La review

BETIZFEST
Arch Enemy + The Haunted + Loudblast + Betraying The Martyrs
+ Smash Hit Combo + Headblaster + Sadraen
Le Palais Des Grottes - Cambrai (59)
08/04/2017


Review rédigée par Antoine


Deuxième journée du BetiZFest, c'est la journée metal ! Le nombre de groupes a été réduit mais pas l'intensité ! Sept groupes pour fêter comme il se doit et comme hier les 15 ans de ce festival. Mais avant ça, on a pu se rendre à une conférence décrivant les liens entre le rock et le satanisme depuis le blues jusqu'à maintenant dans le metal. Conférence intéressante dans laquelle on en apprend un peu plus, on voit un peu plus large, bref à refaire. C'était une bonne mise en bouche pour ensuite accueillir à bras ouverts les festivaliers et prêcher la bonne parole à coup de décibels !



Une bonne entrée en la matière avec SADRAEN, groupe de death amiénois teinté de black. C'est puissant, sombre et parfois mélancolique, l'atmosphère est maîtrisée sur l'ensemble des titres. Entre les passages plus progressifs, plus brutaux ou mélodiques tout se mêle avec brio. On voit que le groupe a bien révisé sa copie avant de venir et ça se voit bien sur scène car ils ont une certaine aisance, ça joue bien, très bien ! Malgré quelques craquements de basse et quelques temps morts entre les morceaux, ils s'en sortent très bien. Ils avaient quelques fervents supporters et ont sû bien chauffer le public présent en ce début de journée. A vérifier sur le premier album car ça confirmera sûrement l'excellente impression qu'ils ont laissé dans ce Palais des Grottes.



Vient ensuite le temps des locaux de HEADBLASTER, on change radicalement de genre avec un son bien plus chaud plutôt dans le rock sudiste et le stoner. Pour autant, ça joue sévère aussi à la manière des groupes américains, bien calibré pour la scène et pour envoyer un maximum d'énergie. Une bonne formule pour avoir du succès et ils le comprennent bien, tout est bien en place hormis quelques imperfections encore au niveau du son (surtout dû à la difficulté d'insonoriser un lieu comme ça) mais qui se font vite oublier. Le gratteux soliste a dû vouloir prendre exemple sur Sick Of It All à sauter à répétition. C'est vrai que leur set a de quoi donner envie ! Les pogos vont bon train, dès "Hangover" le public part au quart de tour. Preuve des qualités du groupe. Comme si ce n'était pas suffisant, le chanteur vient au contact du public pour le booster encore un peu plus. Un bon groupe de Cambrai, c'est bien parti pour la suite !

Setlist : 1. "Hangover", 2. "Mad Circus", 3. "Hellblaster", 4. "Cowboys Are Not Dead", 5. "Fire Road", 6. "Breaking The Law Of Silence", 7. "Blackout / Burnout".



On change encore de registre avec SMASH HIT COMBO, clairement ! On nage entre du neo-metal à la Limp Bizkit et du hardcore brut de fonderie. Je n'ai pas particulièrement accroché mais le public, lui, a montré qu'il était d'un avis bien différent ! Je dois reconnaître que c'est bien foutu, c'est puissant, scéniquement ça dépote, ça saute, ça gueule, bref ça met l'ambiance. Les deux meneurs de jeu assurent très bien leur rôle : mettre le feu dans la fosse. Petit bémol pour moi, les voix sont quand même très proches l'une de l'autre et ça perd du coup un peu de son intérêt. Mais ça reste un détail, le groupe a une grande force de frappe, "Hardcore Gamer" et "Baka" en sont de bons exemples. En même temps ils n'en sont pas à leur coup d'essai. Là où le groupe tire son épingle du jeu, c'est dans le fait qu'il a ce côté geek, à parler de Star Wars, de chercher les pro-Nitendo et pro-Sega dans le public etc… Et la preuve, ça marche ! Là où ils passent, ça fait un carnage, les paroles sont reprises en chœur sur pas mal de morceaux, ça bouge beaucoup et le nom du groupe est scandé à la fin. Preuve s'il en est que le groupe a de beaux jours devant lui !



J'étais curieux de voir BETRYING THE MARTYRS vu tout le bien dont on me disait d'eux. C'était un bon choix que de les mettre à l'affiche des 15 ans du fest, ils se sont imposés au fil des années comme un fer de lance de la scène deathcore française et même au-delà. Le public déchaîné est la preuve de cette montée en puissance dans un domaine pourtant très compétitif ! Le groupe arrive à mélanger la puissance du metalcore à des passages très mélodiques (le clavier aidant bien quoi qu'un peu en retrait dans le mix). Présents pour défendre leur dernier album "The Resilient", ils s'en donnent à cœur joie et on retrouve avec plaisir des morceaux plus directs et très lourds. De quoi te filer des acouphènes pendant quelques temps ! Et au-delà de tout ce mur de son, le groupe sait aussi se montrer puissant physiquement sur scène et on en a la preuve à de nombreuses reprises ce soir. Aaron, le chanteur, a lancé sa réplique : "Donald Trump wants to build a wall, let's build a wall of death !", ça c'est bien dit ! Et dans le genre wall of death celui-là était costaud ! Sur scène ça bouge pas mal aussi dans le genre, bref un bon groupe scène quoi !



Arrive ensuite le poids lourd de la scène locale, LOUDBLAST ! On pourrait presque s'arrêter là, LOUDBLAST c'est déjà titanesque en temps normal alors là en terrain conquis qui plus est, ils sont implacables ! Ils sont fidèles à eux-mêmes : toujours surpuissants. Pour les avoir déjà revus un mois plus tôt, je savais qu'ils étaient en grande forme et effectivement on a eu du grand LOUDBLAST ! Toujours dans la célébration de "Sublime Dementia", on est dans l'excellence et les membres du groupe se révèlent être parfaitement à la hauteur, Stéphane, Hervé, Drakhian et Frédéric forment un quatuor démentiel. La setlist a été revisitée, festival oblige, ça n'en reste pas moins qu'un condensé de death old school et les cinq premiers titres en étaient issus, le restant étant des pépites piochées dans les autres albums pour finir sur cette bombe qu'est "Cross The Threshold". Et le public ne s'y trompe pas, c'est bien ce qu'on était venu chercher, on l'a trouvé d'une bien belle manière. La précision dont ils font preuve, la puissance qu'ils dégagent, la mélodie, ils avaient presque tout pour s'imposer comme les maîtres du death en France. Il ne leur manquait que la basse à paillette / marbrée de Frédéric pour y arriver ! Avec LOUDBLAST, on sait que l'on a droit à un concert maîtrisé d'un bout à l'autre avec ce charisme et cette puissance dont ils ont le secret. Bien que l'on puisse les voir facilement tous les ans, ça n'en reste pas moins un groupe que l'on prend plaisir à voir et à revoir d'autant plus quand il met à l'honneur un disque aussi bon. Vivement le mois d'Août pour en remettre une couche !

Setlist : 1. "Presumption", 2. "Wisdom… (Farther On)", 3. "Turn The Scales", 4. "Subject To Spirit", 5. "My Last Journey", 6. "The Horror Within", 7. "Flesh", 8. "Disquieting Beliefs", 9. "Malignant Growth", 10. "Cross The Threshold".



Parfaite transition entre LOUDBLAST et ARCH ENEMY, idéal pour maintenir le public bien chaud, voici THE HAUNTED ! Toujours dans un esprit de puissance brute comme on aime, d'autant plus quand c'est un groupe qui se fait rare dans l'Hexagone. Sur ce point, THE HAUNTED aura fait honneur à ce festival de par son dynamisme et de par sa puissance monumentale. Et pour parfaire ces deux aspects, ils ont pioché dans l'ensemble de leurs albums pour nous ficeler une setlist à te déboîter les cervicales. Certains n'en étaient pas loin à la fin… Le public était juste dingue, sûrement conscient de la belle occasion qui leur était offerte de voir la bande de Marco Aro enchaîner les morceaux plus thrash les uns que les autres à un rythme effréné sans fausse note, sans rien qui dépasse. Quand il s'agit de jouer, ils sont appliqués mais ne mettent pas pour autant de côté leur plaisir de jouer et à voir ces grands sourires qu'ils arboraient, espérons qu'ils repasseront dans nos contrées rapidement ! Parce que leur recette fonctionne à merveille, ne serait-ce qu'avec un bon morceau comme "Hollow Ground" c'est juste le bon mélange pour énerver le public, le rendre furieux tout en prenant son pied. Si tu veux juste du brutal alors "My Enemy" est plutôt bon dans son domaine aussi ! Dans tous les cas, c'est du très solide et il ne fallait clairement pas louper un set comme ça !



Là-dessus, on termine sur ARCH ENEMY, et là on se dit "Quoi ? Déjà le dernier groupe ?" parce qu'on vient de passer deux sacrées soirées et que bien qu'on soit un peu fatigué, on en aurait bien repris pour quelques heures ! Enfin bon, c'est ARCH ENEMY… donc une grosse claque encore une fois ! Voilà encore un groupe qu'on a beau voir plusieurs fois, on ne s'en lasse pas, c'est tellement bon que ça pourrait s'éterniser, on en reste scotché. Tout est excellent avec ce groupe, que ce soit le son clair mais tellement dense à la fois (hormis quelques soucis ponctuels), leurs albums globalement très très bons et les prestations scéniques dont ils sont capables et qu'ils ne rechignent pas à nous offrir. En même temps, ils ont tout pour satisfaire le public et le fait qu'Alissa parle français apporte beaucoup à l'échange avec le public qui ne gueule pas juste "YEAH !!!" comme on le fait pour la grande majorité des groupes. Et elle a cette facilité à embraser un public : rien qu'en disant "That song needs your energy, you know what to do !", je peux te dire que c'est devenu un sacré bordel à partir de là alors qu'on ne s'ennuyait déjà pas le moins du monde. Avec le duo Amott / Loomis, on comprend ce que le mot riff signifie, on comprend ce que c'est que de jouer de la gratte et ce n'est pas ce petit solo d'Amott tout en douceur pour mieux en remettre une couche derrière qui me contredira. Côté mise en scène, Alissa gère une grosse partie et personne ne s'en plaint tellement elle est efficace dans ce qu'elle entreprend, les jeux de lumière sont particulièrement bien foutus et la batterie de M. Erlandsson illuminée façon guirlande de Noël, ça fait son petit effet, même si ça ne change rien à son jeu, qui n'a d'ailleurs pas besoin de changer car il est une part importante de tous les morceaux joués ce soir en provenance de tous les albums du groupe. Pas de quartier ce soir, ils envoient toute la sauce et on s'en contente très bien parce qu'ils n'ont pas sorti que "War Eternal", aussi bon que puisse être ce disque. Pas de rappel par contre, dommage… On en aurait bien repris une dose ! On mettra ça sur le dos du format festival qui a des timings très serrés, ça fait partie du jeu. On pourrait en parler pendant des heures mais on en reviendra toujours au même : ARCH ENEMY rocks !

Pour fêter ses 15 ans, le festival aura vu les choses en grand de par l'ensemble de son affiche pour le vendredi comme le samedi, mais avec ARCH ENEMY il y a de quoi avoir un final titanesque et être heureux de les programmer sur un fest comme ça ! Vivement la prochaine édition de ce festival qui est fait pour durer et qui évolue d'année en année. Le seul point un peu négatif de cette édition aura à mon avis été le son qui aura pêché sur plusieurs groupes. Mais ce sont des choses qui arrivent. Le festival a bien des atours en tous cas, espérons qu'ils perpétuent ce genre de conférence comme celle du samedi en début d'après-midi. Et même si j'étais sceptique de ne voir plus qu'une scène au lieu de deux, au final ça s'enchaîne très bien ! Longue vie au BetiZFest, joyeux anniversaire et merci à tous les bénévoles et à François qui auront été au top sur ces deux jours.