La review

L'ESPRIT DU CLAN + ES LA GUERILLA
La Locomotive - Paris
23/05/2005


Review rédigée par Pécos


La petite Loco propose une affiche assez spéciale aujourd'hui. Après l'annulation des américains de Dog Eat Dog, c'est GUERILLA POUBELLE (punk rock de Paris) qui a pour tâche d'accompagner L'ESPRIT DU CLAN et ES LA GUERILLA ce soir. Bien que je n'ai rien contre GUERILLA POUBELLE (au contraire), j'avoue que je suis un peu déçu de ne pas voir les vieux de la vieille de la fusion US. Un brin démodé en 2005, Dog Eat Dog a fait partie, avec Rage Agaisnt The Machine, Downset, Senser... des pionniers d'une musique mêlant hip-hop et metal. Tant pis, ça sera pour une prochaine fois. La soirée semble se diviser en deux. Tout d'abord deux groupes punk, puis deux références du hardcore Parisien.



Venu de Montpellier, c'est OKPLOÏDE qui débute la soirée. Trente minutes de ska-punk, beaucoup plus punk que ska, pour un joyeux bordel musical et scénique. A sept sur scène, autant dire qu'on finit vite par se marcher dessus. Même si le public ne semble pas être spécialement venu pour jumper sur du saxophone, le groupe est à fond et prend du plaisir à être sur scène. Une décontraction affichée, à l'image du chanteur au sourire permanent qui imprime un bon rythme au set. OKPLOÏDE termine par une reprise des Sheriffs, "No Pasaran", reprise en coeur par un public qui aura su se laisser séduire.



Ensuite, c'est au tour des GUERILLA POUBELLE. Personellement, j'aime beaucoup ce groupe et je trouve leur démarche intéressante (faire du punk en essayant de mettre un minimum de contenu dans les paroles). J'ai déjà vu pas mal de fois Till (le chanteur) être agacé par un public trop jeune et peut-être trop maléable à son goût. Ce qui fait qu'il peut donner l'impression d'être un peu éxcédé et énervé. Quand tout ceci peut paraître légitime pour quiconque s'intéresse d'un peu plus prés aux idées qu'il tente de véhiculer, son cynisme peut aussi être un peu mal placé, comme ce fut le cas ce soir. Tout à fait conscient qu'une bonne partie des gens était décue de ne pas voir Dog Eat Dog. Till a joué sur cette position de remplaçant indésiré, pour afficher un je m'en foutisme aigri. Les "on sait que vous êtes pas venu pour nous, vous inquiétez pas on se casse bientôt". Les, je regarde mon portable, "ah il nous reste 6 min, bah on va en faire encore 2", pouvaient amuser, mais pouvait énerver compte tenu de la dizaine de fans déchaîné au premier rang, venus spécialement pour eux. Till critiqua à peu prés tout : les lumières, la fumée, le prix du billet...Si ces intentions sont louables (c'est vrai que les lights étaient atroces et que l'entrée était chère par rapport à leur propre concert), un sentiment de "crachage dans la soupe" en est ressorti. Par rapport aux fans d'abord, et aussi par rapport aux organisateurs de la soirée, qui leur donne la possibilité de jouer dans une vraie bonne salle Parisienne (comme la bien dit Kojac, le bassiste). Sinon, musicalement, c'était très bien. On a eu le droit à une bonne mise en bouche à quelques jours de la sortie du 1er album, "Il Faut Repeindre Le Monde". Cela faisait bizarre de les voir sur une scène relativement spacieuse.



La partie punk achevé, la partie hardcore metal peut commencer. Premier à entrer en lice : ES LA GUERILLA. D'un coup, le public change. Les djeun's de tout à l'heure laisse la place à des grands et costauds gaillards, prêts à mouliner du bras. ES LA GUERILLA, c'est : 2 guitaristes et un bassiste chevelus agitant leur crinière en rythme, un batteur, et un chanteur au look typique du frontman hardcore : crâne rasé, marcel blanc, bermuda, muscles, tatouages, regard de pitbull...Vocalement, on vole au ras des pâquerettes : une espèce de plainte rauque entre Freddy Cricien de Madball et Evan Senfeld de Biohazard. Musicalement, un rythme très lourd, empruntant autant au metal qu'au hardcore bien old school. Perso, je n'ai pas accroché du tout ; trop lent, trop pensant, trop répétitif à mon goût. Le pit est en ébullition, ça se bastonne sévère. Venu présenter son nouveau maxi (qui doit être sorti à l'heure ou vous lisez ceci), ES LA GUERILLA a une bonne base de fans et peut se vanter d'avoir bien mis le feu à la salle. A peine trente minutes de set et le groupe laisse place à ses potes de L'ESPRIT DU CLAN.



En 2 albums, ils se sont imposés comme la référence du hardcore-metal Français. Leurs origines (groupe de hardcore du 93, beaucoup plus réputé pour ses groupes de rap) et leur acharnement ont fait de ce collectif une des valeurs sûres du paysage underground Français. Ils brisent les barrières avec conviction et acharnement. Qu'on aime ou qu'on aime pas, L'ESPRIT DU CLAN impose le respect. Cette date à la loco (temple du thrash-death-grind...) prouve bien l'importance prise par le groupe à la sortie de son 2ème album, "Chapitre 2 : Reverence". Un album qui nous est présenté live ce soir. Comme bon nombre de groupes évoluant dans ce style, L'ESPRIT DU CLAN prend toute sa dimension sur scène. Les deux imposants frontmen assurent un show vivant et dynamique. Ils haranguent le public, qui ne se fait pas prier pour se rentrer dans le lard. Les grattes sont incisives, la basse assome et la batterie martèle. Rien de très original certes, certains plans sont même assez caricaturaux, mais le charisme, la patate et tous les ingrédients qu'il faut à un groupe pour être bon sur scène, sont là. On pense autant à Hatebreed, qu'à Slayer ou qu'à Pantera. Riffs heavy sur double pédale : la recette a fait ses preuves. La et puissante.soirée s'achève sur un sentiment mitigé, mais conscient que la France possède une force de frappe sonique solide.