Il y a quelques mois de cela, dans mon live report de Deez Nuts, je vous parlais de la programmation aussi variée que de qualité offerte par le Backstage By The Mill, salle située au fond du pub irlandais O’Sullivan. Et alors qu’en Décembre nous assistions à un concert de punk hardcore, aujourd’hui au tour du doom metal, du rock progressif et de la musique psychédélique / occulte de poser ses fûts dans cette petite salle. Ecartez ainsi tout éventuel présupposé de ramifications profondes et absconses de death ou de black metal suicido-dépressif trve et dark à souhait que put vous donner le nom de BLOOD CEREMONY, et plongez-vous au sein d’une réunion cabalistique au fin fond d’une sombre forêt digne d’un conte de Perrault, pour assister à votre cérémonie de sang.

Voilà BEASTMAKER, un tout jeune groupe (à peine deux ans d’existence et moins d’une dizaine de concerts à leur actif) américain venant à Paris pour la première fois dans une salle relativement grande par rapport à sa popularité, avec nonobstant plusieurs spectateurs déjà présents. Un bassiste, un chanteur / guitariste et un batteur assez bons, qui nous offrirent un spectacle, disons-le, quelque peu monotone. Bien campés sur leurs pieds pendant des morceaux sonnant un peu longuets, de brefs échanges pour être d’accord sur celui à suivre – très peu discrets et à l’utilité toute relative quand vint ce moment gênant où ils se trompèrent de chanson… On peut également reprocher une ambiance finalement assez peu adaptée à un concert de doom metal ; entre la luminosité bien que lointaine assez intense provenant du pub O’Sullivan, les néons fluo du bar à quelques pas de la scène et l’éclairage alternant rouge et bleu luminescent… Tout cela manquait quelque peu de… de deuil ? D’ombre ? Quoi qu’il en soit, BLOOD CEREMONY, hélas, malgré de l’amélioration, ne corrigera pas totalement ce souci de manque d’ambiance propice.

En effet, la tête d’affiche canadienne nous offrit un concert plus sombre, aux couleurs moins flashy et plus obscures… Mais il semble s’avérer définitivement que le Backstage By The Mill, avec son pub éclairé à l’ambiance fête / fun / trinque en arrière-plan, n’est pas fait pour le doom metal. Bien que profitant d’un bonne isolation, disons que nous sommes en droit d’en attendre une certaine harmonie des obscurités. Sans aller jusqu’au noir foncé gothico-dépressif trop dark, considérons tout de même cela comme un élément essentiel du doom. En dehors de cela, avec BLOOD CEREMONY, malgré sa dizaine d’années à peine, retour aux années 70-80, dans les années florissantes du genre, avec sa musique lourde et pesante, ses thématiques occultes et le look particulier des quatre membres du groupe (regrettons seulement l’allure quelque peu péripatéticienne de la chanteuse). Guitare, basse, batterie, synthétiseur et même flûte traversière, l’idée de réunion cabalistique évoquée plus haut se concrétise vraiment une fois le groupe sur scène, surtout lorsque se voit la proximité qu’Alia O’Brien s’efforçait d’adopter avec le public par ses adresses au public et sa gestuelle. Cependant, encore une fois, au fur et à mesure que le concert progressa, l’atmosphère se fit de plus en plus rébarbative. Un concert linéaire, de l’énergie qui se perdit au fur et à mesure… Ce qui n’empêcha pas, tout de même, de zélés fans de réclamer toujours de nouvelles chansons. Nous voici donc confrontés à des avis partagés.

Soyons clairs : le présent propos n’est pas qu’un concert sans pogo n’est pas un bon concert. Que la monotonie vient d’un manque de mouvement et d’agitation du public, et que BLOOD CEREMONY aurait dû en créer (au contraire, toute crédibilité se serait perdue en la présente). Mais qu’à chaque ambiance, sa manière de faire un bon concert. Et qu’en l’occurrence, BLOOD CEREMONY et BEASTMAKER remplirent leur office avec quelques maladresses. La faute à un mauvais choix de salle, un souci de mise en scène ? Tout peut concorder.