Le groupe
Biographie :

Zaratus est un groupe de black metal grec formé en 2019 et actuellement composé de : Bill El (instruments / Diavolos, Soulskinner, Thou Art Lord, ex-Principality Of Hell, ex-Vanity, ex-Terra Tenebrae, ex-Nergal, ex-Altar, ex-Wampyre ShadowWolf) et Stefan Necroabyssious (chant / Funeral Storm, Katavasia, Varathron, ex-Kawir, ex-Sickness Mind, ex-Terra Vivante, ex-Wolf). Zaratus sort son premier album, "In The Days Of Whore", en Mars 2021 chez Ván Records.

Discographie :

2019 : "The Descent" (EP)
2021 : "In The Days Of Whore"


La chronique


Si Zaratus est un jeune groupe grec qui n'a sorti jusqu'à maintenant que l'EP "The Descent" en 2019 et son premier album "In The Days Of Whore" qui nous occupe aujourd'hui, ses deux membres eux ne sont pas des débutants. Bill El fait partie des vétérans de Thou Art Lord depuis 2012 et joue aussi chez Diavolos et Soulskinner, quant à Stefan Necroabyssious il est tout simplement le maître à penser des autres vétérans Varathron ! En matière d'occulte et extrême, ces deux-là connaissent la musique et celle qu'ils proposent cette fois devrait tester les limites de votre ouverture d'esprit.

Parce que si Zaratus évolue bien dans une sphère musicale proche du black metal, le groupe ne mise pour autant pas sur la violence ou les ambiances froides. "In The Days Of Whore" en profite au contraire pour créer un univers on ne peut plus singulier en utilisant les fameuses sonorités grecques que l'on entend chez plusieurs groupes de cette scène mais surtout en plaçant pas mal d'autres sonorités bien plus étranges. Rien que les claviers qui ouvrent "Ceremonies Before Light's Existence" sonnent de façon aussi inquiétante que tordue et les accords malsains que placent les guitares quelques secondes plus tard ne contribuent pas à amener plus de lumière là-dedans. Une trompette ou un saxo qui m'a tout l'air d'être simulé par claviers justement fait aussi son apparition et appuie encore l'étrangeté de la chose. Des claviers qui vont avoir une grande importance sur ce premier album et qui vont prendre beaucoup de place, parfois pour appuyer les ambiances et d'autres fois pour mener la danse comme sur ce premier morceau. Si certaines sonorités peuvent parfois sonner de façon un peu cheap, cela ne nuit paradoxalement pas à l'ensemble et amplifie encore son côté totalement décalé. Quand je dis décalé, n'imaginez pas quelque chose de drôle, c'est décalé dans le sens où la musique de Zaratus semble ne pas appartenir à ce monde ni à une époque en particulier. "Darkness And Decay" revient mettre des guitares, des blasts et un feeling épique plus conventionnel dans tout ça et montre que le groupe a un spectre sonore assez large. Ce premier album ne se refuse rien et vous risquez d'être surpris ou dérangés plus d'une fois en vous demandant ce que vous venez d'entendre. La folie de "Zoroastrian Priests" qui ferme l'album propose d'ailleurs les moments les plus bizarres et inquiétants de "In The Days Of Whore".

Pour autant, le groupe n'en oublie pas pour autant les mélodies et ce sont justement elles qui amènent régulièrement ces ambiances épiques et typiquement grecques. Les bizarreries sonores que l'on peut entendre plus d'une fois sur "In The Days Of Whore" appuient clairement le côté occulte du groupe et donnent à sa musique un aspect surréaliste. Les morceaux sont d'ailleurs assez longs pour la plupart et atteignent régulièrement une durée située entre six et huit minutes. Si Zaratus sonne de façon singulière, il ne tombe pas non plus dans l'avant-gardisme et garde une base black metal bien reconnaissable. Mais ce côté occulte dans les mélodies et le fait que certaines sonorités soient atypiques lui donnent parfois un air étrange et intemporel qui le démarque aisément de toute scène possible. Rien que le break du morceau-titre est étrange avec ces percussions presque tribales et ces arpèges planants et malsains appuyés par des nappes de claviers et les râles de Stefan Necroabyssious. Tout ça contribue à créer une ambiance bizarre et malsaine qui va habiter l'intégralité de l'album et qui confirmera aux éventuels sceptiques que l'occulte ne tient pas du gimmick par ici. On sent aussi un côté old school à la fois dans la production et ces fameuses nappes de claviers qui nous renvoient au black metal atmosphérique que l'on pouvait entendre dans la première moitié des années 90. "Heritage Of Fire", par exemple, pourrait presque partager des influences communes avec le "Svartalvheim" de Ancient par moments, et je dis bien influences communes parce que quand on sait que Stefan Necroabyssious fait partie de Varathron depuis 1988, on se dit qu'il serait très étonnant qu'il ait besoin d'influences plus récentes. Le bougre sait ce qu'il veut et ce qu'il fait et je doute qu'il ait besoin d'aller prendre quoique ce soit chez qui que ce soit.

Un premier album singulier à la fois emprunt d'éléments old school d'un côté et totalement intemporel dans sa bizarrerie de l'autre. Les ambiances malsaines sont là, la base black metal aussi mais Zaratus nous emmène bien plus loin que tout ça et ne se refuse rien pour pousser "In The Days Of Whore" dans des contrées inexplorées par la plupart de ses collègues. Si le black metal vous semble coincé dans son propre dogme et que vous avez l'esprit ouvert, vous êtes bien tombés !


Murderworks
Juin 2021


Conclusion
Note : 15/20

Le site officiel : www.facebook.com/zaratusblackmetal