Le groupe
Biographie :

Zapruder est un groupe de post-hardcore originaire de Poitiers créé en 2010. Composé d'Isaac au chant, Etienne à la guitare, François à la basse, Fiak à la batterie et Clément au saxophone, la formation sort son premier EP en 2012, intitulé "Straight From The Horse’s Mouth". Après deux ans de travail, le groupe propose "Fall In Line", son premier album. En Novembre 2018, le groupe sort un album éponyme chez Apathia Records.

Discographie :

2012 : "Straight From The Horse’s Mouth" (EP)
2014 : "Fall In Line"
2018 : "Zapruder"


Les chroniques


"Zapruder"
Note : 17/20

Zapruder est de retour avec un deuxième album éponyme qui fait suite à l'album "Fall In Line" et à l'EP "Straight From The Horse's Mouth", deux concentrés de metal aux tendances hardcore mais surtout varié et versatile.

La volonté de n'en faire qu'à sa tête n'a pas quitté cette bande de malades puisque ce nouvel album s'ouvre sur "I Left My Appendix In NYC" aux allures franchement bluesy voire même rockabilly mixées à leur hardcore habituel, un mélange fun et détonant qui prend directement l'auditeur à contre-pied et confirme que ces gens-là sont totalement fous ! On peut lire sur leur Bandcamp qu'ils ont enregistré cet album en passant du temps à picoler et à faire des barbecues et vu le bordel qu'il y a ici, je suis prêt à les croire sur parole ! Si vous connaissez déjà bien la musique du groupe, il me suffit de vous dire qu'elle est encore plus tarée que d'habitude et que cette fois les membres de Zapruder se sont réellement lâchés, oui je sais, ça fait peur. Mais ne partez pas tout de suite parce que le côté fun que le groupe a voulu mettre dans ses morceaux saute aux oreilles et on a effectivement très vite envie de se jeter partout. Si les riffs sont encore puissants, que les passages technico brutaux à la The Dillinger Escape Plan sont encore bien là aussi, le tout est plongé dans un baril de fun et l'ambiance parfois dure ou plombée que l'on pouvait entendre sur les deux précédents essais passe un peu au second-plan cette fois. Aucune raison de bouder le groupe pour autant, ce qui fait la moelle de Zapruder ne s'est pas perdu en route et a même plutôt tendance à se montrer de façon encore plus flagrante ici. Et puis nous n'allons quand même nous plaindre d'un album sur lequel on sent un groupe qui prend du plaisir à jouer !

Dans une époque ou certaines scènes ont tendance à s'uniformiser et à s'enfermer dans des codes ou dans un dogme, c'est plutôt rafraîchissant d'entendre une bande de malades envoyer bouler tout le monde pour faire son truc dans son coin. Comme d'habitude, l'ouverture d'esprit est donc de rigueur, Zapruder n'obéit à aucune règle et envoie valser toutes les barrières. On passe d'un hardcore virulent à du metal bluesy tordu au chant complètement pété du bulbe pour finir sur un délire bruitiste à grand renfort de larsen en tout genre ! Bref, la santé mentale a fui les lieux à toutes jambes et il ne reste ici qu'une folie assumée et contagieuse qui reste de laisser les plus frileux sur le carreau. Comme je le disais plus haut, c'est sûrement l'album le plus dingue du groupe et quand on connaît ce qu'il a sorti quelques années plus tôt, ça peut laisser songeur. N'empêche que les mélodies qui vous prenaient à la gorge et les passages qui vous foutaient des frissons sont toujours là et il n'est pas rare de rester bouche bée devant certaines transitions ou devant la beauté de certains passages. On est d'autant plus pris en surprise qu'ils sont souvent précédés d'autres passages ou morceaux complètement déjantés qui ne se prennent absolument pas au sérieux. "Back In Town" fait partie de ces morceaux poignants, pas plombés ou déprimants attention, juste beaux malgré la puissance des guitares et de certains riffs plus tordus ou méchants. Niveau son, comme d'habitude, le groupe a travaillé avec Amaury Sauvé et comme d'habitude, ça sonne du feu de dieu avec un son clair, puissant, gros et organique.

Nouvel album encore plus taré que les précédents pour un groupe pourtant pas très sain d'esprit à la base, frileux s'abstenir. Pour les autres, foncez, Zapruder est toujours lui-même, peut-être même encore plus cette fois.


Murderworks
Janvier 2019




"Fall In Line"
Note : 19,5/20

Qu’est-ce qu’on peut bien branler un dimanche matin sec mais très frais, quand on est vautré dans son canapé et que la seule vue des arbres nus et des trottoirs recouverts de milles feuilles ocres vous mine le moral et vous démotive de toute activité physique. La même chose que deux années plus tôt à la même époque, éplucher le travail de Zapruder et voir s’ils parviennent à enchanter ma journée aussi fort qu’avec leur premier EP.

Premier et dernier regret, l’artwork. S’il n’est pas mauvais en soi il n’égal pas celui de "Straight From The Horse’s Mouth". Quand on connaît le potentiel du groupe, on s’en fiche complètement mais pour quelqu’un qui ne connaitrait pas encore, le packaging ne joue que très peu son rôle de séduction. Les premières mesures de "We Are Orphans" nous font rapidement oublier ce "détail" avec un ton annoncé rageur, fait par des enragés, pour des rageux. Une sensation un peu à la Gameness (je m’étais pourtant promis de ne jamais rien comparé à Gameness) au même titre que les mélodies tortuesques de "Cyclops". Zapruder pense la composition de l’album et place ses morceaux selon une logique bien précise. C’est pourquoi à la troisième place on trouve "Modern Idiot" plus énergique, plus dissonant, alternant les rythmiques sur le fil du rasoir à des parties au groove lourd. "Moloch" entretient cette dynamique mais sur une composition plus brute sauf, évidemment, sur ce qui fait le charme et ce que j’affectionne tout particulièrement dans le post-hardcore à savoir ces somptueuses mélodies si aériennes, si planantes et parfois si lourdes. Pour ce qui est du planant, nous sommes d’ailleurs plutôt bien servis, par "Delusion Junction" notamment, interlude de deux minutes des plus apaisants. Violent comme un réveil à six heures du mat’ un lendemain de cuite, on se fait réveiller par "Doppelganger", l’extrême contraire du morceau précédent, puis Zapruder se transforme littéralement en hachoir sur "Monkey On My Back".

On atteint le sommet de l’album avec "Loquèle", surprenant titre acoustique sur lequel se pose une voix légère. C’est arrivé à ce sommet que les Français (oui, madame) viennent planter le drapeau symbolisé par "Je Ferai De Ma Peau Une Terre Où Creuser". Un final très complet, très bien exécuté et, vous l’aurez compris, chanté en français. "Fall In Line" ne vaut clairement pas le coup d’oreille si vous y allez simplement pour écouter. Non, cet album il faut s’y plonger, s’y engager, le laisser nous envelopper de ses sonorités porteuses de sens, d’ambiances, d’états d’âme. Une réussite incontestable qui assure d’ores et déjà la promotion d’un prochain album.


Kévin
Novembre 2014




"Kamarikan"
Note : 18/20

Avec un artwork aussi barré qu’un homme à tête de cheval, à poil, dans un sombre tunnel j’étais, finalement plutôt rassuré quant au contenu de ce "Straight From The Horse’s Mouth", d’autant plus que ce travail de photographie est tout à fait propre. Zapruder, un nom symbolique également puisque c’est celui de la personne qui a filmé l’assassinat de JF Kennedy.

Pour bien faire les choses l’EP s’ouvre donc sur "Guns, Speech & Madness", un déchaînement de violence, de brutalité accompagné d’une voix déchirée. D’entrée de jeu on nous barbouille de quelque chose de poisseux, malsain et tout ce qui s’en rapproche, agrémenté d’un son beaucoup trop bon pour être un premier EP. Survivant à tout un tas de petites notes barrées et de chœurs ultra puissants assurés par l’ensemble des musiciens, on enchaîne avec "Falling Like Dead Snakes" au tempo un peu plus lent mais au groove plus important. On réalise rapidement que le groupe n’a que faire d’une étiquette post-machin-truc mais laisse sa musique évoluer au gré de ses envies pour un rendu des plus appréciables. On en a la confirmation avec "Mt Fuji In Red", long de douze minutes et où la douceur de quelques cordes qui vibrent entame une longue et très bien orchestrée montée en puissance jusqu’à l’explosion puis l’apparition d’une voix claire et touchante appartenant à un des guitaristes. On repart dans une noire folie avec "Lost In Vegas" où une trompette s’invite pour calmer un peu les esprits (et les oreilles) sans pour autant sortir de cet univers désenchanté, d’autant plus qu’une voix grave vient rajouter son grain de sel au tout. Cinq titres pour 33 minutes de musique c’est court, surtout quand la qualité de l’EP dans lequel nos oreilles sont plongées s’apparente à celle d’un album d’un groupe ayant déjà une certaine maturité. Ainsi, c’est sur "We Carry Just Enough To Play" que le quintette nous abandonne et sincèrement, c’est un peu comme si on te collait un steak frites devant les yeux mais que tu n’aurais le droit de manger que les frites (ou que le steak, ça marche aussi).

Toute cette violence, toute cette mélancolie, toute cette rage, s’éteint et nous voilà conquis, par un groupe dont on vient d’écouter le premier EP et dont on est déjà impatient d’en découvrir l’album. Que dire de plus ? Eh bien cerise sur le gâteau, vous pouvez télécharger cet EP pour un euro symbolique alors cette semaine au lieu d’aller t’acheter des feuilles slim, offre-toi un peu de bonne musique !


Kévin
Novembre 2012


Conclusion
Le site officiel : www.zaprudertheband.bandcamp.com