell", 4. "Under The Sun", 5. "Loreley", 6. "Full Metal Whore", 7. "Ruins", 8. "Fist Up In The Air", 9. "Die Tomorrow", 10. "La Bomba", 11. "Trisma".

Les maîtres de la soirée, EQUILIBRIUM, arrivent après ce carton plein fait par leurs compatriotes. Même pour eux la barre est haute après une telle prestation. Mais bon, EQUILIBRIUM reste EQUILIBRIUM donc je ne me faisais pas tant de soucis que ça. Rien qu’à voir la relation que le groupe, et notamment le chanteur Robse, entretient avec le public. Dès le départ, il rigole avec des fans, ça promet ! Et effectivement le Ninkasi va se faire renverser une seconde fois ce soir !
Il faut dire que les Bavarois maîtrisent parfaitement leur sujet, leur folk metal teinté de black ne manque pas de puissance et de grotesque, parfois antinomique sur le papier mais en réalité c’est tellement bon. C’est donc pour ce Renegades Tour que le groupe pose les valises à Lyon, l’occasion de présenter leur dernier album en date : "Renegades". Et démarrer sur "Renegades - A Lost Generation", je peux vous dire que ça met le ton d’emblée, malgré l’hiver on ne va pas s’installer sagement au coin du feu avec une camomille. Le public l’a bien compris car les slams prennent vite leur rythme de croisière et je crois que c’est le seul chanteur que j’ai vu récupérer autant de slammers sur scène pour les aider à se réceptionner, et au passage un petit encouragement pour continuer, car comme le dit si bien un de leurs morceaux : "No mission too hard, no challenge too big, I was born, born to be epic !". Le public fera d’ailleurs honneur à ce morceau en balançant les bras de gauche à droite comme à son habitude sur ce morceau particulièrement viral, tout comme son mythique "Freiflug" et ses "Oh oh oh" repris en chœur, précédé par le tout aussi bon et folklorique "Waldschrein". Des moments de partage comme ça entre le groupe et le public, il y en a autant que de morceaux, chacun avec sa particularité, avec aussi les fameuses chansons à boire qui ont aussi participé à la réputation du groupe, on joue dans le festif ou pas de toute façon. Et avec le bon vieux "Blut Im Auge", le groupe fait mouche encore une fois avec un public pleinement acquis et conquis. Pour remercier le groupe, c’est donc un gros bordel désorganisé qui s’opère sur scène avec des slammeurs qui se rentrent dedans (un qui va sur scène, l’autre qui en repart), des fans déchaînés, des circle pits, walls of death et j’en passe, ce que Robse ne manque pas de signaler : "Lyon WTF !? This is amazing !". En même temps, ils l’ont cherché, "Path Of Destiny" a été introduit comme un morceau qu’ils adorent et qu’on devait sauter, bouger, faire n’importe quoi tant qu’on se donnait à fond. Avec une annonce comme ça et un morceau qui pourrait aussi bien faire partie du registre d’Amorphis, il fallait bien se douter que ça aller continuer sur la lancée, surtout qu’on a enchaîné sur "Born To Be Epic". Avec au total 6 morceaux sur 15 dans la setlist issus de "Renegades", l’album est bien défendu et on ne peut que valider cet album parfois très direct, parfois plus épique mais dans tous les cas puissant, à l’image du groupe en fait. Une grosse touche d’humour en plus.
Le final arrive bien vite avec comme ultime morceau l’impérial "Rise Of The Phoenix" ! Mon seul regret ? Ne pas avoir eu l’extraordinairement barré "Wirtshaus Gaudi" . Ce soir aura encore été une preuve implacable de leur savoir-faire, de leur proximité avec le public et de la qualité de leur son !

Setlist  : 1. "Renegades - A Lost Generation", 2. "Tornado", 3. "Himmel Und Feuer", 4. "Waldschrein", 5. "Freiflug", 6. "Apokalypse", 7. "Path Of Destiny", 8. "Born To Be Epic", 9. "Prey", 10. "Heimat", 11. "Der Ewige Sieg", 12. "Final Tear", 13. "Blut Im Auge", 14. "Ruf in den Wind", 15. "Rise of the Phoenix".

Pour bien démarrer l’année, je n’aurais pas pu demander mieux ! Merci à Sounds Like Hell d’avoir organisé ce magnifique plateau ! Vivement la prochaine date !