DVNE + DELUGE + KARRAS
Le Petit Bain - Paris
17/09/2021
Review rédigée par Matthieu
Le monde semble avoir recommencé à tourner. DELUGE, DVNE et KARRAS se sont donc tout
naturellement donnés rendez-vous au Petit Bain pour nous faire reprendre notre vie
musicale en grande pompe. Le contrôle du pass sanitaire est bien évidemment obligatoire,
mais j’avoue ne pas être insensible à retrouver mon cher petit bateau, qui a été témoin de
mes premiers pas en tant que photographe de concert il y a déjà plus de quatre ans.
A l’heure prévue, KARRAS monte sur scène et les lumières faiblissent. Sous les blasts
d’Etienne Sarthou (batterie), Yann Heurtaux (guitare) et Diego Janson (basse / chant) nous
assènent des riffs bruts et violents dans la plus pure tradition du grind / powerviolence. Les
titres sont courts, incisifs, et ils font déjà remuer quelques têtes sous ces lumières rouges
pendant que les musiciens mettent toute leur énergie dans le concert. Si le bassiste reste
campé derrière son micro en hurlant, le guitariste se place au plus près du public pour
martyriser ses cordes. "Merci, merci à tous !" lâchera le vocaliste avant d’entamer "After Life",
qui lancera enfin la fosse dans une partie de mosh timide. Mais après deux titres
supplémentaires seulement, le groupe quitte la scène sous les applaudissements et avec le
sourire aux lèvres.
Setlist : "Dark Days", "Pazuzu Chord", "Virgin Of The Damned", "Life Grinder", "Litany For The Lost
Souls", "Planets Aligned", "White Powder", "Of Death And Earth", "Deathcrusher", "A Tribe On
Neuroleptic", "After Life", "Lumbago".
Après quelques modifications du plateau, c’est au tour de DVNE de débuter son set, qui
sera d’ailleurs le plus long de la soirée. Une fois les cinq musiciens installés, la folie
commence, sous les riffs dissonants de Victor Vicart (guitare / chant) et Dan Barter
(guitare / chant). Dudley Tait (batterie) et Greg Armstrong (basse) nous offrent une
rythmique très solide sous le clavier d’Evelyn May (claviers). Le public est immédiatement
pris dans la tempête, qui sera obligée de cesser quelques instants à cause d’un souci
technique. Mais malgré la courte pause, elle repart de plus belle, offrant des parties leads
prenantes et incisives. On notera l’utilisation de divers effets à la guitare ou au clavier dans
les compositions qui s’enchaînent, comme un archet électronique, des pédales delay, ou
des parties de tapping, et malgré quelques pauses entre deux titres, la progression reprend
immédiatement. Le duo vocal est extrêmement efficace, se posant à merveille sur une
instrumentale torturée et ambiante, créant un vortex qui nous happe en permanence. "Merci
d’être avec nous ce soir !" lâchera Victor avant que le son ne reprenne possession de la
scène. Le public savoure sans un mot, captivé à la fois par la lourdeur de ce son qui
progresse à chaque instant, mais aussi par la fumée colorée qui nous cache ou nous révèle
les musiciens. Mais toutes les bonnes choses ont une fin, et c’est sous une ovation générale
que le quintette quitte la scène après une heure de passion.
La scène est dégagée pour l’entrée de DELUGE, qui va clore la soirée avec des tonalités plus
sombres. Une ampoule placée devant chaque membre, et le show débute, offrant
dissonance, noirceur et énergie brute. Pendant que François-Thibaut Hordé (guitare),
Frédéric Franczak (basse) et Richard de Mello (guitares) matraquent leurs cordes, les
frappes de Benjamin Marchal (batterie) accompagné par des claviers donnent une base
solide aux hurlements bruts de Maxime Febvet (chant) qui se place au centre de la scène.
Pas un seul mot entre les titres, mais un sample de pluie qui nous fait patienter le temps que
le son ne revienne. Les harmoniques planantes laissent place à une rythmique efficace,
parfois ponctuée de quelques choeurs. Des parties très lourdes viennent créer un contraste
avec les leads aériens entêtant, et le son glacial balaye tout sur son passage. De légères
pauses dissonantes proposent introduisent un sublime chant clair pour compléter les
hurlements bruts, puis les flashs reprennent sous cette rythmique intense. Et soudainement,
le son s’arrête, laissant place à la pluie, pendant que les membres quittent la scène.
La pression redescend doucement, pendant que le stand de merchandising est pris d’assaut
par les spectateurs. Si la violente entrée en matière de KARRAS a surpris les non-avertis,
DVNE a su captiver l’attention malgré quelques problèmes techniques, avant que DELUGE
nous referme la soirée avec son avalanche dissonante brute. Pour une reprise, c’est une
reprise !