La review

ARCTURUS + VULTURE INDUSTRIES + KRAKOW + SEVEN IMPALE
CCO - Villeurbanne (69)
04/05/2015


Review rédigée par Carcharoth


Un fois n'est pas coutume, Dream Factory nous propose une affiche d'exception avec le passage en terre lyonnaise de la tournée de reformation des légendaires ARCTURUS, par la même occasion en pleine promo de leur nouvel opus intitulé "Arcturian" et disponible via Prohecy Productions... Pour l'occasion, le groupe s'est entouré de groupes exclusivement norvégiens comprenant VULTURE INDUSTRIES, KRAKOW et les tout jeunes SEVEN IMPALE !!! Voilà donc un plateau des plus alléchant qui devrait normalement attiré un public conséquent, bien que le concert ait lieu un lundi soir... Cela fait quand même 10 ans que le public lyonnais attendait le retour des voyageurs cosmiques !!! Alors, cette attente en valait-elle la peine ??? Cette affiche de rêve était-elle à la hauteur de nos espérances ??? Ma réponse dans ces lignes...



C'est donc à 19h devant un public encore clairsemé (et le terme employé est faible) que SEVEN IMPALE monte sur scène et autant le dire tout de suite, je pense qu'à cet instant précis, personne ne savait vraiment à quoi s'attendre, même si le nom me faisait personnellement penser à quelque chose de brutal... D'autant que le look improbable et hétéroclite des musiciens ne donnait aucune indication sur l'orientation musicale du combo !!! Seul indice de taille : la présence d'un saxophoniste, instrument assez rare dans le metal pour être noté... Heureusement, dès le premier morceau, on sera fixé sur le style pratiqué : un style tout simplement inclassable !!! Il y a des bases de metal / rock progressif, c'est sûr, mais les influences jazzy ne sont pas non plus très lointaines, l'apport des cuivres dans ce domaine étant indéniable... La base rythmique posée par la basse ronflante et la batterie syncopée est groovy et le clavier, lui, navigue avec aisance entre les styles, et c'est finalement les deux guitares qui en pâtissent car trop discrètes à mon goût !!! Malgré toutes ces saccades et ces contretemps propres au genre, elles restent dans un registre un peu trop pop / rock pour véritablement interpeller l'auditeur... Le chant par contre, même s'il est rare, est d'une qualité assez incroyable, d'une justesse impressionnante, surtout dans les aigus !!! Le mélange est au final assez intéressant même si peu aisé à comprendre pour un amateur de metal extrême tel que moi... L'ensemble est tellement varié, voire complément barré, qu'il n'y a pas vraiment de fil conducteur (pour mes oreilles incultes en tout cas) et les passages accrocheurs sont trop rares, mis à part finalement les moments chantés, tout en douceur et légèreté !!! Finalement, là où le bât blesse, c'est concernant le rapport à la scène du groupe... Look trop peu homogène, rappelant de jeunes lycéens sortant des cours plutôt que des métalleux ouvrant pour ARCTURUS !!! Et on ressent, de part leur jeune âge, une certaine retenue, qui fait que chacun joue de son côté sans communier ni entre eux, ni avec le public... Techniquement impressionnant, le groupe manque donc encore un peu de cohésion et de charisme !!!



Place maintenant à KRAKOW et à son metal lui aussi difficilement étiquetable que l'on pourrait qualifier de stoner-metal progressif... Le groupe navigue en fait entre passages puissants et groovy et moments plus atmosphériques et quasi avant-gardistes !!! Avec sa dominante chant clair, le premier morceau pose des bases très rock, mais il manque un petit quelque chose pour rendre l'ensemble vraiment envoûtant... Je vais rapidement comprendre avec l'arrivée du bassiste Frode (qui officie aussi dans Aeternus) derrière le micro que ce qui manquait, c'était un deuxième chant plus extrême !!! Et quand le batteur en rajoute une couche en chantant lui aussi, la musique de KRAKOW prend une toute autre dimension !!! Les morceaux gagnent alors en profondeur, ce qui donne de beaux moments de stoner, ainsi mis en relief par l’alternance des chants et des styles... Les Norvégiens offrent donc des instants purement envoûtants et d'autres tout en lourdeur, à l'image de la batterie, qui accompagne à merveille des guitares évanescentes et une basse au son bien gras !!! Entre les deux, le groupe parvient à créer de fabuleuses montées en puissance, moments de bravoure d'une intensité rare... Dommage alors que la mayonnaise ne prenne pas plus que ça !!! Déjà vu en 2008 avec Audrey Horne en ouverture d'Enslaved et le sentiment avait été le même : sympathique à voir et à entendre, mais c'est au final le genre de prestation qu'on oublie aussi vite ou presque !!! Au jour d'aujourd'hui, je ne suis même pas capable de vous citer un passage, un morceau, ou ne serait-ce qu'un riff immémorable, c'est pour dire... KRAKOW manque assurément d'un petit quelque chose, ce petit truc en plus qui marquerait les esprits à jamais, mais le groupe manque aussi de présence scénique à mon humble avis !!! Même s'ils sont bons musiciens, les deux guitaristes restent jouer dans leur coin et semblent dans leur monde... De son côté, le batteur s'en donne heureusement à cœur joie et que dire de la prestation de Frode, colosse viking au charisme impressionnant !!! Ce gars est une véritable bête de scène et grâce à son expérience, il connaît toutes les ficelles : il occupe la scène comme personne, joue avec le public, va chercher ses musiciens, qui ont malheureusement bien peu de répondant... Ou comment un seul homme parvient à en éclipser deux sans aucun problème !!! Dommage car ce déséquilibre contribue au fait que l'on ne parvienne par à rentrer totalement dans l'univers du groupe...



C'est maintenant au tour du groupe que j’attendais le plus ce soir de monter sur la scène du CCO !!! Je connaissais VULTURE INDUSTRIES sur album et j'étais littéralement tombé sous le charme du groupe, mais je ne les avais malheureusement jamais vus sur scène... Le mal est aujourd'hui réparé et je ne m'en suis pas encore remis !!! C'est en chemise blanche, pantalon noir et bretelles que les musiciens vont progressivement apparaître sur les planches, suivis par leur chanteur survolté, seul à avoir gardé ses chaussures... Le son parfait va idéalement mettre en valeur la musique sophistiquée du groupe, dont l'atmosphère si particulière n'aura de cesse de nous envoûter !!! L'excellente setlist des Norvégiens, mettant bien sûr l'accent sur le dernier album "The Tower", nous permettra de faire le tour de leur discographie avec des vieilleries comme "Grim Apparitions" ou des morceaux plus récents comme "The Pulse Of Bliss" ou le très bon "Lost Among Liars" dont est tiré un clip vidéo non moins excellent... Ce qui est saisissant, c'est à quel point les musiciens s'éclatent, surtout un des guitaristes et le bassiste, l'autre gratteux étant un peu plus en retrait !!! Mais en tout cas, ils savent parfaitement occuper la scène, allant les uns vers les autres, et même lorsqu'ils réalisent les backing vocals derrières leurs micros, leur charisme est indéniable... Et comme si ce n'était pas assez, ils inspirent la sympathie !!! Et que dire de ce chanteur follement génial, au visage de gentil nounours et au regard possédé ??? Malgré une fatigue évidente et une chaleur dont il souffrait à n'en pas douter comme chacun d'entre nous, il a tout donné du début à la fin... Même quand il redresse un baffle de retour pour s’en servir de tabouret et se reposer, c'est finalement pour monter debout dessus et dominer le public heureusement un peu plus compact !!! Et il n'hésite pas à descendre dans la fosse jouer avec les fans, voire même pour lancer une farandole macabre, comme si une horde de créatures de Frankenstein tournaient en rond dans le CCO sur l'exceptionnel morceau "Blood Don't Eliogabalus" : tout simplement trippant !!! Musicalement impeccable, VULTURE INDUSTRIES a son style propre qui prend une toute autre dimension sur scène, tant en terme de puissance que de folie, et chose incroyable, la communion avec le public est totale... Ainsi, malgré quelques faussetés au niveau du chant sur le premier morceau "The Tower" (vite oubliées une fois la voix chauffée), les Norvégiens nous emmèneront dans leur univers aussi unique qu'original tout au long d'une setlist de haute volée même si, comme toujours dans ces cas-là, on aurait aimé qu'elle dure encore et toujours plus longtemps !!! Dans tous les cas, cette prestation est à jamais gravée dans ma mémoire et je n'ai maintenant qu'une hâte : revoir au plus vite le groupe sur scène !!!



C'est maintenant devant un public d'environ 200 personnes qu'ARCTURUS débutera son show, affluence plutôt faible quand on sait que la jauge du CCO est fixée à 600... Qu'importe, tout est dès à présent en place pour une fin de concert d'anthologie !!! Ou pas... Le son, déjà, ne met pas vraiment en valeur la richesse de la musique du groupe, car à moins que mon placement au premier rang, au milieu devant Vortex, ne soit pas optimal, j'ai la fâcheuse sensation que la batterie de Hellhammer est beaucoup trop forte, à l'image du chant et de la basse, écrasant complètement la guitare et les claviers !!! Dommage car ces deux éléments sont vraiment essentiels dans la musique du groupe et j'avais souvent du mal à reconnaître les titres... De plus, Vortex ne semblait pas dans une forme éblouissante, presque effacé et régulièrement en difficulté au niveau de son chant !!! De manière générale, la prestation n'a rien à voir avec mes souvenirs de 2005 au Ninkasi Kao... Déjà, l’absence d'une guitare se fait à mon goût beaucoup trop ressentir, et le groupe occupait l'espace et la scène tout autrement !!! Les musiciens bougeaient, changeaient de place, Vortex avait un charisme de fou, et puis il y avait ce côté théâtral particulièrement envoûtant, renforcé en cela par les deux danseuses "à la pomme" avec leurs masques et leurs costumes de bouffon noir et blanc : bref, il y avait de l'énergie à revendre et visuellement parlant, ça en jetait !!!
Ici, tout est terne et mou du genou... A part quand une fois Sverd quitte ses claviers pour venir haranguer la foule sur le devant de la scène, chacun reste dans son coin : le bassiste fait son taff de son côté, aidé par une technique irréprochable et en son ravageur, le guitariste fait des aller-retour de son côté de la scène avec un sourire débonnaire qui ne le lâchera pas et Vortex joue la carte de la retenue... Je pense avoir rarement vu un chanteur passant autant de temps les mains dans les poches : lorsqu'il ne chante pas, il se met en retrait, les mains dans ses espèces de "porte-mains" extérieurs, le masque baissé et il trippe seul la tête baissé et les pieds joints !!! Il lui arrive même de quitter la scène, mais surtout, il vient parfois chanter sans même se sortir les mains des poches... Je suis peut-être vieux jeu, mais ça m'a choqué !!! Après, peut-être étaient-ils tous fatigués, ayant apparemment fait une longue route, et le peu de réaction du public n'était pas non plus ultra motivante, mais quand même... Au revoir donc l'ARCTURUS théâtral et envoûtant : 10 ans ont passé et le groupe a pris du plomb dans l'aile !!! Malgré une setlist de qualité faisant la part belle à "La Masquerade Infernale" et à "Sideshow Symphonies", tout cela semble fade et sans vie... Même les lights contribuent à cet aspect terne de la prestation des Norvégiens !!! Alors oui, les morceaux sont ce qu'ils sont, c'est à dire géniaux et totalement cultes, et le niveau technique des musiciens n'est pas en cause, c'est juste la dimension scénique qui manque d'intérêt, desservie de manière indéniable par le son difficilement compréhensible et le flegme un peu trop évident de Vortex... Heureusement qu'Hellhammer était là pour apporter un peu d'énergie salvatrice : dans sa bulle de cymbales et de toms, il fait le show, impressionnant et totalement intouchable autant sur la technique que sur la vitesse d’exécution !!! Une vraie machine que rien n'y personne ne peut arrêter, malgré un son de grosse caisse peut-être un poil trop sourd... Mais malgré une performance plaçant la barre très haut, un détail est venu me titiller : mais où donc est la tenue de scène d'Hellhammer ??? Là encore, fini le côté théâtral, Monsieur joue ici à visage découvert !!! Ce n'est pas grand chose en soit, mais un ensemble de petits éléments qui me déçoivent et qui me font regretter l'ARCTURUS de 2005...
Intentionnellement ou pas, Vortex voulait même arrêter le concert deux morceaux avant la fin !!! Lui ayant fait remarquer, le guitariste a donc sauvé la fin du show... Mais la version survitaminée de "Shipwrecked Frontier Pioneer" au tempo hallucinant était-elle nécessaire ??? C'est ainsi un morceau presque méconnaissable et dénaturé qui clôturera la prestation du groupe, mettant une nouvelle fois Vortex en difficulté tellement la vitesse était élevée... Bref, beaucoup d'attente pour pas grand-chose : pour tout vous dire, je n'ai même pas pu me faire un avis sur les nouveaux morceaux joués ce soir !!!

Ainsi, malgré une très belle affiche sur le papier, c'est au final un concert en demi-teinte auquel j'ai pu assister... Peut-être qu'un autre jour, cela aurait été différent, les concerts étant toujours plus compliqués le lundi : groupes fatigués, public peu nombreux et amorphe, tout n'était pas réuni pour qu'on assiste à un live d'anthologie !!! Apparemment, même l'orga montrait quelques signes de fébrilité avant l'ouverture des portes... Merci quand même à Dream Factory d'avoir pu nous proposer ce genre de date, trop rares sur Lyon, en espérant que la prochaine se passe mieux !!! En même temps, c'était une semaine compliquée : ARCTURUS le lundi à Lyon, Horna le lendemain à Saint-Etienne, Arch Enemy le jeudi toujours sur Saint-Etienne et enfin Ensiferum et God Dethroned à Mâcon le week-end suivant... Une semaine bien trop chargée pour que tous les concerts puissent bénéficier d'une affluence confortable !!! Quoi qu'il en soit et comme à chaque fois, les absents ont toujours tort et malgré ma déception concernant le retour sur scène d'ARCTURUS, ma découverte du monde de VULTURE INDUSTRIES en live valait à elle seule le déplacement !!!