La review

DEVILDRIVER + SYLOSIS + BLEED FROM WITHIN
Le Trabendo - Paris
01/04/2014


Review rédigée par E.L.P


Nombreux étaient ceux qui, voyant la date annoncée pour l’affiche de ce soir, ont crié au canular, à la farce, au mythique "Poisson d’Avril"... ! Il n’en était rien, car K-Prod avait pris le pari de ramener, en la même salle qui les avait accueillis quelques mois plus tôt : DEVILDRIVER, et pas accompagnés de n’importe qui, puisque ce charmant plateau international se voyait complété par les techniques Britanniques de SYLOSIS ainsi que par l’ingéniosité des Ecossais de BLEED FROM WITHIN !



À l’heure où les soi-disant "métalleux impliqués et dévoués" délaissent les petits espaces, perdent de vue les associations locales et les groupes régionaux, le Trabendo s’est vu accueillir, en ce 1e Avril, un parterre somme toute relativement épaissi à l’approche du premier groupe de la soirée, celui des 5 artistes au chardon de BLEED FROM WITHIN, combo résolument le plus moderne du plateau, avec un son incisif, à la croisée des mondes et des générations ‘core !...
C’est donc une fois passées les présentations d’usage, que le combo s’efforcera de déclencher ferveur et fureur auprès d’un parterre on ne peut plus intéressé mais encore bien trop éteint à la vue de l’équipée qui est celle de ce soir. La bouillonnante formation nous donnera alors un consistant aperçu, malgré sa jeunesse et son évidente modernité, de son dernier album en date : "Uprising" s’étant taillé la part du lion, dans leur setlist de ce soir ! Oscillant entre une empreinte tantôt lourde, vibrante et parfois saturée tantôt plus aérienne et arrachée à la façon d’un efficace metalcore (de première génération), le groupe proposera, par le biais de titres tels que "Leech", "Uprising" ou "I Am Oblivion", un set de qualité, fourni par d’explosives personnalités. Ainsi, l’entrain et le charisme de Scott Kennedy (chant) se verra comblé par les remarquées présences du vrombissant duo rythmique Alis Richardson / Davie Provan, respectivement batterie et basse de ce détonnant ensemble mélodique ! Se laissant entraîner par l’habileté du groupe au travers de titres comme "III", le parterre ira jusqu’a voir certains de ses inamovibles participants entamer pogos et wall of death, la formation commençant à apposer son sceau sur un pit désormais bien plus réceptif ! Prolongeant cette ambiance en passe d’être réchauffée, un important point sera à porter au crédit du frontman, ce dernier qui, le temps d’un pogo, aura gratifié la fosse de sa présence, surprenant le public au-delà des barrières, poussant ainsi le lien unissant alors artistes et fans, à son paroxysme.
C’est finalement à "Ilim" que reviendra le droit de clore cette riche prestation d’ouverture, et ce malgré un duo guitaristique trop effacé et d’une qualité peut-être un cran en dessous du reste de la formation... Une bien belle performance, donc, que celle de cet étonnant premier groupe, ravissant jusqu’aux fans de Caliban et d’As I Lay Dying présents au Trabendo aujourd’hui !

Setlist : "Leech", "Uprising", "The Novelist", "I Am Oblivion", "III", "Colony", "Ilim".



Le temps d’un rapide changement plateau, et c’est ensuite aux Britanniques compères de SYLOSIS, de passer leurs sangles ! Se présentant ainsi devant un Trabendo affichant à présent quelques fans et degrés de plus au compteur (à la suite du jeu plutôt musclé des Ecossais), voici que la formation, passée précédemment par le bassin parisien en Avril et Août dernier aux cotés des grands Killswitch Engage et Lamb Of God, prend possession des quelques m² qui sont les siens pour les 30minutes à venir !
Posant ainsi les prémices du show tant attendu de DEVILDRIVER, voici donc que SYLOSIS entamera son consciencieux matraquage rythmique avec le fracassant "Fear The World", figure de proue de leur dernier album : "Monolith"... Le combo devenu, depuis quelques années déjà, valeur sûre de cette nouvelle scène aux accents thrash / death technique, assènera finalement coup sur coup au parterre le vibrant enchaînement "Stained Humanity" et "Conclusion Of An Age" eux issus de "Conclusion Of An Age", album s’étant définitivement frayé un puissant chemin dans la setlist du groupe, aussi bien que dans les archives metal des années 2000 ! Parler de la finesse du découpage rythmique dont les compositions du carré sont empreintes resterait un euphémisme, et ce même aujourd’hui, alors que la formation se trouve malheureusement amputée de son batteur (Rob Callard), remplacé pour l’occasion par Alis Richardson, batteur émérite de BLEED FROM WITHIN. Ainsi comblée par la délicate présence d’Alis, le groupe fera feu de tout bois et proposera, comme à son habitude, un set racé et puissant, le charisme de Josh Middleton apportant toujours le souffle de solidité nécessaire ! L’habitude énoncée plus haut peut parfois s’avérer à double tranchant, puisque, effectivement, le groupe souffrira des mêmes défauts qui auraient pu lui être reprochés en Août dernier : celui d’un son bien trop inconstant, ne laissant malheureusement pas assez de place et d'aisance aux voix comme à la basse de Carl Parnell...
Le mythique "Teras" saura malgré tout dévoiler, au même titre que la profonde conclusion "Empyreal (Pt.1)", tout l’éclat du combo, lui assurant par la même occasion, la pleine légitimité de sa présence en ouverture des Californiens ! Une performance ternie par sa brièveté ainsi que par ces sempiternels caprices lumineux, certes, mais dont l’efficacité ne sera plus à prouver, tant le parterre se trouvera conquis par la singularité du carré !

Setlist : "Fear The World", "Stained Humanity", "Conclusion Of An Age", "All Is Not Well", "Teras", "Altered States Of Consciousness", "Empyreal, Part 1".



Ainsi correctement échauffée, l’attente d’un Trabendo désormais très honnêtement rempli et définitivement prêt à en découdre s’est vue récompensée par l’apparition sur une scène dégagée et, comme toujours, apprêtée avec minutie, des 5 sudistes de DEVILDRIVER, alors en tournée sur le vieux continent pour l’unique promotion européenne post-"Winter Kills".
Revenus sur leur lieu de pêche habituel (après leur dernier passage il y un an dans la même salle), les 5 comparses s’avançant, avec pour aura l'irrésistible charisme du vétéran Dez Fafara (chant), arborant sa plus belle barbe pour l’occasion, entameront d’emblée leur set avec les classiques "Head On To Heartache (Let Them Rot)" et "Hold Back The Day", véritables hymnes d’introduction donnant le coup d’envoi d’un show poussant le mercure à la hausse !...
Face à un tel regain d’intensité (rare quand comparé à ses 2 dernières prestations en salle), la fosse se verra inlassablement ouverte devant la ferveur des nombreux fans venus rendre hommage aux riffs de l’ensemble, allant de slams en pogos, remplissant ainsi le pit déjà copieusement garni (parfois même par une certaine catégorie de collègue photographe bafouant allègrement certaines règles de respect aussi bien social qu’artistique ou même de décence tacite liant les artistes et la presse). Ce n’est qu’une fois libéré de cet étroit premier rang (entre retours et crash barrières) , que l’expression du combo trouvera toute sa portée, toute sa puissance, au travers de titres aussi attendus que "I Could Care Less". Trouvant son ressort dans la vaste discographie qui est la sienne, le groupe au frontman bien moins éteint qu’à l’accoutumée (le scène étant truffée des désormais incontournables GoPros) finira malgré tout par ne pas piocher de la façon la plus habile qui soit, dans leur récent opus : "Winter Kills" avec le duo "The Apetite" / "Sail", (oubliant par exemple la lourdeur d’un "Gutted" ou l’agressivité d’un "Tripping Over Tombstones"...). C’est finalement après "Sail" que l’ensemble du parterre vibrera d’une seule âme, tant la fin de setlist sera chargée de tubes, avec le fabuleux "End Of The Line" en tête ! "Dead To Rights" et "Clouds Over California" donneront, quant à eux, l’occasion de constater que l’accroche du duo Chris Towning / John Boecklin (basse / batterie) est, à défaut de soutenir la prestance habituelle de Chris, belle est bien présente au delà d’un son lui aussi un rien trop axé sur les guitares.
Ponctuée par les rigoureux Mike Spreitzer et Jeff Kendrick (guitares), la liste se verra clôturée par "Ruthless" et "Meet The Wretched". Achevant cette soirée sur les quelques amers regrets d’"I’ve Been Sober", "The Axe Shall Fall" ou "Black Soul Choir", le traditionnel "California Love" de 2Pac rythmera le départ des fans le plus souvent rassasiés !

Setlist : "Head On To Heartache (Let Them Rot)", "Hold Back The Day", "Not All Who Wander Are Lost", "Before The Hangman's Noose", "Oath Of The Abyss", "I Could Care Less", "The Appetite", "Sail", "End Of The Line", "Dead To Rights", "Clouds Over California", "Ruthless", "Meet The Wretched".

Merci donc à K-Prod pour avoir eu la possibilité de profiter des talents des 3 groupes cités tout au long de cet édito mais aussi à certains camarades de suées, unis le temps d’un riff, dans le chahut des pogos. Une soirée soulignée par un son acceptable mais loin d’être pleinement à la hauteur des formations rassemblées sous cette affiche, mais également enveloppées dans un jeu lumineux bien trop indécis mettant difficilement en valeur l’emprise technique des ensembles (notamment celle de SYLOSIS, probablement maître en cette matière ce soir)...

Photos tirées de : www.elp-photo.fr