La review

BELPHEGOR + ENTHRONED + HATE + NERVOCHAOS
Le Gibus - Paris
15/10/17


Review rédigée par Matthieu


Quoi de mieux qu’un lieu sombre pour accueillir une telle affiche ? Alors que je suis habitué à aller voir de la violence brute au Gibus, c’est aujourd’hui la tournée réunissant les Autrichiens de BELPHEGOR, les Belges d’ENTHRONED ainsi que le combo polonais HATE (remplaçant Deströyer 666 au pied levé) accompagnés de NERVOCHAOS, un groupe brésilien qui m’était alors totalement inconnu. Si les fans de la première heure arrivent tôt, il faudra attendre une heure avant l’ouverture des portes pour que la file d’attente soit réellement conséquente. Serpenth sortira régulièrement prendre l’air, et quelques fans en profiteront pour aller discuter avec lui. Alors que l’attente se fait longue, l’organisation annonce le décalage de l’horaire d’ouverture à cause d’un souci de dernière minute, mais qui sera vite réglé. Le Gibus est envahi.



Visiblement, NERVOCHAOS ne sont pas des inconnus pour tout le monde. Certains attendaient d’ailleurs leur retour avec impatience. Et je dois avouer que la découverte fut bonne. Les Brésiliens savent donner à leur death metal cette touche rythmique particulière qui me fait accrocher instantanément. Alors que la majorité des cris sont poussés par Lauro Nightrealm (guitare / chant), le growl profond de Thiago (basse) et les hurlement stridents de Cherry (guitare) complètent à merveille le tableau. Si le son de basse est très typé thrash metal, la rythmique est clairement puissante et grasse, et les premiers mouvements de foule sont observables malgré le fait qu’ils soit encore très tôt. Les headbangs vont bon train pendant que le groupe déballe sa setlist, majoritairement basée sur le dernier album, sorti plus tôt cette année. Si le groupe reste assez statique, puisqu’ils chantent tous, leur charisme remplit l’espace. Alors que leur courte demi-heure se termine, c’est une nuée d’applaudissement qui accompagne leur descente de scène. Un concert tout en simplicité, mais ô combien efficace !

Setlist : "Shadows Of Destruction", "Ad Maiorem Satanae Gloriam", "Moloch Rise", "For Passion Not Fashion", "Lord Death", "Total Satan", "Pazuzu Is Here", "Funeral Rites".



Après un rapide changement de plateau, c’est au tour des Polonais de régler une dernière fois leurs instruments. Déjà maquillés, ils apparaissent concentrés. Pavulon prend place derrière ses fûts, Domin (guitare) et Apeiron (basse) s’installent de chaque côté de la scène pendant qu’Adam The First Sinner (guitare / chant) se plante en plein milieu. Lorsque les premiers riffs retentissent, je me souviens pourquoi HATE m’avait tant manqué. Un son clair, mystique et une présence imposante. Si la claque de la nouveauté m’avait frappé la première fois que j’ai vu le groupe sur scène en 2015, j’ai quasiment l’impression de revivre ce moment mais en connaissant les titres. Si mon favori ne fait pas partie de leur setlist, évincé au profit d’extraits de "Tremendum", leur dernier album, je comprends alors les paroles qu’Adam avait eu lors de l’interview. Le rituel a commencé, et leurs peintures de guerre ne font qu’accentuer la puissance et l’intensité de celui-ci. Leur jeu de scène est rodé à l’extrême avec des headbangs coordonnés pendant qu’Adam hurle ses paroles impies avec une diction et une technique impressionnantes, tandis que le blast de Pavulon, carré à souhait, lui fera briser une baguette sous sa puissance de feu. Malheureusement, leur set prend fin, et la pression retombe.

Setlist : "Asuric Being", "Into Burning Gehenna", "Erebos", "Valley Of Darkness", "Sea Of Rubble", "Intermission", "Walk Through Fire", "Hearts Of Steel", "Hex".



Alors que techniciens et musiciens s’activent, j’entends parler tour à tour anglais, français et allemand. Pas de doute, c’est bien le black metal malsain d’ENTHRONED qui s’apprête à nous tomber dessus. Alors que les lumières s’éteignent, ce sont cinq gaillards au visage maculé de blanc et de noir qui nous font face. Une autre sorte de rituel se prépare alors au Gibus. Les riffs violents et qui sentent la Bête emplissent alors l’air, et Nornagest se met à hurler. La foule réagit au quart de tour, et le démon du headbang envahit les premiers rangs. Si Norgaath (basse) joue avec le public, les visages sombres de Neraath et Zarzax (guitares) encadrent le show de manière presque martiale, sous les frappes puissantes et précises de Menthor. La cohésion du groupe est telle qu’aucun temps mort ne leur sera nécessaire, et les Belges enchaînent des morceaux tirés de toute leur discographie, avec un petit accent mis sur "Sovereigns", leur dernier né qui date tout de même de trois ans. Alors qu’un unique slammeur est évacué de la scène avec un coup de pied, Nornagest nous incite en français à faire vivre avec eux la flamme du blasphème et de nous donner à fond. Sitôt dit, sitôt fait, la messe noire continue sans plus d’artifices, et le show passe à une vitesse presque surnaturelle. Très disponibles, les musiciens discuteront volontiers avec les premiers rangs tout en démontant leur matériel, puis au stand de merchandising (qui a été littéralement pris d’assaut) ainsi qu’en dehors de la salle.

Setlist : Intro, "Of Shrines And Sovereigns", "Baal al-Maut", "Through The Cortex", "Ha Shaitan", "Behemiron", "Obsidium", "Tellvm Scorpionis", "The Ultimate Horde Fights", "Of Feathers And Flames".



Alors que des pots d’encens sont installés au pied de la batterie, c’est le troisième rituel de la soirée qui se met en place. Je sais à quoi m’attendre, étant habitué des concerts sanglants et visuels du groupe, mais je dois avouer que cette fois j’ai été surpris. Si Serpenth (basse / chant) reste fidèle à lui-même, avec ses mimiques mi lubriques, mi inquiétantes et son headbang quasi continu, Helmuth (chant / guitare) est très en voix, et joue même avec le public. BloodHammer (batterie) a parfaitement trouvé sa place au sein de BELPHEGOR, et Impaler (guitare), bien que membre live uniquement, est également parfaitement en accord avec la scénique malsaine des autrichiens. Venus défendre "Totenritual", leur dernier album, c’est tout naturellement que près de la moitié de la setlist en soit truffée. Ce qui est moins naturel, c’est le reste de la setlist : des morceaux rares, voir anciens, mais les gros classiques sont absents. Pas de "Bondage Goat Zombie", pas de "Gazmask Terror" ni de "In Blood - Devour This Sanctity". Pourtant, le groupe nous régale avec un show à la hauteur de sa réputation. Les yeux clairs de Helmuth le font paraître possédé en quasi-permanence, et les autres musiciens de sont pas en reste. Après être partis une première fois, puis revenus pour nous achever avec "Diaboli Virtus In Lumbar Est", Helmuth distribuera généreusement des médiators à quiconque en demande, puis sortira de la salle afin de rencontrer les fans.

Setlist : "Sanctus Diaboli Confidimus", "Bleeding Salvation", "The Devil's Son", "Belphegor - Hell's Ambassador", "Swinefever", "Regent Of Pigs", "Totenbeschwörer", "Conjuring The Dead" / "Pactum In Aeternum", "Stigma Diabolicum", "Totenkult", "Exegesis Of Deterioration", "Lucifer Incestus", "Baphomet".
Rappel : "Diaboli Virtus In Lumbar Est".

Après un enchaînement de shows aussi prenants et quasi-intimistes, malgré un Gibus plus spacieux qu’à l’accoutumée, il est réellement agréable de croiser au détour d’un couloir les musiciens de tous les groupes. C’est d’ailleurs avec plaisir que ceux-ci discutent avec leurs fans, signent des autographes et prennent une expression menaçante le temps d’une photo. Car oui, on peut être une bête scéniquement, puis être doux comme un agneau et proche de son public après avoir quitté les planches. Une soirée mémorable, qui aura fait déplacer Parisiens, provinciaux et étrangers.